SÉRIEUX, -EUSE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. I. Adj.
A. 1. 1370-71 « [en parlant d'une chose] qui est important, mérite considération, réflexion » (
Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, IV, 25, p. 272, note 13: une [vertu] est en gieux et l'autre en autres choses qui sont appellees
serieuses);
2. 1580 « qui n'a pas pour objet l'amusement, la distraction » (
Montaigne,
Essais, I, XXVIII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 195: en eschange de cet ouvrage
serieux, j'en substitueray un autre [...] plus gaillard et plus enjoué);
ca 1590 (
Id.,
ibid., XXVI, p. 171: pensées
serieuses d'un homme d'aage); 1664 littér.
pièces serieuses [en oppos. à
comiques] (
de La Croix,
Guerre com. ou Défense ,,Ecole des Femmes``, éd. Gay, p. 67 ds
Livet Molière); 1690
stile sérieux [en oppos. à
burlesque] (
Fur.); 1757
genre sérieux (
Diderot,
Entretiens sur le ,,Fils naturel``, III ds
Œuvres, éd. A. Billy, p. 1244);
3. 1690 « qui n'est pas feint, auquel on peut ajouter foi »
demande sérieuse (
Fur.);
4. 1718 « périlleux, qui peut avoir des suites fâcheuses »
l'affaire devient serieuse; [maladie]
serieuse (
Ac.);
5. 1862 « d'importance, qui compte » (
Hugo,
Misér., t. 2, p. 714: − Cinq cents francs! [...]: un fafiot
sérieux!).
B. 1. 1588 « [en parlant d'un personne] qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaité »
visage sérieux (
Montaigne,
op. cit., III, V, p. 867);
2. av. 1680 « qui prend en considération ce qui mérite de l'être »
esprit serieux (
La Rochefoucauld,
Réflexions diverses, XVI ds
Œuvres, éd. L. Martin-Chauffier et J. Marchand, p. 528);
3. 1690 « rangé, sans écart de conduite »
fille modeste et serieuse (
Fur.);
4. 1872 « à qui l'on peut se fier »
acheteur sérieux (
Littré).
II. Subst.
1. a) 1647 « comportement de celui qui ne plaisante pas, gravité » (
Loret,
Poésies burlesques, p. 101 ds
Livet Molière: le
serieux n'est pas mon élément),
cf. 1647,
Vaug., p. 255: Il y en a qui [...] font
serieux substantif et disent..., il est dans un
serieux, mais quoy que cette façon de parler soit très-frequente à Paris, elle ne laisse pas de desplaire à beaucoup d'oreilles delicates; 1707
garder son serieux (
Lesage,
Diable boiteux, Amsterdam, P. Mortier, 1747, t. 2, III, p. 72);
b) 1664 littér.
le serieux [oppos. au
comique] (
de La Croix,
op. cit., p. 57 ds
Livet Molière);
2. 1670 « qualité d'une personne appliquée, réfléchie » (
Bossuet,
Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre ds
Œuvres, éd. Vélat et Y. Champailler, p. 88);
3. « qualité de ce qui est digne d'attention, vrai, important »
a) 1694
prendre une chose dans le serieux; au serieux « la croire vraie, bien qu'elle ait été dite en badinant » (
Ac.); 1765-70
prendre (une chose)
au serieux « la considérer comme importante » (J.-J.
Rousseau,
Confessions, I ds
Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 18);
b) 1713
en venir au serieux (
Hamilton,
Gramm., 4 ds
DG). Empr. au lat. médiév.
seriosus « sérieux » (
Pseudo-
Boèce ds
Blaise Lat. chrét.;
ca 1225 ds
Latham), dér. du class.
serius «
id. (en parlant d'une chose) », subst. sous la forme neutre
serium « chose sérieuse ».