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VOLER2, verbe trans.
I. − [Le procès a pour but de s'approprier une chose, un être animé]
A. − S'emparer frauduleusement et quel que soit le procédé utilisé, de ce qui appartient à autrui, avec l'intention de le faire sien. Synon. dérober, prendre, soustraire, subtiliser; fam., pop. barboter, carotter, faucher, piquer; anton. rendre.Voler de l'argent, une lettre, une montre; voler du pain, des poules. Zidore, dans la boutique, volait des outils ou des hardes qu'il allait revendre (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 50).
Empl. abs. Voler avec effraction, à l'étalage, à main armée. Celui qui a faim? Il souffre, vole ou tue, mais il ne fait pas de phrases (Renard, Journal, 1897, p. 387).V. larcin ex. de Faral.
Voler à l'abecquage*.
Au passif impers. Celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose, peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel il la trouve (Code civil, 1804, art. 2279, p. 416).
Voler un enfant. Enlever un enfant et le tenir caché dans un endroit secret, souvent en vue d'obtenir une rançon. Synon. kidnapper, ravir.Le Père Sagoma (...) volait les enfants, leur jetant un capuchon sur la figure et les ligotant comme saucisson, les fourrant dans son bissac, sous sa robe (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 154).
Empl. pronom.
Empl. pronom. à sens passif. N'as-tu pas reçu une lettre de moi te demandant des renseignements sur la solvabilité (...) d'un M. Guerrier (...)? Dis-le moi afin que je sache si les lettres se perdent ou se volent (Lamart., Corresp., 1831, p. 122).
Empl. pronom. réfl. indir. Se voler à elle-même cet objet, qu'elle choisira précieux, le fourrer dans ma cachette et, aussitôt, porter plainte (...) Tel est son plan (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 259).
Empl. pronom. réciproque. Ils se volent leurs femmes, se pillent leurs troupeaux, ou s'injurient (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 563).
[La chose dérobée présente un aspect intellectuel; le sujet désigne un inanimé] Synon. emporter, enlever.J'essayais d'écouter la conversation entre Philippe et Solange et (...) le rythme du train m'en volait la moitié (Maurois, Climats, 1928, p. 200).
P. exagér. [La chose que l'on veut faire sienne fait partie intégrante de la pers. concernée] Le médecin:Encore un peu, je croirais que vous voulez me voler votre dernière maladie et mourir d'une autre main que de la mienne (Balzac, Double fam., 1830, p. 298).
Proverbes. Bien volé ne profite pas, ne profite jamais. ,,On le dissipe, ou bien il est repris`` (Ac. 1798-1878). Qui vole un œuf, vole un bœuf*.
B. − S'emparer, le plus souvent sans droit, de ce qui peut être considéré comme appartenant à autrui, à une autre réalité, à une autre activité d'ordre moral, social ou culturel. Synon. prendre, usurper.Voler la vedette à qqn. Un Chamery-Chameroy (...) épouser cette fille perdue! Elle a dû être bien heureuse de trouver un homme qui lui donne enfin le nom qu'elle avait volé (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 96).Pas question non plus que cette besogne accessoire vole du temps à mon travail proprement dit (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 17).
Empl. pronom. à sens passif. Rien ne se vole plus aisément que la (une bonne) renommée (Boiste 1834; ds Lar. 19e-20e).
[La chose dont on s'empare fait partie intégrante de la pers. concernée] Synon. s'approprier.Un être a le pouvoir (...) d'endormir, par la force de sa volonté, un autre être, et, pendant qu'il dort, de lui voler sa pensée comme on volerait une bourse. Il lui vole sa pensée, c'est-à-dire son âme, l'âme, ce sanctuaire, ce secret du moi (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Fou, 1884, p. 972).J'aurais plus franchement mis ces hommes, à qui on allait voler leur vie, devant la vérité (...). C'était en mars 1915, dans un fond de vallée boueux (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 190).
− Dans le domaine des relations soc., amoureuses.Voler la femme de son ami. On ne nous laissait rien ignorer (...) du shah de Perse, de passage à Paris où il vendait la Perse à l'Angleterre, qui voulait en échange sous le nom de M. Téhéran, voler la plus belle danseuse de l'Opéra à M. Sanchez y Tolédo (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 15).V. priver B 1 ex. de Lenormand:
Les pères ordinaires, c'est gagner de l'argent, ou l'importance, ou la belote, qui les vole à leurs enfants. Moi, c'est mon œuvre qui m'a volé à l'amour et à l'éducation de mon enfant, qui m'a fait trahir mon enfant. Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1458.
