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AFFECTIVITÉ, subst. fém.
A.− Caractère des phénomènes dits affectifs :
1. Que l'on prenne un désir isolément ou la constellation mentale à un moment donné, je suis toujours en face d'une symphonie inachevée. Cette idée est la suite rigoureuse de nos réflexions sur l'affectivité; par essence l'affectivité est confuse; devant une impression affective, je peux indéfiniment demander : qu'est-ce que c'est? Tout sens, recueilli dans des mots, doit être déterminé, défini, c'est-à-dire compris à partir d'un faux infini, d'un indéfini, l'affect. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 137.
B.− Ensemble des sentiments et des émotions :
2. Les idées sont la parure de nos haines ou de nos amitiés, mais l'affectivité toute pure nous détermine et nous gouverne, ... G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 129.
3. On conçoit d'ordinaire l'affectivité comme une mosaïque d'états affectifs, plaisirs et douleurs fermés sur eux-mêmes qui ne se comprennent pas et ne peuvent que s'expliquer par notre organisation corporelle. Si l'on admet que chez l'homme elle se « pénètre d'intelligence », on veut dire par là que de simples représentations peuvent déplacer les stimuli naturels du plaisir et de la douleur, selon les lois de l'association des idées ou celles du réflexe conditionné, que ces substitutions attachent le plaisir et la douleur à des circonstances qui nous sont naturellement indifférentes et que, de transfert en transfert, des valeurs secondes ou troisièmes se constituent qui sont sans rapport apparent avec nos plaisirs et nos douleurs naturels. Le monde objectif joue de moins en moins directement sur le clavier des états affectifs « élémentaires », mais la valeur reste une possibilité permanente de plaisir et de douleur. Si ce n'est dans l'épreuve du plaisir et de la douleur, dont il n'y a rien à dire, le sujet se définit par son pouvoir de représentation, l'affectivité n'est pas reconnue comme un mode original de conscience. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, pp. 180-181.
4. Entre ces deux pôles de l'affectivité, que nous nommons sentiment et émotion, la nature a placé mille degrés, mille nuances, mille variations; même, elle ne se fait connaître que par ces transitions et ces mélanges, et ne nous offre presque jamais les deux thèmes de la fugue à l'état pur. J. Vuillemin, Essai sur la signification de la mort,1949, p. 112.
5. Selon ce principe de constance tout apport stimulant, né de sources intérieures ou du dehors issu, est renvoyé aussitôt sur d'autres voies. Ces réactions vont des cris d'enfants aux plus subtiles conduites d'adultes civilisés. Elles ont été réunies sous le nom de motilité. Les sentiments qui les accompagnent composent l'affectivité. M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanalyse?,1950, p. 31.
C.− Faculté d'éprouver, en réponse à une action quelconque sur notre sensibilité, des sentiments ou des émotions :
6. Je ne veux pas entrer dans le détail et chercher à vous démontrer que mes tableaux n'ont pas été choisis si à l'aveuglette que vous le dites et que l'homme qui veut bien écouter la pièce y trouvera cette perversion de l'affectivité, qui, selon vous, manque. E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1888, p. 886.
7. Des effluves de bienveillance universelle partaient de la personne magnétique de Monsieur Cabillaud, s'enroulaient autour du distingué Monsieur Espérandieu, effleuraient sans pénétrer sa dure écorce le sombre et regrettable Monsieur Léotard, et, retombant enfin en nappes insinuantes sur le jugement et l'affectivité de Jacques, changeaient ses manières d'envisager, jusqu'à ce qu'il ne vît plus autour de lui, sous leur attendrissante influence, que des personnes charmantes. F. de Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 246.
8. Il s'est épris de Gise, simplement parce qu'il avait de l'affectivité sans emploi; ... R. Martin du Gard, Les Thibault,La Sorellina, 1928, p. 1188.
Rem. Si, dans l'ex. 8, le mot désigne la faculté d'éprouver un sentiment (d'affection), et, dans l'ex. 5, un ensemble de sentiments, la distinction est plus délicate dans la plupart des autres ex. D'autre part si l'oppos. semble nette entre affectivité et jugement (ex. 7), elle est plus ou moins contestée dans l'ex. 3. Pas d'ex. de ce mot au plur.
Prononc. : [afεktivite]. Enq. : /afektivite1/.
Étymol. ET HIST. − 1865, philos. (La Châtre t. 1 : Affectivité : Faculté de l'âme en vertu de laquelle se produisent les phénomènes affectifs). Dér. de affectif*; suff. -ité*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 160.
BBG. − Battro 1966. − Bél. 1957. − Foulq.-St-Jean 1962. − Julia 1964. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Moor 1966. − Mucch. Psychol. 1969. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Psychol. 1969. − Sill. 1965. − Springh. 1962.