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* Dans l'article "VIN,, subst. masc."
VIN, subst. masc.
I. − Courant
A. − [Issu exclusivement du raisin]
1.
a) Boisson, généralement alcoolisée, résultant de la fermentation du raisin ou du jus de raisin. Synon. pop. picrate, pinard.Vin bouché; amateur de vin; cave à vin; sauce au vin; goutte de vin; quart de vin; canon, fillette, pot de vin; verre à/de vin; acheter, boire, faire du vin; mettre du vin en bouteilles ; vin en carafe, en pichet, en bouteille. S'étant aperçu que le vin lui déliait la langue, et qu'il trahissait les pensées secrètes de son âme, il s'était dit: « La vigne est un plant de Gomorrhe (...): tu ne boiras plus le jus de la treille » (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 150).
[Dans un cont. métaph.] :
1. Il regarde dans son dedans; vers la cave de sa poitrine où tant de choses se sont entassées depuis quatre-vingts ans de vie. Et ça s'est débouché tout d'un coup, ça a coulé, clair, puis épais, puis clair encore, la lie et le vin mélangés, comme si la bonde avait sauté d'un tonneau oublié. Giono, Colline, 1929, p. 115.
SYNT. Vin cacheté; vin de coopérative, de négociant, de propriétaire; vin en cercles, en fûts, en citerne, en vrac; barrique, cuve, feuillette, foudre, muid, pipe, tonneau de vin; hectolitre de vin; carafe de vin; bonbonne, bouteille, caisse de vin; éleveur, marchand de vin; commerce, fabrication, production, récolte, transport du vin; pays, région de vin; civilisation du vin; clarification, élevage, filtrage, soutirage du vin; coq, lapin, pêche, sole, soupe au vin; maquereau au vin blanc; clarifier, coller, élever, récolter, soutirer/tirer du vin; mettre du vin en perce; déguster, goûter, sabler, servir, verser du vin; sentir le vin.
Esprit(-)de(-)vin. V. esprit 1reSection II A 2.Lie-(-)de(-)vin. V. lie1A.Pot-de-vin*. Tache de vin. V. tache B 2 a.
Bar/bistrot à vin(s). Bar, bistrot où l'on peut consommer au verre des vins de qualité et même de grands crus. Les bistrots à vin attirent le jour des jeunes dynamiques qui grignotent un jambon de pays en dégustant un bon bordeaux (20 ans, nov. 1982, p. 94).Un bar à vin de qualité, où pour 100 à 150 F (sauf à s'égarer dans les grands vins...), on peut trouver le bonheur (L'Événement du Jeudi, 22 nov. 1984, p. 113, col. 2).
Brûler du vin. Distiller du vin. Les ustensiles nécessaires à brûler les vins de l'Angoumois qui fournissent, comme on sait, toutes les eaux-de-vie dites de Cognac (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 631).
LITURG. CHRÉT. [L'une des espèces de l'Eucharistie, signe sacramentel du sang du Christ] Le changement du pain et du vin dans le corps et le sang du Sauveur (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 17).Touchant l'un et l'autre le calice de la main gauche, (...) nous nous appuyâmes de nouveau sur l'autel pour la consécration du vin (Billy, Introïbo, 1939, p. 151).V. infra b θ vin de messe.
Souvent au plur. Espèce définie de vin. Carte des vins; halle, port aux vins; courtier, négociant en vins. Les pressoirs seuls restaient ouverts (...) et d'un bout à l'autre du village une moiteur de raisins pressés, la chaude exhalaison des vins qui fermentent, se mêlaient à l'odeur des poulaillers et des étables (Fromentin, Dominique, 1863, p. 10).Hartmann recoupait, pour sa clientèle anglaise, des vins parfaits sur la base d'Ay qui donne la force, Cramant la mousse, Verzenay le bouquet (Hamp, Champagne, 1909, p. 146).
P. méton.
Être dans le vin/les vins. Faire le commerce des vins. Ce vin est envoyé par un homme d'Épernay même, à qui j'en ai bien fait vendre, et à bon prix. (J'étais dans les vins) (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 317).Tu es marchand de vins en gros? Mais, mon pauvre garçon, il faut lâcher ça tout de suite! Tu ne feras rien dans le vin (Renard, Journal, 1894, p. 206).
