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AFFINER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Vx ou région. [L'obj. est un n. de pers.] Tromper en jouant au plus fin :
1. Affiner (Lg.) v. a. − Tromper, duper. Faire affiner même sens [que affiner] Ex. : tu dis ça pour m'affiner ou : pour me faire affiner. Verr.-On. t. 1 1908, p. 19.
2. Il commençait à croire qu'elle voulait l'affiner pour lui donner quelque argent. (La Petite Fadette). L. Vincent, La Langue et le style rustiques de George Sand dans les« Romans champêtres », 1916, p. 191.
3. Tu as été prompt à m'empêcher d'être affiné. (François le Champi). L. Vincent, La Langue et le style rustiques de George Sand dans les« Romans champêtres », 1916, p. 191.
Rem. Sens noté sans commentaire ds Littré; déjà noté comme ,,vieux`` par Land. 1834, comme ,,vieilli`` par Ac. 1835, puis Ac. 1878 et DG; Besch. 1845 ajoute ,,familier`` (peut-être par réf. à Ac. 1694-1740 où cet emploi était qualifié de ,,bas``); n'est plus mentionné ds Ac. t. 1 1932.
B.− TECHNOL. DIVERSES
1. Rendre plus fin (en diminuant la grosseur ou l'épaisseur).
a) [L'obj. désigne divers produits de l'industr.] Affiner des clous, des aiguilles (en les passant sur la meule). En rendre plus fine la pointe.
b) [L'obj. désigne de la terre ou un mélange à base de terre]
AGRONOMIE. Affiner la terre. La diviser en grains plus fins pour la rendre plus meuble, plus accessible à l'eau, à l'action de l'air et de la lumière. Les labours multipliés affinent la terre (Land.1834).
BÂT. Affiner le ciment. Rendre plus fin le grain de ses composantes.
TEXT. Affiner le lin, le chanvre. Les rendre plus déliés par un traitement approprié.
c) [Le compl. désigne un obj. ayant une certaine épaisseur] Rendre plus mince.
BÂT. Affiner un mur.
P. anal. :
4. À deux, elles [les abeilles] amincissent et affinent les murs. Le seul point à observer, c'est de ménager toujours habilement l'épaisseur. Mais comment l'apprécient-elles? Qui les avertit de l'instant où un coup de trop ferait une ouverture dans la cloison? Jamais cependant elles ne prennent la peine de faire le tour et d'aller observer l'autre côté. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 333.
MARINE :
5. Il est bon (...) d'affiner le safran [du gouvernail ordinaire d'un navire] dans le sens vertical du côté de l'arête inférieure;... A. Croneau, Construction pratique des navires de guerre, t. 2, 1892, p. 377.
2. Donner son fini en vue de l'usage (à une substance matérielle, à un produit).
a) [L'obj. est une substance minérale naturelle ou un produit de l'industr. hum.] Lui donner son fini en l'épurant des éléments étrangers :
6. Celui-ci [le fondeur] fond le minerai, l'affine, et en fait de l'acier qu'un coutelier lui achète. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 110.
7. Affiner l'or et l'argent, affiner du fer, de l'étain. Ac.1798-1932.
Affiner le verre. ,,Enlever les défauts, les bulles qui restent après la fusion.`` (Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.).
Spéc., FOND., emploi abs. ,,Jeter de l'eau fraîche dans les moules aussitôt que le métal liquide y a été versé par le jet.`` (Besch. 1845) :
8. ... le four à affiner est chauffé au charbon de bois et le four à puddler (...) à la houille. E. Barberet, Traité pratique de serrurerie,1888, p. 2.
b) [L'obj. est une substance organique servant à l'alim.]
Affiner le sucre, le vin. Les épurer.
Rem. Littré observe que ,,le dictionnaire de l'Académie donne affiner du sucre, affiner du salpêtre, ce qui est la vraie locution; mais on dit aujourd'hui abusivement, de préférence, raffiner en cet emploi``. De fait, affiner le sucre figure ds Ac. 1835 et 1878, mais est absent ds Ac. t. 1 1932 :
9. ... c'est un bon et rude ouvrier spécialisé dans la fabrication des cercles pour vaisselle vinaire. Il fend, il « ripe », il « trempe » tous les cercles qui corsettent les fûts, bandes de bois brunes aux ligatures d'osier d'or. Et ceux de la cuve, du tonneau où le vin est foulé, logé, où il fermente et s'éclaircit; et ceux de la barrique où on le soutire pour l'affiner;... J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 145.
10. [Dans le polyfiltrage] (...) le second filtre affine la limpidité [du vin] jusqu'au brillant intense le plus parfait. R. Brunet, Le Matériel vinicole,1925, p. 442.
