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VIRER, verbe
I. − Empl. intrans.
A. −
1. Tourner sur son propre axe, sur soi-même.
a) [Le suj. désigne un animé] Cela se terminait d'habitude par d'effrayantes parties à deux, des gambades de chèvre au milieu de la chambre bouleversée. Elle se jetait à son cou, il la faisait virer ainsi qu'une toupie, les jupes volantes, redevenu gamin lui-même, riant tous deux d'un bon rire d'enfance (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 839).C'était un tabouret [de piano] à vis. Parfois M. Courtois virait vers la droite ou la gauche, et la vis travaillait avec un âcre grincement (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 199).
b) [Le suj. désigne un inanimé] Une salle que remplissaient des cuves, où virait sur lui-même un axe vertical armé de bras horizontaux (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 249).Comme il met le pied sur le perron du numéro 3, la porte vire sur ses gonds (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 713).
2. [Le suj. désigne un animé] Se déplacer en décrivant une ou des ligne(s) courbe(s). Le chien trottait, sautait, virait autour d'elles, faisait dix fois le chemin (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 33).
Vieilli ou région. (notamment Ouest) [Souvent associé à tourner]. Aller et venir. [L'hirondelle] tourne et vire sans cesse, (...) décrivant une infinité de courbes gracieuses qui varient (Michelet, Oiseau, 1856, p. 150).
3. P. ext. Changer de direction.
a) [Sans compl. de direction] Des skieurs, des cyclistes virent. Le vieux donna quelques coups d'aviron et la barque, ayant viré doucement, fila sur les eaux brillantes (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 171).Suivant le type de véhicule, on se rend immédiatement compte si les amortisseurs sont convenablement réglés. Par exemple, une « Aronde » ou une « 203 » doit virer sensiblement à plat (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 356).
Virer court. Changer fortement ou brusquement de direction. Devant les points noirs des hommes qui tombaient autour d'un seul parachute ouvert, il voyait les faces terrifiées de son bombardier et du mitrailleur avant: il vira plus court et fila pleins gaz sur Alcala (Malraux, Espoir, 1937, p. 669).
Virer de n degrés. Il fallut que l'avion eût viré de 90 degrés pour que Magnin pût voir le résultat (Malraux, Espoir, 1937, p. 819).
b) [Avec un compl. de direction]
[compl. introd. par vers] Largilier vit lentement virer vers lui un visage blanchâtre et grimaçant (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 461).En partic. [En parlant du vent] Les fumées avaient un peu tourné depuis la veille, et (...) le vent d'est-sud-est avait nettement viré vers le nord (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 26).
[compl. introd. par sur] C'est un avion d'observation, il vole à cinquante mètres (...), il vire sur l'aile gauche, deux fois, trois fois (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 221).
[en constr. dir.] La fusée s'enflamma, tournoya, illumina une plaine et s'y éteignit: c'était la mer. Il pensa très vite: « Perdu. Quarante degrés de correction, j'ai dérivé quand même. C'est un cyclone. Où est la terre? » Il virait plein Ouest. Il pensa: « Sans fusée maintenant, je me tue » (Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p. 123).
4. MARINE
a) ,,Exercer un effort sur un cordage ou sur une chaîne par enroulement sur un treuil ou sur un guindeau`` (Gruss 1978). Virer au treuil. L'équipage (...) n'aurait pas trop de toutes ses forces pour virer au guindeau (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 52).V. amarre ex. 3, cabestan ex. 3.
Virer à pic. ,,Virer suffisamment de chaîne à bord pour que l'étrave vienne se placer au-dessus de l'ancre`` (Gruss 1978). Virer sur l'ancre. ,,Tourner le cabestan, autour duquel est une corde ou une chaîne, au moyen de laquelle on lève l'ancre jusqu'à ce qu'elle soit en haut`` (Jal1).
b) Virer de bord. V. bord I A 2.
B. −
1. [Le suj. désigne un inanimé] Changer de couleur. Les raisins rouges ont bientôt tous viré de couleur (Amiel, Journal, 1866, p. 453).
Virer à/au + subst. désignant une couleur.Dois-je vous parler de la mort des hortensias, (...) transplantés dans le meilleur massif, pourtant composé d'excellent terreau et d'ardoise pilée, qui fait virer leur teinte au bleu? (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 183).La baisse du voltage fait virer la lumière à l'orange, puis au rouge (Serrière, T.N.P., 1959, p. 97).
CHIM. ,,Changer de couleur, en parlant d'un indicateur d'acidité, d'un tissu, etc.`` (Duval 1959). Le liquide est coloré en rouge par l'hélianthine. On fait couler goutte à goutte la potasse dans le vase à précipité, en agitant au fur et à mesure jusqu'à ce que le liquide vire franchement du rouge au jaune (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 141).
P. anal. « (...) Je ne reconnais pas mon texte. Remy! Où êtes-vous? Remy! Remy! » Sa voix virait à l'aigre (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 168).
