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ARBRE, subst. masc.
I.− [L'arbre désigne un végétal ou sa représentation]
A.− BOT. Végétal ligneux, de taille variable, dont le tronc se garnit de branches à partir d'une certaine hauteur. De grands arbres, branches d'arbres, troncs d'arbres :
1. Le végétal est si bien composé d'un assemblage de végétaux, qu'il en renferme à la fois de jeunes et de vieux, dont quelques uns n'ont quelquefois qu'une lunaison, et d'autres ont plus d'un siècle. Un rameau d'un arbre est moins âgé que sa tige, et son aubier que son tronc. L'arbre le plus caduc porte à la fois la vieillesse dans son cœur et la jeunesse sur sa tête : l'une et l'autre se manifestent encore dans sa racine et dans son écorce. L'accroissement de ses parties dépend évidemment des harmonies soli-lunaires, puisque ses cercles annuels, subdivisés en cercles lunaires, en sont la preuve... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 262.
2. Entre les quelques champs déjà défrichés, nus, et la lisière de grands arbres au feuillage sombre, s'étendait un vaste morceau de terrain que la hache n'avait que timidement entamé. Quelques troncs verts avaient été coupés et utilisés comme pièces de charpente; des chicots secs, sciés et fendus, avaient alimenté tout un hiver le grand poêle de fonte; mais le sol était encore couvert d'un chaos de souches, de racines entremêlées, d'arbres couchés à terre, trop pourris pour brûler, d'autres arbres morts mais toujours debout au milieu des taillis d'aunes. L. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 59.
3. ... et, tout autour du tronc, s'étend un vaste espace ombreux, que l'arbre investit, sur lequel il règne, étalant ses branches colossales comme pour repousser toute autre végétation. Ces branches s'arquent, se voûtent et, de leur extrémité au loin retombée, touchent le sol. L'on respire un instant dans ces belles clairières couvertes; mais, sitôt qu'on en sort, on est tout empêtré dans l'enchevêtrement confus des ramures... Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 870.
4. L'homme était un ouvrier agricole. M. de Coantré voulait l'éblouir de sa science sylvestre; avec une fierté d'enfant il nommait les espèces d'arbres, il parlait des arbres roulés par le vent, dont on peut extraire le cœur comme un crayon; il critiquait l'administration de la forêt : les lignes de coupe mal entretenues, des prématurés qui mangeaient leurs voisins, et auraient dû être abattus... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 879.
SYNT. Cime, ombre, pied d'un arbre, bouquets d'arbres; abattre, planter, tailler des arbres, grimper aux arbres; arbres dépouillé, mort, en fleurs.
B.− Spécifications de l'arbre
1. Spécifications naturelles ou arboricoles
a) [L'accent est mis sur une caractéristique tirée de l'origine, des propriétés réelles ou supposées d'une espèce d'arbres ou d'arbustes] Arbre à, arbre de :
5. ... je dirai à ceux qui ne comprennent pas les termes de botanique, et particulièrement aux personnes du peuple qui désirent passer à la Louisiane, qu'ils y trouveront le chêne, le pin, le frêne, l'arbre à ciguë, le cèdre, l'orme, le bouleau, le sapin, l'arbre à sauterelles ou à cigales, le peuplier, l'arbre à suif, l'arbre à cire, l'arbre à boutons, l'arbre à l'huile ou à beurre... Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 171.
6. ... d'autres [fleurs] même ne fleurissent que la nuit : telle est celle du jalap du Pérou, ou belle-de-nuit; celle de l'arbre triste de l'Inde, qui s'ouvre dans les ténèbres et tombe au point du jour... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 63.
7. Les arbres qu'on y voit, et qui de loin lui prêtent un aspect riant, ne sont que des arbres à gomme, arbuste chétif et bâtard qui ne donne point d'ombre. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 252.
8. « Et quel est cet arbre qui ressemble à un petit palmier? demanda Cyrus Smith. − C'est un « cycas revoluta », dont j'ai le portrait dans notre dictionnaire d'histoire naturelle! − Mais je ne vois point de fruit à cet arbuste? − Non, Monsieur Cyrus, répondit Harbert, mais son tronc contient une farine que la nature nous fournit toute moulue. − C'est donc l'arbre à pain? − Oui! l'arbre à pain. » Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 297.
