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ABYSSE, subst. masc.
OCÉANOGR. Régions les plus profondes des mers et des océans :
1. Passé le pied des talus continentaux, nous commencerons à parcourir le sombre paysage des abysses. La lumière du soleil ne pénètre pas dans ces régions ténébreuses et les seuls objets brillants que nous verrons seront les corps d'animaux luminescents. On croyait autrefois que ces très grands fonds étaient en grande partie plats, mais cette opinion a dû être révisée. Des sondages effectués dans les océans du monde (...) démontrent que le fond de la mer varie grandement en profondeur Cependant la topographie des abysses offre peu de ressemblance avec celle de la surface apparente des continents. Dans la plupart des régions, les abîmes sont trop éloignés des côtes pour être affectés par les sédiments rocailleux transportés par les rivières et les courants du large, qui rarement se déplacent au delà des talus continentaux. R. Carrington, Biographie de la mer,1962, p. 18.
2. Au delà de l'arête de la plate-forme continentale, le lit de la mer s'affaisse brusquement vers les abysses. La lumière qui filtre encore à travers les couches d'eau supérieures diminue de plus en plus et disparaît bientôt complètement. Les créatures des plate-formes [sic] continentales vivent donc, soit dans une pénombre spectrale, soit, à de plus grandes profondeurs, dans une obscurité totale. Comme on l'a dit précédemment, leur nombre diminue à mesure qu'on s'abaisse, mais même, au fond des abysses, il y a de nombreuses espèces d'organismes benthiques. R. Carrington, Biographie de la mer,1962p. 124.
3. ... on est progressivement arrivé à connaître tout le relief sous-marin, jusqu'aux profondeurs de l'ordre de 20 mètres. La limite inférieure est descendue à 300 mètres avec l'apparition de la navigation sous-marine (...). Les grandes profondeurs, elles, étaient pratiquement inconnues, seules quelques sondes réalisées au cours des campagnes océanographiques jetaient quelques lumières sur le mystère des abysses. V. Romanovsky, Physique de l'Océan,1966, pp. 90-91.
4. Cependant, tout le benthos profond ne peut être dérivé de la faune littorale froide. Nous savons, en effet, que celle-ci est pauvre, et il y a des groupes qui sont représentés dans le benthos profond et ne le sont pas dans la faune littorale des hautes latitudes (...). Il faut donc supposer qu'il a pu y avoir également émigration vers les abysses de formes littorales des mers tempérées ou chaudes. Les causes qui ont porté les espèces littorales tempérées ou chaudes à se réfugier dans les grands fonds peuvent être diverses (...). Pour les Décapodes et pour beaucoup de crustacés Péracarides, on peut supposer que des espèces à gros œufs et développement direct auraient été désavantagées, au sein du benthos littoral, par rapport aux espèces à larves pélagiques, et auraient été ainsi conduites à se réfugier dans les abysses où le développement direct est indiscutablement un avantage. J.-M. Pérès, La Vie dans l'Océan,1966, pp. 161-162.
Fig. Abîme. Stylistique − Abysse est un synon. spécialisé de abîme (cf. ex. 1); au fig. il sert de superl. à l'emploi fig. de celui-ci.
Prononc. − 1. Forme phon. : [abis]. 2. Dér. et composés : abyssal, abyssin abyssinion, abyssinique, abbyssique, abyssopélagique. Cf. aussi abîmer (prononc. et orth. 3).
Étymol. − 1890, Lar. 19e, 2esuppl. : abysses s. m. pl. Hist. nat. Grandes profondeurs sous-marines; les abysses ont jusqu'à 8 kilom. et plus. Empr. au lat. chrét. abyssus (dep. Tertullien, voir abyssal) attest. dep. le ives. au sens « profondeur de la mer » (Vulgate, Genèse, 7, 11 ds TLL s.v., 243, 83 : rupti sunt omnes fontes abyssi magnae). Attest. fréq. au même sens en lat. médiév., cf., texte non relig., 1170-1237, Emo, Chron., 509, 27 ds Mittelatt. W. s.v., 70, 45 : inferior. abissus est oceanus abissus nempe profunditas dicitur aquarum. HIST. − Terme techn. du vocab. de l'océanographie (seul Pt Rob. 1967 signale l'emploi fig. au sens d'« abîme »). Entré tardivement dans la lang. sous la forme plur. (1890, cf. étymol.), il s'emploie aussi au sing. (1reattest. ds Nouv. Lar. ill. 1897 ds Quem.), forme sous laquelle il est mentionné dans la quasi-totalité des dict. des xixeet xxes.
BBG. − Carrington (R.). Biographie de la mer... (Trad. de l'angl.). Paris, 1962, 283 p. − Gruss 1952. − Gunther (K.), Deckert (K.). Le Monde merveilleux des abysses. Paris, 1952. − Pamart (P.). Lorsque le bon langage cesse d'être académique. Vie Lang. 1963, no137, pp. 427-429. − Pérès (J.-M.). La Vie dans l'Océan. Paris, 1966, 192 p. − Rey-Cottez 1968, t. 36, no2, p. 139. − Romanovsky (V.). Physique de l'Océan. Paris, 1966, 192 p.