Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AFFABILITÉ, subst. fém.
[En parlant d'une pers. ou de son comportement envers autrui] Qualité ou caractère consistant à être affable :
1. ... c'était surtout autour de la reine que les flots de la foule se précipitaient. Il est, je crois, difficile de mettre plus de grâce et de bonté dans sa politesse. Elle a même un genre d'affabilité qui ne permet pas d'oublier qu'elle est reine, et persuade toujours cependant qu'elle l'oublie. G. de Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 138.
2. On nous introduisit auprès de Rivarol qui, en ce moment, était à table avec quelques amis. Il nous reçut avec une affabilité caressante, mêlée toutefois d'une assez forte teinte de cette fatuité de bon ton qui distinguait alors les hommes du grand monde... Ch.-J. de Chênedollé, Extraits du journal,1822, p. 112.
3. L'époque du congrès arrivée, je me rendis à Francfort, où, par l'effet du hasard, j'arrivai le jour même de l'entrée de l'empereur Alexandre. C'était une occasion bien propice sans doute pour solliciter la faveur de lui être présenté; et son affabilité reconnue, la facilité avec laquelle il se laisse approcher, peut-être aussi la circonstance particulière qui me concernait, devaient me faire espérer de l'obtenir facilement; ... E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 594.
4. On peut compter onze vertus morales : le courage, la tempérance, la libéralité, la magnificence, la magnanimité, l'amour modéré des charges publiques, la mansuétude, l'affabilité, la véracité, l'aménité, la justice enfin. F. Ozanam, Essai sur la philosophie de Dante,1838, p. 170.
5. Les trois jeunes gens se saluèrent, sinon avec affabilité, du moins avec courtoisie. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Christo,1846, p. 443.
6. Sa figure est pleine et souriante, mais avec quelque chose de roide et gourmé; son regard est gracieux sans affabilité; on dirait qu'elle sourit provisoirement et que la colère n'est pas loin. E. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 338.
7. ... c'était un homme du grand monde, d'un vif esprit, d'une habileté parfaite, et qui avait toute l'affabilité personnelle que donnent le ton et les manières sans la charité, de ces gens bien appris enfin, qui peuvent faire beaucoup de mal, mais qui n'en disent jamais. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 20.
8. Cependant Gambèr-Aly s'aperçut vite qu'il n'était plus traité avec la même distinction, ni surtout avec la même affabilité. Les commissions lucratives ne lui étaient plus conférées; elles allaient à d'autres; les travaux durs ou astreignants, enfoncer les piquets, raccommoder les tentes, secouer les tapis, l'occupaient une bonne partie du jour. J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,1876, p. 161.
9. Il est impossible d'imaginer une plus charmante affabilité, une aménité plus exquise. E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 231.
10. Le cérémonieux notaire, qui, tout à l'heure encore, dans le bureau, m'accueillait avec une affabilité distante, m'aborda le premier. P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 253.
11. Il prodigua pour moi une amabilité qui était aussi supérieure à celle de Saint-Loup que celle-ci à l'affabilité d'un petit bourgeois. À côté de celle d'un grand artiste, l'amabilité d'un grand seigneur, si charmante soit-elle, a l'air d'un jeu d'acteur, d'une simulation. M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 827.
12. ... à ces mêmes roturiers que Saint-Loup eût touchés à l'épaule et pris par le bras, il s'adressait avec une affabilité majestueuse, où une réserve pleine de grandeur tempérait la bonhomie souriante qui lui était naturelle, sur un ton empreint à la fois d'une bienveillance sincère et d'une hauteur voulue. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes, 1, 1920, p. 131.
13. Joie de retrouver Drouin conciliant et accessible; je ne me méprends pourtant pas à tout ce qu'il y a d'apprêt dans son apparente affabilité, mais ne demande qu'à y céder, car, malgré tout, ma sympathie l'emporte. A. Gide, Journal,1924, p. 788.
14. Le comte de Pelleriès était un jeune monsieur mince, pas très grand, d'une élégance raffinée, même dans la tranchée, avec de beaux yeux gris, une trace de moustache châtain clair, une voix d'une affabilité si cordiale qu'elle en devenait par moments tendre et chaleureuse. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 274.