9. − (...) nous jouions au bord du fleuve qui a de l'eau, sous les jujubiers, frères du zeg-zeg, dont les épines ensanglantèrent la tête de votre prophète, et que nous appelons l'arbre du paradis, parce que c'est sous lui, a dit notre prophète à nous, que les élus du paradis feront leur séjour, et qui est parfois si grand, si grand, qu'un cavalier ne peut, en un siècle, traverser l'ombre qu'il projette. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 240.
10. Le directeur de ce jardin, présente à notre émerveillement les plus intéressants de ses élèves : cacaoyers, caféiers, arbres à pain, arbres à lait, arbres à bougies, arbres à pagnes, et cet étrange bananier de Madagascar, l'« arbre du voyageur », dont les larges feuilles laissent sourdre, à la base de leur pétiole qu'un coup de canif a crevé, un verre d'eau pure pour le voyageur altéré. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 704.
SYNT. Arbre à caoutchouc (ou à seringue), − à chandelles, − à coca, − des conseils, − à encens, − de fer, − à fièvre, − à grives, − de Judas ou Judée, − aux lis (ou à tulipes), − à melons, − de neige, − à perruques, − saint ou à chapelets, − à soie, − à thé, − à la vache (ou à lait), − à vernis.
b) [L'accent est mis sur des caractéristiques communes à plusieurs espèces d'arbres] Arbre à, arbre + adj.
[Aspect naturel, écologie] :
11. De longues avenues d'arbres verts à feuilles persistantes rayonnaient dans toutes les directions. Çà et là se massaient d'épais taillis de « grass-trees », arbustes hauts de dix pieds, semblables au palmier nain, et perdus dans leur chevelure de feuilles étroites et longues. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 185.
12. C'était le temps où les arbres à cônes, chargés de pollen, agitent aisément leurs branches pour répandre au loin leur fécondation. Le ciel s'était chargé d'orage et toute la nature attendait. (...) Il monta de la terre un souffle si brûlant que l'on sentit tout défaillir; le pollen des conifères sortit comme une fumée d'or des branches. Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 161.
SYNT. Arbre aquatique, − exotique (ou indigène), − à feuilles caduques, − forestier, − nain, − résineux.
[Destination, production, mode de plantation, forme (résultant de l'action de l'homme ou des éléments)] Arbre fruitier :
13. L'arbre naturel n'a pas de beaux fruits. L'arbre produit de beaux fruits dès qu'il est en espalier, c'est-à-dire dès qu'il n'est plus un arbre. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 341.
14. ... dans toute l'Andalousie, il n'est pas un arbre qui ne donne quelque chose. Le caroubier succède à l'olivier, l'oranger à la vigne, puis l'olivier revient en maître, le chêne-liège et l'yeuse qui nourrit les porcs. D'immenses vergers se déroulent sur des centaines de kilomètres : noisetiers, pêchers, amandiers. Pas un arbre d'agrément, pas un chêne, pas un orme, de rares platanes pour ombrager quelques places, des eucalyptus le long de cinq ou six routes, des cyprès en haies, comme en Provence, pour briser le vent. Tout arbre qui ne produit rien ou qui ne sert à rien est impitoyablement abattu, transformé en charbon. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 23.
SYNT. Arbre de bordure, − en buisson, − en chablis, − en colonne, − en cordon, − de haute fûtaie, − en gobelet, − de lisière, − de lumière, − en quenouille, − de pieds corniers, − de réserve, − de haute, moyenne, basse, demi-tige, − ébranché (ou déshonoré), − en espalier, − franc (franc sur franc).
2. Spécifications culturelles : domaine symbolique, magique ou relig.[L'arbre est désigné] :
a) [Par le nom de la fête à laquelle il est attaché] :
15. L'arbre de Noël que préparait ma tante Plantier réunissait chaque année un grand nombre d'enfants, de parents et d'amis. Il se dressait dans un vestibule formant cage d'escalier et sur lequel ouvraient une première antichambre, un salon et les portes vitrées d'une sorte de jardin d'hiver, où l'on avait dressé un buffet. La toilette de l'arbre n'était pas achevée et, le matin de la fête, lendemain de mon arrivée, Alissa, ainsi que me l'avait annoncé ma tante, vint d'assez bonne heure l'aider à accrocher aux branches les ornements, les lumières, les fruits, les friandises et les jouets. Gide, La Porte étroite,1909, p. 533.