[Avec déterm. spécificateur] Verre de vin. Un autre vin blanc, garçon (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 44).
b) [Avec déterm. spécificateur faisant réf.]
α) [à l'orig. géogr.] Vin américain, bourguignon, californien, français, grec, suisse; vin d'Algérie, d'Ay, de Beaune, de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne, de Chypre, d'Espagne, de France, d'Italie, de Madère, de Malaga, de Moselle, de Porto, du Rhin, de Samos, de Santorin, de Vouvray; vin de terroir. Remerciement à d'autres Bourguignons qui m'avaient envoyé du vin des différents crus les plus renommés (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 22).La cave [de la Compagnie des Wagons-Lits] offre du vin d'Alsace entre Paris et Strasbourg, du vin de Vérone entre Milan et Venise (Defert, Pol. tour. en Fr., 1960, p. 72).
Vin du cru. Vin consommé dans la région où il est produit. V. amusant ex. 12.
β) [au sol ou au type gén. de la région de production] Vin de graves (v. grave2), de palus, de sable (v. sable1). Rouge, brun ou clairet, le vin des pierrailles régionales écumait dans les verres (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 247).
γ) [au cépage] Vin de grenache, de muscadet, de pineau. Il vint boire du vin de muscat dans notre villa (Sartre, Mots, 1964, p. 62).
δ) [au traitement ou à l'état de la vendange, à la fabrication ou au traitement du vin]
Vin de (mère) goutte (v. goutte1), vin de presse*, vin de nièmecuvée; vin de rape, vin de sucre (v. sucre1); vin de raisins secs; vin de paille*; vin de vendange* tardive.
Vin brûlé. Vin issu de raisins soumis à une forte insolation. Ce Hoggar 1880 (...) était frais comme un vin du Rhin, sec comme un vin de l'Ermitage. Et puis, soudain, remembrance des vins brûlés du Portugal, il se faisait sucré, fruiteux (Benoit, Atlant., 1919, p. 135).
Région. (Suisse). Vin du glacier. ,,Vin blanc dur du Valais, ainsi dénommé parce qu'après la vendange il est conservé dans des agglomérations situées à une très haute altitude`` (Lich. Vins 1984). C'est dans la cave sous le grenier que l'on garde, des années et des années, le fameux « vin du glacier », récolté sur les coteaux de Sierre et qui se bonifie chaque hiver (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 251).
Vin de marc. Vin de qualité médiocre, actuellement interdit de fabrication, obtenu « en faisant refermenter du marc frais pressuré, étendu d'une petite quantité d'eau sucrée » (Dict. du vin, Boulogne-sur-Seine, éd. Sézanne, 1988).
Vin bourru* ; vin cuit*; vin sur lie (v. lie1), vin de copeau(x)*; vin muet*, muté, viné; muter (v. muter1), viner* un vin; mutage (dér. s.v. muter1), vinage* d'un vin; vin champagnisé (v. champagniser dér. s.v. champagne2), résiné*.
Vin de liqueur. V. liqueur B 2. En partic. Vin ayant un titre alcoométrique volumique compris entre 15 % et 22 %, obtenu à partir de moût ou de vin ayant un titre alcoométrique volumique naturel minimum de 12 %, additionné d'alcool, pendant ou après fermentation (d'apr. Dict. du vin, Boulogne-sur-Seine, éd. Sézanne, 1988).
Vin sans alcool. Vin auquel on fait subir un traitement particulier pour le débarrasser de l'alcool qu'il contient. Il est surprenant que les « vins sans alcool » n'aient eu aucun succès en France, alors que la « bière sans alcool » est présentée dans les distributeurs automatiques de boissons (Dict. du vinBoulogne-sur-Seine, éd. Sézanne,1988, p. 207).
Vin coupé, de coupage* ; couper* du vin.
Vin de chaudière. Vin destiné à être distillé pour donner de l'eau-de-vie. La folle-blanche (...) donne le premier vin de chaudière du monde (Pesquidoux, Un Petit univers, Paris, Plon, 1940, p. 28).
