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ABSOLU, UE, adj. et subst.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov. absolut; n. prov. assoulu; esp. absoluto; cat. absolut, uta; ital. assoluto. I.− 1. Ca 1100 « parfait » d'où aussi « saint » (La chanson de Roland, éd. Bédier, 2311 : France l'asolue); 2. 1393 « qui s'exerce sans limite » (Le Ménagier de Paris, I, 22, éd. La Soc. des Bibl. franc. ds T.-L. : puissance souveraine et absolue); 3. xives. « qui est indépendant de tout mot exprimé » terme de gramm. (Thurot, Extraits de Divers mss lat., p. 273 : Quant est mis ablatif absolut? Quant il n'i a qui le gouverne). II.− 1. 1165 « qui est sanctifié par l'absolution » (Aleschans, 2484, ap. Jonck. Guill. d'Or. ds Gdf. Compl. s.v. assoudre : N'i ai laissié ne jone ne chenu, Fors sol la guete et un clerc asolu); 2. 1270 jeudi absolu « jeudi de la semaine avant Pâques où est accordée l'absolution quadragésimale » (Phil. de Rémi, Manekine, 5809, Bordier ibid. : S'irons le joedi absolu De nos pechiés estre absolu). I empr. au lat. absolutus (part. passé adjectivé de absolvere) attesté au sens I 1 dep. Cicéron; fréquemment en relation avec ratio, bonum, eloquentia, beneficium, et aussi philosophi, poetae ...; cf. lat. médiév. Capit. reg. Franc. 173, p. 356 ds Mittellat. W. s.v., 53, 10 : libellus perfectae et absolutae ingenuitatis; au sens I 2 dep. Hilaire, De Trinit., 8, 43 ds Blaise 1954; comme terme de gramm. (I 3) (dep. Quintillien, Inst. orat. 9, 13, 19 ds TLL s.v., 179, 22 opposé à comparativus), fréq. chez Priscien (ibid. 179, 1 sq.) cf. 1046-8, Anselme de Basate, Rhetorimachia, 2, 4 ds Mittellat. W. s.v., 53, 72 : absolutum ablativum. II part. passé adjectivé de absoudre*. HIST. − A.− Au xiies., apparition de absolu avec le sens du lat. absolutus « achevé, parfait ». 1. Du xiieau xvies, « accompli, achevé » (1539, B. Aneau, Chant natal ds Hug. : J'ay le desir content, et mon temps absolu, Dist le viel Symeon de poil chanu velu); ce sens ne disparaît que partiellement, car on retrouve par la suite la notion de « achevé » comme composante de certains sens, dans le domaine philos. en partic.; cf. également dans le domaine techn. du comm. l'expr. laine dégraissée et desséchée à l'absolu attestée dep. 1872 (cf. Littré). 2. Du xiieau xvies., gd nombre d'attest. de absolu « parfait » et surtout « saint » (xiiies., Gaufrey, ds T.-L. : La vierge absolue; Rutebeuf, I, 114 ds T.-L. : La terre absolue; xves., Donait françois, 3 ds DG : [Dieu est un] nom ... absolut; xvies., Rabelais, II, 8 ds Hug. : Comme si je n'eusse aultre thesor en ce monde, que de te veoir... absolu et parfaict, tant en vertu, honesteté et preudhommie, comme en tout sçavoir liberal et honeste). Le sens de « saint » se maintient jusqu'au xixes. dans l'expr. jeudi absolu; mais il semble qu'il y ait eu ici, dès le Moy. Âge peut-être, une confusion entre absolu « saint » et le part. passé de absoudre d'où le sens de « (jour) sanctifié par l'absolution »; l'idée de sainteté disparaît même presque totalement aux xviieet xviiies., au profit de celle d'absolution (cf. Trév.). Le sens de « parfait » retrouve une nouvelle vitalité au début du xixes. dans le sens métaphys., où il entre pour une large part, et dans certains sens techn., en partic. en chim. (attest. dep. Ac. Compl. 1842) où absolu est synon. de pur. B.