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VÉLOCIPÈDE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1804 « sorte de voiture très rapide » (Procès-verbaux des séances de l'Acad. des Sc., Hendaye, t. 3, 1913, p. 117b: [Séance du 25 thermidor an XII] Sur la demande de M. de Chabannes, entrepreneur des vélocipèdes, la Classe nomme M.M. Monge et Prony pour examiner ces voitures et lui en rendre compte). B. 1. 1818 « appareil de locomotion formé d'un siège sur deux ou trois roues, mû primitivement par la pression des pieds sur le sol, et plus tard au moyen de pédales » (Description des Machines et procédés..., t. 10, Paris, 1825, p. 114: 17 février 1818 Brevet d'invention de cinq ans. Pour une machine appelée vélocipède); 1818 (Journal de Paris, 5 avr., no95, p. la: C'est aujourd'hui dimanche que les premières courses des Vélocipèdes ou Draisiennes auront lieu au jardin du Luxembourg); 1818 (Journal du Loiret, 12 sept., no35, p. la: la machine à voyager dite Draisienne, ou Vélocipède); 2. 1933 grav. (Lar. 20e). C. 1. 1823 adj. « à pieds légers » (Boiste); 2. 1824 subst. « coureur à pied » (P. Cuisin, Le Nouv. secrétaire univ. ou le Code épistolaire, p. 3 ds Quem. DDL t. 22). Comp. des élém. véloci-, tiré du lat. velox, -cis « rapide », et -pède*. Au sens A, cf. vélocifère.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. « draisienne (ancêtre de la bicyclette) ». Attesté depuis 1818 [19 janvier] (Kobayashi, Vélocipède, page 41 (cf. aussi Machines et procédés, volume 10, page 114) : [demande de] brevet d'importation de 5 ans pour une machine appelée vélocipède par [l'avocat] Louis‑Joseph Dineur, quai de l'Horloge, no 47, à Paris, pour et au nom de M. le baron de Drais, domicilié à Mannheim). À peine trois mois après l'apparition du lexème dans ce texte administratif, on le relève dans la presse : 1818 [5 avril] (Journal de Paris, page 1, colonne a : C'est aujourd'hui dimanche que les premières courses des Vélocipèdes ou Draisiennes auront lieu au jardin du Luxembourg […] et la dernière course se fera avec un vélocipède, dans lequel on conduira une dame). L'attestation suivante, citée par TLF, est sans rapport avec cette unité lexicale : 1804 (Procès‑verbaux Académie des Sciences, volume 3 [1919], page 117b, in Gallica : Séance du lundi 25 thermidor an 12 […] Sur la demande de M. de Chabannes, entrepreneur des vélocipèdes [erreur de transcription, à corriger en vélocifères, pluriel de vélocifère* A. « ancienne voiture hippomobile légère »], la Classe nomme M. M. Monge et Prony pour examiner ces voitures et lui en rendre compte). C'est la consultation du manuscrit déposé aux Archives de l'Académie des Sciences ainsi que la comparaison avec la citation donnée s.v. vélocifère* (allusion à M. de Chabannes) qui permettent d'affirmer qu'il s'agit d'une erreur de transcription (cf. aussi Seray, Cyclisme Magazine 100, 17‑21). - 
A. 2. « personne qui monte à draisienne ». Attesté depuis 1893 (Baudry, Cyclisme, page 23 : [Sous le Consulat], on décida que le […] célérifère se nommerait désormais vélocifère et que le cavalier de cette étrange monture s'appellerait un vélocipède). Toutes les attestations connues de vélocipède dans ce sens sont a) largement postérieures à l'époque de son usage supposé et b) donnent le lexème en cooccurrence avec vélocifère, terme interprété erronément comme signifiant « sorte de draisienne », mais qui désignait en réalité une voiture hippomobile (cf. ci‑dessus A. 1.). Nous postulons donc que ce sémantisme de vélocipède n'a jamais existé en langue, et que la totalité de ses emplois textuels s'expliquent par la confusion de vocabulaire mise en évidence par Seray, Cyclisme Magazine 100. - 
A. 3. « bicyclette ». Attesté depuis 1894 (Bertot, France, page 4 : — Par Nantua et Grenoble ! Mais savez‑vous, malheureux, qu'il vous faudra traverser une grande partie des montagnes du Jura, vous enfoncer dans les Alpes françaises, où vous ferez, vous et votre bicyclette, une triste figure ? […] Ma bonne vieille tante de Pontivy me manda que le médecin du lieu lui avait dit que l'exercice du vélocipède, outre qu'il était ridicule, donnait des dépôts dans les genoux et prédisposait à la mort subite). Dans ce sens, le lexème a une connotation savante (le premier témoignage le met dans la bouche d'un médecin). Cf. aussi cette attestation métalinguistique de la première moitié du 20e siècle : 1933 (L'Auto [= ?], in Petiot, Sports : L'administration continue à appeler vélocipèdes des bicyclettes contemporaines). - 