2. MÉD. [En parlant d'une cuti] Devenir positive. Ces polyarthrites fluxionnaires et mobiles apparaissent cependant que vire la cuti-réaction et que s'extériorisent les images ganglio-pulmonaires (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 536).
3. [Le suj. désigne une pers.]
a) Virer à + subst.Adopter tel ou tel mode de vie ou de pensée. L'enfant devient moins lymphatique et plus sanguin, il vire lentement au respiratoire, tout en conservant et perfectionnant ses propriétés digestives (Arts et litt., 1935, p. 44-5).
En partic. [En parlant d'opinions pol.] Virer à gauche, à droite. François Mitterrand, loin de « virer à droite », bravait tous les interdits qui frappent le P-C (Le Nouvel Observateur, 29 juin 1981, p. 21, col. 1).
b) Fam. Virer + subst. attribut.Devenir. Le Vietnam ne fait plus peur. De quoi (...) virer « parano » (Le Point, 2 mars 1981, p. 132, col. 1).
II. − Empl. trans.
A. −
1. Vx ou région. (notamment Ouest et Québec). Tourner, retourner. Il amène (...) cinq cents charges de gazon ou terre de bruyère. Il la laisse mûrir à l'air, de temps en temps la vire, la remue avec cent à cent cinquante charges de fumier qu'il entremêle parmi (Courier, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 180).Gondran vire ses yeux à droite et à gauche (Giono, Colline, 1929, p. 35).Empl. pronom. Se tourner. Alphonsine (...) se vira, brusquement agressive, du côté de Venant (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 88).
[Associé à tourner] Après, c'est le gymnase. Yves le fait faire à son fils, le tournant, le virant, la tête en bas, les jambes en l'air, à bout de bras (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 414).
2. Déplacer d'un mouvement tournant. Au débarquement, la marchandise est (...) hissée hors des cales, virée au-dessus des panneaux et livrée le long du bord (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 55).
3. MAR. [Corresp. à supra I A 4] Faire tourner une chaîne, un cordage pour exercer une traction; faire tourner un cabestan, un treuil. À la fatigue, pour filer un câble, pour virer un cabestan, Jean Valjean valait quatre hommes (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 116).
4. Familier
a) Virer qqc.Changer quelque chose de place, lancer avec brusquerie. Synon. balancer.[Ma mère] m'aurait viré dans la trompe tout ce qu'elle trouvait sous sa main... seulement pour que j'insiste plus (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 356).
b) Virer qqn.Faire sortir quelqu'un d'un lieu violemment; mettre à la porte. On subit la loi des plus nombreux, des plus forts (...) on se fait virer à coups de pompes, de poings (...). On n'arrive pas à se maintenir longtemps dans la place (A. Boudard, Le Café du pauvre, Paris, Le Livre de poche, 1985 [1983], p. 195).
En partic. Renvoyer quelqu'un de la situation qu'il occupe, congédier. Avant de quitter la boutique on m'avait prévenu que si j'émanais des odeurs, je serais viré séance tenante (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 99).
c) Se virer.Se retourner, se renverser. Quelques bornes avant Sommacampagna, nous passons à côté d'un camion-remorque venant de se virer (L'Express, 16 févr. 1976, p. 98, col. 2).
B. −
1. PHOT. Virer une épreuve, une image, une photographie. La transformer en une image d'une couleur déterminée. Au lieu de se présenter sur teintes grises allant du noir au blanc, l'image prend alors la teinte désirée, aussi subtilement graduée que l'image non virée (Prinet, Phot., 1945, p. 46).
[En cont. métaph.] L'image (...) allait s'effacer, Edmond en était bien sûr, et il n'y avait pas de réactif pour virer dans sa mémoire l'instantané déjà ancien (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 280).
2. MÉD. et au fig. Virer sa cuti. V. cuti(-)réaction.
C. − FIN. Virer (le montant d')une somme d'un compte à un autre. Faire passer, transférer une somme d'un compte à un autre compte. L'Assemblée (...) décide (...) du montant des crédits qui lui seront nécessaires (...), et le Ministère des Finances est obligé de virer ces sommes à son compte (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 116).
COMPTAB. [P. méton. du compl. d'obj.] Virer un compte. Ces frais, ainsi calculés pour chaque section, sont ensuite virés dans les comptes des prix de revient selon la méthode générale (Villemer, Organ. industr., 1947, p. 194).