P. méton. La fête organisée à l'occasion de Noël (cf. ex. supra).
SYNT. Arbre de Mai, − de la mariée.
b) MYTH. ANTIQUE. [Par le nom de la divinité à laquelle il est consacré] Arbre d'Apollon (le laurier), de Bacchus (la vigne), de Minerve (l'olivier), de Vénus (le tilleul).
P. anal. [Par le nom de la valeur idéol. qu'il doit évoquer] Arbre de la liberté, de la paix :
16. L'arbre de vie s'élève sur la Colline de l'encens : un peu plus loin, l'arbre de science étend de toutes parts ses racines profondes et ses rameaux innombrables : il porte, cachés sous son feuillage d'or, les secrets de la Divinité, les lois occultes de la nature, les réalités morales et intellectuelles, les immuables principes du bien et du mal. Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 183.
17. Je ne sais pourquoi je conspirai. Cet arbre [de la Fraternité] était un malheureux jeune chêne très élancé, haut de trente pieds au moins, qu'on avait transplanté à son grand regret au milieu de la place Grenette, fort en deçà de l'arbre de la Liberté qui avait toute ma tendresse. L'arbre de la Fraternité peut-être rival de l'autre, avait été planté immédiatement contre la cabane des châtaignes vis-à-vis les fenêtres de feu M. Le Roy. Je ne sais à quelle occasion on avait attaché à l'arbre de la Fraternité un écriteau blanc sur lequel M. Jay avait peint en jaune, et avec son talent ordinaire, une couronne, un sceptre, des chaînes, tout cela au bas d'une inscription et en attitude de choses vaincues. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 361.
SYNT. Arbre expiatoire, − de la connaissance du bien et du mal, − du paradis.
c) Emplois techn.
HÉRALD. Figure représentant un arbre.
SYNT. Arbre arraché (racines apparentes), − écolé (sans branches), − fûté (si le fût est d'un autre émail que les branches), − effeuillé, − fruité, etc.
PSYCHOL., PSYCHANAL. Test de l'arbre. Test analytique de la personnalité mis au point par C. Koch, et qui consiste à interpréter le dessin d'un arbre effectué par un sujet.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop. Suppl. 1968 et ds de nombreux dict. récents de psych. et de psychologie.
C.− Proverbes et loc.
Entre l'arbre et l'écorce, il ne faut pas mettre le doigt. Il ne faut pas s'immiscer dans les affaires privées d'autrui.
Rem. Attesté ds tous les dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
Se tenir au gros de l'arbre. Rester fidèle aux valeurs, aux partis qui ont prouvé leur solidité et leur sûreté.
Rem. Attesté ds tous les dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1835.
Couper l'arbre pour avoir le fruit. Sacrifier une source de richesses durable pour jouir momentanément d'un de ses profits.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Lar. 19e.
Les arbres cachent la forêt. L'attention portée aux détails empêche de saisir l'ensemble (cf. Rob., Rog. 1965).
C'est au fruit qu'on connaît l'arbre. On juge les gens d'après leurs actes, les choses, d'après les résultats produits (cf. Rob. et ex. 19).
Pop. Monter à l'arbre. Se laisser prendre à une mystification; faire monter qqn à l'arbre, le mystifier :
18. C'est malin de me faire monter à l'arbre! ... Au fond, je n'en ai pas cru un mot, vous savez. Colette, Claudine à Paris,1901, p. 240.
Rem. Absent des dict. gén. Attesté ds A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866; L. Larchey, Dict. hist. d'arg., 2esuppl., 1883; Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.].
L'arbre se prête à de nombreux emplois symboliques dont les écrivains ont fait grand usage :
19. − Vous avez des vapeurs? Hélène haussa les épaules d'un air offensé. « Des vapeurs! Des vapeurs! Elle n'avait encore jamais eu de vapeurs. Elle n'avait pas de vapeurs. Elle se portait comme un arbre. » Joseph répondit, l'air bourru : − Les arbres tombent malades, tout comme nous, croyez-moi. Hélène hocha la tête avec désinvolture et elle repartit à rire. « Non, non, il n'y avait rien à craindre, l'arbre-Hélène était en pleine exubérance. » G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 174.
