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ÉLAGUER, verbe trans.
A.− Dépouiller (un arbre, un arbuste) de ses branches et branchages superflus. Élaguer un arbre, une haie; branches élaguées. Quasi-synon. ébrancher, éclaircir, émonder, tailler.Comme un garde forestier qui, le printemps venu, élague avec soin les tranchées de sa forêt (Pergaud, De Goupil,1910, p. 79).Mais dans l'air on entend toujours un sécateur qui élague discrètement les branches inutiles (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 56):
1. L'arbre étant élagué, je ne pouvais appuyer mes pieds ni à droite ni à gauche pour me soulever et reprendre le limbe extérieur : je demeure suspendu en l'air à cinquante pieds. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 81.
Absol. Voici venu le moment d'élaguer (Ac.1932).
B.− Au fig. Débarrasser des développements trop longs ou des détails superflus. Il faut élaguer votre exposé, cette scène; élaguer une phrase, un récit, un discours, un écrit. Synon. alléger, dépouiller, raccourcir; anton. développer.À force de ne vouloir que l'utilité, on élague mille choses dont on méconnaît l'utilité indirecte (Constant, Journaux,1804, p. 175).Corriger l'ensemble, enlever des répétitions de mots et élaguer quantité de redites (Flaub., Corresp.,1847, p. 76):
2. ... on a pu définir l'église anglicane comme l'église du Prayer Book. Largement tributaire des textes liturgiques antérieurs, il les a élagués, combinés avec des éléments originaux et (...) mis à la portée de tous les fidèles. Philos. Relig., 1957, p. 5011.
Absol. Il y a une manière d'être long, qui consiste à ne pas élaguer, à ne pas choisir et qui n'est en rien un signe de richesse (Mauriac, Journal1, 1934, p. 94).
P. ext. Retrancher. Élaguer ces détails superflus; il y a beaucoup à élaguer dans cet article, ce développement. Synon. couper, enlever, ôter, supprimer; anton. compléter.Un grand nombre d'objets remplissent ces journées; j'en élague une partie comme inutile, et j'en tais une autre par convenance (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 235).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Élagable, adj., création d'aut. D'ailleurs, il était pauvre et par conséquent élagable (Bloy, Désesp., 1896, p. 50). b) Élagation, subst. fém. Si vous parlez de coupures, d'élagations, d'aérations, ils [des auteurs] saignent (Arnoux, Roi, 1956, p. 240).
Prononc. et Orth. : [elage], (j')élague [elag]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xives. alaguees (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. A. Blomquist, 10444, leçon mss M, 0); xves. eslaguees (Id., ibid., leçon mss J, T); mil. xviiies. au fig. (Buff., Morceaux choisis, p. 18 ds Littré). Prob. dér. (préf. a-*, puis e(s)-*) de l'a. nord. laga « mettre en ordre, préparer » (De Vries Anord.). Pour d'autres hyp. étymol., v. FEW t. 16, p. 437. Fréq. abs. littér. : 68.
DÉR. 1.
Élaguement, subst. masc.,au fig. Action de retrancher, d'élaguer. Que d'autres procèdent par élaguement (Barrès, Jard. Bérénice,1891, p. 112). [elagmɑ ̃]. 1reattest. 1722 (Saint-Simon, Mémoires, éd. Chéruel et Regnier, Paris, 1889, t. 19, p. 54); de élaguer, suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Élagueur, subst. masc.Ouvrier spécialisé dans l'élagage des arbres. Élagueurs-botteurs de la Corrèze et de l'Isère (cf. Mét.1955).Elle avait cru que vous aviez manqué le chemin de fer, parce que l'élagueur avait dit vous avoir rencontrés sur la place de la Madeleine, à 9 heures du matin (Flaub., Corresp.,1878, p. 165).Je surveillais au jardin les élagueurs (Blanche, Modèles,1928, p. 67). [elagœ:ʀ]. Ds Ac. 1798-1932. 1reattest. 1756 (Mirabeau, Ami des Hommes, I, 150 ds Gohin, p. 241); du rad. de élaguer, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. − Gohin 1903, p. 241 (s.v. élagueur).