CARRIÈRE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1534 équit.
donner cent quarrieres « faire courir un cheval de tous côtés » (
Rabelais,
Gargantua, éd. Calder, Screech et Saulnier, chap. 21, 1. 130); 1524-40
id. carriere « espace où l'on fait courir les chevaux » (
N. Herberay des Essars,
Le Premier Livre de Amadis de Gaule, p. 199 ds
IGLF); 1542-59
donner carriere [à un cheval] « (lui) laisser le champ libre » (
Amyot,
J. Caesar ds
Gdf. Compl.); 1557 « cours des astres » (
O. de Magny,
Souspirs, p. 118 ds
IGLF); av. 1560 « course quelconque » (
Du Bellay,
Œuvres, t. II, p. 17,
ibid.); 1585
se donner carriere « se divertir » (
N. du Fail,
Contes d'Eutrapel, t. II, p. 97,
ibid.); av. 1630 « cours de la vie » (
D'Aubigné,
Lettre au Président d'Expilly ds
Œuvres, éd. Réaume et Caussade, t. 1, p. 355); 1671 « voie où l'on s'engage dans la vie » (
Pomey); av. 1680 « profession qui présente des étapes » (Patru ds
Trév. 1704); 1694 « temps pendant lequel on exerce une profession »
(Ac.). S'agissant d'abord d'un terme d'équit., plutôt qu'empr. à l'a. prov.
carreira « chemin » (
Bl.-W.5;
FEW t. 2, pp. 414-415) attesté dep. le
xiies. (v.
Rayn. et
Levy Prov.), prob. empr. à l'ital.
carriera (
Wind, p. 68;
DEI;
Dauzat 1973;
REW3, n
o1718;
EWFS2) attesté dep. le
xiiies. au sens « chemin de chars » (Pannuccio del Bagno ds
Batt.) et au sens « course rapide d'un cheval » dep. le début du
xvies. (Berni,
ibid.), lui-même prob. empr. à l'a. prov.
carreira, aussi
carriera, le suff.
-iera n'étant pas autochtone en ital. (v.
Rohlfs, n
o1114 et
Migl.-Duro, p. 163 et p. 173). L'a. prov., de même que l'a. fr.
char(r)iere, a. pic.
car(r)iere, quar(r)iere « chemin (de chars) » (
xiies. ds
Gdf. et T.-L.), sont issus du lat. vulg. *
carraria «
id. », adj. fém. substantivé tiré de
(via) carraria « voie pour chars », dér. de
carrus (char*
).