Empl. pronom. réciproque. Il fallait voir le succès du Tarasconnais dans les salons. On se l'arrachait, on se le disputait, on se l'empruntait, on se le volait (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 37).
SPORTS. Voler le départ. Dans une course cycliste, hippique ou à pied, prendre le départ avant que le signal n'en soit donné, pour gagner de l'espace à l'arrivée. (Ds Petiot 1982). Absol. Un troisième faux départ,et toujours à cause de lui! Pasquet le fait venir. Je sais ce qu'il lui dit: que, s'il vole une fois encore, il sera déclassé (Montherl., Olymp., 1924, p. 314).
HIPP. [En bonne part] Voler une course. La gagner par surprise, en employant des moyens légaux (d'apr. Pearson 1872).
[Le procès, loin d'entraîner une réprobation, est conforme à l'ordre moral] Voler aux désirs leur énergie en leur enlevant leur orientation dans le temps. Nos désirs sont (...) limités par l'énergie dont ils procèdent. C'est pourquoi, avec le secours de la grâce, on peut les dominer et, en les usant, les détruire (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 122).
C. − Prendre à l'improviste, sans que la personne concernée donne son consentement à l'action effectuée. Voler des baisers. Par une dérision sacrilège, la bouche immonde pressa la sienne et lui vola son souffle (...).Tu as reçu le baiser d'un ami, dit tranquillement le maquignon (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 174).
D. − S'approprier des idées, des types d'expression rencontrées dans l'œuvre d'un autre écrivain, d'un autre artiste et les présenter comme sien(ne)s. La soirée se termine par un éreintement terrible de Coppée, éreintement de ses côtés bourgeois et peu originaux, fait (...) avec (...) les paroles cruelles de Rodenbach, lui reprochant d'avoir volé sa poésie à tout le monde, son théâtre à Dennery, ses chroniques à Joseph Prudhomme, sa voix à Banville, son écriture à Leconte de Lisle (Goncourt, Journal, 1896, p. 970).
Empl. abs. Si quelquefois poète vole, Bien plus souvent il est volé! C'est le même Pierre Véron qui appelait Pline le Jeune: Monsieur de Sévigné (Civilis. écr., 1939, p. 42-13).
E. − Obtenir fortuitement une chose que l'on n'a pas méritée, attribuer à une chose une caractéristique qui n'est pas justifiée. Voler l'amitié, l'estime de qqn; ne pas voler son argent. Un homme, qui a un petit ruban vert ou violet, me tire un grand coup de chapeau (...). Je devrais boiter ou porter un bras en écharpe. Ça devient gênant. Ils croient que j'ai sauvé la France; il me semble que j'ai volé ma croix (Renard, Journal, 1902, p. 792).Quand il aura l'une de ces dernières en main [une Blennie] il sera parfaitement convaincu que le nom de « Bavarelle » que lui donnent les Provençaux n'est vraiment pas volé (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 135).
Au fig., fam. Ne pas l'avoir volé. Avoir pleinement mérité le désagrément qui survient, la sanction infligée ou, au contraire, la récompense reçue. On conçoit que Voltaire soit immortel; il ne l'a certes pas volé! (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 403).Je commence à croire que nous n'avons pas volé le châtiment que le Sauveur nous inflige (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 210).
II. − [Le procès a pour but de priver qqn ou qqc. de qqc.]
A. − Déposséder une personne, un animal, une réalité de ce qui lui appartient, en faisant usage de la ruse le plus souvent. Synon. dépouiller, détrousser, escroquer.V. vol2A 2 ex. de Balzac.
Voler qqc. sur qqc.Prélever malhonnêtement sur un ensemble. Par l'enquête, les états-majors étaient forcés de rendre des deux et trois cent mille livres volées sur la soupe et les légumes des pauvres soldats (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 292).V. fourgat rem. s.v. fourgue ex. de Vidocq.
