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VU, VUE, part. passé, adj., subst. masc. sing. et prép.
I. − Part. passé de voir*.
A. − [Souvent en empl. adj.] Loc. et expr. div., souvent fam.
Bien vu et, p. ell., vu. Bien compris; compris! Devant vous, à douze cent mètres une meule de paille... à deux doigts à gauche, un arbre en boule... Et militairement, les pieds en équerre, la jeune fille me répond en saluant:Vu... (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 98).Nous les prévenons que vous êtes là, nous vous conduisons à leurs envoyés, ils vous bandent les yeux et vous mènent dans le bureau du colonel Moscardo qui commande l'Alcazar. Là, vous vous débrouillez.Dans le bureau du colonel Moscardo?Oui, dans le bureau de Moscardo. « Bien vu, bien entendu (...) » (Malraux, Espoir, 1937, p. 590).
C'est bien vu. C'est juste; c'est bien pensé. Chacun comprenait que pour une surprise c'était bien la meilleure; que les espions, s'il en existait à Landau, n'auraient pas le temps d'aller prévenir l'ennemi d'évacuer ses magasins; que nous arriverions aussi vite qu'eux. Oui, c'était bien vu (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 26).C'est bien vu et mal dit. L'amour? Symbole de la connaissance suprême. Et tout ce par quoi je le nommais amour, justement, n'était en lui qu'image. C'est bien vu et mal dit (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 18).
C'est tout vu. C'est décidé une fois pour toute; il n'y a pas à y revenir. − (...) Je ne veux pas que vous lui fassiez des avances. Nous verrons, nous verrons.C'est tout vu; je veux m'en faire aimer (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 30).Écoutez, laissez-moi deux jours, dit Dubreuilh. Si dans deux jours je n'ai rien obtenu, vous verrez ce que vous déciderez.Soit. Mais c'est tout vu, dit Henri (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 241).
Ni vu, ni connu. V. connu II C.Var. Ni vu ni connu, je t'embrouille! V. embrouiller C 2.
Pas vu, pas pris. Il n'y a pas de témoin, donc pas de culpabilité. Tous les Français ont fini par prendre conscience de l'ampleur du scandale du sang. Mais tous savent-ils que, sans l'obstination de notre consœur de « L'Événement du jeudi » Anne-Marie Casteret, ils n'auraient rien su? En vertu du vieil adage: pas vu, pas pris. Ou, si l'on préfère: ni coupables ni responsables (L'Express, 29 oct. 1992, p. 11).
En partic. Vu. [Formule apposée au bas d'un texte dont on approuve le contenu] Synon. lu et approuvé*.Pendant toute la durée de la période électorale, les affiches sont dispensées du timbre loi du 11 mai 1868, même si elles n'émanent pas du candidat, à condition d'être visées par lui à l'aide de la mention: vu le candidat (nom) (Bacquias, Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p. 5).
B. −
1. [Dans des comp. empl. comme adj.; en parlant d'une œuvre littér., artist., d'un spectacle] Déjà vu, archi-vu. Dont les thèmes ont été maintes fois repris. Circonstances atténuantes. Comédie désuète archi-vue, sauvée du néant par Michel Simon et Arletty (Le Point, 19 avr. 1976, p. 29, col. 2).V. banal ex. 10.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre
Déjà(-)vu. C'est du déjà-vu. Tout miroir est magique. Il éveille, à quelque degré que ce soit, l'émerveillement ravi et inquiet de l'éternel retour, du sentiment du déjà vu, de la « fausse reconnaissance » (Hist. spect., 1965, p. 4).V. déjà ex. 11.
Jamais(-)vu. V. jamais-vu rem. s.v. jamais.
2.
a) [Dans des comp. empl. comme subst.] M'as-tu-vu*.
b) [Dans des comp. empl. comme subst. masc. sing. à valeur de neutre] Toute la théorie de la relativité a consisté à abandonner la croyance à un « maintenant » universel et abstrait, pour ne plus croire qu'au « vu-ici-maintenant » concret et psycho-physique (Ruyer, Cybern., 1954, p. 201).
II. − Adjectif
A. − Qui est vu, qui est perçu par l'œil. Il faut que l'œil se rende pareil et semblable à l'objet vu pour s'appliquer à le contempler (Du Bos, Journal, 1927, p. 169).
[P. oppos. à imaginé] Réel. Les dessins (...) approximatifs qu'on peut obtenir de la réalité sont au moins aussi différents du monde vu que celui-ci l'était du monde imaginé (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 548).
[P. oppos. à vécu] Extérieur, objectif. Le psychologue ne fait crédit qu'à la donnée morte de l'objectivation, au caractère vu, abstraction faite du caractère vécu (Mounier, Traité caract., 1946, p. 52).