Vin artificiel, frelaté, sophistiqué*; mouiller*, mouillage* du vin; vin mouillé, trempé. Combien d'autres sortes de vols dans ce genre de commerce, par les vins fabriqués, drogués, quoique sans eau! (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 64).
Rem. Pour un autre sens de vin brûlé et de vin trempé, v. infra η.
ε) [à la catégorie de qualité] Gros vin; vin courant, fin. Donnez-moi à boire, non pas du vin supérieur que boivent ces messieurs,il fait allusion à une bouteille de saint-estèphe,mais du vin ordinaire (Goncourt, Journal, 1873, p. 939).Les millions d'hommes qui buvaient du faux grand vin seront humiliés de n'avoir plus sur leur table de bois plaqué que du Mousseux anonyme (Hamp, Champagne, 1909, p. 179).
Petit vin. Vin du terroir, sans prétention mais agréable à boire. V. petit I B 2 b ex. de Theuriet.
DR. COMM. Vin loyal et marchand; vin d'appellation* d'origine contrôlée (A.O.C.).
Vin d'appellation d'origine simple (A.O.S.). [Jusqu'en 1973] Vin appartenant à une catégorie pour laquelle ne sont envisagés que l'origine, l'aire de production et les cépages, conditions nécessaires mais non suffisantes de qualité (d'apr. Ren. Vin 1962, s.v. appellation d'origine simple).
Vin délimité de qualité supérieure (V.D.Q.S.). Vin d'appellation d'origine soumis à une réglementation qui fixe les différentes conditions de sa production, produit dans des régions qualitativement moins importantes que celles des A.O.C. (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de qualité produit dans des régions déterminées (V.Q.P.R.D.). Vin appartenant à une catégorie regroupant les A.O.C. et les V.D.Q.S. (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de pays. ,,Vin de table, non assorti d'appellation d'origine, répondant à une réglementation précise`` (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de table. ,,Vin de consommation courante, ne bénéficiant d'aucune classification particulière, mais soumis à une réglementation concernant son titre alcoométrique (...) et son taux d'acidité`` (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
ζ) [à la qualité appréciée de façon gén.] Mauvais vin; vin détestable, excellent, exquis; vin de la comète; vin d'une oreille, de deux oreilles (v. oreille I C 1) ; bonté d'un vin. N'en voulant pas [d'une piquette] pour sa table, C'est bien pourquoi (...) il vend ce vin impotable, Pour s'en acheter du bon (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 80).
[Le déterm. désigne un type humain, pour évoquer une qualité] Nous avons passablement bu, mais des vins légers, des vins de femme, qui (...) ne laissent pas de flamme au front! Excepté une bouteille de vin du Rhin (...)! Vin d'homme, il ne doit être touché que par des lèvres viriles et ne circuler que dans de mâles poitrines (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p. 128).V. arsouillerie dér. s.v. arsouille ex.
η) [au traitement à la consommation] Vin qui porte l'eau; boire du vin pur ou coupé/trempé d'eau; baptiser* du vin; vin frappé; frapper* un vin (de glace); chambrer* du vin.
Vin chaud, brûlé (vieilli). Vin chauffé additionné de sucre et souvent de cannelle et d'épices diverses. [Du Poirier] fit la conquête de M. de Sanréal (...) en lui demandant du vin brûlé. Sanréal avait inventé une façon nouvelle de faire ce breuvage adorable (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 204).Le vin chaud bouillait sur un feu de braise, soulevant sur sa houle empourprée des bouées de citron et des épaves de cannelle (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 70).V. cannelle1ex. de Musset.
Rem. Pour un autre empl. de chaud déterm. vin, v. infra λ.
θ) [au moment, à l'occasion ou aux conditions de la fabrication ou de la dégustation] Vin de l'adieu, de l'amitié; vin de cerneaux (v. cerneau) ; vin de l'étrier*.
Vin de café. Vin rouge léger, obtenu en écourtant la macération du moût. C'est (...) parce que ces vins particuliers sont surtout consommés dans les cafés qu'ils portent ce nom, un peu bizarre, de « vins de café » (E. Nègre, P. Françot, Manuel prat. de vinification et de conservation des vins, 1941, p. 225).
