TROUBLER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « rendre trouble (en parlant des yeux) » (
Roland, éd. J. Bédier, 1991); 1119 « obscurcir le ciel » (
Philippe de Thaon,
Comput, 1896 ds T.-L.);
ca 1180 « altérer la clarté, la transparence de l'eau » (
Marie de France,
Fables, éd. K. Warnke, 2, 11);
2. ca 1155 « faire de l'opposition en provoquant de l'agitation » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 2335); 1160-74
trobler la paiz (
Id.,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 5099); 1230 « causer des brouilles dans une famille, un groupe » (
Gaidon, 299 ds T.-L.); 1866
troubler l'ordre (public) (
Veuillot,
Odeurs de Paris, p. 179);
3. xiiies.
troubler la joie (de qqn) (
Isopet de Lyon, 3426 ds T.- L.); 1671
troubler le sommeil (
Boileau,
Lutrin, IV ds
LittrÉ);
4. 1160-74 « interrompre ou gêner le cours normal de quelque chose » (
Wace,
Rou, III, 7309); 1641 « interrompre une personne qui parle » (
Corneille,
Cinna, V, 1);
5. 1409 « inquiéter une personne dans l'exercice d'un droit » (
Grands jours de Troyes, A. N. X
1a, 9187-88, f
o159 v
ods
Gdf. Compl.).
B. 1. 1174-76 « priver de lucidité, rendre confus l'esprit, le jugement » (
Guernes de Pont-Sainte-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 2632);
2. 1530 « déranger quelqu'un, le distraire de ses activités » (
Palsgr., p. 763);
3. 1549 « faire perdre son assurance à quelqu'un » (
Est.);
4. 1667 « mettre dans le trouble en suscitant une émotion amoureuse » (
Racine,
Andromaque, I, 1); 1852
troubler les sens (
Gautier,
Émaux, p. 34);
5. 1668 « rendre perplexe » (
Molière,
Tartuffe, V, 1).
C. Verbe pronom.
1. ca 1220 « devenir trouble (en parlant de l'eau) » (
Lai Ombre, 898 ds T.-L.);
2. xives. « éprouver un trouble, une émotion » (
La pénitence d'Adam, Ms. cap. 10 ds
Du Cange,
s.v. parturitio); 1669 « être décontenancé, perdre son sang-froid » (
Racine,
Britannicus, II, 3). Mot issu après métathèse du
r, du lat. pop.
turbulare « troubler », dér. de *
turbulus « trouble, troublé » (v.
trouble1).