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* Dans l'article "VORACE,, adj."
VORACE, adj.
A. −
1. [En parlant d'un animal] Qui dévore, mange beaucoup et avec avidité. Brochet, chien, requin vorace. On entamait les histoires sans fin sur les loups, les loups voraces, qui, pendant des siècles, ont dévasté la Beauce. (...) des bandes innombrables de loups, poussées par la faim, sortaient l'hiver pour se jeter sur les troupeaux (Zola, Terre, 1887, p. 71).Un enfant armé d'un roseau où flottait un chiffon, essayait avec nonchalance d'empêcher les oiseaux voraces de venir piller un jardin (Tharaud, Alerte en Syrie!1937, p. 37).
P. anal.
[En parlant d'une plante] Qui épuise le sol. Le maïs est une plante vorace. Il demande une terre grasse abondamment fumée (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 190).
[En parlant d'une mouche, d'un moustique] Qui pique beaucoup. La nuit était si chaude, si chargée, les moustiques étaient si voraces que, malgré ma fatigue, je n'ai pu m'endormir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 267).
2. [En parlant d'une pers.] Qui mange goulûment beaucoup de nourriture, qui mange avec avidité. On posait devant lui les innombrables plats qui composent l'ordinaire d'un grand seigneur marocain; il s'empiffrait de nourriture, car il était vorace (Tharaud, Marrakech, 1920, p. 81).
[P. méton.]
Qui a besoin de beaucoup de nourriture pour être assouvi. Estomac vorace. Souvent le haschisch détermine une faim vorace, presque toujours une soif excessive (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 370).
[En parlant d'un trait du comportement] Qui témoigne de la voracité, de la gloutonnerie, qui dénote la gloutonnerie. Manger de manière vorace, avoir l'air vorace. Maurice, qui allait attaquer un morceau de gruyère, remarqua leurs yeux voraces, fixés sur son assiette (Zola, Débâcle, 1892, p. 61).[Elle] avisa le sucrier qui était sur une table, et, d'un geste vorace, prit un morceau qu'elle croqua (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1244).
Empl. subst. Personne qui mange goulûment, avec avidité. Les ivrognes emportaient des outres, les voraces des quartiers de viande, des gâteaux, des fruits, du beurre dans des feuilles de figuier (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 25).Elle montrait, fourchette en main, cette mimique des voraces qui regardent en ennemis leur propre nourriture (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 95).P. plaisant. V. coriace A rem.
B. − P. anal. ou au fig.
1. Qui détruit avec avidité, qui engloutit, dévore. Les hauts caps branlants, rongés des flots voraces (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 260).La volonté des défunts, ô mon enfant, elle-même, la gueule vorace du bûcher n'en viendra pas à bout, et leur colère attend l'heure (Claudel, Choéphores, 1920, p. 925).
2. Avide, insatiable. Désir vorace. Il tendit sa main, prit la sienne, la couvrit d'un baiser vorace, puis la garda sur son genou (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 157).La peur est plus vorace, et même on ne sait que lui donner, car plus on lui donne et plus elle prend (Alain, Propos, 1923, p. 459).
3. [En parlant d'une pers.]
a) Qui exploite quelqu'un ou qui profite de quelque chose avidement. Les étalages à bas prix retenaient la foule vorace (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 768).
Empl. subst. Puisqu'on a proclamé l'état de siège (...), qu'on s'en serve au moins pour protéger les petits contre les voraces (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 648).
b) En partic. [Dans un cont. érotique ou sexuel] Insatiable. Aime-moi bien et je t'aimerai beaucoup, car c'est là ce que tu veux, ma vorace amoureuse (Flaub., Corresp., 1846, p. 307).Elle éveillait en vous des appétits de mâle vorace (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 125).
[P. méton.] Alors ça marche toujours avec cette petite veuve? Dis-donc, mon garçon il me semble que tu n'es pas bien gras. Il ne faudrait pas exagérer. C'est qu'elle a l'air vorace cette petite (Aymé, Brûlebois, 1926, p. 100).
REM.
Voracer, verbe trans.a) Arg., vx. Manger avec avidité. Y en a même, qu'on dit, qui ont voracé un piquenterre [un poulet] (Barbusse, Feu, 1916, p. 207).b) Au fig., fam. Dévorer. Les élus et les militants centristes ou républicains (...) craignent d'être « voracés » par lui [J. Chirac] (Magazine hebdo, 31 août 1984, p. 30, col. 1).
Prononc. et Orth.: [vɔ ʀas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1430 vorage fig. « qui engloutit » (J. Gallopez, Pelerin. de la vie hum., Ars. 3331, fo5 vods Gdf.), forme att. jusqu'au xvies. (v. Hug.); b) 1603 (Chavigny, Pleiades..., Lyon, P. Rigaud, p. 239: les bestes farouches et voraces); c) 1767 « qui épuise le sol (en parlant de plantes) » (Schabol, Dict. pour la théorie et la prat. du jard. et de l'agric.); 2. a) 1671 fig. océan vorace (Bouhours, Entretiens d'Ariste et Eugène, p. 15); b) 1780 vorace mort (Mirabeau, Lettres ecrites du donjon, p. 400); c) 1782 voraces usuriers (Mercier, Tableau de Paris, p. 202). Empr. au lat.vorax « insatiable, avide » (au propre et au fig.), de vorare « dévorer, engloutir ». Fréq. abs. littér.: 246. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 189, b) 404; xxes.: a) 657, b) 272.
DÉR.
Voracement, adv.Avec voracité. Synon. avidement, gloutonnement.a) [Corresp. à voracité A] Il (...) commença de manger avec une hâte extraordinaire, voracement (Bernanos, Imposture, 1927, p. 502).b) [Corresp. à voracité B 3] Après l'avoir regardée voracement pendant quelques minutes, il se serra contre elle, lui appliqua d'un coup sec sa bouche contre la joue (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 112). [vɔ ʀasmɑ ̃]. Att. ds Ac. 1935. 1reattest. 1836 (Barb. d'Aurev., Memor. 1, p. 43); de vorace, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 19.