20. L'image de l'arbre où s'affirme une structure spatiale, dynamique selon l'axe vertical, est aussi mesure, cycle du devenir, symbole de régénération étroitement lié au temps cosmique. Le temps s'inscrit dans la substance de l'arbre, la notion de temps est saisie d'une manière intuitive grâce à l'image de l'arbre fleuve, qui puisse aux ténèbres minérales, à la substance obscure et qui est résurgence lente et profonde. P. Laurette, Le Thème de l'arbre chez P. Valéry, Paris, Klincksieck, 1967, p. 5.
II.− [L'arbre désigne un objet ou une figure ressemblant au végétal]
A.− [Ressemblance avec l'arbre muni de ramures]
1. Domaine relig.Arbre de la croix. La croix du Christ. Embrasser l'arbre de la croix, s'abriter sous l'arbre de la croix :
21. Que n'avez-vous rangé pour la première fois Quand il était encore un fragile arbrisseau L'arbre au double destin, l'arbitre au double sceau, L'arbre de la science et l'arbre de la croix. Que n'avez-vous rangé dans un âge absolu Quand il était encore un arbre jouvenceau, L'arbre au double destin, l'arbitre au double sceau, L'arbre de la potence et l'arbre du salut. Que n'avez-vous rangé dans un ordre absolu Avant qu'il fût entré sous la seconde loi, L'arbre au double destin, l'arbitre de la foi, L'arbre de la créance et l'arbre du salut. Ch. Péguy, Ève,1913, p. 727.
2. GYMNASTIQUE. [En parlant d'une position recherchée] Faire l'arbre fourchu. Se tenir sur ses mains, la tête en bas et les pieds en haut.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
3. Domaines sc.
a) ANATOMIE :
22. La coupe du cervelet montre des linéamens médullaires qui représentent un arbre à cinq branches principales, subdivisées deux fois de suite en branches plus petites : on l'appelle arbre de vie. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 2, 1805, p. 139.
23. Je me suis fait aussitôt un pansement au collargol, et je me suis couché. Je pensais toujours que ce n'était pas grand-chose. Mais l'arbre bronchique avait été plus profondément atteint que je ne le soupçonnais ... Vous voyez combien c'est ridicule : j'allais là-bas pour vérifier si l'on observait bien toutes les précautions réglementaires, − et je n'ai même pas été fichu de les prendre moi-même! ... R. Martin Du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 886.
SYNT. Arbre de corail, − glandulaire, − respiratoire, − urinaire, etc.
b) CHIM. Cristallisation, dépôts plus ou moins arborescents. Arbre de Diane (ou philosophique). Amalgame d'argent obtenu avec du nitrate d'argent et du mercure. Arbre de Jupiter. Étain précipité par le zinc. Arbre de Mars, de Saturne, etc.
c) GRAPHISME. Croquis, schéma ou diagramme, avec base et ramifications.
GÉNÉALOGIE, PHYLOGÉNIE. Arbre généalogique. Tableau montrant, sous la forme d'un arbre avec ses ramifications, les filiations d'une même famille à partir d'un ancêtre commun :
24. ... il y a une multitude d'ordres différents, représentés dans la variété sans nombre des conceptions géométriques (141). De là les arbres généalogiques et encyclopédiques, les tablettes chronologiques, les atlas historiques et les tableaux synoptiques de toute espèce. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 358.
Arbre de Jessé. Arbre généalogique du Christ :
25. Un arbre de Jessé, dans le style de la Renaissance, qui s'élevait du haut en bas de la maison Paillot, (...) avait été jeté par terre avec le reste, mais non détruit. M. de Terremondre, l'ayant retrouvé par la suite dans un chantier, en avait fait l'acquisition pour le musée. Ce monument est d'un bon style. Malheureusement, les prophètes et les patriarches, qui s'épanouissaient sur chaque branche comme des fruits merveilleux, et La Vierge, fleurie au faîte de l'arbre prophétique, furent mutilés par les terroristes en 1793, et l'arbre souffrit de nouveaux dommages en 1860, quand il fut porté au chantier comme bois de chauffage. A. France, L'Orme du mail,1897, p. 123.