Chose vue. Synon. de réalité.Ces journées du 10 au 14 mai 1907 c'est une des « choses vues » les plus significatives (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 105).
B. − [Constr. avec adv.] Bien vu, mal vu
[En parlant d'une pers.] Qui jouit ou non de l'estime d'autrui; qui est estimé, apprécié ou non. Malgré son âge et son oisiveté, il était bien vu par des aînés de mérite (Radiguet, Bal, 1923, p. 25).Pour être bien vus et considérés, il a fallu se dépêcher dare-dare de devenir bien copains avec les civils parce qu'eux, à l'arrière, ils devenaient à mesure que la guerre avançait, de plus en plus vicieux (Céline, Voyage, 1932, p. 61).Var. Ce Boulatruelle était un homme vu de travers par les gens de l'endroit, trop respectueux, trop humble (...), suspect d'embuscade au coin des taillis à la nuit tombante (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 440).
[Constr. avec un suj. impers.] Il était mal vu. Il était mal considéré. Dans la société nantaise, il était mal vu d'aller au théâtre (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 54).
Rem. À ce type de constr. passive ne corresp. pas de forme active. On aurait donc affaire à un adj. qui cependant garde la possibilité, propre au part. passé dont il est issu, d'être accompagné d'un compl. d'agent (d'apr. Grev. 1986 § 312, p. 522).
III. − Subst. masc. sing. [Dans les loc. prép. au vu de, sur le vu de]
A. − Au vu de qqn. Loc. prep. Sous le regard de..., sans se cacher de quelqu'un. Le roi des lépreux (...) à qui l'on mène toutes les vierges captées en chemin et qu'il viole sur un tapis rouge pour guérir, au vu de tous ses suiveurs fanatisés qui crient au miracle (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 153).
Var. Au vu et au su* de.
B. − [L'agent du procès est une chose, souvent un document] Au vu de/sur le vu de qqc. Après examen, après consultation de quelque chose. Il demanda son billet à la gare Montparnasse. Au vu de sa permission, l'employé dit:En retard? Vous allez être foutu dedans (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 126).Sur le vu de l'appréciation du général Legentilhomme, le général de Gaulle et le général Wavell doivent se réserver de prendre la décision elle-même (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 350).
IV. − Prép. Vu
Dans la langue du droit et de l'admin. Étant donné, considérant. Vu la constitution; vu l'arrêt rendu le. Nous, André Gide, maire de La Roque-Baignard, vu la loi du 7 prairial an VIII, etc. avons arrêté et arrêtons ce qui suit (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1896, p. 267).V. attendu ex. 10, loi1ex. 6.
Cour. Étant donné, eu égard à, en raison de. Le proviseur avait envoyé une lettre à ses parents, leur donnant le conseil, vu le désordre dont il était la cause, de retirer leur fils du lycée (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 145).Personne vu l'heure avancée pour accueillir les voyageurs (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 48).V. naissance I A 2 α ex. de Flaubert.
V. − Loc. conj. Vu que. Étant donné que. Je veux rester étranger à la politique: je tiens à ma tête, vu que c'est la seule dont je puisse disposer (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 401).Nicolas, qui m'avait rejointe, me dit avec autorité:Que Mademoiselle se dépêche un peu d'rentrer, vu qu' nous sommes en retard! (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 353).
Prononc. et Orth.: [vy]. Ac. 1694: veu, veüe; 1718: veu, veuë; 1740: vû, vûe; dep. 1762: vu, vue. Étymol. et Hist. A. Subst. masc. 1. 1316-28 au veü dou monde (Ovide Moralisé, XIV, 4117, éd. C. de Boer, t. 5, p. 114); 2. 1510 au veu et sceu de (Coutume de Chauny d'apr. K. Baldinger ds Z. rom. Philol. t. 67, p. 48); 3. 1690 dr. « énumération des pièces produites dans un procès » (Fur.). B. Loc. conj. 1421, 19 janv. veyut que « considérant que » (Ordon. contre les brigues, ap. Bormans, Gloss. des tanneurs liégeois, Doc. inéd., V ds Gdf. Compl.). C. Prép. 1. 1480 « eu égard à, en considérant » (G. Coquillart, Les Droitz nouveaulx, 1608, éd. M. J. Freeman, p. 210); 2. 1690 dr. « après avoir examiné » (Fur.). Du part. passé de voir*. Fréq. abs. littér: 36 410. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 55 684, b) 55 784; xxes.: a) 50 762, b) 46 916. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 564. − Quem. DDL t. 6, 9, 12, 28, 32, 38.