− Absolu « indépendant », d'où « qui s'exerce sans limites, qui n'admet pas de limites », connaît une remarquable vitalité. Fin xives., synon. de éminent, distingué (J. D'Outremeuse, VI, 31 ds Gdf. compl. s.v. asolu : Car chi sont. XXIII. fis de contes absolus, dont je suy. I. des maires, qui suy tes freire); il a dès l'orig. un sens très fort (xves., Louis XI, Nouv. 49 ds Littré : Monseigneur le curé ne fut pas trop joyeux de cette reponse absolue; xvies., Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, IV, préf. ds Hug. : Elle a plaine et absolute authorité). Les xviieet xviiies. sont très riches en attest. où absolu qualifie tant un pouvoir qu'une obligation, un caractère, etc. L'expr. absolu sur « qui a un pouvoir absolu sur » est alors couramment usitée mais disparaît par la suite (Corneille, Attila, IV, 5 ds Littré : Mais je sais que sur lui vous êtes absolue). − Rem. 1. D'après C.-C.-J. Webb, cité par Lal. 1960, p. 5 ,,dans la langue politique anglaise, l'expression Monarchie absolue a plutôt visé primitivement l'indépendance à l'égard de toute suzeraineté ou autorité extérieure, par exemple à l'égard du Pape; mais ensuite il n'est pas douteux qu'elle s'est appliquée à l'idée d'un gouvernement complètement monarchique``. Cette observation montre l'ambiguïté de certains des sens de absolu. 2. Les emplois techn. de absolu en ce sens (signalisation, droit, arme absolue) sont tous d'orig. récente, à l'exception toutefois de son emploi partic. en théol. attesté dep. Trév. 1752. C.− Absolu « indépendant », d'où « qui n'est pas relatif à ». 1. Terme de ling. (cf. étude gramm.). 2. a) Terme de philos. attesté dep. le xviies. sous la forme d'une opposition absolu/ relatif, très proche de son emploi en ling. (Ac. 1694 : On dit dans le Dogmatique, Absolu, par opposition à Relatif; Trév. 1752 : Absolu, en terme de Philosophie signifie, ce qui ne porte ou ne renferme point l'idée d'une relation, ni de rapport à autre chose; et il est opposé à relatif). En ce sens, absolu est empl. comme subst. dès le xviiies. (Buffon, Animaux carnassiers ds Littré : L'absolu, s'il existe, n'est pas du ressort de nos connaissances; nous ne jugeons et nous ne pouvons juger des choses que par les rapports qu'elles ont entre elles). b) La notion d'inconditionnel, rejoint, par l'intermédiaire de la théol., la notion de perfection dans l'emploi métaphys. de absolu. D'apr. Bouyer 1963 et Lal. t. 1 1932, l'emploi systématique de absolutus pour désigner l'objet dernier de la réflexion philos. semble devoir être attribué à N. de Cues vers 1440. En France, le mot aurait été introduit dans l'usage philos. cour. par V. Cousin en 1817 (V. Cousin, Cours de 1817 ds P. Janet, Victor Cousin et son œuvre, p. 107 : L'absolu, étant avant nous, nous domine primitivement, sans nous apparaître primitivement dans sa forme pure, et nous force de concevoir sous une qualité déterminée un être déterminé qui est le moi : hypothèse naturelle. Mais aussitôt que ce rapport nous a été suggéré par la force de l'absolu dans un concret primitif déterminé dont le moi est un des termes, il se dégage du moi et nous apparaît sous sa forme pure et dans son évidence universelle qui explique et justifie l'hypothèse primitive). Il le tenait peut-être de Maine de Biran qui l'aurait empl. vers 1812 (cf. Id., ibid., p. 71). 3. Absolu « qui n'est pas relatif à » s'est étendu, dep. le xviiies., à de nombreux domaines techn.; au xviiies., alg. et astron. (Trév. 1752 : Nombre absolu. Terme d'Algèbre en matière d'équation [...]. Équation absolue, en termes d'Astronomie, est la somme de deux équations de l'excentrique, et de l'optique). Aux xixeet xxes. apparition des emplois en mécan., thermodynamique, opt., math., métrol.