Affiner le fromage
Achever sa maturation :
11. Le temps, la cave affine le fromage. Ac.1878.
12. ... les principaux détaillants (...) ont pris l'habitude d'affiner eux-mêmes les fromages, de façon à ne livrer aux consommateurs que des produits faits à point. A.-F. Pouriau, La Laiterie,8eéd. 1935 [1895], p. 390.
,,Attendrir sa croûte après avoir enlevé avec un couteau la moisissure qui le recouvre toujours. Cette opération ne se fait qu'à l'instant de la vente (...).`` (La Châtre t. 1 1865).
c) [Le compl. désigne un obj. fabriqué] Lui donner la forme définitive avant emploi ou vente.
RELIURE. Affiner du (un, des) carton(s). ,,Coller contre les mors des cartons une bande de papier mince ou même de parchemin, afin de leur donner de la fermeté et d'éviter leur détérioration pendant les diverses manipulations de la reliure.`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 319).
TEXT. Affiner le drap. Lui appliquer le dernier tondage.
Rem. 1. On n'a voulu donner ici qu'un aperçu somm. et pas nécessairement actualisé des emplois technol. de affiner. Pour le détail et les plus récents développements, consulter les dict. et manuels encyclop. 2. De nombreux dict. donnent une importance moindre à la section B 2 ci-dessus (« donner son fini en vue de l'usage »), notamment en ce qui concerne les métaux, placés habituellement sous B 1 (« rendre plus fin »). Pourtant affiner l'or, ce n'est pas produire de l'or fin. De même affiner le fromage, ce n'est pas le rendre plus fin, mais le rendre plus lui-même, c.-à-d. tel qu'il est attendu par le consommateur. Ceci observé, il est certain qu'il se produit, dans l'usage, des contaminations entre les valeurs 1 et 2, et une séparation rigoureuse n'est pas possible quand on confronte les not. avec les réalités qu'elles désignent.
C.− Au fig.
1. Rendre plus fin, plus pénétrant, plus aigu.
a) [L'obj. désigne un organe ou une activité des sens] :
13. Mais Olivier, avec l'acuité de son regard que la souffrance affinait, apercevait le combat qui se livrait en son ami, et combien sa tristesse lui était à charge. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1235.
14. L'étude des doubles cordes est extrêmement utile [au violoncelle] pour affiner l'oreille, mais à la condition absolue de les travailler très lentement, (...) et en observant très soigneusement la qualité du ton aussi bien que la justesse. J. Lallement, La Dynamique des instruments à archet,1925, p. 54.
P. anal. [En parlant d'instruments prolongeant l'activité des sens] :
15. Nos instruments sont grossiers pour opérer sur ces atomes; nous les affinons;... J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 98.
b) [L'obj. désigne l'esprit ou une activité de l'esprit] :
16. X. Un appareil à renverser le sens des lettres : j'ai tenté d'améliorer, sans lui rien ôter de sa rigueur, la méthode des terroristes. Il se trouve, en fin de compte, qu'au lieu de l'avoir affinée ou subtilisée, je l'ai en quelque sorte dédoublée : l'appliquant à la fois, d'une démarche parallèle, à l'auteur mais au lecteur, au parlant mais au parlé. J. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 157.
17. Au lieu de restreindre son horizon à ce qui est le plus aisément et commodément comptabilisable, il [l'économiste] doit affiner, assouplir, et étendre les procédures de la comptabilisation, de manière telle qu'elles ne soient pas faiblement, pauvrement et inhumainement rationnelles. F. Perroux, L'Économie du XXesiècle,1964, p. 473.
c) [L'obj. désigne une pers.] :
18. C'est merveilleux comme cette beauté, autrefois un peu bestiale, de la jeune MmeGavarni, la maladie l'a affinée, délicatifiée, spiritualisée dans le sens poétique du mot. E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1889, p. 972.
19. Les souffrances avaient affiné Naroumof; et il était un Russe : deux raisons pour mieux comprendre les bizarreries du cœur. R. Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 195.
2. Épurer, purifier.
a) [Le compl. désigne un obj. matériel] :
20. J'ai passé dans ma vie de longues heures de rêverie à comprendre certaines vieilles maisons qui me sont familières et à distinguer les transformations qui les ont affinées ou dégradées. M. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 2 mai 1902-17 avr. 1903, p. 4.
b) [L'obj. désigne une fonction ou une activité hum.] :
21. Joubert : Il ne faut pas trop affiner le style. Le style de Joubert est trop métallique. Il manque de mollesse. Ch.-J. de Chênedollé, Extraits du journal,1806, p. 15.
22. Le seul inconvénient de toutes ces douceurs est peut-être d'efféminer, c'est-à-dire d'affiner trop la sensibilité morale et la délicatesse esthétique, de façon que la majorité des hommes paraissent ensuite insupportablement grossiers, butors, calculateurs et vulgaires. H.-F. Amiel, Journal intime,janv. 1866, p. 40.
