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ÉTRIQUER, verbe trans.
A.−
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose concr. et en partic. un vêtement] Rendre étroit, priver d'ampleur. Pourquoi ces fronces, qui étriquaient le vêtement? (Zola, Bonh. dames,1883, p. 634).Le personnel subalterne étriquait ses toques en moule à charlotte (Hamp, Marée,1908, p. 66).
2. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une partie du corps humain] Serrer. Ce costume est mal taillé; il vous étrique (Ac.1932).Les corsets, les corps de jupe de nos femmes étriquent leur taille (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 299):
1. Ce genre d'accoutrement, si mal approprié à sa grande taille, qui l'étriquoit dans une sorte de fourreau prêt à éclater, et qui laissoit sortir des manches étroites de son frac vert plus de la moitié de l'avant-bras, avait quelque chose de tristement burlesque. Nodier, Jean-François,1832, p. 4.
Rem. Plusieurs dict. du xixes. enregistrent le sens en mar. ,,amincir (une pièce de bois) pour qu'elle s'applique exactement à une autre`` (DG).
B.− Au fig.
1. [Le compl. d'obj. désigne un discours, une œuvre...] Écourter, raccourcir :
2. ... ce serait trop étriquer le débat de réduire la protestation et la supplique de nos pétitionnaires à une plainte en faveur de pierres sculptées. Barrès, Cahiers,t. 9, 1911-12, p. 387.
2. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Restreindre, empêcher le développement de. La raideur crée la raideur, une attention trop contrainte étrique l'action en rétrécissant le champ de conscience (Mounier, Traité caract.,1946, p. 462):
3. ... les deux côtés de la scène étaient comme envahis par des spectateurs privilégiés qui gênaient les passages, étriquaient l'action et ne laissaient que le fond du théâtre au décor. A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 208.
3. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Rendre mesquin, médiocre. Ils [le concours et la réclame] surmènent, étriquent, surexcitent et gâtent l'homme (Taine, Notes Paris,1867, p. 298).Au lieu d'étriquer la vie, il épanouit devant son intelligence la part de beauté qui sommeille dans le médiocre (Barrès, Homme libre,1889, p. 162).
Emploi pronom. réfl. Constantin Guys (...) a vieilli, s'est étriqué, estompé, engrisaillé (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 250).
Arg. Étriquer la peau à qqn. ,,Le rosser`` (Esn. 1966). Rem. On rencontre ds la docum. a) Étriquage, subst. masc. Action d'étriquer. Des costumes bouffes pour des opéras-comiques, très bouffes, presque hoffmannesques, mais que l'étriquage du costumier a tout-à-fait déflorés comme extravagance de plis (Goncourt, Journal, 1861, p. 887). b) Étriquement, subst. masc. Action d'étriquer; état de ce qui est étriqué. L'aspect général manque de grandeur, avec l'étriquement moderne de la coiffure, du drap noir et de la redingote (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 289). Pas un pli d'étriquement, une ampleur ajustée, une aisance stricte (Arnoux, Roi, 1956, p. 189).
Prononc. et Orth. : [etʀike], (il) étrique [etʀik]. Ds Ac. 1932. L'adj. étriqué est plus attesté (cf. Ac. 1798-1932). Étymol. et Hist. 1. a) Av. 1755 étriqué « qui n'a pas l'ampleur suffisante (d'un vêtement) » (Saint-Simon, Mémoires, éd. G. Truc, t. 2, p. 782); b) 1826 étriquer un habit (Mozin-Biber); 2. 1760 « raccourcir (un acte, dans une pièce de théâtre) » (Voltaire, Lettre à d'Argental, 28 oct. ds Littré); 3. 1831 « amincir (une pièce de bois) pour l'adapter à une autre » (Will.). Prob. issu d'un plus anc. étriquer « allonger, étendre » (un objet s'amincissant lorsqu'on l'étend), empr. au m. néerl. striken « s'étendre » (Verdam) : 1604 [éd.] estriquer ses pieds « appuyer ses pieds contre quelque chose en s'allongeant en arrière pour pouvoir tirer avec plus de force » (Gauchet, Plaisir des champs, p. 234 ds Gdf.; v. aussi Tilander, Glanures lexicogr., p. 99); 1625-55 en norm. étriquer « lancer; allonger », s'étriquer « s'élancer, s'étendre » (D. Ferrand, La Muse normande ds Héron). Étriquer « allonger, étendre » appartient prob. à la même famille que le plus anc. estrikier « caresser » (xiiies. ds T.-L.), « aplaigner (le drap) » (1275 ds De Poerck). Fréq. abs. littér. : 11.