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ÉVANOUIR (S'), verbe pronom.
A.−
1. Disparaître sans laisser de trace. On battit vainement les environs, lui si grand s'était évanoui, ainsi qu'une fumée (Zola, Débâcle,1892, p. 95).La poussière, un instant épaissie en nuage, se dissipa, s'évanouit (Toulet, J. fille verte,1918, p. 165).[Les] brumes qui montent de l'eau et s'évanouissent en tourbillonnant (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 213):
1. ... là-bas, les premières fumées de Puyloubiers, fils légers, fragiles, qui montent tout droit dans l'air paisible du matin, hésitent, puis s'évanouissent très haut. Bosco, Mas Théot.,1945, p. 331.
S'évanouir en.Disparaître en se transformant, en faisant place à autre chose. Il regarda les documents secrets s'évanouir en fumée dans le ciel (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 66).
2. P. ext. Cesser d'être perceptible. Cette ligne de faîte que vous voyez, tout là-bas, s'évanouir vers la vallée, dans la brume (Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p. 84).Le gémissement des ressorts, le pas sourd des sabots dans le sol sableux, d'abord distincts, s'évanouissent progressivement dans la nuit (Martin du G., Thib., Été 1914, 1936, p. 724):
2. Il lui sembla [à Clé] entendre la chanson grêle d'une ronde enfantine qui baissait par degrés. La chanson s'évanouit sans écho. Aymé, Mais. basse,1934, p. 246.
S'évanouir en.Cela était délicieux, ce lent crépuscule tiède qui envahissait le parc (...) dans les lointains bleuâtres, les grands arbres s'évanouissaient, en visions tremblantes et légères (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 232).
3. Au fig. Cesser d'être, d'exister. Cette race héroïque étoit comme une flamme toujours prête à s'éteindre; elle s'est enfin évanouie (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 4, 1831, p. 308).Le glaive supprimé, le despotisme s'évanouit (Hugo, Corresp.,1863, p. 452).Aujourd'hui, les choses vont très vite, les réputations se créent rapidement et s'évanouissent de même (Valéry, Regards sur monde,1931, p. 242):
3. L'histoire naturelle n'étudie pas tel ou tel individu, mais le type générique que tout individu porte en lui, lequel demeure inaltérable quand les individus passent et s'évanouissent. Cousin, Vrai,1836, p. 443.
a) En partic.
Se dissiper. Une émotion de bonheur inexprimable s'empara de moi; je sentis s'évanouir l'ennui, le vide, l'inquiétude qui dévoraient mon cœur depuis si longtemps (Duras, Édouard,1825, p. 123).De temps en temps, elle lui parlait pour que le pâle éclair de raison ne s'évanouît pas dans les brouillards de l'ivresse (Guèvremont, Survenant,1945, p. 154).
S'évanouir dans.En s'affaiblissant à l'extrême, elles [les couleurs] vont toutes s'évanouir dans le blanc, qui est l'unité de lumière sans couleur (Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 24).Certains jours de pluie, son odeur [de la bécasse] s'évanouira dans la senteur végétale (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 203):
4. ... tandis que le fer rouge s'enfonçait dans la plaie fumante, impassible et presque auguste, il attachait sur Thénardier son beau regard sans haine où la souffrance s'évanouissait dans une majesté sereine. Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 960.
Perdre toute réalité. Toutes les anciennes charges qui pesaient contre Dreyfus s'évanouissent à l'examen... (Martin du G., J. Barois,1913, p. 413):
5. La chaleur monte, et, avec elle, naissent les mirages. Mais ce ne sont encore que des mirages élémentaires. De grands lacs se forment, et, s'évanouissent quand nous avançons. Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 221.
b) [Avec ell. du pronom.] La chanoinesse (...) vit, à leur récit, évanouir sa dernière espérance (Sand, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 334).Il [l'adolescent] craint toujours d'exposer sa réflexion, de peur d'en laisser évanouir la vertu intime (Mounier, Traité caract.,1946, p. 647).
Expr. factitive, ALG. Faire évanouir une inconnue. ,,La faire disparaître d'une équation`` (Ac.).
B.− [Le suj. désigne une pers.] Perdre conscience.
1. Lang. cour. Perdre connaissance. Synon. tomber en faiblesse, en pâmoison, en syncope; fam. tomber dans les pommes, tourner de l'œil.Quand on commence à s'évanouir, il y a une douceur à se sentir le cœur s'en aller (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 200).Je vis tourner devant moi les verres et les fleurs; je crus que j'allais m'évanouir (Maurois, Climats,1928, p. 103):
6. Une pâleur de mort se répandit sur ses traits, son dos s'emperla de sueur froide; elle crut qu'elle allait s'évanouir; mais, par un prodigieux effort de volonté, elle rappela ses sens... Gautier, Fracasse,1863, p. 336.
a) [+ compl. second indiquant les circonstances, la cause du malaise]
[Introduit par à] [Le valet] présenta gravement l'omelette au poète, qui (...) faillit s'évanouir au fumet d'un mets aussi prosaïque (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 126).Elle s'évanouissait à la vue d'une petite souris! (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 22).
[Introd. par de] S'évanouir de douleur, de faim, de faiblesse, de fatigue, de froid, de terreur. Je faillis m'évanouir d'horreur, dans la chambre... Monsieur était mort! (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 20).
b) [Avec ell. du pronom] Un parfum qui lui est antipathique suffit pour la faire évanouir (A. Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 786).
2. Littér. Être absorbé entièrement par quelque chose au point de n'avoir conscience de rien d'autre. S'évanouir dans, en.Dans mon second néant je sens que je m'enfonce, Que je m'évanouis en regrets superflus (Lamart., Harm.,1830, p. 481).Moi qui vous croyais tout envolé, évanoui dans l'art, bien loin des basses questions d'intérêts terrestres! (Zola, Rome,1896, p. 182):
7. Contempler, c'est s'évanouir dans les choses; agir c'est se reprendre. (...) les hommes vulgaires sont perpétuellement emprisonnés dans leur maigre moi, et ne savent pas ce que c'est que de se perdre dans l'infini... AmielJournal,1866, p. 72.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois trans. du verbe. Soleil dont la chute du soir m'emporte et m'évanouit (Kahn, Conte 1898, p. 358). Il était indolent et musard, et possédait à un haut degré cette charmante faculté de s'exagérer son bonheur et d'évanouir le souci présent dans le rêve (Gide, Si le grain, 1924, p. 562).
Prononc. et Orth. : [(s)evanwi:ʀ], (il s')évanouit [evanwi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 soi esvanir « tomber en syncope » (Thèbes, éd. L. Constans, 9881); 2. ca 1160 « disparaître » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2220 : esvaniz s'est [ms. déb. xiiies.]); fin du xiies. s'esvanuïst (G. d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 179). Altération de l'a. fr. esvanir en esvanoïr, prob. sous l'infl. du parfait lat. evanuit de evanescere, répandu par l'Évangile selon Saint Luc 24, 31 : evanuit ex oculis eorum : « [Jésus] disparut de devant leurs yeux » (cf. H. Suchier ds Z. rom. Philol. t. 6, pp. 436-438). Esvanir est issu d'un b. lat. *e(x)vanire (cf. TTL s.v. evanire, 1001, 26), lat. class. evanescere « disparaître, se dissiper » (v. évanescent). Fréq. abs. littér. : 1 633. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 446, b) 2 587; xxes. : a) 2 290, b) 2 093. Bbg. De Kock (J.). À propos de deux descriptions de la forme pronom. du verbe en fr. Orbis. 1971, t. 20, pp. 20-22.