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CRAPAUD, subst. masc.
A.− [Désigne un animal]
1. Batracien terrestre, nocturne et insectivore, de forme trapue et dont le corps est couvert de pustules. Crapaud commun, vert, des joncs; un chant de crapaud; avoir peur d'un crapaud. Un immonde crapaud, pustuleux et grisâtre (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 15):
1. Pleurez sur les laideurs et les ignominies, (...) Sur l'effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux, Qui regarde toujours le ciel mystérieux! Hugo, Les Contemplations,t. 3, La Bouche d'ombre, 1856, p. 467.
2. C'est alors que, tout seul dans la vallée, au bruit Du crapaud des étangs qui flûtait son ennui, (...) Je m'en allais parfois rêver jusqu'à minuit Sous le châtaignier roux... Rollinat, Les Névroses,1883, p. 226.
SYNT. Un crapaud visqueux, sale et répugnant; un crapaud gonflé de pustules; les crapauds des mares, des jardins; un crapaud dans le marais, dans la vase; la bave, le venin, les œufs du crapaud; le cri mélancolique, la flûte du crapaud; jeter une pierre à un crapaud; repousser un crapaud du pied; avoir pitié d'un crapaud.
Crapaud-buffle. Crapaud d'Afrique dont le coassement est très puissant. On entendait maintenant le clapotis des eaux (...), l'appel espacé des crapauds-buffles (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 184).
Rem. 1. On rencontre le subst. fém. crapaude, femelle du crapaud, mot forgé par Voltaire. 2. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19eattestent crapelet, subst. masc. Jeune crapaud. 3. La docum. atteste aussi crapaude, adj. fém. Qui possède les caractéristiques du crapaud; hideux, difforme. L'argot (...) épouvantable langue crapaude (Hugo, Mis., t. 2, 1862, p. 193). M. Poulot n'était rien, absolument rien, auprès de MmePoulot... Elle était plutôt crapaude et d'une stupidité en cul-de-poule (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 245). Le Louis et ses épaules crapaudes (Giono, Baumugnes, 1929, p. 31).
P. ext. [Pour désigner d'autres animaux] Crapaud de mer. Poisson difforme. Un animal hideusement beau, que les gens du pays appellent crapaud de mer (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 45).Crapaud-pêcheur. Baudroie commune. Crapaud ailé. Coquille univalve, le strombe très large de Linné. Crapaud-volant. Engoulevent (oiseau).
2. [P. anal. d'attitude ou de comportement] En bas, le gringalet ramassé en crapaud, rit par secousses (Colette, Ingénue libert.,1909, p. 117).Il essaya les tours d'acrobatie qui lui étaient coutumiers. Ce qu'il appelait l'homme-crapaud, les cuisses sur les épaules (Giono, Joie,1935, p. 368).
Faire le crapaud. ,,Se tapir contre le sol; progresser par bonds au ras du sol`` (Esn. Poilu, 1919).
Locutions
Sauter comme un crapaud. De manière lourde.
Avoir une voix de crapaud.
Cracher des crapauds. Dire des choses méchantes, des injures, etc. Crachant complaisamment de sa bouche rose, des crapauds, sur tout ce que les amoureux ne voient pas dans l'amour (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 27).
Rem. Culturellement, cette expr. peut se rattacher à l'utilisation magique des crapauds par les sorcières. Et les mots d'abord imprécis, se bousculaient, comme à la sortie de la bouche de la reine les perles et les crapauds du conte de fée (Vialar, Homme de chasse, 1961, p. 127).
Avaler un crapaud. Faire contre son gré une chose, un acte désagréable, pénible. Chamfort disait que, quand on va dans le grand monde, il faut tous les matins avaler un crapaud (Stendhal, Prom. ds Rome,t. 1, 1829, p. 200).Synon. avaler une, des couleuvre(s) :
3. Le député [Bouteiller] reprit salive, comme un malade absorbe une pilule; il avalait le plus gros crapaud que la politique lui eût jamais présenté. Barrès, Leurs figures,1901, p. 283.
Être chargé d'argent comme un crapaud de plumes. N'avoir aucun argent.
Proverbe. La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe. La calomnie la plus vile ne peut ternir une réputation sans tache.
Rem. Attesté ds Rob.
B.− P. métaph. ou fig. [En parlant de pers.]
1. Personne laide, repoussante. Un vilain crapaud.
2. Personne malhonnête, ignoble. Ce vil crapaud. Un crapaud, une ordure, une venimeuse (Genevoix, Raboliot,1925, p. 270).C'était une espèce de crapaud méchant. Il était détesté (Cendrars, Confess. Dan Yack,1929, p. 228):
4. ... alors sont arrivées toutes ces vieilles corruptions des régimes précédents, ces receleurs d'effets volés, crapauds immondes à demi écrasés sur lesquels on a cent fois marché, et qui vivent, tout aplatis qu'ils sont. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 626.
3. Emploi hypocoristique. Un tas de petits crapauds. Un crapaud trop gentil, qui a une conversation au-dessus de son âge (Zola, Cap. Burle,1883, p. 100):
5. D'ailleurs dans la maison, il y avait un pullulement extraordinaire de mioches... Nana régnait sur ce tas de crapauds. Zola, L'Assommoir,1877, p. 519.
