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AFFAISSER, verbe trans.
I.− Emploi trans. rare. Affaisser qqc.
A.− [L'obj. désigne une réalité phys.] En abaisser le niveau, l'enfoncer en le faisant ployer sous une forte pression.
(L'idée de pression s'exprime par un compl. circ., par le suj. du verbe, ...) :
1. Le reste du plancher de la cabane était recouvert tout entier d'une litière épaisse et propre de bruyères et de fougères vertes, sur laquelle étaient imprimées en creux les places que les chiens, les chèvres ou les chevreaux avaient affaissées de leur poids pendant la nuit. A. de Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 413.
(L'idée de pression reste implicite) :
2. ... sentant que la mort affaissait ses paupières : − « Récite-moi, mon fils, ces divines prières Qui de l'âme fidèle accompagnent l'essor... » A. de Lamartine, Jocelyn,1836, p. 716.
Affaisser l'arrière-train (la croupe ...). Le baisser.
B.− Au fig. [L'obj. dir. désigne une pers., son jugement, son esprit, ...] En diminuer fortement la vitalité sous l'effet d'un agent externe ou interne :
3. La baisse de la vitalité se répercute dans la spiritualité. Une saignée, une ps., un éreintement affaissent l'âme aussi bien que le corps, elles affectent dynamiquement tout l'homme, dont la force s'écoule comme le gaz d'un aérostat. − Le ressort, l'élasticité, l'entrain sont donc le signe d'un superflu de vitalité, la fleur de la santé joyeuse, ... H.-F. Amiel, Journal intime,25 janv. 1866, p. 96.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne une chose concr.]
1. [En parlant de la surface du sol ou d'une partie de terrain] Baisser de niveau, s'enfoncer en ployant sous l'effet d'un agent externe ou interne :
4. Les montagnes, sous l'influence de la neige, des pluies et de l'érosion, s'affaissent peu à peu, tout en restant elles-mêmes. A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 192.
2. [En parlant de choses diverses] S'abaisser, s'enfoncer en ployant sous une pression :
5. Tout à coup je sentis la barque s'affaisser brusquement sous moi comme si l'eau pliait sous elle, ... V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 181.
3. [En parlant d'une construction ou d'un élément de construction] Baisser de niveau, s'effondrer en ployant sous la pression d'un agent extérieur :
6. Cette chancelante bicoque bâtie en moellons était revêtue d'une couche de plâtre jauni, si fortement lézardée, qu'on craignait de la voir tomber au moindre effort du vent. Le toit de tuiles brunes et couvert de mousse s'affaissait en plusieurs endroits de manière à faire croire qu'il allait céder sous le poids de la neige. H. de Balzac, Un Épisode sous la Terreur,1846, p. 434.
P. anal. :
7. Quand je touche les rameaux étendus d'une sensitive (mimosa pudica), au lieu d'une contraction, j'observe aussitôt dans les articulations des rameaux et des pétioles ébranlés, un relâchement qui permet à ces rameaux et aux pétioles des feuilles de s'abattre, et qui met les folioles mêmes dans le cas de s'affaisser les unes sur les autres. Cet affaissement étant produit, en vain touche-t-on encore les rameaux et les feuilles de ce végétal; aucun effet ne se reproduit. Il faut un temps assez long, à moins qu'il ne fasse très-chaud, pour que la cause qui peut distendre les articulations des petits rameaux et des feuilles de la sensitive, soit parvenue à relever et étendre toutes ces parties, et mettre leur affaissement dans le cas de se renouveler... J.-B. Lamarck, Philosophie zoologique,t. 1, 1809, p. 94.
4. MUS., rare. [En parlant d'une mélodie, d'un thème] Baisser fortement :
8. ... l'intonation relative de la syllabe (...) elle peut s'élever ou s'affaisser au cours du même mot... A. Schaeffner, Les Origines des instruments de musique,1936, p. 19.
B.− [Le suj. est un subst. désignant le corps ou une partie du corps]
1. [En parlant d'un organe, d'un muscle, ...] Se relâcher, tomber en langueur :
9. ... les impressions ne s'émoussent point toutes à la fois, ni toutes au même degré : c'est encore suivant un ordre successif, et dans des limites différentes, relatives à la nature et à l'importance des différens genres de fonctions, que les mouvements tombent dans la langueur, sont suspendus, ou paraissent ne perdre qu'une faible partie de leur force et de leur vivacité. Les muscles qui meuvent les bras et les jambes se relâchent, s'affaissent, et cessent d'agir avant ceux qui soutiennent la tête; ces derniers avant ceux qui soutiennent l'épine du dos. P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme,1808, pp. 375-376.
2. [En parlant de la tête] Ne plus se soutenir, tomber, s'effondrer.
Plus rare. [En parlant du corps] Se baisser en ployant sous l'effet d'un agent interne ou externe :
10. Elle boude! − Mon Dieu, qu'une femme qui boude A de grâces! la main sous le menton, le coude, Tel qu'un arceau de jaspe, appuyé mollement Sur un genou, − le corps qui s'affaisse et se ploie, Ainsi qu'un bouton d'or qu'une goutte d'eau noie; ... T. Gautier, Albertus,1833, p. 141.