Vin de carafe. Vin rouge résultant d'une vinification courte, destiné à être bu jeune, directement tiré autrefois du tonneau dans une carafe au moment d'être bu. Ces fameux « Beaujolais » sont des vins aimables par excellence (...). Vins de carafe, ils doivent être servis à la même température que leur titre alcoolique (Vins, Encyclop. prat. des vins du monde, Paris, Atlas, 1979, p. 90).
Vin de dessert. Vin liquoreux obtenu par surmaturation des raisins, vin de liqueur ou vin cuit, qui se boit avec les desserts. Les vins de dessert apportèrent leurs parfums et leurs flammes (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 63).
Vin d'honneur. Vin offert pour honorer quelqu'un; p. méton., réception organisée à cette occasion. La colonie française de Constantinople m'a fait un accueil dont j'ai été profondément touché, m'offrant un vin d'honneur et puis un déjeuner (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 83).
Vin de/du/d'un marché (vieilli). Vin que buvaient les parties contractantes à l'issue d'un marché. Le premier d'entre eux qui, en buvant le vin d'un marché, s'avisa de le prononcer [un sobriquet], reçut du vermicellier un coup de poing sur l'épaule (Balzac, Goriot, 1835, p. 103).
RELIG. CATH. Vin de messe, de communion, eucharistique. Vin (habituellement vin blanc en Occident, plus souvent vin rouge en Orient) sans aucun additif, constituant l'une des deux espèces de l'Eucharistie. La baraque (...) qui servait (...) de chapelle (...) flamba (...) avec (...) cinq ou six bouteilles de vin de messe, que les fidèles se reprochèrent amèrement de n'avoir pas chipées aux curés pour les boire (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 310).
ι) [aux caractéristiques visuelles]
[Couleur] Vin blanc, rosé, rouge; vin clairet*, cuisse* de bergère, doré, gris (v. gris1), œil-de-perdrix*, paillé (v. paillé1), paillet (v. paillet1), pelure* d'oignon, roux, tuilé* ; vin décoloré, sombre; vin bleu*, jaune*. Je me remets à boire ce vin de Puzzoles, épais et noir comme de l'encre d'imprimerie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 167).
[Dégagement de gaz carbonique] Vin effervescent, mousseux (v. mousseux2), vin perlant (rem. 1 s.v. perlé), vin perlé, pétillant; vin qui mousse, pétille.
Vin tranquille. Vin qui ne présente aucun dégagement de gaz. Dom Pérignon et ses contemporains mirent à profit le réveil de la fermentation des vins tranquilles, au mois de mars, pour produire un vin mousseux (J.-P. Devroey, L'Éclair d'un bonheur, 1989, p. 110).
[Brillance, limpidité, fluidité] Vin brillant, clair, flou, louche, voilé; vin fluide; décanter un vin. Un petit vin blanc limpide comme eau de roche (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 355).Il reste un peu de vin au fond des quarts, un vin blond, un peu trouble, qui poisse les doigts (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 240).
κ) [aux caractéristiques olfactives] Arôme, bouquet (v. bouquet2), nez*, sève* d'un vin; vin bouqueté*; vin qui a une odeur d'abricot, de noisette, de pierre* à fusil, de truffe. Des vins qui ont du corps, du spiritueux et une légère odeur de violette qui les rend agréables (A. Jullien, Topogr. de tous les vignobles connus, Paris, A. Jullien, 1832, p. 160).
[Persistance de l'arôme] Vin court/long (en bouche). Vin qui a une persistance aromatique faible/intense, après absorption. Un vin qui a un bon nez mais vite dissipé, un vin plaisant un peu court en bouche (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 89, col. 2).
λ) [aux caractéristiques gustatives] Vin franc (de goût) V. franc3; vin fruité*.
[Rapport entre les composantes] Vin corsé*, délicat, équilibré, harmonieux, lourd, robuste, rond (v. rond1), solide, souple; corps* d'un vin. Des fûts énormes renfermant le vin martial de l'Espagne, le xérès et ses dérivés (Huysmans, À rebours, 1884, p. 175).C'est vers des vins légers, tendres, fruités et relativement jeunes, qu'il convient de se diriger (Levadoux, Vigne, 1961, p. 119).