Voler qqn de qqc.[Le procès mérite ou ne mérite pas la réprobation] Était-ce chrétien de sauver un homme de la mer, pour le voler de ses vêtements et l'abandonner sur une grève? (Queffélec, Recteur, 1944, p. 27).
Empl. pronom. réfl. Il commet un vol de quarante mille francs au préjudice de la maison Furet, et, aussitôt, il dénonce au juge d'instruction M. Furet comme s'étant volé lui-même (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 57).
Empl. pronom. réciproque. [Les matelots] se querellaient, se battaient, se volaient et s'entre-tuaient avec frénésie (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 130).
Fam. Se faire voler comme dans un bois, au coin d'un bois. Se faire totalement dépouiller de ce qu'on possède. Ma mère vient de découvrir que son jardinier la vole comme dans un bois. Nous seuls n'avons pas de légumes dans le village, parce que le village vit un peu à nos dépens (Flaub., Corresp., 1853, p. 265).
[Le compl. désigne un lieu où sont déposés de l'argent, des richesses] Emporter les biens d'autrui qui s'y trouvent, en faisant parfois ou au besoin usage de violence. Synon. cambrioler, dévaliser, piller.Si le Général n'avait pas été là, électrisant les troupes, ce n'est pas le trésor qu'on aurait volé, mais la banque même! (Ghelderode, Pantagleize, 1934, iii, 9, p. 124).
Fam., au passif ou au part. passé. [En constr. affirm. ou nég.] (Ne pas) être déçu par rapport aux promesses que l'on a reçues, aux résultats que l'on a escomptés. « Monsieur, me dit-elle, je suis prête à faire ce que vous ordonnerez. Je me tuerai si vous le désirez » (...). Et je m'aperçus bientôt que je n'étais pas volé. Voilà cinq ans que je suis marié. Je ne le regrette nullement encore (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Ma femme, 1882, p. 673).
B. − [Dans une transaction comm.] Léser sciemment une personne dans ses intérêts pécuniaires, en prenant sur elle un bénéfice excessif ou en ne lui donnant pas tout ce qui lui est dû. Synon. escroquer, gruger, tondre (pop., fam.).Cette idée d'avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l'âpreté de la femme, dont la jouissance d'acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 465).
Absol. Jacques Lamberdesc était le fils d'un petit boutiquier de Bordeaux qui avait volé sur le poids des bonbons pendant toute sa vie pour envoyer son unique rejeton au lycée, puis à Paris étudier la médecine (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 35).
C. − Déposséder un écrivain du fruit de son activité intellectuelle en s'appropriant ses idées, ses créations, en en revendiquant la paternité. Synon. copier, plagier.Le docte et ingénieux auteur se garda bien de me reprocher d'avoir volé Byron; il étoit trop fort pour cela sur le synchronisme des livres (...) mais, après avoir fait justice de cette polémique (...) il me déclara voleur, en sa qualité de jury-critique. Il n'y avoit que le nom du volé de changé (Nodier, J. Sbogar, 1818, p. 83).
REM.
Volant, part. prés. en empl. adj.,hapax. [Les voleurs] marchent aussi avec leur siècle (...) Le monde volant n'a pas d'académie, que je sache, cependant il a, comme le monde littéraire, ses classiques et ses romantiques (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 9).
