BRISE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1598 mar. « vent d'est » (
Histoire Naturelle et Moralle des Indes, tant Orientalles qu'Occidentalles [...]
Composée en Castillan par Ioseph Acosta et traduite en François par Robert Regnault Cauxois ... Paris dans
Fr. mod., t. 40, p. 244 : Aux Indes & en toute la Torride, le vent d'Orient qu'ils appellent
brise [el viento de oriente, que llaman brisa] est au contraire d'icy fort sain & delicieus); 1611 « vent du nord » (
Cotgr.); 1638 « tempête soufflant de l'est » (Cleirac dans
Sain. Sources t. 1, p. 180, note 3);
2. 1678
id. « vent frais qui vient de la terre » (
Guillet,
Les Arts de l'homme d'épée, 3
epart., p. 70); d'où 1801 « léger vent qui souffle sur un lac » (
Crève-cœur,
Voyage dans la Haute Pensylvanie, p. 94);
3. 1797 plus gén. « vent léger » (
Chateaubriand,
Essai [...]
sur les Révolutions, p. 216).
Étant donné l'orig. de la 1
reattest. fr., prob. empr. à l'esp.
brisa « vent du nord-est » (1504 dans
Cor.), lui-même peut-être empr. au cat.
brisa (
xves. dans
Alc.-Moll), d'orig. obsc. : un croisement de l'a. prov.
bisa (
ca 1173, Toulouse dans
Brunel, n
o138, 22; v.
bise) et du cat.
gris, griso « vent ou air froid » (Alleyne dans
R. Ling. rom., t. 25, p. 400) se heurte au fait que
gris, griso ne semble pas anc. en cat. (v.
Alc.-Moll). L'hyp. selon laquelle
brise serait un croisement entre
bise* et
briser* (
Cor.;
bise désignant comme
brise, à l'orig. un vent du nord, nord-est et
brise désignant à l'orig. un vent très violent,
cf. texte de Cleirac,
supra) ne rend pas compte de l'antériorité du mot dans les lang. hisp. L'antériorité du mot dans les lang. rom. (
cf. aussi port.
brisa xvies. dans
Mach.; ital.
brezza, 1
remoitié
xves. dans
Batt.) par rapport aux lang. germ. (angl.
breeze 1565-1589 dans
NED; all.
Brise 1726 dans
Sain.,
op. cit., p. 180, note 6) incline à écarter l'hyp. d'un empr. direct à une lang. germ., notamment au frison de l'est
brîse « vent frais venant de la mer » (
FEW t. 15, 1, p. 288;
Dauzat 1973).