23. Aussi bien la réflexion nous sert à calculer les plaisirs, à renoncer à celui-ci pour celui-là et à jouer avec les chances du temps; elle affine et aiguise la volupté, sans en transformer toutefois la subjectivité. J. Vuillemin, Essai sur la signification de la mort,1949, p. 167.
Emploi abs. :
24. Son imagination ne va jamais sans pensée; c'est pour cela qu'elle est si nette et d'une qualité si rare : elle subit le contrôle et le travail de la réflexion qui corrige, affine, abrège. J. Lemaître, Les Contemporains,1885, p. 76.
25. Ah! presser une imagination, systématiser, synthétiser, éliminer, affiner, comparer! besogne d'écœurement! dégoût! d'où l'on atteint la stérilité. M. Barrès, Sous l'œil des Barbares,1888, p. 244.
26. ... Ils apprendront que trop affiner est un mal, dans la sève et dans le sang. On en arrive avec l'une à la fadeur, avec l'autre, à la dégénérescence. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 3, 1932, pp. 226-227.
Rem. Plus encore que pour les emplois technol., les passerelles entre le sens 1 et le sens 2 sont ici constantes, et la répartition des ex. entre les 2 signif. est souvent délicate sinon arbitraire.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne une chose matérielle]
1. Pronom. passif. Être affiné :
27. Le sucre s'affine avec du salpêtre. Ac.1798.
28. L'or s'affine dans la fournaise. L'or s'affine en passant à la coupelle. L'or ne s'affine plus à la coupelle. Ac.1798-1878; Lar. 20e.
2. Pronom. réfl.
Devenir plus fin :
29. Ajoute que, semblables aux anciens vins, les cloches s'affinent, en vieillissant; leur chant devient plus ample et plus souple; elles perdent leur bouquet aigrelet, leurs sons verts. Ça explique un peu comment on s'y attache! J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 62.
30. C'était au haut des arbres, là où s'affinent et s'évasent les ramilles, que c'était le plus joli. M. Genevoix, Raboliot,1925, p. 185.
Spéc. [En parlant de l'air] Devenir pur, serein :
31. Une grisaille sans fin s'étendit sur les champs (...) Une journée, un petit vent, à peine un souffle, passa et repassa au Chenal (...). Puis de nouveau l'air s'affina. Le soleil chauffait un peu plus tôt et un peu plus longtemps, chaque jour. Maintenant, au lieu de lisses bleues sur les routes de neige fraîche, une eau brunâtre stagnait, vers l'heure du midi, dans les roulières cahoteuses, tout le long du Chenal. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, pp. 143-144.
Rem. S'affiner, lorsqu'il se rapporte au temps qu'il fait, est un terme de mar.; à côté de l'emploi pronom., il existe, pour ce sens, mais vieilli, un emploi non pronom. abs. (Land. 1834; encore signalé ds Lar. 20e).
B.− Au fig., emploi pronom. réfl. [En parlant d'une pers. ou d'une valeur hum.] Cet homme, cette femme s'est affinée (Ac. t. 1 1932); l'esprit s'affine par la conversation (Ac. 1798-1932) :
32. Indigènes extrêmement complaisants, dignes; il semble qu'ils s'affinent et se spiritualisent tandis qu'on remonte vers le nord. A. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 836.
33. Toute la doctrine de l'amour courtois s'est fondée, développée, affinée, quintessenciée dans des milieux où l'influence féminine était prépondérante. E. Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 138.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [afine], j'affine [ʒafin]. Enq. : /afin/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affinage, affinant, affinement, affinerie, affineur, affinoir, affinostat, paraffiner, raffiner. Cf. fin. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. afiner avec un seul f.
Étymol. ET HIST. − 1. 1223 « rendre parfait, purifier », fig. (Gautier de Coincy, Les Miracles de la Sainte Vierge, éd. Poquet, 706, 796 ds T.-L. : Qui s'ame veut bien afiner, De lui servir ne doit finer); 2. 1285 « rendre une matière pure en la dégageant des éléments étrangers » (Adenés Li Rois, Li Roumans de Cleomadés, éd. van Hasselt, 17057, ibid. : li frains ert d'or afiné); 3. ca 1510 « tromper par finesse » (Gringore, La Chasse du Cerf des Cerfs, I, 163 ds Hug. : Affiné est aucunes foys le fin), vieilli d'apr. Ac. 1835. L'évolution des sens semble s'être faite sur 2 axes : d'une part sur celui qu'occupe le subst. fin au sens de « finalité ultime, perfection, pureté », d'autre part celui, plus récent, de l'adj. fin, au sens de « qui est très mince », au fig. « pénétrant, subtil ». Dér. de fin*, adj.; préf. a-1*, dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 76.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bél. 1957. − Dup. 1961. − Dupin-Lab. 1846. − Fromh.-King 1968. − Jal 1848. − Remig. 1963. − Thomas 1956. − Will. 1831.