P. ext. Jeune apprenti. En riant [des prouesses de quatre apprentis] : « tas de crapauds » (Poulot, Sublime,1872, p. 258).
4. HIST. Crapaud du marais. Nom donné par dénigrement aux membres de la Convention qui se plaçaient dans la partie la moins élevée de la salle, et qui votaient généralement en faveur du gouvernement.
C.− [P. anal. de forme] Emplois spéc.
1. MOBILIER. Fauteuil bas, entièrement rembourré, sans ébénisterie apparente. S'asseoir dans un crapaud; un crapaud et une chauffeuse :
6. ... renversé dans un crapaud (...) un reporter écrivait, au crayon, une chronique de la soirée sur les feuilles d'un cahier de papier à cigarettes. E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 148.
[En constr. appos. avec valeur adj.] Un fauteuil crapaud.
Piano crapaud. Sorte de petit piano à queue, plus petit que le quart-de-queue.
2. TOILETTE, vx. Petite bourse (de soie, de tissu) dans laquelle les hommes enfermaient leurs cheveux sur la nuque. Il portait un crapaud, de la poudre et des ailes de pigeon (Balzac, Ténébr. affaire,1841, p. 168).
3. MÉD. VÉTÉR. Maladie du pied du cheval ou de l'âne. Pâte escharotique contre le crapaud du cheval (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat.,1868, p. 912).
4. TECHNOL. Appareil de forme ramassée.
a) MAR. Pièce de fer coudée sur l'avant de la barre du gouvernail (d'apr. Jal1). Synon. chariot.
Crapaud de mouillage, d'amarrage. Pièce en fonte, servant à tenir des bouées fixées à leur poste (d'apr. Gruss 1952).
b) CH. DE FER. ,,Pièce de métal interposée entre une traverse métallique et le bouton de fixation du rail sur la traverse, destinée à maintenir le patin du rail à l'emplacement voulu`` (Lar. encyclop.).
5. MINÉR. Défaut dans un matériau précieux.
a) GÉOL. Rognon de pierre englobé dans du marbre (d'apr. Barb.-Cad. 1963).
b) JOAILL. Défaut dans un diamant, dans une pierre précieuse, qui en diminue la valeur. Les « schropps » destinées à être taillées de telle ou telle façon selon leurs impuretés, fumée, failles, crapauds, glace (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 267).
Rem. La docum. atteste crapaudaillon, subst. masc., fam. Petit crapaud; personnage hideux (v. crapaud B 1). Il y eut, aux noces de Cana, en Galilée (...) un horrible crapaudaillon de la tribu d'Issachar (...) qui fut présent lorsque le maître d'hôtel dégusta le vin du miracle (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 163).
Prononc. et Orth. [kʀapo]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1180-90 « batracien » crapot (A. de Paris, Alexandre, éd. Elliott Monographs, branche III, 258); fin xiies. crapaut (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2eréd., 3207); 1541 péj. en parlant d'un homme (Calvin, Institution, 699 ds Littré); p. anal. 2. 1399-1400 « sorte de mortier » (document cité ds Gdf. Compl.); 1829 « affût de mortier plat » (Boiste); 3. 1611 crapaud de mer (Cotgr.); 4. 1790 mobilier (texte cité ds Havard); 5. 1845 « défaut dans une pierre » (Besch.). Dér. (suff. -ot* et -aud*) du germ. *krappa « crochet » (en raison des pattes crochues du crapaud), v. agrafer, prob. par l'intermédiaire de l'a. fr. grape, crape (xies. « rafle, grappe de raisin », v. grappe; 1213 « crampon, grapin », v. agrafer; cf. a. gasc. grape « crampon » 1remoitié xiiies. ds Rayn.). Une dérivation du m. fr. crape « squamosité, crasse », 1393 ds T.-L. (Dauzat 1973, EWFS2), v. FEW t. 17, p. 131, fait difficulté du point de vue chronologique. Fréq. abs. littér. : 493. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 968; xxes. : a) 925, b) 642.
DÉR.
Crapauderie, subst. fém.,rare. Ensemble de personnages sales, hideux, repoussants. Quant au genre monstre, vous savez comme ils l'ont traité, comme ils ont arrangé Han d'Islande, ce mangeur d'hommes, Habibrah l'obi, Quasimodo le sonneur et Triboulet, qui n'est que bossu, toute cette famille si étrangement fourmillante, toutes ces crapauderies gigantesques que mon cher voisin fait grouiller et sauteler à travers les forêts vierges et les cathédrales de ses romans (Th. Gaut. ds Lar. 19e). 1reattest. 1835 (Gautier, préf. Mllede Maupin, 23 ds Quem.); de crapaud, suff. -erie*.
BBG. − Alessio (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 171-172. − Gottsch. Redens. 1930, p. 112. − Lew. 1960, p. 198 (s.v. crapaudaille).Mat. Louis-Philippe 1951, pp. 313-314. − Meier (H.). Z. rom. Philol. 1935, t. 55, p. 380. − Murlett (W.). Literaturblatt für germanische und romanische Philol. 1921, t. 42, no9/10, p. 325. − Plomteux (H.). Le Crapaud, magie et maléfice. R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 132-140. − Quem. 2es. t. 4 1972. − Rigaud (A.). Les Vases communicants. Vie Lang. 1971, p. 535. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 106. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 75, 294; t. 3 1972 [1930], p. 15, 66.