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ABRUPTEMENT, adv.
D'une manière abrupte.
A.− Sens propre. Avec raideur :
1. Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline. (...) la base des murs s'appuyait sur les quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu'au fond des douves. G. Flaubert, Trois contes,La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, 1877, p. 77.
B.− P. ext. [Se dit p. ex. d'une partie du corps] Avec un caractère fruste, disgracieux :
2. L'athlétique présente un fort développement du système osseux, de la musculature et de l'épiderme. La face est en ovoïde raide, la mâchoire montant abruptement vers les oreilles : c'est la vraie tête haute, qui n'est qu'apparente chez le leptosome. Les pommettes et les arcades sourcilières sont en saillie, la mandibule forte et grossière. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 218.
C.− Domaine de la rhét. et du discours fam.
1.− Avec manque de ménagement dans le préambule :
3. De quoi vient-elle se mêler? D'ordinaire elle ne prend jamais part aux conversations d'intérêt général et fait la supprimée dès que Julius ouvre la bouche. C'est entre hommes qu'ils causent; foin des ménagements! Il se tourne abruptement vers elle : ... A. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 696.
2. Avec manque d'enchaînement et d'ampleur dans le développement :
4. ... Il y a, en Chateaubriand, une formation classique, une période à la Tite-Live, reprise abruptement par une rapide image à la Tacite... L. Daudet, Le Stupide XIXesiècle,1922, p. 88.
5. Lu ces jours-ci la Vie de Rancé de Chateaubriand (...). Livre étonnant, abruptement griffonné, je veux dire tracé de l'ongle négligent, fabuleux, du griffon, du monstre au coup de patte d'éclair qu'est l'écrivain-né. Branchu, hirsute, bossu, avertisseur, il est comme l'arborisation calcinée de cendres grises que laisse après lui un coup de foudre. J. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 132.
3. Avec manque de préparation dans la conclusion :
6. À mesure qu'elle parlait, elle s'irritait davantage. Ses reproches se succédaient avec tant de rapidité que Joanny ne distinguait plus les mots. Elle conclut abruptement son discours en se levant et en souffletant Fermina. V. Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 107.
Stylistique − Voir abrupt.
Prononc. : [abʀyptəmɑ ̃].
Étymol. − 1327 [1531] « d'une manière brusque, hâtive », sens fig. (Jeh. de Vignay, Mir. hist., XXVII, 85, éd. 1531, ds R. Hist. litt. Fr., 1, 181 : Il ne faut point que ung moyne diffinie abruptement aucune chose); 1549 (« métrique : marquer la césure) de façon malencontreuse » sens fig. (I. du Bellay, Deffence et Illustr. de la langue françoyse, éd. Person, 142 ds Z. rom. Philol., 28, 580 : J'ay quasi oublié un autre default bien usité, & de tres mauvaise grace. C'est quand en la quadrature des vers héroïques la sentence est trop abruptement couppée, comme : « Si non que tu en montres un plus seur »). Dér. de l'adj. abrupt*. HIST. − Dep. son entrée dans la lang., − et malgré son absence dans la docum. lexicogr. des xviieet xviiies. −, abruptement conserve jusqu'au xxes. la même signif. 1. Ses emplois sont originellement et essentiellement abstr. (s'agissant le plus souvent du style) : cf. ds étymol. J. de Vignay 1327 [1531], Du Bellay 1549 et aussi : Les autres petits poèmes veulent être abruptement commencés. Ronsard, Art poétique, 1565, (DG). 2. Plus tardif et plus rare est l'emploi concr. : cf. sém. Antérieurement, il n'y a guère que l'ex. de Mllede Gournay traduisant, dans Montaigne (II, 34), vers 1595, Fertur in abruptum magno mons improbus actu (Enéide, XII, 687) par Ce mont roule abruptement, et se bouleverse, turbulent et ruineux (cité ds DG). − Rem. La disparition du mot aux xviieet xviiies. s'explique peut-être par le fait qu'il était alors concurrencé par les expr. ab abrupto et ex abrupto; cf. Ac. 1762, Trév. 1771 et aussi : Ab abrupto. Terme latin qui s'est francisé par l'usage : on s'en sert pour exprimer une chose qu'on fait sur-le-champ, sans préparation, sans prélude, et sans cérémonie, ou brusquement et à l'improviste. (Trév. 1752). Abrupto, s. m. Ab abrupto et ex abrupto. Mots empruntés du latin qui signifient, inopinément, brusquement et sans préparation. (Ac. 1798).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 31.