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TROPHÉE, subst. masc.
I.
A. − [Dans l'Antiquité] Dépouilles (cuirasse, armes) d'un ennemi vaincu déposées sur un tronc d'arbre. (Dict. xixeet xxes.).
P. anal. Les propriétaires de scalps lavaient chaque matin leurs trophées afin de les rendre inoffensifs. Après la purification, le gardien des scalps de la tribu en montait un au sommet d'une perche, les vieilles femmes dansaient tout autour durant le jour et pendant la nuit les vieillards se joignaient à leurs chants (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 252).Louis XVI cria son innocence sur l'échafaud, mais Santerre fit couvrir sa voix par le roulement des tambours. Sa mort fut atroce. Il se débattit et le couperet mutila sa mâchoire sans décoller sa tête. Affreux trophée que le fils du bourreau brandit à la place de son père, écœuré, devant une foule stupéfaite, puis en transe (Le Figaro, 1erjuill. 1989, p. 40, col. 5).
B. − Ensemble qui regroupe les armes d'un ennemi vaincu et les marques tangibles d'une victoire (dépouilles, prises de guerre, etc.) et qui est destiné à attester, à commémorer cette victoire. Élever, ériger un trophée. Ces montagnes (...) furent les monumens que Dieu laissa dans les trois mondes, pour marquer son triomphe sur les impies, comme un monarque plante un trophée, dans le champ où il a défait ses ennemis (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 150).Un état-major brillant de gloire et de jeunesse, tout le luxe de la guerre au milieu des trophées de la victoire (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 10).
C. −
1. Objet attestant une victoire, un succès. Le long des murailles, paraissaient disposés en ordre, comme à l'ordinaire, des drapeaux allemands, danois ou moscovites, trophées des soldats de Gustave-Adolphe (Mérimée, Mosaïque, Vision Charles XI, 1833, p. 30).
P. anal. Étant à Lourdes (...) je visitai la grotte où d'innombrables béquilles étaient suspendues, en signe de guérison. Mon compagnon me montra du doigt ces trophées d'infirmerie (A. France, Jard. Épicure, 1895, p. 203).
2. Spécialement
a) SPORTS. Récompense attribuée à un sportif (coupe, médaille, etc.) attestant une victoire dans une compétition. Pas une photographie de femme [dans la chambre d'Adrien], pas un trophée de sport, rien que des livres sur une étagère (Tharaud, Bien-aimées, 1932, p. 14).
P. anal. Si vous pensez être les meilleurs innovateurs, constituez un dossier. Deux trophées sont proposés: le Trophée Albert Costa de Beauregard pour les entreprises réalisant un chiffre d'affaires supérieur à un milliard de francs (...), et le Trophée des jeunes entreprises (Le Figaro, 3 juill. 1989, p. 27, col. 1).
b) CHASSE. Trophée de chasse. Tête ou corps entier empaillé d'un animal abattu. Sous un trophée de chasse, surmonté d'un chapeau tyrolien, une romance de Nadaud était posée sur un piano ouvert (E. de Goncourt, Élisa, 1877, p. 268).La bécasse, qui a bien voulu nous dévoiler tout ou partie de ses mystères, reste et demeure un gibier de grand choix, digne de l'effort du « bécassier » pour lequel il n'est pas de plus beau trophée que cette « plume du peintre », rémige atrophiée de l'aile de cet oiseau trop rare (Vidron, Chasse, 1945, p. 56).
II. − Au fig. Signe d'une victoire, d'une réussite. [Paoli] vit Napoléon Premier Consul et Empereur, et le chagrin de celui-ci est de ne pas l'avoir rappelé près de lui. « C'eût été une grande jouissance pour moi, un vrai trophée, disait-il (...) » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 655).
Loc., vieilli. Faire trophée de qqc. S'en faire gloire, en tirer vanité. Reste à savoir si, dans un gouvernement constitutionnel, c'est une chose sage et mesurée de faire un trophée de la dissolution d'une Chambre (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1818, p. 39).Il voyait le dur égoïsme de cette jeune étrangère, qui ne venait que pour prendre son vieux cœur et s'en faire un trophée (Barrès, Mystère, 1923, p. 83).
III. − BEAUX-ARTS
A. − ANTIQ. ROMAINE. Monument en pierre ou en marbre représentant les prises faites aux ennemis en souvenir d'une victoire. Rome n'avait aucun autre besoin moral que de proclamer sa gloire extérieure, et tout monument y suffisait, pourvu qu'il fût décoré du nom de temple, d'arc de triomphe, de rostre ou de trophée (Faure, Hist. art, 1909, p. 141).