B. 1. « ciseau de graveur sur bois ». Attesté depuis 1964 (Larousse encyclopédique1 : vélocipède […] Grav. Onglette ou échoppe des graveurs sur bois, dont la lame, formant 2, 3 et 4 tranchants, permet de tracer du même coup 2, 3 ou 4 tailles parallèles. [On dit couramment vélo, gravure au vélo]). - 
B. 2. grue vélocipède subst. fém. « grue pouvant se déplacer sur un rail posé au sol ou sur une poutre ». Attesté depuis 1975 (Forestier, Construction, page 25 : Chemin de roulement. Alignement de poutres sur ou sous lequel circule un engin de levage. […] Lorsqu'il s'agit d'un engin dit « grue vélocipède », on a deux poutres de roulement parallèles et superposées dans le plan vertical […]). - 

Origine :
Formation française : confixé formé du confixe véloci‑ (tiré du latin velox, ‑cis adj. « rapide », attesté depuis Lucilius, OLD ; cf. vélocifère*, attesté depuis 1803) et du confixe ‑pède* (dégagé d'emprunts anciens comme quadrupède* [< latin quadrupes], attesté depuis le début du 14e siècle, cf. Cottez4). La formation, concurrencée par draisienne*, est peut‑être calquée du grec ὠκύπους adj. « aux pieds agiles (cheval, lièvre) » (attesté depuis Homère, Liddell‑Scott), ou bien inspirée de l'italien velocipede adj. « id. », cf. ci‑dessous, si tant est que Drais ou Dineur aient eu connaissance de cet adjectif rare. C'est en effet en français que la draisienne, inventée par un germanophone, le baron Drais von Sauerbronn, a pris le nom de vélocipède (cf. le brevet de 1818 cité ci‑dessus), désignation venue remplacer le calque machine à courir (< allemand Laufmaschine, cf. Kobayashi, Vélocipède 38 note 13), que Drais, qui semble avoir eu de très bonnes connaissances de français, avait adopté dans un premier temps (lettre à la grande‑duchesse Stéphanie du 8 novembre 1817, cf. Kobayashi, Vélocipède 23). Il s'agit de la seule formation française en ‑pède étrangère au vocabulaire botanique et zoologique ; en outre, le sémantisme du confixe n'est pas, comme dans ces domaines onomasiologiques, « à pieds », mais « par les pieds ». — Un grand nombre de langues européennes ont très vite emprunté ce confixé, devenu opaque, au français : anglais velocipede subst. « id. » (attesté dès juin 1818, OED2), italien velocipede subst. masc. « id. » (attesté dès septembre 1818, DELI2 ; analysé, probablement à tort, comme une formation italienne par DEI et DELI2, car cette langue connaît aussi le calque du grec — à notre avis indépendant — velocipede adj. « qui court vite », attesté depuis av. 1704 [qualificatif d'un guerrier], GDLI), espagnol velocípedo (attesté depuis 1855, Biblioteca Gaspar, in NTLLE ; analysé à tort comme une formation espagnole par DCECH), portugais velocípede (attesté depuis 1873, DELP3), russe velosiped (attesté depuis 1875, IESSRJ), roumain velociped subst. neutre (attesté depuis 1887, DLR), allemand Veloziped (attesté depuis le 19e siècle, Kluge22), catalan velocípede subst. masc. (attesté depuis 1972, IECPortal ; Bruguera, Etimològic ; analysé à tort comme une formation catalane par DECat), etc. — Au 20e siècle, vélocipède est entré dans le vocabulaire spécialisé de deux domaines techniques. Le sens B. 1. (gravure) s'est probablement créé par dérivation synonymique sur vélo subst. masc. « id. » (attesté depuis 1937, cf. vélo* B.). Quant à B. 2. (bâtiment), le confixe ‑pède y est en relation avec pied* subst. masc. au sens 1. III. A. « partie d'une chose qui repose sur le sol ». — Cf. Reinhard in FEW 14, 222a, velox 2 b β ; Kobayashi, Vélocipède.


Rédaction TLF 1994 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2006 : Francis Robin ; Éva Buchi. - Relecture mise à jour 2006 : Gilles Roques ; Jean-Pierre Chambon ; Franz Rainer ; Jacques Seray ; Myriam Benarroch.