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ÉPANDRE, verbe trans.
A.− [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé concr.]
1. Vieilli ou poét. [L'obj. désigne un liquide] Verser sur une certaine étendue. Synon. usuel répandre.[Dieu] épand la pluie des nuées sur une terre aride (Balzac, Lys,1836, p. 189).Raphaël commit une maladresse : sa timbale d'argent, roulant sur la table, épandit sur la nappe un flot d'eau rougie (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 191).
Emploi pronom. Se déverser, se répandre. Le flot de l'averse nocturne s'est épandu sur nous (Alain-Fournier, Corresp.,[avec Rivière], 1909, p. 146).
P. métaph. Le bruissement des derniers vers de Hugo quand ils viennent du large s'épandre sur la grève (Barrès, Greco,1911, p. 134).
2. P. ext.
a) [L'obj. désigne un inanimé concr. que l'on peut étendre, disperser] Déverser, éparpiller sur une certaine étendue. Elles [les poules] becquetaient le grain que la main de la patronne venait de leur épandre (Pergaud, De Goupil,1910, p. 244).
AGRIC. [L'obj. désigne une récolte, une semence, un engrais ou un produit phytosanitaire] Étendre sur le sol en dispersant uniformément. Épandre du grain dans une terre (Ac.1798-1878).Épandre du foin pour le faner (Ac.1798-1932).Les femmes, tout en épandant le fumier, devisaient et riaient dans l'air doux (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 40).
b) Emploi pronom.
[Le suj. désigne un élément naturel] Prendre de l'extension. Les ramées obscures et cramoisies s'épandent avec lourdeur au-dessus des gazons (Jammes, Rom. du lièvre,Almaïde d'Étremont, 1901, p. 208):
1. Les deux nuages ronds de tout à l'heure s'étaient largement épandus, étalaient dans le ciel un voile plat, d'une nuance grise et bleutée pareille à celle du givre qu'on voit aux grosses prunes de monsieur. Genevoix, Raboliot,1925, p. 299.
P. métaph. La méthode dite scientifique s'épanouit en une multiplicité de méthodes particulières, de même que la science s'épand en maints rameaux (Amadou, Parapsychol.,1954, p. 21).
[Le suj. désigne une sensation auditive, olfactive ou visuelle] Se propager. Sur tout le jardin s'épandait le hurlement des otaries (Barrès, Sang,1893, p. 270).La lumière qui s'épandait par le haut de l'abat-jour (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 104).L'odeur du café moulu s'épandait entre les murs déjà tièdes (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 348):
2. Cela [l'agitation] ne cessait plus, s'enflait, recommençait au fond des allées lointaines, parmi le peuple campant sous les arbres, pour s'épandre et s'élargir dans l'émotion de la tribune impériale, où l'impératrice avait applaudi. Nana! Nana! Nana! Le cri montait dans la gloire du soleil, dont la pluie d'or battait le vertige de la foule. Zola, Nana,1880, p. 1404.
[Le suj. désigne une chevelure] Tomber librement. Et ses cheveux dorés (...) Sur son front qui rougit s'épandent dénoués (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 241).Ses cheveux noirs, libres de tout lien, s'épandaient en nappes d'ébène sur ses fragiles épaules (Benoit, L'Atlant.,1919, p. 257).
[Le suj. désigne une ou plusieurs pers. ou des animaux]
Vieilli. Se propager, se disperser. Les Celtes s'épandirent dans l'Italie. Les Vandales s'épandirent dans l'Afrique (Ac.1798-1878).C'était l'heure où les brebis s'épandaient sous les chênes (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 190).
Rare. S'allonger. Il quitta ses nippes, s'épandit sur la plume (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 311).
B.− P. ext. et au fig. Manifester en abondance.
1. Prodiguer. Synon. répandre.
a) [L'obj. désigne un inanimé abstr. intérieur au sujet] Synon. épancher.Il se laissait aller à développer son opinion ou à épandre son sentiment (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 253).
b) [L'obj. désigne un inanimé abstr. extérieur au sujet] Synon. dispenser, étendre.Les douces mais passagères influences que jamais n'a cessé d'épandre de loin l'Académie française sur ceux qui en tentent l'approche (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 99).
2. Emploi pronom.
a) [Le suj. désigne une pers. ou la manifestation d'un sentiment] Synon. s'épancher.La tendresse honteuse cachée en lui, qui n'avait jamais pu sortir, s'épandre, même aux premières heures de son mariage (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 590).Tout ce qu'elle m'eût avoué facilement, puis volontiers, quand nous étions de bons camarades, avait cessé de s'épandre dès qu'elle avait cru que je l'aimais (Proust, Prisonn.,1922, p. 57).Une expression de refus, presque de haine, s'épandit sur ses traits (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 421).
b) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Synon. s'étendre, se répandre.Sur la terre s'épand une félicité glorieuse et tranquille (Gide, Journal,1940, p. 23).
Rem. 1. Ds la plupart de ses emplois, le verbe appartient à la lang. littér.; il est fréq. suivi d'un compl. circ. de lieu (prép. sur, dans, sous). 2. On rencontre ds la docum. a) Épandement, subst. masc., rare. Synon. épanchement, extension. Dieu, en créant le monde, n'assiste plus à un épandement nécessaire de sa nature (Benda, Trahis. clercs, 1927, p. 195). b) Épandeur, subst. masc. Machine utilisée pour épandre des engrais ou du bitume. Les épandeurs de fumier utilisés couramment en Amérique, se sont peu répandus en France (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 102).
Prononc. et Orth. : [epɑ ̃:dʀ], (j')épands [epɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « répandre » la cervelle espandre (Roland, éd. J. Bédier, 3617); en partic. 1174-80 « étendre sur le sol en dispersant » sa semance espandre (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 3); b) ca 1100 « verser, répandre un liquide » en espant le cler sanc (Roland, éd. J. Bédier, 3972); 2. ca 1165 pronom. « s'étendre, se répandre, occuper un certain espace » (B. de Ste-Maure, Troie, 2378 ds T.-L.). Empr. au lat. impérialexpandere « étendre, déployer, étaler ». Fréq. abs. littér. : 258. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 208, b) 403; xxes. : a) 529, b) 382. Bbg. Gohin 1903, p. 313. − Haschke (F.). Die Sprache Richelieu's nach seinem Briefwechsel. 1934.