Rem. La représentation d'une famille par un arbre, et l'idée d'une même sève nourrissante, passant dans toutes les ramifications de l'arbre et le faisant fructifier ont donné naissance, dans la lang. fam. et littér., à des expr. comme l'arbre, les fruits, les rejetons, la souche d'une famille :
26. Car c'est ainsi que la France va chercher sans cesse, au plus profond du terroir, des réserves de substance neuve. Encore un effort, encore une génération, et l'arbre Pasquier fera peut-être s'épanouir quelque fleur miraculeuse. Allons, pourquoi cet espoir absurde? Que demander encore à la souche qui a donné Cécile, la musicienne? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 11.
LING. Arbre, arbre étiqueté. Représentation sous forme d'un schéma arborescent, d'une structure syntagmatique.
SC., vieilli. Arbre encyclopédique. Tableau démontrant les rapports étroits entre les sciences et les arts en les faisant partir d'un tronc commun. (Cf. ex. 24).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Ac. 1878, 1932, Besch. 1845, Rob., Quillet 1965.
B.− [Ressemblance avec le tronc ou la tige de l'arbre]
1. MAR., vx. Arbre de meistre, de trinquet (le mât de misaine) :
27. Le grand mât s'appelait l'arbre de mestre... J. de La Varende, Heureux les humbles,1942, p. 128.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. de Ac. 1835 à Quillet 1965.
2. TECHNOLOGIE
a) Vx. Pièce maîtresse, parfois tournante, qui, dans une machine, sert de support à d'autres pièces animées. Arbre d'une balance, d'une grue, d'un moulin, d'une presse, d'un pressoir.
Rem. Attesté de Ac. 1835 à Ac. 1932. Synon. axe, plus usité.
Spéc., HORLOG. Pièce cylindrique à pivots sur laquelle est adaptée une roue (ou barillet) qui sert à bander un ressort.
Arbre de grand ressort. Qui supporte la fusée.
b) Pièce cylindrique et allongée, généralement en acier, qui est destinée à transmettre, recevoir ou transformer un mouvement de rotation, une puissance. Arbres moteurs (ou de couche), arbre de transmission, arbre parallélogramme :
28. L'arbre à cames [dans un moteur Diesel] (...), reçoit son mouvement de l'arbre à manivelles, par l'intermédiaire d'un arbre perpendiculaire ... P. Dumanois, Moteurs à combustion interne,1924, p. 181.
29. La turbine est un organisme chargé de transformer en mouvement et force la pression formidable de la chute. Cette poussée s'exerce sur une roue de métal munie d'aubages spéciaux et fixée sur un axe, arbre d'acier puissant. L'arbre transmet mouvement et force à l'alternateur, où ils engendrent le fluide. Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 190.
30. La carcasse du moteur est munie de paliers-supports dans lesquels tourne un arbre creux. Cet arbre entoure l'essieu avec un jeu suffisant pour permettre tous les déplacements de l'essieu par rapport au châssis. M. Bailleul, Notions de matériel roulant des ch. de fer,1951, p. 76.
SYNT. Arbre à cardan, − de couche, − coudé, − porte-hélice, − de relevage, − de roue, − primaire, − secondaire, − intermédiaire.
Rem. Sens attesté dès Lar. 19e.
Au fig. Arbre de couche :
31. C'est que parfaitement exacte, du point de vue logique, qui est l'arbre de couche de l'entendement, elle [la doctrine de Maurras] s'appuie à une personnalité d'un désintéressement total... L. Daudet, Ch. Maurras et son temps,1928, p. 67.
Rem. On rencontre dans la doc. 2 néol. a) Arbraie, subst. fém. (H. de Régnier, Poèmes, Tel qu'en songe, 1892, p. 176; suff. -aie*). Lieu planté d'arbres, ensemble d'arbres. b) Arbricule, subst. masc. (Huysmans, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 191; suff. -cule, -ule*). Petit arbre, arbuste. Des arbricules poussiéreux.
