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* Dans l'article "ÉQUIVALENT, ENTE,, adj. et subst. masc."
ÉQUIVALENT, ENTE, adj. et subst. masc.
I.− Adj. De même valeur.
A.− [En parlant de choses quantifiables] De même valeur quantitative.
1. [Choses comparées entre elles] Un éclairement moyen tel que les échanges gazeux de la photosynthèse et ceux de la respiration soient équivalents (J.-M. Pérès, Vie océan.,1966, p. 86).
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi les choses sont de même valeur] Deux corps homogènes et équivalens en volume sont (...) égaux en poids (Poisson, Mécan.,t. 1, 1811, p. 120):
1. ... les deux cellules sexuelles (...) sont rigoureusement équivalentes sous le rapport des potentialités héréditaires (...) contenues dans certaines particules du noyau cellulaire − les chromosomes − qui se trouvent en nombre égal dans le spermatozoïde et dans l'ovule. J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 29.
Spéc. GÉOM. [En parlant de figures, de volumes] De surface égale, de volume égal, mais non superposable. Figures géométriques équivalentes; volumes équivalents (Ac.).
2. [Chose comparée à une autre] Un développement de force équivalent au poids de 300 000 kilos, supporté en un point quelconque [d'une canalisation] (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 188).Le « Nautilus » a réussi (...) à parcourir une distance équivalente à deux fois et demie le tour de la terre sans ravitaillement en combustible nucléaire (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 180).
B.− [En parlant de choses non quantifiables] De même valeur qualitative.
1. [Choses comparées entre elles] Toutes les phrases de son livre [de Camus] sont équivalentes, comme sont équivalentes toutes les expériences de l'homme absurde (Sartre, Sit. I,1947, p. 121):
2. ... les moments du temps humain (...) ne sont pas équivalents entre eux; et ce qui est occasion quand on a vingt ans ne l'est plus quand on en a soixante-dix. Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 108.
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi les choses sont de même valeur] :
3. Je ne veux pas dire que je voudrais dans la vie estimer tous les objets équivalents en beauté; je continuerais à préférer Pelléas à la Vie de Bohême. Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 312.
2. [Chose comparée à une autre] Justifier du baccalauréat (...) ou d'un diplôme équivalent (Encyclop. éduc. Fr., 1960, p. 355).Réunir les termes présents dans une dimension du champ est équivalent à intersecter les termes présents dans l'autre (Jolley, Trait. inform.,1968, p. 71):
4. Un homme est un individu (...) dont le mode d'existence est trop différent de celui d'une cellule (...) pour qu'il puisse jouer un rôle équivalent, et qu'une association d'hommes ressemble à une association de cellules. Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 95.
C.− [En parlant d'une chose abstr.] Qui ne présente pas de différence, qui est au même degré d'extension dans deux choses.
1. [Chose abstr. désignant une quantité] Une force d'une autre nature (...) et d'une intensité équivalente (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p. 54):
5. On donne le nom de « produits » aux choses que l'industrie a su créer. Leurs auteurs deviennent par là possesseurs d'une nouvelle portion de richesses dont ils peuvent jouir, soit immédiatement, soit après l'avoir échangée contre tout autre objet de valeur équivalente. Say, Écon. pol.,1832, p. 60.
2. [Chose abstr. désignant une qualité] :
6. ... il y a un langage poétique dans lequel les mots (...) sont chargés de deux valeurs simultanément engagées et d'importance équivalente : leur son et leur effet psychique instantané. Valéry, Variété V,1944, p. 319.
II.− Subst. masc. Ce qui est de même valeur.
A.− [Désigne une chose quantifiable] Ce qui est de même valeur quantitative. Dédommager par équivalent (Ac.1878-1932).La « deuxième variation » où (...) les unités (les croches pointées, ou leurs équivalents) de chaque temps, ne sont plus reliées au temps suivant par un « legato » (Rolland, Beeth.,t. 2, 1928, p. 485).Tout le matériel belge et français saisi (ou son équivalent numérique) sera immédiatement restitué (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 271).
En partic.
1. CHIMIE
Vieilli. [Avant la théorie atomique] Équivalent (chimique). Rapport pondéral suivant lequel un corps se combine avec un autre corps pris comme base; p. méton. corps qui se combine suivant le même rapport pondéral qu'un autre. Les chimistes ont rapporté à une unité de convention la valeur numérique des équivalents de tous les corps simples (Ac.1878) :
7. Nous n'assistons plus au remplacement brusque d'une forme par une autre, comme il arrive dans une combinaison chimique par une transposition des équivalents : la matière passivement subissant les rapprochements qui lui sont imposés. Claudel, Art poét.,1907, p. 156.
