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AFFAMER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Au propre
a) [Le suj. est un animé, l'obj. un animé ou un coll.] Ôter les vivres, faire souffrir de la faim par la privation de nourriture. Affamer un peuple, une armée, une nation :
1. Alors le Vercingétorix déclare aux siens qu'il n'y a point de salut s'ils ne parviennent à affamer l'armée romaine; ... J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831, p. 246.
2. Ils veulent, disent-ils, affamer le peuple de Paris, en le privant de travail; ... Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 71.
3. Cyrus Smith ne pourrait évidemment pas résister à cinquante bandits, armés de toutes pièces, qui, soit en pénétrant de vive force dans Granite-House, soit en y affamant les assiégés, auraient raison d'eux. J. Verne, L'Île mystérieuse,1847, p. 434.
4. Que nous ayons affaire ou non à une espèce de renards qui se laisseront affamer et crever de faim dans leur terrier, il reste que leur imagination, les ressources de leur esprit ne sont pas à la mesure de ce qui est; ... F. Mauriac, Journal3, 1940, p. 282.
Affamer à mort. Laisser mourir de faim :
5. ... on les parquait [les hommes et les femmes] dans des hôpitaux où systématiquement on les affamait à mort. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 297.
b) [Le suj. est un inanimé, gén. en parlant de l'air ou de toute cause extérieure agissant sur l'organisme] Causer, exciter la faim, l'appétit :
6. ... le grand air salin les avait affamés [Jeanne et le vicomte]... G. de Maupassant, Une Vie,1883, p. 36.
2. P. ext. Affaiblir, atténuer un effet par une quelconque privation :
7. La diète affame la maladie; mais elle affame bien plus encore la vitalité. Raspail(Lar. 19e).
Affamer une écriture. La rendre plus déliée, plus maigre.
Vx. Affamer un habit, un ameublement. Épargner trop d'étoffe.
Rem. Ac. 1798 qui enregistre le sens précise : ,,En ce sens son usage le plus ordinaire est au participe.``
3. Sens techn.
a) ARBORIC., HORTIC.
Affamer une plante, un arbre. Les priver d'une partie de leur nourriture pour arrêter un plus grand développement du bois nuisible aux fleurs et aux fruits.
[En parlant d'un bourgeon, d'une plante...] Épuiser, effriter :
8. On dit : Ce bourgeon affame cette partie de l'arbre... Il se dit parfois des plantes épuisantes, de celles dont les racines enlèvent promptement au sol dans lequel elles sont placées les principes assimilables. Dans ce cas affamer est synonyme d'effriter. E.-A. Carrière, Encyclopédie horticole,1862, p. 10.
b) ARCHITECTURE
9. Affamer. − Terminer brusquement une moulure par une section oblique, plane ou courbe. J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884.
c) CONSTRUCTION
,,Affaiblir une pièce de bois, un bloc de pierre en le dégrossissant trop.`` (DG).
,,Diminuer une pièce de charpente dans un endroit où on veut pratiquer une mortaise, un trou de boulon.`` (DG).
d) PÊCHES. ,,Attirer, à l'aide d'un appât, le poisson à fleur d'eau, à l'endroit où le filet est tendu.`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté ds Baudr. Pêches 1827, Ac. Compl. 1842 et Besch. 1845. Baudr. op. cit. précise : ,,On emploie la résure, rave ou rogue pour bouetter, affaner ou affamer les sardines, c'est-à-dire pour les engager à s'élever du fond de la mer et à donner dans les filets qui dérivent à fleur d'eau.``
4. Au fig.
a) Rendre avide de, donner des désirs à quelqu'un en le privant de biens corporels, spirituels ou intellectuels :
10. Il faut aux femmes des couvents libres, asiles, ateliers temporaires, et que les couvents ne les affament plus. J. Michelet, Le Peuple,1846, p. 355.
11. ... il la priva même, pour la mieux affamer, pour la mieux appauvrir, et faire plus dure sa privation, de la lecture des livres saints parmi les plus saints. E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 229.
Affamer le cœur, l'esprit, l'intelligence :
12. « Établirez-vous une oligarchie de vingt monopoleurs pour affamer nos esprits? » F.-R. de Chateaubriand, Essai sur la littérature anglaise, t. 2, 1836, p. 27.
