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ABONDANCE, subst. fém.
Ce qui est disponible en très grande quantité (ressources, richesses, choses nécessaires ou utiles à la vie, etc.).
I.− Emploi absolu. [Avec réf. à la notion de production naturelle ou intellectuelle]
A.− [Réf. à la production naturelle] :
1. Le pillage et le désordre, suite ordinaire de la rapidité des mouvements, cessèrent; on rétablit la discipline, et chaque jour l'armée changea de face, au milieu de l'abondance et des ressources qu'offrait ce beau pays. E.-D. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 354.
2. On voit des peuples, comme les genevois, dont le territoire ne produit pas la vingtième partie de ce qui est nécessaire à leur subsistance, vivre néanmoins dans l'abondance. L'aisance habite dans les gorges infertiles du Jura, près de Neufchâtel, parce qu'on y exerce plusieurs arts mécaniques. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 77.
3. On ne peut, je crois, compter sur des réserves suffisantes, faites dans les années d'abondance pour les années de disette, que lorsqu'elles sont faites et conduites par des compagnies de négocians, jouissant d'une grande consistance et disposant de tous les moyens ordinaires du commerce, qui veuillent se charger de l'achat, de la conservation et du renouvellement des blés, suivant des règles convenues et moyennant des avantages qui balancent pour eux les inconvéniens de l'opération. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832p. 209.
4. Alors il (le pain) est devenu l'aliment unique, également comestible pour tous : l'enfant, l'homme en son plein, le vieillard; celui qui accompagne tous les autres, accuse leur saveur, les empêche de lasser, dont on ne saurait se priver, qui prime dans la nourriture de l'homme, au point qu'il symbolise l'abondance et le dénuement public et privé : on dit cette maison n'a pas son pain, cette nation a son pain; il est devenu l'aliment sacré. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 250.
5. La grandeur demande à la fois l'abondance et la pauvreté; rien de grand ne se fait sans une certaine abondance, rien de grand ne se fait que par une certaine pauvreté. Peut-on rien comprendre à la vie humaine, si l'on ne commence pas par comprendre que toujours c'est la pauvreté qui surabonde en grandeur? J. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 205.
6. La bible nous apprend en effet que pendant que Joseph dirigeait l'économie du pharaon au travers de l'abondance et de la pénurie, il mit au monde deux fils dont l'un s'appelait oubli et le second accroissement. P. Claudel, Le Poète regarde la croix,1938, p. 78.
7. Il savait d'expérience qu'il ne peut y avoir pour l'homme de dignité, passé certain degré de misère. Était-ce au luxe, à l'abondance, à la richesse, comme l'avait dit Voltaire, à créer pour tous les hommes le nouveau climat de l'honneur? J. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », préf., 1948, p. 148.
En abondance :
8. Une tentation horrible s'empare du cœur d'Eudore, Cymodocée aux lieux infâmes! Cymodocée dans les bras d'Hiéroclès! La poitrine du martyre se soulève; l'appareil de ses plaies se brise, et son sang coule en abondance. Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux, et répète avec les soldats : « sacrifiez! Sacrifiez! » F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 3, 1810, p. 188.
9. ... la route du Cannet circulait à travers les bois d'oliviers; où finissait la ville, la campagne aussitôt commençait; à l'ombre des oliviers, narcisses, anémones, tulipes, croissaient en abondance; à profusion dès que l'on s'éloignait. A. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 436.
10. Pourtant, si grande était la satisfaction des français de retrouver en liberté les idées et les informations que les journaux et les revues se vendaient en abondance. On assistait à une extraordinaire floraison de publications. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 113.
Rem. Ces ex. ne semblent pas infirmer les rem. de Laf. 1858, p. 91, à propos des différences d'emploi entre abondamment (cf. ce mot) et en abondance, rem. que citent Rob., Littré.
Autres syntagmes usuels : corne d'abondance, symbole de la richesse (A. Chénier, Bucoliques, La Liberté, 1794, p. 188; cf. aussi V. Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 457); pays d'abondance (J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, t. 1, 1801, p. 52); grenier d'abondance (J. et J. Tharaud, La Fête arabe, 1912, p. 178; Ch. Péguy, Ève, 1913, p. 882); nager dans l'abondance, vivre dans l'abondance (L. Bloy, Journal, 1894, p. 148; V. Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 11).
