MYSTÈRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 1174-84 «caractère profond (de quelque chose), vertu inhérente (à quelque chose)» (
Gautier d'Arras, Ille et Galeron, 1537 ds T.-L.);
2. ca 1240 «secret (dans le domaine de la religion chrétienne)» (
Guillaume Le Clerc, Joies N.D., 210,
ibid.);
3. 1452 «ce qu'il y a d'inexplicable pour la raison humaine» (
Arnoul Greban, Mist. de la passion, éd. O. Jodogne, 2109);
4. 1643 «chose obscure, secrète, réservée à des initiés» (
Rotrou, Bélisaire, IV, 4);
5. 1656-57 «soin que l'on prend pour dissimuler quelque chose» (
Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, I, IV, p.131).
B. 1. xiiies.
le saint mystère «sacrifice de la messe» (
Du Chevalier qui ooit la messe ds
Fabliaux et Contes, éd. Barbazan, t.1, 82); 1694
les saints mystères (
Ac.);
2. xves. «rite secret du polythéisme antique» (
Chron. et hist. saint et prof., Ars. 3515, f
o25 v
ods
Gdf. Compl.); 3. a) xiiies. «service, office» (
Bible, ms. B.N. fr. 398 ds S.
Berger, Recherches sur les bibles prov. et catalanes ds
Romania t.19, p.517);
b) av. 1453 «cérémonie, en particulier ici, festin d'apparat» (
Monstrelet, Chron., éd. L. Douët d'Arcq, t.2, p.72);
4. 1402 «représentation dramatique d'inspiration religieuse» (
Lettre de Charles VI aux confrères de la passion ds
Petit de Julleville, Les Mystères, t.1, 192);
5. 1551
faire mystère de «attribuer de l'importance à» (
Aneau, Quintil, p.171 ds
Hug.); 1672 «forme, difficulté que l'on apporte à quelque chose» (
Molière, Femmes savantes, II, 9).
C. 1. 1965 aviat. (
Quillet);
2. 1970 art culin. (
Rob. Suppl.). Empr. au lat.
mysterium «mystères, cérémonies secrètes en l'honneur d'une divinité et accessibles seulement à des initiés», «mystère, chose tenue secrète», les sens B 3 et 4 viennent du sens de «service, office, cérémonie» pris en lat. médiév. par
mysterium (v.
Blaise Lat. chrét.), par confusion avec
ministerium (v.
ministère).