[Consistance] Vin coulant*, gras*, onctueux; vin qui a de la mâche (rem. s.v. mâcher1). V. supra ι ex. de Cendrars.
[Acidité, astringence] Vin acerbe, acide, âcre, amer, âpre, austère*, frais (v. frais1), piquant, plat (v. plat1), râpeux, rude*, styptique, vert*, vif*; vin à faire danser les chèvres (v. chèvre). V. reginglard ex. de Ponchon.
[Sucre] Vin brut*, doux*, liquoreux*, moelleux*, sec*, soyeux*, velouté*. M. de Gimblet, incapable de relever (...) les cuvées pauvres par un trésor de grands crus (...), ne livrait à ses meilleurs clients (...) que des vins de l'année, sans velours (Hamp, Champagne, 1909, p. 163).
[Alcool] Vin chaud*, faible, fort (v. fort1), généreux*, spiritueux, vineux* ; force d'un vin. C'est un filon de la Champagne voisine qui, sur ce coteau exposé au midi, produit des vins rouges et blancs qui ont encore assez de feu (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 585).Elle avait sorti de l'armoire deux verres (...) et un flacon de vin des Cinq-Terres. Nous tenons ce breuvage d'un vague cousin qui a séjourné en Italie. (...) ce verre de vin puissant me fut un délice (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 52).
[Effets secondaires d'un fort degré d'alcool] Vin capiteux*, fumeux*; fumées d'un vin; vin qui monte, porte à la tête.
[Agrément gustatif] Vin gouleyant, qui se laisse boire. Le vin ne paraissait absolument pas rachitique. Fruité, friand, très désaltérant, c'était un vrai vin (R. du vin de France, mai 1989, p. 10).
μ) [à l'évolution et à la durée] Vin de garde, de primeur*; vin jeune, nouveau*, vieux*, qui se fait, qui vieillit; vin mûr; vin qui se bonifie, se rabonnit, dépose, se dépouille (v. dépouiller). Gourmets qui peuvent indiquer la latitude sous laquelle un vin a mûri (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 50).V. supra λ ex. de Levadoux.
ν) [à une altération et à des maladies] Vin acescent, aigre, gras*, madérisé (v. madériser), mannité (dér. s.v. mannite), vin piqué*, pourri, taché, tourné*, visqueux* ; vin qui s'aigrit, graisse (v. graisser), jaunit, se pique (v. piquer), tourne (à l'aigre, à la graisse) ; vin qui sent le bouchon, le fût; vin qui a un goût d'évent; casse (v. casse1), graisse*, pousse (v. pousse1), tourne du vin. Enjouée jadis (...), elle était, en vieillissant, devenue (à la façon du vin éventé qui se tourne en vinaigre) d'humeur difficile (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 5).Si l'on vendange mûr, le vin tourne au gras sitôt le printemps (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 454).
c) Loc. et expr.
À bon vin point d'enseigne (ou var.). Ce qui est de qualité n'a pas besoin d'être vanté. Je vous engage de toutes mes forces à supprimer le: par les principaux écrivains de France. On ne se dit pas ces choses-là à soi-même. Laissez-le dire au public. Mettez simplement: Paris-Guide et rien avec. À bon vin point d'écriteau (Hugo, Corresp., 1867, p. 35).
(Quand) le vin est tiré, il faut le boire. V. boire1I A 2 d.
Mettre de l'eau dans son vin. V. eau I B 2 a.
Porter le vin. V. porter11reSection I A 1 a δ.Tenir le vin. V. tenir 1reSection I A 4 d.
Le (bon) vin réjouit le cœur de l'homme. V. cœur II D 1.
Avoir le vin + adj. évoquant un état affectif ou un type de comportement.Manifester cet état ou ce comportement après avoir bu une certaine quantité de vin. Avoir le vin gai, triste. Voilà tes soupçons qui te reprennent, mon bon ami Maffio. Tu as le vin étrangement monotone (Hugo, L. Borgia, 1833, iii, 1, p. 148).Écoute, Dominique, t'as eu une mauvaise vie. Tu picolais et t'avais le vin mauvais (Barbusse, Feu, 1916, p. 317).