Prononc. et Orth.: [vɔle], (il) vole [vɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Voler qqn 1. 1539 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » (Est.: Voler aucung, Peculatum facere, Expilare aliquem); 1732 part. passé adj. et subst. (Lesage, Hist. de Guzman d'Alfarache, éd. 1825, t. 2, p. 119: ils furent les volés, et non pas les voleurs; p. 133: les personnes volées); 2. 1637 « abuser, tromper, frustrer » (Peiresc, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 7, p. 194: d'avoir esté depuis volée, sur le point de la maladie extreme de son mary); 1818 (Capelle, Contes ds Larchey, Excentr. lang., 1862: je suis volé!); 3. 1654 « causer sciemment un dommage (dans une transaction commerciale) » (Cyrano de Bergerac, Pédant joué, p. 176: si je vole, c'est en financier); 1690 (Fur.: Vendre à faux poids et à fausse mesure, c'est voler. Les Hosteliers de Hollande [...] volent tous les étrangers); 4. 1669 « déposséder quelqu'un du fruit de son travail intellectuel » (La Mothe Le Vayer, Lettre, 139 ds Œuvres, t. 12, p. 261: voler ceux [les auteurs] de son siecle en s'appropriant leurs pensées et leurs productions). B. Voler qqc. 1. a) α) 1549 « s'emparer du bien d'autrui » (Est.: voler le bien d'ung homme, Involare in rem alienam); 1610 absol. (Béroalde de Verville, Le Moyen de parvenir, Paris, Garnier, 1879, p. 185: celuy qui vole, c'est pour s'accommoder); 1656 (Pascal, Provinciales, 12elettre ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 425b); 1830 objets volés (Fourier, Nouv. monde industr., p. 10); β) 1830 expr. n'avoir pas volé qqc. « mériter quelque chose » (Brazier et Carmouche, Oh! qu' nenni, 22 [Riga] ds Quem. DDL t. 38: il ne l'a pas volé!); 1876 qui vole un œuf vole un bœuf (Lar. 19e); b) α) 1785 enfant volé (Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, III, 16, éd. M. Allem, p. 329); 1832 (Hugo, N.-D. Paris, p. 245: elle me volerait mon enfant!); β) 1834 voler qqn à qqn (Kock, Pucelle, p. 113: il semblait qu'on allait le lui voler [son cousin]); 1883 (Maupass., Une Vie, p. 218: cette maîtresse qui lui volait son fils); 2. 1580 « s'approprier une chose à laquelle on n'a pas droit » (Garnier, Antigone, 313, éd. W. Foerster, t. 3, p. 16: Polynice se plaint que son frere luy vole Son droit); 3. 1625 « donner comme sien ce qui est emprunté (idées, livre, etc.) » (Th. de Viau, Œuvres poét., 3epart., éd. J. Streicher, p. 112: un flatteur [...] Qui vous a volé tant d'escrits Qui sont deus à vostre merite); 4. 1720 « prendre à l'improviste (un baiser, une faveur, etc.) » (Hamilton, Hist. de Fleur d'Épine ds Le Cabinet des Fées, t. 20, 1786, p. 244: de surprendre ou de voler des faveurs); 1741 (Favart, La Chercheuse d'esprit, p. 42: si ma bouche vole un baiser sur ton menton); 5. a) 1902 sports voler le départ « partir avant le signal » (L'Auto-Vélo, 26 mai ds Petiot 1982: départs volés [lors d'une course à pied]); b) 1964 jeux voler un point (Rob.). De voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). Voler a supplanté rober « dérober par force », usuel jusqu'au xvies. et embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au xviies.
STAT.Voler1 et 2. Fréq. abs. littér.: 4 008. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 602, b) 6 557; xxes.: a) 6 057, b) 4 254.
DÉR.
Volable, adj.,rare. Qui peut être volé. a) [Corresp. à supra I A] Des effets volables (Ac.1798-1878).b) [Corresp. à supra II A] C'est un homme riche (...) volé depuis qu'il est au monde, volable s'il en fut (Sand, Valentine, 1832, p. 76). [vɔlabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1668 « à qui l'on peut dérober quelque chose » (Molière, Avare, I, 3: estes-vous un Homme volable), b) 1686 « que l'on peut voler » (Second factum pour Messire A. Furetière contre quelques-uns de l'Academie Françoise, Amsterdam, H. Desbordes, p. 76: [dans le dictionnaire de l'Académie] des mots nouveaux [...] qui n'ont rien de volable); de voler2*, suff. -able*.
BBG.Bäcker 1975, p. 307. − Baldinger (K.). Zum Wortschatz des Anne d'Urfé. Z. rom. Philol. 1978, t. 94, p. 360. − Benveniste (E.). Probl. de ling. gén. Paris, 1966, t. 1, pp. 290-291. − Grad (A.). Encore une rem. sur le verbe voler: dérober. Linguistica. 1965, t. 7, pp. 77-83. − Hilty (G.). Der distinktive und der referentielle Charakter semantischer Komponenten. Zur Semantik des Frz. Wiesbaden, 1983, pp. 30-39. − Koch (P.). Verb, Valenz, Verfügung... Heidelberg, 1981, p. 184, 192, 196, 247, 279, 305, 335, 349, 362, 364. − Quem. DDL t. 38. − Spence (N.C.W.). A Note on French voler: « to steal ». R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 289-294.