Prononc. et Orth.: [viʀe], (il) vire [vi:ʀ]. Homon. et homogr. formes de voir: (ils) virent. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1155 « tourner » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 11796); en partic. 1. a) ca 1225 « faire tourner quelqu'un en tous sens » (Vie de St Jean l'Evangéliste, éd. E. Westberg, 618); d'où 1690 tourner et virer qqn « essayer de faire parler quelqu'un » (Fur.); 1935 fam. virer qqn « jeter quelqu'un en bas de son lit » (Fombeure, Soldat, p. 38); b) 1549 mar. tourne & vire Le gouvernail (Du Bellay, Vers lyriques, Contre les Avaritieux, 73-74 ds Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 3, p. 119); 1690 virer le cap (Fur.); 1797 virer l'ancre (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, p. 388); c) 1844 « chasser » (Sand, Jeanne, p. 145: virer les mauvaises bêtes autour de ce corps); 1931 « (en parlant d'une personne) renvoyer » (d'apr. Chautard, p. 675); 2. a) 1636 virer partie « payer par virement » (Monet, s.v. bilan); 1845 virer les parties (Besch.); b) 1904 virer un compte (Nouv. Lar. ill.); 3. a) 1857 phot. les épreuves ainsi virées (L. Figuier, L'Année scientifique, I, p. 224 ds Quem. DDL t. 12); b) 1969 fam. virer sa cuti, ici au fig. (Y. Courrière, La Guerre d'Algérie, Le Temps des Léopards, Paris, Fayard, p. 385). B. Intrans. 1. a) 1223 « changer » (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, II Chart. 10, 1038, éd. V. Fr. Koenig, t. 3, p. 500); b) ca 1433-69 « tourner sur son axe, sur soi-même » ici en parlant d'une roue (Jean Regnier, Les Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, 796-797); c) ca 1480 « décrire une trajectoire incurvée ou circulaire (en parlant d'un être animé) » (Guillaume Coquillart, Monologue, 330 ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 290); d) 1694 mar. virer de bord (Corneille); au fig. 1884 (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Poètes maud., p. 33); 1773 virer au cabestan (Bourdé, Man., II, 268 ds Fr. mod. t. 26, p. 59); e) 1858 « changer progressivement de direction (d'un véhicule ou de la personne qui le pilote) » ici d'un navire virer première (Le Sport, 18 août ds Petiot 1982); 1892 d'un cycliste (Le Cycle, 13 oct., ibid.); 2. a) 1818 virer à « changer de caractère, de couleur » virer ... au violet (M. Thénard, Mémoire sur la combinaison de l'oxygène avec l'eau ds Mém. de l'Ac. des sc., t. 3, p. 443 [1763 (Macquer, Art de la teinture en soie, p. 86: virer c'est faire tourner une teinture d'un jaune-rouge, à un rouge plus décidé)]); fig. 1936 virer du négatif au positif (Thibaudet, Réflex. litt., p. 226); b) 1935 virer + attribut « évoluer, devenir » Les premières pentes des montagnes virent rose (Morand, Bucarest, p. 123). D'un b. lat. *vīrare, de vĭbrare « faire tournoyer » (cf. a. fr. le sens de « lancer en faisant tournoyer une arme » espiel li vire, Jean Bodel, Saxons, éd. A. Brasseur, 264) par dissim. des deux labiales. Le -ĭ- de vĭbrare est devenu -ī- sous l'infl. du lat. d'époque impériale lībrare « balancer, lancer en balançant ». Fréq. abs. littér.: 372. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 247, b) 355; xxes.: a) 501, b) 875.
DÉR.
Vireur, -euse, subst.a) Subst. masc. α) Mar. ,,Appareil qui se trouve sur tous les navires à propulsion mécanique et qui sert à faire tourner lentement l'arbre porte-hélice`` (Gruss 1978). β) Mécan. ,,Tout système qui permet à un système bielle manivelle arrêté au point mort, de franchir ce dernier afin de pouvoir démarrer`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). b) Subst. masc. ou fém. α) Automob. ,,Se dit de la voiture qui tient bien sa trajectoire dans le virage`` (Trintignant, Pilote de Courses, 1957 ds Petiot 1982). β) Athl. ,,Se dit de l'équipier, en course de relais, qui prend bien son virage`` (L'Équipe, 24 sept. 1965, ibid.). [viʀ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. 1364 « tourne broche » un vireur de fer (B. Prost, Inv. mobiliers, I, 33 ds Romania t. 35, p. 423), attest. isolée, a) α) 1539 « celui qui tourne, qui retourne » vireurs et tourneurs de mines (Ord. de Fr. 1ersur le faict de la just., fo132 ro, Instit. ds Gdf.) − 1611, Cotgr., en partic. β) 1800 papet. et cart. (Boiste), encore ds Quillet 1965, b) 1861 mar. « tourteau circulaire monté sur l'arbre d'une machine » (Armengaud, Moteurs à vapeur, t. 2, p. 372: le vireur a aussi pour objet de faire tourner la ligne d'arbres à bras), c) 1957 sports subst. masc. ou fém. « qui vire bien, qui prend bien les virages » ici en parlant d'une voiture une excellente vireuse (Trintignant, loc. cit.); de virer, suff. -eur2*.
BBG.Hubschmid (J.). Vivare. Rom. Philol. 1961/62, t. 15, pp. 245-253. − Spitzer (L.). Zur frz. Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1925, t. 45, pp. 589-592.