Oppos. paradigm : affamer-appauvrir, privation (cf. ex. 11); affamer/altérer (F. Jammes, Les Géorgiques chrétiennes, 1912, p. 78); nourrir, affamer/grandir, ravaler (E. Verhaeren, La Multiple splendeur, t. 1, 1906, p. 111); mortifier/affamer (H. Bremond, Hist. littéraire du sentiment religieux en France, t. 4, 1920, p. 566).
b) Priver quelqu'un de tout moyen de travail intellectuel :
13. Le malheureux prisonnier se vit enlever plumes, encre, livres; on voulait absolument l'affamer. La Châtret. 11865.
c) Fam. Affamer une table, les convives. Manger tout, ne rien laisser aux autres :
14. C'est un homme capable d'affamer toute une table. Besch.1845.
B.− Emploi abs.
1. Faire souffrir de la faim par la privation de vivres (cf. A 1 a) :
15. « Les Prussiens! » Ils n'en avaient jamais aperçu, mais ils les sentaient là depuis des mois, autour de Paris, ruinant la France, pillant, massacrant, affamant, invisibles et tout-puissants. G. de Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 2, 1883, Deux amis, p. 189.
2. Causer, exciter la faim (cf. A 1 b) :
16. Un fort relent de friture, de stockfish, de saucisses chaudes bouillies, qu'on enveloppe dans un petit pain, de gaufres, de beignets, de mangeaille odorante, flottait et affamait davantage. A. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 110.
C.− Emploi pronom. S'affamer
1. Au propre
a) Être affamé. Souffrir de la faim :
17. Donc, elle [l'araignée] s'affame pour se nourrir, elle s'épuise pour se refaire, elle se maigrit sur l'espoir incertain de s'engraisser. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 202.
Rem. Attesté ds Lar. 20eavec le même ex. cité en partie.
S'affamer de :
18. De même que ces gamines qui, sous le coup de la puberté, s'affament de mets altérés ou abjects, il en vint à rêver, à pratiquer les amours exceptionnelles, les joies déviées; ... J.-K. Huysmans, À Rebours,1884, p. 10.
b) Rare. Se laisser mourir de faim :
19. Prenez garde, Monseigneur, car je crois que votre fils s'affame. A. Dumas (La Châtre t. 1 1865).
2. P. ext. Tomber dans la misère, le dénuement :
20. Quelquefois le travailleur se trompera dans son calcul, ou bien, emporté par la passion, il sacrifiera un bien immédiat pour une jouissance prématurée, et après avoir sué le sang et l'eau, il s'affamera. P.-J. Proudhon(Lar. 19e).
3. Au fig.
a) [Le suj. est une pers.] Devenir plus avide :
21. Saccard s'affamait, sentait ses désirs s'accroître, à voir ce ruissellement d'or qui lui glissait entre les mains. É. Zola, La Curée,1872, p. 416.
b) [Le suj. est un inanimé abstr. (personnifié)] :
22. ... il savait, par expérience, que l'obscénité ne se tarit pas et que la luxure s'affame, à mesure qu'on l'alimente. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 133.
D.− Emploi intrans., rare. Souffrir de la faim :
23. ... moi, je trafique, j'achète, je vends. Je suis utile. Par moi, les gens bouffent. Ceux de ta bande, ils affament. A. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 320.
Rem. Résurgence littér. d'un sens bien attesté en a. fr. (cf. Gdf. et T.-L.).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [afame], j'affame [ʒafam]. Enq. : /afam/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affamant, affaméité, affamélite, affamement, affameur. Cf. faim. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. afamer avec un seul f.
Étymol. ET HIST. − 1115-1130 afamé, part. passé adj. « réduit à la faim » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. Walberg, 1587 ds T.-L. : bien seit afamé, Treis jurz ait jëuné); 1remoitié xiies. « faire souffrir de la faim » (Li Charrois de Nymes, éd. Jonckbloet, 1451, ibid. : Devant VII anz ne seroit afamee [la cité]). Étant donné l'existence de l'ital. affamare (xiiies.) et de l'a. prov. afamar, plutôt issu du lat. pop. *affamare (< fames) que dér. de faim*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 97.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Baudr. Pêches 1827 (s.v. affaner).Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Chabat t. 1 1875. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Gottsch. Redens. 1930, p. 32, 46, 75, 124, 283. − Laf. Suppl. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Le Roux 1752. − Plais.-Caill. 1958. − Sain. Lang. par. 1920, p. 423.