JUBILÉ, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1235 relig. juive
jubileus « solennité célébrée tous les cinquante ans » (
Bible de l'Université de Paris, BN 899, f
o76 [Nombres 36, 4] ds
Trenel, p. 78); 1295
lan jubilee (
Guiart Desmoulins,
Bible historiale, BN 15392, f
o52 v
o,
ibid.); 1364
jubile (s. réf. ds
FEW t. 5, p. 52 a);
ca 1382
jubile (
Raoul de Presles,
Bible fr., BN 153, f
o74 ds
Trenel, p. 78);
2. mil.
xves. relig. cathol.
jubilé « indulgence plénière accordée par le pape pour l'année sainte » (J.
Chartier,
Chronique de Charles VII, chap. 232, éd. Vallet de Viriville, t. 2, p. 234).
B. a) dernier quart
xives.
jubilé « fête célébrée à l'occasion de la cinquantième année d'exercice d'une profession, d'un état » (
Froissart,
Chroniques, 1. 1, § 773, éd. S. Luce, t. 8, p. 224 : son
jubilé [du roi Edouard d'Angleterre], car il avoit esté cinquante ans rois);
b) fin
xives.
jubilé « 50
eanniversaire d'une personne » (E.
Deschamps,
Rondeaulx et virelays, DCLVII ds
Œuvres, éd. de Queux de Saint-Hilaire, t. 4, p. 116);
c) 1680 adj.
cordelier jubilé « exempt d'aller au chœur pour raison d'âge » (
Rich.). Empr. au lat. chrét.
jubilaeus subst.,
annus jubilaei « jubilé, année jubilaire », adj. ds
annus jubilaeus « id. » (
Vulgate, Lév. chap. 25) et celui-ci à l'hébr.
yōbhēl « bélier; corne de bélier, trompette en corne de bélier; jubilé, année jubilaire (annoncée par le son de cette trompette, v.
Lév. 25, 9) ». La forme
jubilaeus du lat., au lieu de
jobelaeus, est due à l'attraction paronymique du lat.
jubilare « pousser des cris, crier après »
(jubiler*
). Au sens A 2,
cf. lat. médiév.
jubil(a)eus (
xives. ds
Du Cange, p. 431); au sens B a,
cf. lat. chrét.
jubileus, adj. ds
annorum numerum [...]
jubileum « 50 ans (en parlant d'un évêque exerçant ses fonctions depuis plus de 50 ans) » (
vies. ds
TLL s.v. 575, 5) et lat. médiév.
jubilaeus, subst. « 50
eanniversaire de la profession d'un religieux » (1462 ds
Du Cange, p. 432 a).