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AFFLUER, verbe intrans.
I.− [En parlant de liquides] Couler précipitamment et en abondance.
A.− PHYSIOL. [En parlant notamment du sang] :
1. Les petites lèvres ne s'y rencontrent pas. C'est un organe de plaisir de moins; mais son défaut est bien compensé par la quantité de sang qui afflue dans leur vulve, au temps de la chaleur, gonfle toutes ses parties et les rend extrêmement sensibles. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 5, 1805, p. 125.
2. Baccarat sentit tout son sang affluer à son cœur, et elle devint fort pâle. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 108.
P. ext. [En parlant du « fluide nerveux »] :
3. Quand le fluide nerveux est ainsi porté au cerveau, il y afflue toujours par les couloirs destinés à l'exercice de quelqu'un de nos sens, et voilà pourquoi il y réveille certaines sensations ou séries d'idées préférablement à d'autres. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 203.
Par métaph. :
4. ... c'est là [en Touraine] qu'avait afflué le sang du pauvre royaume, anémié par la guerre et l'anarchie; (...) c'est là (...) que se décida la destinée de notre art... L. Hourticq, Hist. générale de l'Art,La France, 1914, p. 143.
B.− GÉOGR. [En parlant des eaux provenant de la fonte des glaciers ou des neiges] :
5. ... l'eau froide des pôles, plus lourde, descend et afflue librement sur le fond. A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886, p. 16.
6. Si même le tribut versé par les neiges et les glaciers est très abondant, il arrive qu'en aval l'eau souterraine afflue. P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 55.
II.− P. anal. et au fig. [En parlant de choses ou de personnes] . Survenir en grand nombre, en quantité.
A.− [En parlant de choses] .
1. [En parlant de choses concr.] .
a) [Le suj. désigne l'air ou la lumière] :
7. En regardant ce tigre à deux pattes, les yeux de la pauvre fille s'allumaient comme un brasier sur lequel afflue un courant d'air; elle trahissait un plaisir infini quand Ferdinand l'emmenait pour faire un a parte près d'une console ou d'une croisée. H. de Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 627.
8. Du plafond, tout autour, tombait en masses lourdes La tenture au sujet païen, aux couleurs sourdes; Et magnétiquement je reportai les yeux Vers les tableaux, travail d'un art prestigieux, Sur lesquels un jour vif affluant dans la salle Versait à pleins carreaux sa nappe triomphale. L. Dierx, Poèmes et poésies,Stella Vespera, 1864, p. 73.
Rem. On note dans l'ex. suiv. un emploi adj. (rare) du part. prés. affluant :
9. Dans la plupart des foyers, le volume d'air affluant dépasse celui qui est strictement nécessaire... L. Ser, Traité de physique industrielle,t. 1, 1888, p. 93.
b) [Le suj. désigne un obj. mobile] :
10. La marchandise intermédiaire, qui facilite tous les échanges (la monnaie), se remplace aisément dans ce cas-là par des moyens connus des négocians, et bientôt la monnaie afflue, par la raison que la monnaie est une marchandise, et que toute espèce de marchandise se rend aux lieux où l'on en a besoin. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 140.
11. À sept heures commencèrent à affluer les autobus, parmi la foule déjà grouillante. Ils apportaient de partout, des Flandres française et belge, à dix lieues à la ronde, les pélerins, les curieux, les amateurs de bonnes parties. Le brouhaha monta. Par le train, les trams, les autos, les charrettes, le monde accourait. M. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 106.
2. [En parlant de choses plus ou moins abstr.]
a) [En parlant de l'élan vital] :
12. ... et alors les passions s'allument, la vie afflue, chacun apporte son argent, vous pouvez repétrir la terre. É. Zola, L'Argent,1891, p. 121.
13. Un tel courant de vie affluait à mes nerfs qu'aucun de mes mouvements ne pouvait l'épuiser; ... M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 95.
14. À peine fêté-je les parités... que je respire un malaise analogue à celui qui règne parmi la cohue des chefs-d'œuvre... les portraits où la vie continue d'affluer avec une abondance maléfique... Colette, La Jumelle noire,1938, p. 153.
b) [En parlant des paroles, des idées, des sentiments] :
15. Noie ta peine, comme une feuille de saule, dans l'éternelle poésie, où toute peine afflue, et qui te rendra en retour, pour t'endormir, une plainte de sa rive. E. Quinet, Ahasvérus,1833, p. 283.
16. ... mais les paroles qui affluoient sur ses lèvres se pressoient si tumultueusement qu'elles se confondoient, avant la fin de la première période, en je ne sais quel galimatias inextricable, dont il ne pouvoit débrouiller sa pensée. Ch. Nodier, Jean-François les bas-bleus,1844, p. 5.
