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ABLUER, verbe trans.
Vieilli.
I.− Emploi trans. Laver à fond.
A.− BIBL. Laver des manuscrits ou des livres avec un produit spécial pour en raviver l'écriture ou enlever les taches.
B.− Au fig. :
1. Toute pierre lavée des signes de voirie, toute feuille lavée des signes de latrie, nous te lirons enfin, terre abluée des encres du copiste... Saint-John-Perse, Exil,Pluies, 1942, p. 252.
Rem. Pour ce poète, les Pluies, en effaçant toutes choses ,,équivoques`` doivent rendre la création à sa pureté première; la terre doit être, en partic., lavée de ,,l'histoire des peuples aux hautes tables de mémoire : les grandes annales officielles, les grandes chroniques... les bulles et les chartes... tous les vélins et tous les parchemins...`` Id., ibid., poème 7. Emploi dérivé du sens techn. I A.
II.− S'abluer
A.− Se laver (entièrement) :
2. Me sentant plus fort, je sautai à bas, je m'abluai; je n'hésitai pas même à revêtir mon pantalon pour être correct et ne point prêter à rire... P.-A. M. de Villiers de L'isle-Adam, Correspondance,1866, p. 82.
Rem. Empr. à la terminol. techn. ou plus vraisemblablement empr. dir. au lat. par l'aut. en vue d'un effet héroï-comique. Plus couramment, la même idée s'exprimerait par faire ses ablutions, ou plus simpl. se laver.
B.− Au fig. Se raviver, comme après un lavage :
3. ... il revoyait tous les camarades à la place exacte qu'ils occupaient cette nuit-là, celui-ci recroquevillé sous sa couverture, et celui-là tout droit, avec ses chaussettes percées qui dépassaient. Ils renaissaient tous dans sa mémoire, leurs visages s'abluaient avec leurs traits précis, leurs regards, leurs voix, un petit détail d'uniforme qu'il croyait oublié. Et ressuscitant l'un après l'autre, ils semblaient tous se lever pour un suprême appel... R. Dorgelès, Les Croix de bois,p. 306.
Rem. Emploi d'aut. apparemment dérivé de l'emploi techn. I A.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ablye]. 2. Dér. et composés : abluant, ablution, ablutionner.
Étymol. − xives. [cont. insuffisant pour déterminer l'emploi] (Somme Me Gautier, B. N. 1288 ds Gdf. Compl. : Doivent bien estre abluees et lavees); 2emoitié xives. « nettoyer, laver » (Jardin de Santé, I, 7 ibid. : Les fleurs [de l'herbe affodillus] guerissent les playes ordes et pourries quant elles en sont souvent abluees et lavees). Empr. du lat. abluere « enlever en lavant » (dep. Pacuvius, Trag., 244 ds TLL s.v., 106, 72); cf. xiies., vita Godefr. Cap I, 1, p. 515, 22 ds Mittellat. W. s.v., 30, 65 : aquam de qua manus comes ablueret. HIST. − Très peu usité, abluer se maintient difficilement dans la lang.; d'où le néol. ablutionner*. a) Il est pratiquement sorti de l'usage dans son sens gén. « laver » apparu au xives. (cf. étymol.), mais considéré comme vieux déjà ds Ac. 1798, comme tout à fait inusité ds Besch. et absent des dict. à partir de Littré. On ne relève d'ailleurs qu'un emploi isolé au xixes. (cf. ex. 2), sous la forme pronom., ce qui représente une innovation. b) L'emploi fig., noté pour la 1refois par Hug., puis ds Ac. 1798, est pris chaque fois dans un cont. relig. : xvies. : O Roy des Cieus... J'ay ferme foy Qu'il est en toy D'abluer nos vices par don. Ph. Bugnyon, Chant panegyrique, 1557 (Hug.). xviiies. : Nos péchés peuvent être ablués par le repentir et les bonnes œuvres. Ac. 1798. Il disparaît ensuite des dict. gén. et n'est plus attesté dans les textes. c) L'emploi techn. est mentionné avec régularité dep. Trév. 1752 et devient l'emploi ordinaire et principal du terme (cf. Ac. 1798, 1835; Besch., Littré, Guérin 1892, etc.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3.
BBG. − Mots rares 1965.