Proverbe. Abondance de biens ne nuit pas :
11. Les explications proposées furent nombreuses; mais en pareille matière on ne peut pas dire qu'abondance de biens ne nuit pas; tant que l'une d'elles n'aura pas triomphé des autres, nous ne pourrons pas être sûrs qu'aucune d'entre elles soit bonne. H. Poincaré, La Valeur de la science,1905, p. 198.
B.− [Réf. à la production intellectuelle] :
12. Qui ne sait pas se taire n'obtient point d'ascendant. S'il faut agir, prodigue-toi; s'il faut parler, ménage-toi; en agissant, crains la paresse, et en parlant, crains l'abondance, l'ardeur, la volubilité. J. Joubert, Pensées, essais, maximes et correspondance, t. 1, 1824, p. 249.
13. La prodigalité des paroles et des pensées décèle un esprit fou. Ce n'est pas l'abondance, mais l'excellence qui est richesse. L'économie en littérature annonce le grand écrivain. Sans bon ordre et sans sobriété, point de sagesse, sans sagesse, point de grandeur. J. Joubert, Pensées, essais, maximes et correspondance, t. 2, 1824, p. 146.
14. Fabrice. − Pourquoi l'avons-nous aimé : une discipline et une sensibilité. Nous avons eu besoin de cela. L'abondance devenait de la faconde. Je veux bien monter dans la barque, mais pour avoir de là une vue générale de l'univers et cette vue même qui est celle de ma génération. M. Barrès, Mes cahiers,t. 2, 26 févr.-1ersept. 1898, p. 28.
Parler d'abondance ou simplement d'abondance. Parler de mémoire, en improvisant :
15. De là la conversation a conduit à faire savoir que je venais de donner à mon fils sa première leçon de mathématiques : c'est une partie que l'empereur aime beaucoup, dans laquelle il est très fort. Il s'est étonné que je montrasse à mon fils d'abondance, sans livre et sans cahier; il ne me savait pas de cette force, disait-il, et m'a menacé alors de le voir parfois, à l'improviste, examiner le maître et l'écolier. E.-D. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 308.
16. On m'a forcé à relire ce matin, à l'ouverture de la séance, le discours que j'avais déjà lu hier : même enthousiasme, mêmes cris... au reste, j'ai parlé deux ou trois fois d'abondance avec assez de clarté et de succès... Enfin, j'espère par cet apprentissage que je mènerai un peu messieurs les pairs... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 699.
Rem. D'abondance peut s'employer, p. anal., pour tout autre moyen d'expr. :
17. Les grands peintres de Venise furent heureux, qui peignaient d'abondance, sans disputer avec eux-mêmes. Mais quelle angoisse, celle de l'artiste divisé en deux hommes, dont l'un crée, tandis que l'autre, pour la juger, se penche sur l'œuvre en train de naître! M. Barrès, Huit jours chez Monsieur Renan,1888, p. 109.
Parler d'abondance de cœur. Avec une entière confiance; var., avec abondance :
18. Faisons du moins un écho fidèle, en redisant sans réserve et avec abondance de cœur ces paroles que rien ne désavouera : ... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 380.
19. Il n'y aurait que demi-mal, si j'avais mis un peu d'ordre dans mes idées, mais je crains d'avoir brouillé certaines choses. Ce n'est pas tout que de parler d'abondance de cœur. A. France, La Vie littéraire,1888-1892, p. 376.
II.− [Suivi d'un compl. introd. par de] Très grande quantité :
20. On arrive à la politesse, dans les arts, par l'abondance des détails et le soin qu'on leur donne. Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 1, 1817, p. 67.
21. Ce n'est que chez les grecs gâtés par la vie romaine, que vous trouverez cette abondance de discours opposée à la pureté. Jamais une expression oratoire ne se présente dans leurs meilleurs historiens; et l'éloquence, dans leurs grands orateurs, est plus voisine de l'histoire que, dans leurs bons conteurs, l'histoire n'est voisine de l'éloquence. J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 405.