17. Des souvenirs d'enfance affluaient à son esprit. P. Reider, Mademoiselle Vallantin,1862, p. 47.
18. Les idées affluent chez l'homme après le manger. La pensée sort de la digestion. E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1864, p. 47.
19. − Dominique, dit Alban (qui sentait affluer dans ses doigts le désir de caresser les cheveux enfantins), Dominique, comme vous êtes cruelle! H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 19.
20. Les offres affluaient. Une difficulté était la volonté de Jean-Jacques que Thérèse, où qu'il allât, fût admise à la table de son hôte. J. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, pp. 187-188.
Rem. 1. Dans l'ex. 14 affleure, transformé, le syntagme vieilli affluer avec abondance, que mentionnent de nombreux dict. 2. En quittant le sens propre, le verbe abandonne le sens étymol. pour ne plus retenir que l'idée de quantité; d'où, pour désigner ce qui afflue, soit un nom au plur. soit un collectif.
B.− [En parlant de personnes] .
1. [Le suj. est un nom collectif] :
21. La tendance des campagnes à affluer vers les villes, si générale dans le monde civilisé, n'est qu'une suite de ce mouvement; ... É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 240.
22. La multitude se ramasse, se canalise, afflue, conflue. J. Romains, Les Copains,1913, p. 213.
23. La plage tout entière afflue... mais tout effort est déjà vain... Les baigneurs s'agglomèrent, s'agitent. L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, pp. 143-144.
2. [Le suj. est un nom collectif au plur.] :
24. Sous le coup du premier succès de Ronsard et de ses amis, une étonnante émulation, en effet, s'était emparée de toutes les jeunes têtes. Du Mans et d'Angers, de Poitiers et de Cahors, à la suite des Tahureau et des Magny, les nouveaux-venus affluaient sans relâche; chaque province, chaque ville fournissait sa levée poétique et doublait en quelque sorte son contingent. Ch.-A. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle,1828, p. 99.
25. L'affaire une fois assise sur ces bases, on lança des prospectus, des circulaires; on fit des annonces, on mit en branle le carillon de la publicité. Ce que Saint-Ernest avait prévu arriva. Les abonnés affluèrent. Aucun d'eux ne s'inquiétait du journal, ce qui humiliait un peu la rédaction; mais tous tenaient à ce que la qualité de l'objet accessoire fût garantie de bon aloi. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 57.
26. On voyait affluer dans cette organisation toutes sortes de théoriciens, techniciens, hommes d'affaires, propagandistes, ou bien de Français d'hier fraîchement naturalisés Yankees. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 212.
Prononc. − 1. Forme phon. : [aflye], j'afflue [ʒafly]. Enq. : /afly/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affluence, affluent, afflux, influer, refluer. Cf. fluer.
Étymol. ET HIST. − 1. a) av. 1180 fig. affluer en qqc. « avoir qqc. en abondance » (Jean de Salisbury, Policraticus, B.N. 24 287, fo95 c ds Gdf. Compl. : Curtius, un chevacheur de Rome qui affluoit en delices et les queroit trop fort), disparaît apr. le xvies.; b) 1375 fig. « survenir en grande quantité (en parlant de personnes ou de choses) » (Raoul de Presles, Trad. de la Cité de Dieu, Exp. sur le ch. 17 [1531] ds Quem. t. 1 1959 : Soulz lesquelz [apostres] comme soulz princes divers peuples affluent en l'eglise Jesuchrist); 1382 « id. » (Testam. de Jean Lessillé, ap. Duc. ds Gdf. Compl. : Aux paroissiens affluans chacun en l'eglise de Juigné au jour de Pasques); 2. 1690 « couler abondamment vers un même lieu (en parlant des liquides) » (Fur. : Affluer. Se rendre en un même lieu. Il se dit premierement des eaux qui coulent vers un même endroit). Empr. au lat. affluere, sens 1 a dep. Plaute (Pseudolus, 191 ds TLL s.v., 1243, 38 : ut frumento afluam); sens 1 b, Virgile (Enéide, 2, 276 ibid. 1240, 51 : atque hic ingentem comitum adfluxisse novorum invenio admirans numerum); sens 2, Varron (Res. rust., 3, 5, 11 ibid. 41 : aqua rivolo adfluit).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 377. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 328, b) 569; xxes. : a) 501, b) 714.
BBG. − Bar 1960. − Baudr. Pêches 1827. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Hanse 1949. − La Rue 1954. − Nysten 1814-20. − Thomas 1956.