PRÔNE, subst. masc.
Étymol. et Hist.1. Fin
xies. judéo-fr.
prodne [?] «treillage, grille» (
Raschi,
Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 857); 1240-80 (
Baudoin de Condé,
Poésies, 161, 269 ds T.-L.);
2. «grille séparant le choeur de la nef dans une église»
a) 1176-81 devant laquelle se tenait le possédé pendant la cérémonie de l'exorcisme (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au lion, éd. M. Roques, 629: Home qu'an ne puet chastiier Devroit en au mostier lïer Come desvé, devant les
prones [var.
prosne, ms. F
xiiies., éd. W. Foerster]);
b) déb.
xiiies. devant laquelle le prêtre prononce l'homélie
venir sermoner a son proisne (
Jean Bodel,
De Brunain, la vache au prestre, 5 ds
Fabliaux, éd. P. Nardin, 1965, p.41);
3. ca 1190
faire le prorne «faire le hâbleur, le fanfaron» (
Id.,
Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 617);
4. 1420, 7 oct. [copie
xviies.] «homélie de la messe paroissiale»
au prosne de la messe (doc. ds
Arch. de Bretagne, t.6, 1892, p.51); 1675 p.antiphr.
être recommandé au prône «être censuré comme on le mérite» (
Nouv. dict. fr.-all., Basle, pour J. H. Widerhold, d'apr.
FEW t.9, p.478a);
5. 1640, 6 mai fam. «bavardage de ton mi-sérieux» (
Chapelain, A M. de Balzac ds
Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.1, p.616b);
6. 1675, 19 août,
id. «remontrances intempestives» (
Sévigné,
Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t.1, p.811). Du lat.
propthyra, -orum, subst. neutre plur. «espace devant la porte d'entrée, vestibule [chez les Grecs]» (
Vitruve), att. à basse époque sous la forme du sing.
protirum, devenu p.dissim.
*protinum (
cf. la forme dissimilée
protulum ixes. ds
CGL t.5, p.324, 59:
protirum anteianuam quodvitiose vulgo dicitur protulum); le lat. est empr. au gr. π
ρ
ο
́
θ
υ
ρ
α, plur. de π
ρ
ο
́
θ
υ
ρ
ο
ν «couloir allant de la porte d'entrée à la porte intérieure; porche, portique».
-t- devenu
-d- et mis en contact avec
-n-, a abouti à la fricative sonore [ð] devenue [z], d'où
prosne. - J.
Cornu ds
Z. rom. Philol. t.16, 1892, pp.517-518.