22. ... quelle que soit l'abondance ou la rareté du numéraire, comme on a besoin d'une certaine somme pour consommer tous les échanges, le numéraire augmente en valeur à mesure qu'il décline en quantité, et décline en valeur à mesure qu'il augmente en quantité. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 162.
23. D'ailleurs, le voisinage de l'Atlantique et le vent d'ouest qui y règne en maître rendaient le climat de cette contrée particulièrement humide. On le voyait bien à sa fertilité, à la grasse abondance de ses pâturages et à leur sombre verdeur. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 205.
24. On n'avait pas rencontré, depuis des années, une pareille puissance d'idées générales mariée à une telle ampleur d'érudition, ni une si riche abondance de points de vue unie à un si audacieux nihilisme. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 19.
25. ... il la fatiguait, par tout ce qu'elle aimait en lui, par ce trop-plein d'intelligence, par cette abondance de vie accumulée pendant des années et qui débordait : sa quiétude en était troublée. Et il la fatiguait aussi, peut-être, parce qu'elle sentait toujours la menace de cet amour, beau et touchant, mais obsédant, contre lequel il fallait rester en éveil; ... R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1465.
26. Mais, avant ces périodes, tant de fois troublées et qui ont entassé tant de ruines, c'est dans la fécondité naturelle, l'abondance exubérante de ce qui est nécessaire à la vie que réside le secret de l'attrait qui a rassemblé ici les hommes. P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 89.
Arg. scol., vieilli. Dans la terminol. des collégiens [internes].Vin fortement coupé d'eau. (Lar. 20e) :
27. Je dois citer encor les murs du réfectoire ..... L'abondance emplissant la classique timbale. A. Pommier, Océanides et fantaisies,1839, p. 243.
III.− Sens techn.
BOTANIQUE :
28. L'abondance, la dominance, la quantité, la sociabilité sont des qualités de l'espèce dans une population végétale; ce sont des caractères analytiques. Encyclopédie de la Pléiade, Botanique, 1960, p. 1355.
29. Dans la pratique, l'abondance et la dominance se combinent dans une notion complexe : d'un coup d'œil en effet on reconnaît dans un groupement, non le nombre des individus de chaque espèce, ni la place prise par chacun d'eux, mais l'espace occupé par tous les individus de l'espèce; on lui donne le nom de quantité. Encyclopédie de la Pléiade, Botanique, 1960, p. 1355.
ÉCON. POL. L',,abondancisme ou socialisme de l'abondance`` (Suavet 1963) : ,, théorie optimiste de Jacques Duboin, née en réaction contre le malthusianisme économique de l'âge capitaliste. (Il préconise l'instauration d'une économie distributive sur la base des besoins [on produit trop; on ne vend pas assez], la création d'une monnaie « entièrement nouvelle », l'institution d'un service obligatoire du travail et d'un revenu « social » [somme dont chaque habitant serait crédité chaque année, selon son âge])``. (Suavet 1963).
MÉD. ,,Pathol. méd., abondance est synon. de pléthore, et signifie le trop-plein du sang, de la bile, des humeurs, etc.`` (Besch. 1845).
Stylistique − Les rem. faites à propos de abonder valent pour le subst. abondance. Cependant lorsque l'abondance s'applique à une production naturelle, les expr. telles que nager dans l'abondance, pays d'-, corne d'- sont fam. et si cour. qu'elles ne parlent plus à l'imagination. Mais dès que abondance s'applique à une production intellectuelle les expr. appartiennent à une lang. recherchée ainsi parler d'abondance. L'exp. parler d'abondance de cœur pourrait être d'orig. biblique. On la rencontre, en effet, dans les Évangiles, où elle signifie que les paroles de l'homme sont l'expr. des sent. dont son cœur déborde. Cf. : Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, étant méchants vous-mêmes! car la bouche parle de l'abondance du cœur. Math., XII, 34, trad. Le Maistre de Sacy (Vulgate : Ex abundantia enim cordis os loquitur), cf. aussi Luc, VI, 45.
Prononc. : [abɔ ̃dɑ ̃:s].
