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ACCAPAREMENT, subst. masc.
I.− Dans le domaine de l'écon.Correspond au sens I de accaparer. [L'obj. est introd. par la prép. de] Action d'amasser, notamment dans un but spéculatif :
1. L'odieuse spéculation de l'administrateur des finances n'est qu'un tissu d'horreurs, et ces horreurs sont encore loin de leur terme. Il est certain que la France entière est remplie d'accapareurs; il est certain que ces accapareurs font monter très haut le prix du blé; il est certain qu'ils en exportent une énorme quantité dans la Flandre autrichienne, et il est certain que le gouvernement n'a pris aucune mesure sérieuse pour empêcher ces accaparements, pour s'opposer à ces exportations. Or, ne faut-il pas renoncer au sens commun, pour prétendre que ces coupables manœuvres sont des spéculations individuelles! Marat, Les Pamphlets,Dénonciation contre Necker, 1790, p. 89.
2. ... un autre danger, encore plus redoutable, (...) la spéculation sur les blés, (...) l'accaparement, que la Convention dut jadis châtier comme crime capital, mais que les lois actuelles ne poursuivent et ne punissent − assez faiblement, du reste, − que lorsqu'il y a coalition d'accapareurs, coalition toujours facile à dissimuler. F. Coppée, La Bonne souffrance,préf., 1898, p. 41.
En partic., action de monopoliser en se les appropriant, des valeurs écon. :
3. ... c'est trop peu de l'accaparement des grains, il a aussi recours à l'accaparement du numéraire, devenu déjà si rare par la perte du crédit public. Depuis longtemps le ministre travaillait à effectuer cet horrible projet, par l'établissement d'une banque nationale, qui devait mettre en circulation des billets de différentes valeurs, jusqu'à ce qu'elle eût absorbé tout l'or du royaume. Marat, Les Pamphlets,Nouvelle dénonciation contre Necker, 1790, p. 188.
4. Il existait alors une compagnie hollandaise des Indes orientales, qui avait un droit absolu sur tout le commerce fait par le détroit de Magellan. Or, comme à cette époque on ne connaissait pas d'autre passage pour se rendre en Asie par les routes de l'occident, ce privilège constituait un accaparement véritable. Quelques négociants voulurent donc lutter contre ce monopole, en découvrant un autre détroit... J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 73.
5. ... vous travaillez pour nous, sans vous en douter... vous êtes là quelques usurpateurs, qui expropriez la masse du peuple, et quand vous serez gorgés, nous n'aurons qu'à vous exproprier à notre tour... Tout accaparement, toute centralisation conduit au collectivisme. Vous nous donnez une leçon pratique, de même que les grandes propriétés absorbant les lopins de terre, les grands producteurs dévorant les ouvriers en chambre, les grandes maisons de crédit et les grands magasins tuant toute concurrence, s'engraissant de la ruine des petites banques et des petites boutiques, sont un acheminement lent, mais certain, vers le nouvel état social... É. Zola, L'Argent,1891, p. 41.
II.− Correspond au sens II de accaparer. Action de prendre et garder quelque chose.
A.− [Le verbe serait à l'actif; l'obj. est implicite, ou bien il est introd. par la prép. de (ex. 9); l'agent est gén. implicite; quand il est exprimé, il est introd. par la prép. de (ex. 6)] :
6. M. Colline et son ami M. Rodolphe se délassaient des travaux de l'intelligence en jouant au trictrac depuis dix heures du matin jusqu'à minuit; et comme l'établissement ne possédait qu'une seule table de tritrac, les autres personnes se trouvaient lésées dans leur passion pour ce jeu par l'accaparement de ces messieurs, qui, chaque fois qu'on venait le leur demander, se bornaient à répondre : − le trictrac est en lecture; qu'on repasse demain. H. Murger, Scènes de la vie de bohème,préf., 1851, p. 120.
7. ... saisir signifie prendre tout d'un coup, empoigner, et se saisir de veut dire s'emparer, se rendre maître. Dans l'exemple que tu me cites « le renard s'en saisit », ça veut dire le renard s'en empare, en fait son profit; il y a donc avec le pronom, tout ensemble, idée d'accaparement et de vitesse (ainsi avec le pronom le verbe comporterait toujours une idée d'utilité ultérieure). G. Flaubert, Correspondance,1852, p. 51.
8. Incliner vers tes mains, tes lèvres, les branches de tous les arbres à fruits. Faire crouler les murs, abattre devant toi les barrières sur lesquelles l'accaparement jaloux vient écrire : « Défense d'entrer. Propriété privée. » Obtenir enfin que te revienne l'intégrale récompense de ton labeur. A. Gide, Les Nouvelles nourritures,1935, p. 298.
9. À peine rentré, il (Thorel) se mit à la réorganisation du journal Le Fanal. En même temps, sournoisement il commençait ses manœuvres d'accaparement de toute l'affaire de la fidélité. M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 490.
10. L'avarice intellectuelle se présente sous forme de parcimonie et sous forme d'accaparement. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 648.
B.− [Le verbe serait au passif; l'obj. est introd. par la prép. de; l'agent est implicite ou introd. par la prép. par] :
11. ... ma tante a fait le trust de toutes les peintures se rapportant aux Villeparisis véritables, avec lesquels feu Thirion n'avait aucune parenté. Le château de ma tante est devenu une sorte de lieu d'accaparement de leurs portraits, authentiques ou non, ... M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 294.
12. ... mon travail aussi bien que mon sens actuel de la vie ne s'accommoderaient guère de l'accaparement de mes pensées et de mes heures par une vraie passion. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 45.
Rem. Dans ce dernier ex., l'obj. est très proche de la pers.
Stylistique Accaparement, comme accaparer appartient au domaine de l'écon. et du comm. Toutefois, bien plus que accaparer, il apparaît comme un terme techn. qui, aux xixes. et xxes. figure comme tel dans des dict. de comm. ou des dict. pol. (cf. Barr. 1967, Cap. 1936, R. Macquinghen, Dict. de termes commerciaux et techniques français-anglais, anglais-français, Paris, Dunod, 1961). L'accaparement est ,,un des moyens d'exécution du délit d'altération des prix``.
PRONONC : [akapaʀmɑ ̃]. Enq. : /akapaʀmã/.
Étymol. ET HIST. − 1751 terme de comm. (Encyclop. t. 1 : Accaparement. C'est un achat de marchandises défendues par les ordonnances. On le prend aussi pour une espece de monopole consistante à faire des levées considérables de marchandises, pour s'en approprier la vente à soi seul, à l'effet de les vendre à si haut prix qu'on voudra); 1793 emploi fig. (Arch. de Seine-et-Marne, Sér. L., Inventaire, p. 124, 24 mai 1793, ds Brunot t. 9, p. 757 : Le Maire de Plessis-au-Bois... a été réélu par accaparement de suffrages, parce qu'il était concierge et homme d'affaire du ci-devant seigneur). Dér. de accaparer* 2 et emploi fig.; suff. -ment*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 62.
BBG. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Cap. 1936. − Comm. t. 1, 1837. − Lavedan 1964. − Lep. 1948. − Pol. 1868. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956-58. − St-Edme t. 1 1824. − Théol. cath. t. 1, 1 1909.