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AFFAMEUR, EUSE, subst. et adj.
A.− Substantif
1. Au propre, péj. [Désigne une pers.]
a) Celui, celle qui cause la faim ou condamne à la misère :
1. Le meunier d'ordinaire parlait en narquois, le nez en l'air, relevant ses lunettes. Mais là il se montait, sur ces affameurs de monde. H. Pourrat, Le Pavillon des amourettes,1930, p. 69.
2. Vous ne décevrez pas, Monsieur le Maréchal, la grande espérance qui, malgré le temps perdu, nous anime encore; dussiez-vous traiter en ennemis déclarés les affameurs de la France vaincue, ... L'Œuvre,14 févr. 1941.
b) [En période d'agitation pol.] Celui qui, pour s'enrichir, crée une situation de disette dans un pays, accapareur, accaparateur :
3. On sema des histoires alarmantes de bœufs noyés dans la Seine, de sacs de farine vidés dans les égouts, de pains jetés dans les latrines... C'étaient les affameurs royalistes, rolandains, brissotins, qui poursuivaient l'extermination du peuple de Paris. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 75.
Rem. Sous la Révolution française et le Directoire, l'expr. affameurs du peuple désigne les agioteurs qui se livraient à un commerce usuraire, délit puni de mort sous la Convention. Synon. grugeur (cf. étymol.); Lar. 19eenregistre le mot comme néol.
2. Au fig. [Désigne un inanimé personnifié] Ce qui de par sa fonction ou par le rôle qu'on lui fait jouer provoque la famine ou la misère :
4. Autrefois, pendant trois mois d'été, les pauvres mariniers chômaient; et dans la langue de la rivière, ce temps perdu où les femmes et les enfants pleuraient la faim, (...) s'appelait l'Affameur... A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 95.
B.− Adjectif
1. [Se rapporte à un inanimé] Qui excite la faim, qui affame :
5. Les voilà repartis sur la route affameuse. Dans la poussière, dans la boue, dans la faim. Dans l'avenir, dans la détresse, dans l'anxiété de l'avenir. Ch. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc,1910, p. 20.
2. Au fig. Qui engendre des désirs, des besoins nouveaux :
6. Il s'avère que, chez le peuple, les louables souhaits « d'en dehors » tournent mal, par fatalité : la poétique, saine, nécessaire influence du printemps tourne à la flânerie affameuse; l'aspiration magnifique sert à renforcer les préjugés, la servitude, la misère. L. Frapié, La Maternelle,1904, p. 214.
Étymol. ET HIST. − 1791 « celui qui affame, qui fait disparaître les vivres » (Ami du peuple, 7 juill. 1791, p. 4 ds M. Frey, Les Transformations du vocab. fr. à l'époque de la Révolution, 1925, p. 254 : Elle [l'auguste Assemblée] a barbarement égorgé avec le glaive de la justice des milliers de pauvres paysans qui s'opposaient aux manœuvres des affameurs royaux); Brunot t. 9, p. 1177 signale que le mot lancé sous la Convention était ,,plus sévère encore`` que accapareur. ,,Affameur du peuple... fait à partir de cette date [1794] partie du vocabulaire. On y comparera grugeur.`` Dér. de affamer*; suff. -eur*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 6.
BBG. − Bél. 1957.