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov. abondantia; n. prov. aboundànci; ital. abbondanza; esp., port. abundancia; cat. abundança; roum. abundentà. I.− 1119 empl. comme synon. de embolisme « intercalation d'un mois complémentaire de 30 jours utilisée chez les Grecs pour faire concorder les années lunaire et solaire » [jours en excédent] terme chronol. (Ph. de Thaun, Comput, éd. Mall, 2386 : Embolisme est creissance, Sulunc nus abundance). II.− 1. Début xiie« quantité plus que suffisante de biens » emploi abs., ds trad. (Ps. Oxford éd. F. Michel, XXIX, 7 : Je acertes dis en la meie abundance); 1165 « id. » même emploi (Ch. de Troyes, Guill. d'Angl., éd. Wilmotte, 902 : En tel torment est coveiteus K'en abondance est souffraiteus Tout ausi comme Tantalus); 2. début xiie« quantité plus que suffisante (d'un bien non matériel) » ds trad. (Ps. Oxford, LXXI, 7 : Naistra es suens jurz justise, e abundance de pais); fin xiie-début xiiie« id. » (d'un obj. matériel) » (Brut, ms. Munich 4050 ds Gdf. Compl. : L'abundance de l'herbage); en abondance « en quantité plus que suffisante (d'un obj. matériel) » ds trad. (Ps. Oxford, LXXVII, 29 : viandes enveia a els en abundance); 1307 d'abondance « avec aisance, sans peine » (G. Guiart, Br. des royaux lignages, éd. Buchon, I, 729 : Et saisi Gisorz d'abondance). III.− Fin xives. « qualité de celui qui prodigue des dons; générosité » (Froissart, Chron., X, 344 ds Gdf. Compl. : auquel mariage le jones rois de France vint e fut de grant abondance). Empr. au lat. abundantia, au sens II 1, emploi abs. dep. Cicéron (TLL s.v., 228, 21 sq.); cf. Vulg., Ps., 2917, ibid., 68 : ego dixi in abundantia mea; emplois analogues en lat. médiév. ds Mittellat. W. s.v., 66, 50-56; au sens II 2 dep. Cicéron : soit d'un bien matériel (De leg. arg., 1, 18, ibid., 227, 37; fréq. à propos des fruits de la terre), soit d'un bien immatériel (Lucullus sive Acad. prior., 1,18, ibid., 228, 10), cf. Vulg., Ps., LXXI, 7 : orietur in diebus ejus justitia et abundantia pacis; in abundantia : Vulg., Ps. LXXVII, 25 : cibaria misit eis in abundantia. I, emploi sans ex. en lat., utilisé pour trad. embolisme (cf. ce mot) : cf. Ph. Thaun, ibid., 2415 : Une lunaisun tient plus cil ans, quant l'avum, Dunt embolisme a num; Kar c'est abundement Sulunc la griue gent; cf. aussi Li Compos, Bibl. nat. 2021, fol. 147a ds Gdf. Compl. : cis sorescroissement vient, qui a nom embolismes; au sens III « générosité, prodigalité » dep. Tacite, Ann., 4, 62 ds TLL, (ibid., 229, 3). − Berger, s.v. HIST. − Présente la même évolution que abonder (cf. ce mot, hist., introd.). I.− Sens disparus av. 1789. − A.− « embolisme », attesté uniquement au xiies. (cf. étymol. I). B.− « générosité », 1 attest. isolée à la fin du xives. (cf. étymol. III). C.− Abondance du propre sens, expr. qui apparaît comme une création d'auteur au début du xviiies., sans doute p. anal. avec abonder dans son propre sens (cf. abonder, hist. II C 1), mais qui ne semble pas avoir été empl. ailleurs (cf. Trév. 1752, 1771) : Si l'abondance du propre sens, ou l'ennui de la dépendance l'avoit porté à quelques sentiments contre l'obéissance et son aveugle simplicité, vous allez tout régler et tout réformer. Bourdaloue, Exhort., t. I, p. 249 (Trév. 1752). II.− Hist. des sens et accept. attestés apr. 1789. − A.− Sém. I, attesté dep. le début du xiies. (cf. étymol. II 1), perman. B.− Sém. II, attesté dep. le début du xiies. (cf. étymol. II 2), perman. C.− Au fig., « richesse de style, d'élocution », 1reattest. lexicogr. ds Besch. 