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ACQUITTER, verbe trans.
Rendre quitte.
I.− Emploi trans.
A.− Acquitter qqn.Le rendre quitte.
DR. Déclarer quelqu'un par jugement ou arrêt, innocent de la faute pour laquelle il est poursuivi :
1. Les deux bourreaux Sanson furent mis en jugement; plus heureux que Roseau, exécuteur de Tardif sous le duc de Mayenne, ils furent acquittés : le sang de Louis XVI les avait lavés. Les condamnés relaxés ne savaient à quoi employer leur vie, ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 322.
P. ext., dans la lang. cour. Tenir quelqu'un pour innocent :
2. Le monde entier peut me blâmer, que m'importe! si vous, qui n'avez pas le droit de m'en vouloir, m'acquittez des crimes auxquels me condamne un sentiment irrésistible? H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 268.
P. méton. [Le suj. désigne une chose] Qqc. acquitte qqn (permet d'acquitter qqn).Libérer d'obligations pesant sur une personne :
3. ... car c'est la dette en elle-même et non sa somme plus ou moins forte qui me tourmente. Il me faut encore six mois pour libérer ma plume comme j'ai libéré ma bourse, et si je dois encore q[ue]lq[ue] chose, il est certain que les bénéfices de l'année m'acquitteront. H. de Balzac, Correspondance,1837, p. 217.
Au fig., littér., p. arch. (cf. étymol. IV) ou fig. étymol. Acquitter qqn de...Libérer quelqu'un d'une dette morale, des devoirs envers quelque chose :
4. − Je suis en paix avec tous les êtres qui sont sous le firmament! Déjà la moitié de ma vie est faite et j'en suis acquitté pour toujours, Elle ne recommencera plus, je vois devant moi le terme de la route et du jour. P. Claudel, Processionnal pour saluer le siècle nouveau,1910, p. 299.
5. La seule chose qui délivre un roi, c'est d'avoir les deux mains liées. La seule chose qui acquitte de la justice, c'est d'être le captif de l'amour! P. Claudel, Feuilles de Saints,Saint Louis, roi de France, 1925, p. 651.
B.− COMM., partiellement vieilli. Acquitter une somme d'argent (due pour une chose). La payer :
6. Quand les effets arriveront à échéance, nous les acquitterons avec nos gains. Si nous ne pouvions plus les solder, Roguin me remettrait des fonds à cinq pour cent, hypothéqués sur ma part de terrain. Mais les emprunts seront inutiles :... H. de Balzac, César Birotteau,1837, p. 16.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : acquitter une amende, un compte, une contribution, une créance, une dépense, une dette, un emprunt, un fermage, un impôt, des intérêts, une pension, un prix, des subsides, des taxes, un traitement. 2. Cet emploi n'est plus guère usuel que dans la lang. admin. en parlant des impôts ou taxes officielles.
Au fig. Libérer sa conscience en payant de retour, ou en accomplissant ce à quoi on est engagé :
7. Le peuple de Paris se lassa de tant de désordres, et commença à s'émouvoir de ce que le duc d'Anjou n'acquittait point la promesse solennelle qu'il avait faite d'abolir les aides et les gabelles. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-1824, p. 199.
Rem. Syntagmes fréq. : acquitter une dette (le subst. dette étant suivi d'un compl. de n.); - une dette d'amitié, d'amour, de bienfaisance, de délicatesse, d'honneur, de reconnaissance; - un bienfait, un devoir, un vœu, le passé, la reconnaissance.
Usuel. Acquitter une pièce (établissant une dette). Constater par une formule (p. ex. pour acquit), suivie de la date et de la signature, le paiement de la dette inscrite sur la pièce :
8. Vous pouvez v[ous] présenter chez M. Sédillot, rue des Déchargeurs, pour toucher le montant de v[otre] facture en ayant soin de l'acquitter pour solde de tout compte. H. de Balzac, Correspondance,1829, p. 402.
Rem. Syntagmes : acquitter des billets, un bon, une facture, une lettre de change, un titre, etc.
II.− Emploi pronom. Qqn s'acquitte de qqc.Se rendre quitte, se libérer (d'une obligation).
1. COMM. Se libérer d'une dette d'argent :
9. Ces pauvres bougres viennent de s'acquitter de l'impôt. Les voici quittes. A. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 952.
Rem. Syntagmes : s'acquitter de ce qu'on doit, d'une dette, d'un emprunt, d'une somme.
2. P. ext., PROF.
a) Mener à bonne fin ce à quoi on est engagé, exécuter une obligation imposée :
10. L'Avocat d'Apolline, avec un rare talent, s'acquitta de sa défense; son plaidoyer aurait arraché des larmes à des tigres, le tribunal resta froid;... P. Borel, Champavert,Monsieur de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 35.
Rem. S'acquitter d'une commission, d'un emploi, d'une fonction, d'un office.
Au fig. Se rendre libre à l'égard d'une obligation morale, d'un remords, etc. :
11. ... il était facile de voir qu'il s'acquittait de cette visite comme d'un devoir indispensable... E.-J. Delécluze, Journal,1824, p. 34.
