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AFFIDÉ, ÉE, adj. et subst.
I.− Adjectif
1. Vx. [En parlant d'un serviteur] En qui on peut avoir une confiance totale en raison de son attachement personnel :
1. Arrivée dans un petit village sur les frontières de la France avec un laquais affidé, et ma vieille femme de chambre, je feignis de tomber malade, et mes gens secondèrent mon dessein avec beaucoup de zèle et d'intelligence; ... G. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1783.
2. Son Altesse eut, quinze jours après, une autre mortification. Les trois quarts de sa maison allemande, ses serviteurs les plus anciens, les plus affidés, le quittèrent, pris du mal du pays, et retournèrent dans leurs montagnes de Wolfenbuttel. Cet abandon navra le duc, plus peut-être que n'aurait fait un grand et cruel malheur. E. Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 100.
2. P. ext., péj. Qui se prête en agent sûr aux mauvais coups d'un grand personnage auquel il est attaché :
3. Les représentants des trois ordres siégeaient dans des salles séparées. Une soldatesque affidée saisit le moment de l'absence de ceux du peuple, pour en fermer les portes, et leur en refuser l'entrée. Bientôt le ministre favori est sacrifié. Ses collègues sont renvoyés; à leur place, sont installées des âmes damnées de la cour; ... Marat, Les Pamphlets,Dénonciation contre Necker, 1790, p. 81.
4. Maîtrisant ses émotions et dissimulant sa pensée avec la ruse du sauvage, il [Hilperik] changea tout d'un coup de manières, prit une voix douce et caressante, fit des protestations de repentir et d'amour qui trompèrent la fille d'Athanaghild. Elle ne parlait plus de séparation, et se flattait d'un retour sincère, lorsqu'une nuit, par ordre du roi, un serviteur affidé fut introduit dans sa chambre, et l'étrangla pendant qu'elle dormait. A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 1, 1840, p. 357.
Rem. Syntagmes rencontrés : affidé qualifie des mots tels que serviteur, servante, domestique, gouvernante, laquais, messager, etc.
II.− Substantif
1. DR. FÉOD. Homme qui, sans pour autant être devenu son vassal, a prêté à un seigneur le serment d'affidation pour en obtenir aide et assistance (cf. affidation).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Lar. encyclop.; Ac. Compl. 1842 ajoute le doublet ,,populaire`` affié.
2. HIST. Les affidés. ,,Titre que prenaient les académiciens de Pavie. Les affidés portaient pour devise un héron, l'étoile de Mercure, avec les mots latins : Utraque felicitas.`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e.
3. Vieilli, gén. péj.
a) Confident subalterne, attaché à la cause d'un grand personnage, agent secret :
5. ... elle [Élisabeth] eut l'idée d'écrire au cardinal Albani, et parvint ... à lui faire tenir un billet qui piqua sa curiosité à tel point que le cardinal envoya un de ses affidés, l'abbé Roccatani, pour recevoir communication des grands secrets qu'elle voulait révéler. P. Mérimée, Histoire de la prétendue fille d'Élisabeth,1869, p. 386.
b) Complice, conspirateur, espion, etc. :
6. On blâme hautement notre Police; on ne craint pas de dire qu'elle appartient aux révolutionnaires et aux bonapartistes; on me fait observer que c'est sous cette Police qu'ont eu lieu le crime de Louvel, les scélératesses de Gravier, l'assassinat de gardes du corps de Monsieur, l'insurrection du mois de juin, l'évasion des affidés de la conspiration militaire. F.-R. de Chateaubriand, Correspondance générale, t. 2, 1789-1824, p. 143.
7. ... dans le procès on a eu tort de ne pas faire ressortir plus clairement la part que les rouges ont prise au complot [Orsini]. Tout indique que les chefs de Londres avaient donné un mot d'ordre pour le 15 à tous leurs affidés... P. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 2, 1853, p. 104.
8. ... si cet homme n'était pas un bon vieux rentier honnête, c'était probablement quelque gaillard profondément et savamment mêlé à la trame obscure des méfaits parisiens, quelque chef de bande dangereux, faisant l'aumône pour cacher ses autres talents, vieille rubrique. Il avait des affidés, des complices, des logis en-cas où il allait se réfugier sans doute. Tous ces détours qu'il faisait dans les rues semblaient indiquer que ce n'était pas un simple bonhomme. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 568.
