RÈGLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1200 « principe, maxime qui dirige notre conduite » (
Moralités sur Job, 342, 14 ds T.-L.);
b) 1657-62 « prescription fondée sur l'usage, les conventions, à laquelle il convient de se conformer en certaines circonstances » (
Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, 81, p. 509); d'où expr. 1688
dans les règles (
Racine, Les Plaideurs, éd. R. Picard, Au lecteur, p. 309: avoir ri dans les
règles); 1740
se mettre en règle (
Ac.); en partic. 1899
être en règle avec sa conscience (
Clemenceau, Iniquité, p. 482), av. 1750
de règle (
St-
Simon, Mémoires, éd. A. de Boislisle, t. III, p. 100); 1839
pour la bonne règle (
Toepffer, Nouv. genev., p. 81);
2. ca 1200 « ensemble des préceptes qui régissent la vie religieuse »
la riugle des moines (
Dialogue Grégoire, 105, 22 ds T.-L.); 1269-78
regle (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9689);
3. 1458 « ce qui se passe quand certaines circonstances sont réunies »
c'est une rigle generalle (
Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 3669, t. I, p. 140); 1893
en règle générale (
Durkheim, Divis. trav., p. 224); 1707
c'est la règle (
Lesage, Crispin rival de son maître, 5 ds
Littré);
4. 1520 math.
la regle de trois (
De La Roche, Arismetique, f
o19,
ibid.);
5. a) 1538 « prescription qu'il convient de suivre dans l'étude d'une science, la pratique d'un art ou d'un métier » (
Est.);
cf. 1563
les règles de l'architecture (
B. Palissy, Recepte, p. 85 ds
IGLF); en partic. 1660 dramat.
sans sortir de la règle (
Corneille, Mélite, Examen [1660] ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. I, p. 139);
b) 1657-62
une règle sans exception (
Pascal, op. cit., 727, p. 594);
c) 1690 gramm. (
Fur.: apprendre une langue par
règles);
6. 1538 « convention propre à un jeu » (
Est.);
7. av. 1647 « loi naturelle ou loi scientifique » (
Descartes, Principes de la philos. ds
Œuvres et lettres, éd. A. Bridoux, p. 639);
8. 1671 « régularité, mesure, ordre » (
Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. I, p. 249: vous songez à mettre la
règle dans votre maison);
9. 1690 au plur. « menstrues » (
Fur.).
II. 1. 1317 « instrument long et droit qui sert à tracer des lignes » (
Compte fait par le receveur des foires de Champagne, 154 J ds C. A. Bevans,
The old french vocabulary of Champagne, Chicago, 1941, p. 45); 1845
règle à calcul (
Besch.); 1875
règle à dessiner (
Lar. 19e);
2. 1904
règle à manchette (
Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. class.
regula « règle servant à mettre droit; étalon servant à juger; bâton droit, barre, latte »; a éliminé une forme plus francisée
riule, 1119 « prescription d'ordre moral » (
Philippe de Thaon, Comput, 2268 ds T.-L.);
ca 1170 « instrument de forme rectiligne » (
Rois, 250,
ibid.); att. uniquement en a. et m. fr. (v. aussi l'angl.
rule « règle »); l'a. fr. a eu en outre une forme pop.
reille « ais, bardeau » en partic.
xies. judéofr. « barre servant à fermer une porte » (
Raschi, Gl., 889, éd. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 123).
Cf. rillette.