B. − Motif décoratif formé d'armes, de drapeaux réunis en panoplie autour d'une armure ou d'un casque. Trophée sculpté; trophée en bas-relief. Leurs tiges vagabondes croissent jusqu'au milieu des bas-reliefs, des armes et des trophées qui en formoient l'immense couronnement, et dont il reste encore quelques vestiges (Crèvecœur, Voyage, t. 1, 1801, p. 219).
P. ext. Groupe décoratif de différents attributs servant d'ornement. Trophées d'église; trophées révolutionnaires. Elle avait battu le rayon des meubles (...) la mercerie et la passementerie aux effilés blancs qui encadraient d'ingénieux trophées patiemment composés de cartes à boutons et de paquets d'aiguilles (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 786).Des fleurs groupées en bouquet retenu par un nœud de ruban ou des trophées champêtres forment le motif central (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 106).
C. − Panoplie d'armes servant de décoration. Dans un enfoncement était une espèce de divan surmonté d'un trophée d'armes arabes à fourreaux de vermeil et à poignées resplendissantes de pierreries (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 396).La chambre de Christian (...) était ornée aux murs de trophées d'armes anciennes (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 146).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɔfe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1488 « dépouilles d'un ennemi vaincu » (La Mer des hystoires, I, 47a, éd. 1491 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 177: les filz de victoire sont pompe, trophée et triumphe); 1653 trophée d'armes (G. Colletet, L'Art poétique, éd. P. A. Jannini, p. 21); 2. a) 1550 p. ext. « objet témoignant d'un succès, d'une victoire » (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 2, p. 162: O de Phebus la gloire, et le trophée [...] Je te salue, ô luc [= luth] armonieus); b) 1862 trophée de chasse (Goncourt, Journal, p. 1145); c) 1932 trophée de sport (Tharaud, loc. cit.); 1957 trophée sportif (Camus, Exil et Roy., p. 1602). B. 1. Ca 1562 fig. faire trophée de « se faire gloire de, tirer vanité de » (E. Pasquier, Lettres historiques, éd. D. Thickett, p. 79: ce Frere faict [...] plusieurs grands trophées de sa prison); 1586 (Id., Lettres familières, éd. D. Thickett, p. 194: ceux qui [...] font trophee de la despouille d'un pauvre pere); 2. 1608 fig. « signe, témoignage d'une victoire, d'un triomphe » (Régnier, Satyres, éd. G. Raibaud, VII, 86, p. 76: Dressent à la laideur d'eux mesmes un trophée). C. 1. 1554 « groupe décoratif d'attributs divers servant d'ornement » (Ronsard, op. cit., t. 6, p 14: J'éleve [...] En trofée, pour guerdon, Et ma gourde et mon bourdon); 1564 (Rabelais, Cinquième livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 33, p. 133: un arc antique, auquel estoit le trophee d'un beuveur bien mignonnement insculpé); 1765 (Encyclop.: trophée de Marine, - de musique, - rustique, - bacchiques, etc.); 1835 trophée de chasse (en sculpt.) (Ac.); 2. 1559-60 « motif décoratif formé d'armes, de drapeaux, etc. » (L. de Laborde, Comptes des bâtiments du roi, t. 2, p. 3: unze fenestres paintes et trophées [en peint.]); 1565 (Id., ibid., p. 112: un trophée de morions, arcqs, carquoys [en sculpt.]). Empr. au b. lat.trophaeum, altér. du lat. class. tropaeum « trophée (primitivement, un arbre abattu et élagué auquel on suspendait les armes des vaincus, puis un monument élevé sur le champ de bataille); victoire, triomphe; p. métaph.: monument, souvenir », lui-même empr. au gr. τ ρ ο ́ π α ι ο ν « trophée, monument de victoire élevé, avec les armes prises sur l'ennemi, à l'endroit où la déroute (τ ρ ο π η ́) avait commencé », neutre subst. de l'adj. τ ρ ο ́ π α ι ο ς « qui fait tourner, qui met en fuite », dér. de τ ρ ο π η ́ « tour, changement de direction, fuite, déroute ». Fréq. abs. littér.: 237. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 488, b) 381; xxes.: a) 261, b) 229. Bbg. Born. 1967, p. II, 59, XX.