12. Prends cette rente, ce n'est pas l'aumône d'un amant qui s'acquitte, c'est le dépôt d'un père prévoyant. A. Dumas Fils, Le Fils naturel,1858, 11, p. 65.
b) S'acquitter d'une tâche (quelconque). La faire selon les règles (reçues ou qu'on s'est imposées) :
13. « Pourtant, monter à cheval est peut-être la seule chose au monde dont je m'acquitte bien. Je danse fort mal, je ne brille guère dans un salon;... Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 254.
Rem. Dans l'ext. a) l'obligation est dans l'action elle-même; dans l'ext. b) elle n'est que dans la manière de l'exécuter.
3. Emploi pronom. passif (au propre ou au fig.). [En parlant d'une somme due, d'une dette...] Être payé, de manière à rendre quitte :
14. L'impôt direct, par exemple, coûte moins de frais de perception, mais il s'acquitte péniblement et entraîne des contraintes odieuses. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 523.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : (s') [akite], (j', je m') [akit]. Enq. : /akit/. Conjug. parler. 2. Forme graph. − D'apr. R. Thimonnier (Principes d'une réforme rationnelle de l'orthographe, 1968, p. 34), les verbes du type acquérir et acquitter font partie de la catégorie des verbes en ac(c), cf. accabler, prononc. et orth. 3, ,,mais dont le 2ec se transforme normalement en qu devant é, i``. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose les graph. : acquitter ou aquitter. 3. Dér. et composés : acquit, acquit-à-caution, acquitpatent, acquittable, acquittement, acquitter, racquitter (cf. Juill. 1965). Cf. quitter.
Étymol. ET HIST. I.− 1. 1100 emploi fig., attest. isolée, aquiter la vie « racheter la vie » (Roland, éd. Bédier, 492 : Se de mun cors vœil aquiter la vie, Dunc li envei mun uncle l'algalife; Altrement ne m'amerat il mie); apr. 1160 « racheter (les gages) » (Wace, Rou, éd. Andresen, III, 1932 ds T.-L. : Les guages prist sis aquita); 1172-74 « payer (ce que l'on doit) » trans. (G. de Pont Ste Maxence, Vie de St Thomas le martyr, éd. Hippeau, 4440 ds T.-L. : ses dettes... aquiter); 1218-1225 « id. » réfl. (G. de Coincy, Les Miracles de la Ste Vierge, éd. Poquet, 123, 620 ds T.-L. : s'acuita de sa dete A la mort mes bons abbes Miles); d'où 2. ca 1170, au Moy. Âge seulement, peu attesté « quitter, abandonner » (B. de Ste Maure, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, t. II, 37 374 : Vencuz, desconfiz e fuitis Tot acuiterent le païs); 1238, mars, dr. « céder », localisé dans le Nord-Est de la France (Meurthe, Meuse, Moselle) au xiiies. surtout (Mars 1238, S. Nic. de Verd., Arch. Meuse ds Gdf. : Je Jofroi sires de Nonsart... j'ai aquitei et otroié par le lous de ma femme et de mes oirs as freires de Seint Nicholai... toute l'asmone...). II.− 1. Ca 1100 « délivrer un pays » (Roland, éd. Bédier, 869 : Se Mahumet me voelt estre guarant, De tute Espaigne aquiterai les pans Des porz d'Espaigne entresqu'a Durestant); figure encore dans ce sens ds Nicot 1606 et Cotgr. 1611; 2. a) apr. 1160 « remplir sa promesse » trans. (Wace, Rou, éd. Andresen, III, 3351 ds T.-L. : a Willeame le (le chastel) rendi Pur aquiter, ceo dist, sa fei); 1165 « id. » pronom. (Chrét. de Troyes, Guill. d'Angleterre, éd. Fœrster, 1919 ds T.-L. : Mes de mon seiremant m'aquit); 2emoitié du xiies. « justifier sa conduite (en remplissant son devoir) » (Norn et Rimenhild, éd. Michel, 2037, ibid. : Ja sui jo fiz de rei; si n'est pas mun mester Ke jo par serement me deie unc aquiter); 1209 s'aquiter a « faire son devoir (envers qnn) » réfl. (Renclus de Molliens, Le Roman de Miserere, éd. Van Hamel, 198, 3 ds T.-L. : Droite voie est de mariage. Chou est castées se sans rage S'aquite cascuns a sen per). III.− xiiies. « absoudre, pardonner » (Rutebeuf, Œuvres, éd. Jubinal, III, 5 ds Littré : La Magdelene [il] visita, De toz ses pechiez l'acuita, Et la fist saine). IV.− Début xiiies. « libérer d'une redevance » (Villehardouin, XXXV ds Littré : Nous ne sommes mie tant de gent que nous puissions estre acquité de nostre passage paier). Dér. de quitte* : I de quitte étymol. 4; II de quitte étymol. 3; III de quitte étymol. 1.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 885. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 131, b) 935; xxes. : a) 1 201, b) 718.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Éd. 1913. − Guizot 1864. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Marcel 1938. − Romeuf t. 1 1956. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Synon. 1818.