VOLER2, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Voler qqn 1. 1539 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » (
Est.:
Voler aucung, Peculatum facere, Expilare aliquem); 1732 part. passé adj. et subst. (
Lesage,
Hist. de Guzman d'Alfarache, éd. 1825, t. 2, p. 119: ils furent les
volés, et non pas les voleurs; p. 133: les personnes
volées);
2. 1637 « abuser, tromper, frustrer » (
Peiresc,
Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 7, p. 194: d'avoir esté depuis
volée, sur le point de la maladie extreme de son mary); 1818 (
Capelle,
Contes ds
Larchey,
Excentr. lang., 1862: je
suis volé!);
3. 1654 « causer sciemment un dommage (dans une transaction commerciale) » (
Cyrano de Bergerac,
Pédant joué, p. 176: si je
vole, c'est en financier); 1690 (
Fur.: Vendre à faux poids et à fausse mesure, c'est
voler. Les Hosteliers de Hollande [...]
volent tous les étrangers);
4. 1669 « déposséder quelqu'un du fruit de son travail intellectuel » (
La Mothe Le Vayer,
Lettre, 139 ds
Œuvres, t. 12, p. 261:
voler ceux [les auteurs] de son siecle en s'appropriant leurs pensées et leurs productions).
B. Voler qqc. 1. a) α) 1549 « s'emparer du bien d'autrui » (
Est.:
voler le bien d'ung homme, Involare in rem alienam); 1610 absol. (
Béroalde de Verville,
Le Moyen de parvenir, Paris, Garnier, 1879, p. 185: celuy qui
vole, c'est pour s'accommoder); 1656 (
Pascal,
Provinciales, 12
elettre ds
Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 425b); 1830
objets volés (
Fourier,
Nouv. monde industr., p. 10);
β) 1830 expr.
n'avoir pas volé qqc. « mériter quelque chose » (
Brazier et
Carmouche,
Oh! qu' nenni, 22 [Riga] ds
Quem. DDL t. 38: il ne
l'a pas
volé!); 1876
qui vole un œuf vole un bœuf (
Lar. 19e);
b) α) 1785
enfant volé (
Beaumarchais,
Le Mariage de Figaro, III, 16, éd. M. Allem, p. 329); 1832 (
Hugo,
N.-D. Paris, p. 245: elle me
volerait mon enfant!);
β) 1834
voler qqn à qqn (
Kock,
Pucelle, p. 113: il semblait qu'on allait le lui
voler [son cousin]); 1883 (
Maupass.,
Une Vie, p. 218: cette maîtresse qui lui
volait son fils);
2. 1580 « s'approprier une chose à laquelle on n'a pas droit » (
Garnier,
Antigone, 313, éd. W. Foerster, t. 3, p. 16: Polynice se plaint que son frere luy
vole Son droit);
3. 1625 « donner comme sien ce qui est emprunté (idées, livre, etc.) » (Th.
de Viau,
Œuvres poét., 3
epart., éd. J. Streicher, p. 112: un flatteur [...] Qui vous a
volé tant d'escrits Qui sont deus à vostre merite);
4. 1720 « prendre à l'improviste (un baiser, une faveur, etc.) » (
Hamilton,
Hist. de Fleur d'Épine ds
Le Cabinet des Fées, t. 20, 1786, p. 244: de surprendre ou de
voler des faveurs); 1741 (
Favart,
La Chercheuse d'esprit, p. 42: si ma bouche
vole un baiser sur ton menton);
5. a) 1902 sports
voler le départ « partir avant le signal » (
L'Auto-Vélo, 26 mai ds
Petiot 1982: départs
volés [lors d'une course à pied]);
b) 1964 jeux
voler un point (
Rob.). De
voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (
cf. voleur).
Voler a supplanté
rober « dérober par force », usuel jusqu'au
xvies. et
embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au
xviies.