[Loc. évoquant l'ivrognerie ou l'ivresse]
(Être) pris de vin(s). (Être) ivre. Les maçons pris De vins chantent la Marseillaise (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 355).
(Être) dans le vin (vieilli). (Être) ivre. Quand il était dans le vin, il voulait tout tuer (Sue, Myst. Paris, t. 5, 1843, p. 176).
(Être, flotter) entre deux vins. (Être) légèrement ivre. M. Courbet montre un jour des curés de campagne entre deux vins, un autre jour des courtisanes entre deux airs (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 194).J'étais toujours entre deux vins et me mettais facilement en colère (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 198).
Pointe de vin. V. pointe I D 3.Sac à vin. V. sac1I C 1.Cuver son vin. V. cuver A 2.
d) P. métaph. [Suivi d'un subst. avec art. déf. introd. par de] C'est un plaisir perfide Que d'enivrer son âme avec le vin des sens (Musset, Namouna, 1832, p. 406):
2. ... heureux de trouver ces raisons de la supériorité de la Berma, tout en me doutant qu'elles ne l'expliquaient pas plus que celle de la Joconde ou du Persée de Benvenuto, l'exclamation d'un paysan: « C'est bien fait tout de même! c'est tout en or, et du beau! quel travail! », je partageai avec ivresse le vin grossier de cet enthousiasme populaire. Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 451.
2. [Avec déterm.] Boisson à base de vin contenant des substances étrangères au vin.
a) [Préparation culinaire]
α) Vin dans lequel ont été mises à infuser des plantes aromatiques ou des épices, très en vogue au Moyen Âge. Et les mêmes épices entrent en partie dans la composition de mélanges dont le vin fait le fond: les « vins herbés » (...), les « piments », où des plantes aromatiques, du miel et des épices ont été mis à infuser, à chaud ou à froid (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 176).Les vins aromatisés entrent dans la classification des apéritifs à base de vin (M. Huet, V. Lauzeral, Dict. des vins et alcools, Paris, Hervas, 1990, s.v. vin aromatisé).
β) [Avec un compl. prép. de désignant un fruit] Boisson apéritive faite à base de vin, généralement rouge, dans lequel on a fait macérer des fruits. Vin d'orange(s). La Julia dit: « Ramasse-m'en des vertes; je te fais du vin de noix » (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 59).
b) [Préparation médicinale] Vin contenant des agents médicamenteux. Vin médicinal; vin antiscorbutique, diurétique, fébrifuge, tonique; vin d'absinthe, d'aunée, de coca, de gentiane, de rhubarbe. Je suis un peu mieux, mais la fièvre va revenir ce soir, je la sens. On me met les pieds dans l'eau et on me donne du vin de quinquina (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1821, p. 271).
B. − P. anal. Boisson alcoolisée résultant de la fermentation du suc d'un végétal ou du jus d'un fruit autre que le raisin, ou de ce végétal ou ce fruit macéré dans l'eau. Vin de banane(s), de fruit(s), de pêche(s), de (fleurs de) pissenlit, de riz. Il nous fit boire quelques verres d'un vin de groseilles qui avoit cinq ans, vin que l'on trouve plus communément parmi les bons colons de la Pensylvanie que dans les autres États (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 68).Les Égyptiens fabriquaient à Péluse, sur les bords du Nil, une bière appelée boisson pélusienne, vin d'orge ou encore zythum (Industr. fr. brass., 1955, p. 17).
Vin de palmier, de palme(s). Boisson fermentée provenant du suc de palmier récolté après incision du tronc de cet arbre. Des oasis misérables où les gens du Nefzaoua boivent le vin de palmier (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 181).
Arbre à vin. Palmier dont on récolte le suc pour en faire une boisson fermentée. Les dattiers (...) commencèrent par ne plus donner de fruits, alors on leur coupa la tête pour en faire des arbres à vin,ce vin de palme un peu fade, qui n'est pas sans agrément (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 245).