Équivalent électrochimique. Masse d'un corps simple ou d'un ion libérée lors de l'électrolyse par 96 000 coulombs. Les équivalents électrochimiques sont proportionnels à leurs équivalents chimiques ordinaires (H. Fontaine, Électrolyse,1885, p. 19).
2. PHYS. Équivalent mécanique de la chaleur. Quantité d'énergie mécanique fournie par l'unité de quantité de chaleur. La loi de l'équivalent mécanique de la chaleur n'implique nullement la réduction de la chaleur proprement dite au mouvement (Boutroux, Contingence,1874, p. 63).Un mémoire laissé par Carnot avant sa mort, dans lequel il (...) indiquait (...) une valeur assez exacte de l'équivalent mécanique de l'unité de chaleur (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 275).
B.− [Désigne une pers. ou une chose non quantifiable]
1. Rare. Personne ou ensemble de personnes de même valeur. La famille de son mari, qui était à peu près l'équivalent des Rothschild, faisait depuis plusieurs générations les affaires des princes d'Orléans (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 518).Un écrivain américain − Hemingway, Faulkner − n'est pas du tout l'équivalent de Gide ou de Valéry : c'est l'équivalent de Rouault ou de Braque (Malraux, Conquér.,1928, p. 169).
2. Ce qui est de même valeur qualitative. L'Allemagne annonçait le « Kriegsgefahrzustand » qui n'est tout de même pas l'équivalent d'une mobilisation générale (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p.564).La veillée, équivalent campagnard des boîtes de nuit, est au même titre une survivance des rites orgiaques (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 148).
Loc. Sans équivalent. Les crimes hitlériens, et parmi eux le massacre des Juifs, sont sans équivalent dans l'histoire (Camus, Homme rév.,1951, p. 229).
En partic. Mot ou locution ayant la même signification, ou une signification approchante, qu'un mot ou qu'une locution d'une autre langue. « Faire passer un chameau par le trou d'une aiguille » est l'équivalent oriental de « prendre la lune avec ses dents » (Gide, Feuillets,1928, p. 898):
8. Le génie d'une langue ne se traduit dans une autre langue que par des équivalents, et, quand on s'attache à l'exactitude, on ne la rend pas. Sand, Corresp.,t. 6, 1875, p. 337.
Loc. Sans équivalent. « Eagerness; glamour » : mots presque intraduisibles en français. « Eagerness » serait une appétence spirituelle et physique, un éréthisme multiforme du sujet (...) « glamour » est sans équivalent en notre langue. Nos lexiques donnent : magie (Blanche, Modèles,1928, p. 195).
Rem. On rencontre ds la docum. les subst. masc. a) Équivalentisme, chim. Théorie selon laquelle les corps se combineraient suivant des rapports pondéraux et non pas suivant le nombre de leurs atomes. Voici donc, sur les conseils écoutés de Dumas, le mot atome effacé de la science − du moins provisoirement − et les chimistes conviés à s'en tenir au niveau de l'expérience la plus pure. Nous sommes aux beaux jours de l'équivalentisme (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 314). b) Équivalentiste, chim. Partisan de l'équivalentisme. La lutte entre atomistes et équivalentistes eut (...) sur le développement de la chimie une influence des plus malheureuses (Id., ibid., p. 319).
Prononc. et Orth. : [ekivalɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. équi-. Étymol. et Hist. I. Adj. 1370-72 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, Livre IX, ch. I, p. 454). II. Subst. 1382 « impôt [qui tient lieu d'un autre] » (Ordonnance de Charles VI ds La Curne); 1538 « ce qui a la même valeur » (Est.). Empr. au b. lat. acquivalens, part. prés. de aequivalere (v. équivaloir). Fréq. abs. littér. : 13.
DÉR.
Équivalemment, adv.D'une manière équivalente. Peut-être bien les formules de Tertullien, qu'on retrouve équivalemment chez d'autres pères, représentent-elles une tradition dont on n'a pas assez tenu compte (Théol. cath.t. 14, 2, 1939).La démocratie (...) est une affirmation que le destin de l'humanité est d'être libre ou, équivalemment, que l'avenir de l'homme sera modelé par l'homme (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 243). Dernière transcr. ds Littré : é-ki-va-la-man. Cf. équi-. 1reattest. 1377 (Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 205c, p. 738); de équivalent, suff. -ment2*.
BBG. − Gohin 1903, p. 252 (s.v. équivalemment).