15. L'amabilité et la bienveillance même, il ignore l'envie et la jalousie : mais son affabilité sonne creux, car elle est faite d'indifférence, de légèreté, de promptitude dans l'adaptation, de moralité indulgente, non de compréhension et de dévouement profonds; il a beaucoup d'« amis », mais un service un peu difficile et un peu dangereux lui fait trouver plus encore d'excuses. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 183.
16. Dans son costume bleu marine aux plis irréprochables, il intimidait un peu, malgré l'affabilité de ses manières;... J. Green, Moïra,1950, p. 56.
17. Je remarque, une fois de plus, leur curieux comportement l'un vis-à-vis de l'autre, cette sorte de politesse attentive, ce mélange de naturel et d'apprêt qu'ils introduisent dans leurs moindres rapports, cet échange empressé de prévenances, l'affabilité, la tendresse de leurs regards, de leurs sourires, de leurs propos... R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1383.
18. Henri se mit à parler sans conviction. De son côté, il observait Trarieux; celui-ci l'écoutait avec une affabilité un peu condescendante; sûr de ses privilèges, satisfait d'y avoir verbalement renoncé, il se sentait supérieur à la fois à ceux qui ne possédaient rien et à ceux qui n'avaient pas intérieurement consenti à se laisser déposséder. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 234.
Rem. 1. Besch. 1845 signale le sens suivant qui n'est qu'un emploi allégorique de subst. abstr. : ,,Iconol. Femme jeune d'une physionomie franche, la tête couronnée de fleurs, coiffée d'un voile diaphane, et tenant à la main des roses et des guirlandes.``
Rem. 2. Un ex. (rare) d'emploi au plur. avec valeur concr. :
19. Nos réciproques estimes se maintiennent en respect, l'une contre l'autre accotée; il n'ose pas m'enlever la sienne, craignant qu'aussitôt la mienne ne retombe. Il a pour moi des affabilités protectrices... A. Gide, Paludes,1895, p. 99.
Rem. 3. Syntagmes notés : a) subst. abstr. + adj. : affabilité apparente, - caressante, - charmante, - condescendante, - cordiale, -distante, - extrême, - forcée, - majestueuse, - mondaine, - protectrice, - tendre; b) verbe (ou adj.) + avec (ou sans) affabilité : accueillir -, adresser -, écouter -, parler -, recevoir -, saluer -, sourire -, être traité -; gracieux sans -.
Rem. 4. Associations paradigmatiques : aménité, apprêt, bonhomie, bonté, bienveillance, fierté, grâce, hauteur, manières, parole, politesse, propos, qualité, regard, sourire, voix.
Rem. 5. Autant que l'oubli momentané d'une supériorité (cf. en partic. ex. 1) l'affabilité peut être la pratique (parfois non sans raideur) d'une certaine politesse qui ne se contente pas de faciliter les rapports hum., mais cherche à les entourer de divers comportements secondaires (cf. ex. 7). L'affabilité est gén. une vertu, mais elle peut aussi n'être qu'un superficiel apprêt mondain (cf. les adj. condescendant etc., dans rem. 3 a).
Prononc. ET ORTH. : [afabilite]. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. afabilité avec un seul f. Enq. : /afabilite1/.
Étymol. ET HIST. − 1270 « caractère de ce qui est d'un abord aimable » (Introduction d'astron., B.N. 1353, fo50 rods Gdf. Compl. : affabilité et debonaireté); xives. « id. » (Jean Le Bel, Li Ars d'amour, II, III, ch. 52, éd. J. Petit, I, 483 ds Mélanges Duraffour, p. 5 : Cis capitles determine d'une viertu Ki puet estre nommee afabilité, ce est a dire delitables paroles); voir un autre ex. du même aut. cité s.v. affable. Empr. au lat. affabilitas, de même sens dep. Cic., Off. 2, 48 ds TLL, 1171, 45 : affabilitas sermonis; de même, lat. médiév. a) 1050/1060 (concernant les paroles) Sigebertus Gembl., Theod., 4 ds Mittellat. W. : ... delectaretur iocunda et seria affabilitate familiarum ac sapientium; b) 1243/1248 (concernant les manières, l'abord) M. Albert., Summ. creat., II, 1, 41, p. 353 b, 10, ibid. : accipere... magistri affabilitatem et cum illa societatem et amicitiam.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 97.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Krings 1961, pp. 133-135; p. 199, 220; p. 268-270. − Lav. Diffic. 1846. − Prév. 1755. − Sommer 1882. − Théol. cath. Table 1929.