C.− [Le suj. est une pers.] Se baisser, s'effondrer sous l'action d'un agent externe ou interne :
1. Au sens phys. Anton. se redresser, se relever :
11. Depuis son retour à Chantilly, Maurice est enfoncé dans un coin sombre de son cabinet, fuyant le jour, le bruit, se fuyant lui-même; il étend ses doigts crispés sur son front en sueur; il écoute; il parle vite, seul, tout bas; il va à la porte, à son secrétaire, à la croisée; il court ensuite se blottir, s'affaisser, se faire petit dans son coin, les cheveux hérissés, le front jaune, l'œil ouvert. L. Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 248.
12. Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche-chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre; Gavroche n'était tombé que pour se redresser; ... V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 461.
13. On la saisit, on la jeta contre les murs encore chauds de son logis. Puis douze hommes se rangèrent vivement en face d'elle, à vingt mètres. Elle ne bougea point. Elle avait compris; elle attendait. Un ordre retentit, qu'une longue détonation suivit aussitôt. Un coup attardé partit tout seul, après les autres. La vieille ne tomba point. Elle s'affaissa comme si on lui eût fauché les jambes. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Mère sauvage, 1884, p. 239.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : s'affaisser sur soi-même, s'affaisser dans un fauteuil, sur une chaise, - sur les genoux. 2. Tantôt s'affaisser signifie plutôt le déroulement de l'action perfective, et l'aboutissement est alors exprimé par des verbes comme tomber (ex. 13); tantôt il signifie lui-même l'aboutissement, et le déroulement du procès est alors exprimé par des verbes comme chanceler (ex. 12). À noter, pour le 1ercas, la possibilité d'employer les adv. doucement et lentement. 3. Dans l'ex. 11, l'expr. se faire petit, synon. de s'affaisser, suggère une nuance de sens comparable à celle qui est indiquée sous A (baisser de niveau). 4. Noter les expr. s'affaisser de fatigue, de vieillesse (cf. infra ex. 14).
P. anal. [Le suj. est un animal, une plante, une construction, etc.] :
14. Voici une maison qui sert aujourd'hui de magasin de modes et qui est un curieux spécimen de la Renaissance. Elle porte sa date, 1571; mais, malgré les soins extérieurs de propreté qui la font reluire à l'œil comme une construction récente, on voit que l'âge l'accable, car elle penche et semble s'affaisser de vieillesse. M. Du Camp, En Hollande,1859, p. 212.
2. Au sens moral. Perdre sa vitalité :
15. Sûrement, j'étais ivre, pensait-il; cette femme m'avait soûlé de caresses. Bon Dieu! ai-je été bête et fou! je risquais la guillotine, avec une pareille histoire... Enfin, tout s'est bien passé. Si c'était à refaire je ne recommencerais pas. Laurent s'affaissa, devint mou, plus lâche et plus prudent que jamais. Il engraissa et s'avachit. Quelqu'un qui aurait étudié ce grand corps, tassé sur lui-même, et qui ne paraissait avoir ni os ni nerfs, n'aurait jamais songé à l'accuser de violence et de cruauté. É. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 99.
16. ... père, quand je suis avec toi et que j'entends ta parole, où je sens qu'est la vie, quoique je ne la comprenne pas toujours, je suis prête à tous les sacrifices et j'accepte ma destinée, bien que dure. Au contraire, quand je ne suis pas soutenue par tes regards, je m'affaisse. E. Renan, Drames philosophiques,Le Prêtre de Némi, 1885, II, 7, p. 563.
P. ext. [Le suj. désigne une fonction, une composante morale ou spirituelle de la pers. : intelligence, raison, âme, esprit] :
17. ... la léthargie d'une nation où il n'y a pas d'opinion publique se communique à son gouvernement, quoi qu'il fasse. N'ayant pu la tenir éveillée, il finit par s'endormir avec elle. Ainsi donc tout se tait, tout s'affaisse, tout dégénère, tout se dégrade chez une nation dont la pensée est esclave; ... B. Constant, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation,1813, p. 232.
18. ... Il passait, le front baissé, les yeux pleins de larmes. Son esprit, qui, sous le double fardeau du chagrin et de l'âge, avait déjà beaucoup baissé, acheva de s'affaisser sous le sentiment du mépris public; ... J. Sandeau, Mademoiselle de la Seiglière,1848, p. 23.
Rem. S'affaisser est fréquemment suivi d'un compl. introd. par la prép. sous (ou de) : sous le poids, sous l'influence de qqc., sous l'effort.
Prononc. − 1. Forme phon. : [afese] ou [-fε-], j'affaisse [ʒafεs]. Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent la 2esyllabe avec [e] fermé, Harrap's 1963 avec [ε] ouvert. D'apr. Warn. 1968, la prononc. en [e] relève du lang. cour., la prononc. en [ε] du lang. soutenu. − Rem. L'ensemble des dict. de la fin du xviiieet du xixes. transcrivent la 2esyllabe avec [ε] ouvert. Seul Gattel 1841 transcrit cette syllabe avec [e] fermé. Enq. : /afe2s/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affaissement.
Étymol. ET HIST. − 1195/1200 pronom. « plier sous le faix » (Renart, éd. Méon, 24 352 ds T.-L. : moult ot son cuer tristre et noir Por sa viande qui le lache [laisse]. Durement s'estent et s'afaiche); 2. 1529 « décliner, s'affaiblir » fig. (G. Tory, Champ Fleury, Préf. ds Quem. t. 1 1959 : Estre affessé, estoit a dire, estre apoysanti). Dér. de faix*; préf. a-*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 514. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 746, b) 1 071; xxes. : a) 911, b) 424.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Chabat t. 1 1875. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Lav. Diffic. 1846.