Rem. Il ressort des ex. que ce mot de formation sav. n'est jamais entièrement sorti de l'ambiance aristocratique qui l'a vu naître et qui l'a conservé.
Étymol. ET HIST. I.− Adj. a) 1567 tesmoins affidez « témoins dignes de foi, à qui on se fie » (J. Papon, Rec. d'arrestz notables, 492 a ds Barb. Misc. 7, 1 : Des cent cinquante tesmoins ouïs pour le dit Martin Guerre, y en avoit XXX ou XL assurees que l'accusé estoit Martin Guerre, dont six estoient affidez...), d'où b) 1748 pris en mauvaise part « à qui on se fie pour quelque mauvais coup » (Montesquieu, Esprit des Lois, XXXI, 20 ds DG : Il envoie devant lui des gens affidés). (Cf. dès 1690, Fur. s.v. : Les plaideurs de Bénéfices ont toujours quelque partie affidée, qui est leur confidentiaire.) II.− Subst. a) 1701 « accordé, fiancé » dr. (Fur. : Affidé, ée [...] Il est aussi substantif : C'est son affidé; c'est son affidée; c'est-à-dire son accordé, ou son accordée, en stile de Notaire). − 1752, Trév.; b) 1752 nom des Académiciens de Pavie (Trév. : Affidés [...] C'est le nom des Académiciens de Pavie dont la devise est un héron avec l'étoile de Mercure et pour ame ce mot latin, Utraque felicitas); c) en mauvaise part 1829 « partisan, complice » (Boiste); cf. 1771 (Trév. s.v. : Il n'est pas du style noble); d) 1842 dr. anc. « vassal reçu sous la sauvegarde de quelqu'un à de certaines conditions » (Ac. Compl. s.v. affidé ou affié). I a, II a et d empr. au lat. médiév. jur. affidare, très largement attesté, notamment dans les domaines ital. et prov. (Du Cange s.v. affidare et affidati) : cf. a. prov. afiar, affidar, affizar (Rayn.), béarnais, gasc. afidà « confier, fier », afidàt « attaché, fidèle » (S. Palay, Dict. du Béarnais et du Gascon mod., 1932); au sens de « s'engager par serment » (Charta Philippi Augusti [1165-1223]) ds Martène, Ampliss. collect., I, 1053 ds Du Cange s.v. affidare (Mathaeus Viarius et plures alii ad tenendum bona fide Affidaverunt); au sens de « se fiancer (avec qqn) », (Chron. Namnet., c. 35 ds Nierm. t. 1 1954-58 : Affidavit eam); au sens de « recevoir son patronage », 1240, Cart. S. Victor de Marseille, fol. 181 ds Du Cange, ibid. : Nos R. Berengerius Comes Provinciae omnes subditos, amicos ac valitores nostros Affidamus, et sub guidagio et protectione nostra recipimus. II b empr. à l'ital. affidati (Tomm.-Bell. 1929 s.v. affidati : nome d'Academici di Pavia e di Bologna. Non si sa se nel senso di quasi vassalli, o di assicurati, o di confidenti, o di commessi all'altrui fede). − I b et II c ext. de sens à partir de I a. Bien que l'ital. affidato soit attesté comme adj. et comme subst. av. 1306 (Barb. Misc. 7, 1 pp. 303-304; Wind 1928, p. 178; Sar. 1920, p. 55; Kohlm. 1901, p. 27) l'hyp. d'un empr. à l'ital. n'est guère acceptable ni pour l'emploi adj. (l'ital. signifiant « confié, qui est remis ou se remet en toute sécurité aux soins de qqn », Batt., Tomm.-Bell. 1929) ni pour les emplois jur. (ceux-ci étant naturellement issus du lat. médiév.); l'ital. ne connaît pas l'emploi péj. correspondant à celui du fr. − Cf. le doublet pop. affier*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 46.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barb. Misc. 7 1928-32, pp. 303-305. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Hanse 1949. − Laf. Suppl. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Prév. 1755. − Sar. 1920, p. 55. − Thomas 1956. − Vinc. 1910.