PRONONC. ET ORTH. : [aʀbʀ ̥]. Enq. : /aʀbʀ/. Ac. Compl. 1842 et Guérin 1892 enregistrent le mot arbroie (pour le remplacement de l'orth. oi par ai, cf. la finale -ais). Ac. Compl. 1842 réserve également à ,,arbrée (V. lang.)`` une vedette de renvoi à arbroie.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1100 « grand végétal ligneux » (Roland, éd. T. Müller, 2267 ds T.-L. : desuz dous arbres bels); p. anal. 2. a) 1100-50 « pièce horizontale qui transmet le mouvement dans une machine motrice » (Pelerinage Charlemagne, éd. E. Koschwitz-G. Thurau, 372, ibid. : Altresil fait torner com arbre de molin); b) xves. arbre de la croix « la croix où fut attaché le Christ » (Chr. de Pisan, Charl. V, part. I, ch. 33 ds Gdf. Compl. : N'estoit point de necessité a la perfection et enterinité du corps ressuscité de Jhesu Crist ravoir tout le sang respendu en l'arbre de la croix); 3. 1723 arbre des philosophes alchimie (Trév. : Terme de science hermétique. Le grand arbre des Philosophes est leur mercure, qui est leur teinture, leur principe et leur racine; quelquefois c'est l'ouvrage de la pierre); 1771 arbre de Diane chim. (Trév. : C'est un mélange d'argent, de mercure et d'esprit de nitre cristallisés ensemble en forme d'un petit arbre). Du lat. arbor, Caton, Agr., 6, 1 ds TLL s.v., 421, 38; 2 a « arbre du pressoir » (Caton, Agr., 6, 1, ibid., 427, 51 : in torcularium quae opus sint ...; qui arbores conprimat si dishiascent); cf. avec 2 b Ovide, Am., 1, 12, 18, ibid., 424, 3 : carnifici ... praebuit illa arbor cruces.
STAT. − Arbre. Fréq. abs. littér. : 15 033. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19 245, b) 24 220; xxes. : a) 23 126, b) 20 625. Arbricule. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Bader.-Th. 1962. − Baudr. Pêches 1827. − Bible 1912. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Chass. 1970. − Chesn. 1857. − Colas-Cab. 1968. − Comm. t. 1 1837. − Cros-Gardin 1964 (et s.v. arborescence). − Dainv. 1964. − Darm. Vie 1932, p. 75, 154. − Delamaire (J.). Meuniers et moulins à vent. Vie Lang. 1970, p. 630. − De Wergifosse (G.). Les Im. symboliques de l'arbre et de l'eau dans la poésie de Jules Supervielle (Licence Louvain 1966/67). − Dheilly 1964. − Divin. 1964. − Dumas 1965 [1873]. − Duval 1969. − Esn. 1966. − Foi t. 1 1968. − Fromh.-King. 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − George 1970. − Gottsch. Redens. 1930, p. 19; pp. 164-165; p. 270, 277. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 50. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 91. − Gougenheim (G.). La Relatinisation du vocab. fr. Annales de l'Univ. de Paris. 1959, t. 29, no1, p. 8. − Grandm. 1852. − Gruss 1952. − Guerber 1967. − Guilb. Aviat. 1965. − Hetman 1969. − Husson 1970. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lacr. 1963. − Lal. 1968. − Lar. mén. 1926. − Laurette (P.). Le Thème de l'arbre chez Paul Valéry. Frankfurt/M.-Paris, 1967, 196 p. − Lavedan 1964. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Lote (G.). Arbre « barre de gouvernail », à propos d'un épisode de Rabelais. Bibl. d'Human. et Renaissance. 1936, t. 3, pp. 52-57. − Marcel 1938. − Masson 1970. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Millepierres (F.). Les Conifères. Vie Lang. 1969, p. 563. − Millepierres (F.). Promenade philol. parmi les arbres. Vie Lang. 1969, pp. 122-123. − Mont. 1967. − Morier 1961. − Mots rares 1965. − Nelli 1968. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1824. − Pétrol. 1964. − Plais. 1969. − Plais.-Caill. 1958. − Poignon 1967. − Pol. 1868. − Pope 1961 [1952], passim.Privat-Foc. 1870. − Réau-Rond. 1951. − Remig. 1963. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 350. − Roche 1968. − Rog. 1965. p. 54. − Roll. Flore t. 4 1967, p. 79. − Sain. Lang. par. 1920, p. 372. − Sexol. 1970. − Siz. 1968. − Soé-Dup. 1906. − St-Edme t. 1 1824. − Tez. 1968. − Théol. bibl. 1970. − Tondr.-Vill. 1968. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1959, p. 237, 239. − Viollet 1875. − Will. 1831.