1845, résulte en fait d'une application partic. du terme au domaine de la langue dep. le xviies. : L'abondance n'est pas toujours la marque de la perfection des langues. Bouhours (Fur. 1701). Parler avec abondance, pour, Etre fertile en pensées, en expressions, en tournures. Ac. 1798. Cette dernière expr. est toujours usitée (cf. Dub.). D.− Loc. diverses : 1. corne d'abondance, mentionnée dep. Fur. 1690, elle désigne d'abord la corne de la chèvre Amalthée, et, peut-être par suite de son utilisation fréq. comme élément décoratif en peint. et en sculpt., elle perd rapidement (début du xviiies.) cette signif. propr. myth. pour prendre le sens plus gén. et actuel d'une corne remplie de fleurs et de fruits, qui est le symbole de l'abondance (cf. sém. I); 2. grenier d'abondance « magasin servant à tenir en réserve des grains pour les temps de disette », imaginé par Napoléon Ieret signalé dep. Besch. 1845; ne continue plus à être empl. de nos jours qu'avec une valeur hist. ou comme formule stéréotypée (cf. sém. B); 3. de l'abondance du cœur la bouche parle, signifiant par là qu'« on s'empêche difficilement de parler des choses dont le cœur est plein » (Ac. 1718), s'est dit proverbialement dep. Fur. 1690 jusqu'au mil. du xixes., date à partir de laquelle l'expr. se maintient, légèrement modifiée toutefois dans sa formulation et sa signification, parler d'abondance de cœur « parler avec épanchement, avec effusion » (cf. aussi, en ce qui concerne son orig., styl.); 4. en abondance, pour abondamment, citée dep. Nicot 1606. Sur leur synon., cf. Laf. 1858, p. 91; 5. d'abondance : a) « à cœur joie, de prime-saut », attestée pour la 1refois au xives. (cf. étymol. II 2 in fine) ne réapparaît ensuite que dans l'expr. parler d'abondance « parler sur le champ et sans précautions », dont la 1remention lexicogr. est Ac. 1798, seul à la considérer comme fam. : Il n'y a que les sujets pathétiques sur lesquels il soit possible de parler d'abondance. Marmontel (Besch. 1845). Désormais la loc. y trouvera son seul emploi jusqu'à nos jours. b) « en outre, de plus », attesté dès le xives. : Atant finablement ilh ont rendut Damiete et ilh furent delivreit de cel aighe, et furent les prisoniers lassies fours d'abondarche. J. D'Outremeuse, Myreur des hist., V, 105 (Gdf. Compl.). Parallèle à la loc. d'abondant qui, davantage usitée (cf. hist), la supplante aussitôt, elle disparaît pour reparaître seulement dans un ex. du xviiies. donné par DG qui, au reste, la qualifie de vieillie : Remarquons, d'abondance, que la comtesse se plaît avec mon maître. Marivaux, Legs, sc. 3 (DG). E.− Accept. partic., arg. scolaire « vin étendu de beaucoup d'eau, servant de boisson dans les collèges », 1reattest. lexicogr. ds Trév. 1752, tend à perdre de sa vitalité peut-être en raison d'une sensible amélioration des conditions de vie dans les internats dep. le début du xxes.; cf. Lar. encyclop., Lar. 3 qui parlent d'une boisson servie autrefois. F.− Emplois techn. (sém.). 1. Bot., récent. 2. Méd., attesté au mil. du xixes., il disparaît des dict. spécialisés contemp. 3. Econ. pol., apparu au mil. du xixes. et surtout usité au xxes., en raison du développement des études écon.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 383. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 755, b) 1 357; xxes. : a) 1 668, b) 1 799.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Baudhuin 1968. − Charles 1960. − Dem. 1802. − Gramm. 1789. − Lavedan 1964. − Mont. 1967. − Musset-Lloret 1964. − Nucl. 1964. − Plais.-Caill. 1958. − Romeuf t. 1 1956. − Suavet 1963.