BRAISE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Vers 1170
breze « bois réduit par la combustion à l'état de charbon ardent » (
Rois, p. 320 dans
Gdf. Compl.);
2. 1176 fig. « flamme, ardeur » (
Chr. de Troyes,
Cligès, éd. W. Foerster, 44 dans T.-L.);
3. 1396
bresze « charbon léger qui se rallume aisément » (23 janv.,
Inventaire de meubles de la mairie de Dijon, A. Côte-d'Or dans
Gdf. Compl.); d'où 1718 (
Ac. :
Braise. Charbons que les boulangers tirent de leur four);
4. 1783 arg. « monnaie, argent » (Chanson dans
Esn.); [1793] (Camille Desmoulins dans
Vieux Cordelier, n
o5, éd. Calvet, pp. 158-159 dans
Brunot t. 10, 1, p. 235 : en faisant chauffer ta cuisine et tes fourneaux de calomnies [Hébert dans le
Père Duchesne appelait l'argent de sa subvention « la braise accessoire pour chauffer son fourneau »,
Sain. Sources Arg. t. 2, p. 296] avec les cent vingt mille francs et la
braise de Bouchotte).
Terme d'orig. obsc., peut-être germ., tôt attesté dans l'ensemble de la
Romania (dès le
xes. en lat. médiév.,
CGL t. 3, p. 598, 7 :
brasas carbones), dont il est difficile de préciser la voie de pénétration à partir de la Germanie; le mot qui n'a pas existé en germ. occ. est attesté dans le domaine nord. (norv., suéd.
bras (-eld) « feu pétillant »; norv. suéd. dial.
brasa « rôtir »; dan. dial.
brase « flamber »,
De Vries Anord.); comme pour des motifs géogr. et chronol., l'hyp. d'un empr. direct au nord. paraît invraisemblable, on peut supposer (
FEW t. 15, 1, p. 259b) que le rad. *
bras- a aussi vécu en got. et qu'il a été importé par les Goths dans la Romania. Étant donnée son implantation précoce dans la Romania et le fait que le mot n'a pas existé en germ. occid., l'hyp. d'un empr. à l'a. b. frq. (
EWFS2; v. aussi
Gam. Rom.1t. 1, pp. 31-32) fait difficulté; le terme isolé flam.
braze « braise » (
De Bo,
Westvlaamsch Idioticon, 1890 cité par
FEW, loc. cit., p. 260, note 24), peut-être empr. au fr., n'offre pas de point d'appui suffisant.
Braise « argent, monnaie » est soit issu du sens dial. de
braise « miette » (lyonnais,
Du Puitsp.) soit issu de
braise « charbon » considéré comme faisant bouillir la marmite (
Sain.,
loc. cit.); ce dernier emploi n'est peut-être cependant qu'une métaphore de Hébert.