II. − ALCHIM. Vin des philosophes, des sages. Mercure. Quant aux vaisseaux destinés à contenir le vin des philosophes, ou mercure, ils sont assez parlants pour nous dispenser d'en mettre en relief le sens ésotérique (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 220).
REM. 1.
Vinerie, subst. fém.Installation de vinification, souvent à caractère industriel. Dans les départements du Midi, grands producteurs (...), et en Algérie, la vinification ne peut se pratiquer autrement qu'en grand (vineries et caves coopératives) (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 76).
2.
Viniphile, vinophile, adj.Qui aime le vin; de l'amateur de vin. Club vinophile de conseil (Le Monde loisirs, 17 mai 1986, p. 21, col. 1).
3.
Vinothèque, subst. fém.a) Cave à vin. Dans tous les cas, les (bons) professionnels du vin n'hésiteront pas à vous conseiller utilement dans l'installation d'une vinothèque sérieuse (L'Est Républicain, 20 févr. 1981, p. 24).En partic. ,,Meuble équipé pour conserver dans les meilleures conditions une collection de vins sélectionnés en bouteilles`` (Dict. du vin, op. cit., p. 207). b) Espace commercial où les vins sont exposés et vendus. [La baisse de la consommation de vin] s'explique aussi par l'évolution de la demande dont témoigne l'apparition, ici et là, d'élégantes vinothèques où l'on sélectionne son vin comme on choisit un livre dans une librairie (Les Vins de France, Paris, Hachette, 1989, p. 20).
Prononc. et Orth.: [vε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. « boisson alcoolisée provenant de la fermentation de raisin ou de jus de raisin » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 93); b) 1409 mettre tant d'eaue au vin de qqn que « réduire les ambitions agressives de quelqu'un à un point tel que » (Pierre Salmon, [Le Fruictier], Demandes faictes par le roi Charles VI, éd. Crapelet, 56); 1443 mettre de l'eaue en son vin « modérer ses ambitions agressives » (Michault Taillevent, La Prise de Luxembourg, éd. R. Deschaux, 294); 1464-70 mettre de l'eaue en son vin « dominer sa colère, s'apaiser » (Georges Chastellain, Chronique, Fragments du livre IV révélés par l'Add. Ms. 54516 de la British Library, éd. J. Cl. Delclos, 232), cf. R. Ling. rom. t. 55, p. 283; 1606 (Nicot, s.v. Eaue: mettre de l'eaue au vin: arrester sa furie et impetuosité); 1648 mettre de l'eaue dedans son vin « id. » (Scarron, Virgile travesty, l. 1, éd. Paris, 1668, p. 46); c) 1697 Oh! le vin est tiré, Monsieur: il le faut boire (Regnard, Le Joueur, III, IX, éd. Dunkley, p. 165); 1869 Quand le vin est tiré, il faut le boire (A. Daudet, Lettres moulin, éd. Ripoll, 1986, p. 306); 2. déb. xives. vin douz (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 18); 1372 vins nouveaulx (E. Deschamps, C'est la Chartre des bons enfants de Vertus en Champaigne ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 327); fin xives. vin blanc du plus vert « vin jeune, fort » (Id., Rondeau ds Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 4, p. 106); ca 1495-98 vins cuitz (André de La Vigne, Voyage de Naples, éd. A. Slerca, 4477); 1511 vins vieulx (P. Gringore, Jeu du prince des sotz et mere sotte ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 275); 1600 vins... de la mere-goutte (Ol. de Serres, Théâtre d'Agriculture, l. 3, chap. 9, p. 219); 1606 petit vin (Nicot); 1660 vin petillant (Oudin Fr.-Esp., s.v. pétillant); 1671 vin du païs (Pomey); 1674 vin de liqueur (Mmede Sévigné, Lettres, 5 janv., éd. G. Gailly, t. 1, p. 668); 1686 vin de Champagne (M. Baron, Le Rendez-vous des Thuilleries, 178 ds R. Ling. rom. t. 36, p. 226); 1694 vin coupé (Ac.); 1825 vin de paille (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 378); 1839 vin jaune (Comm. t. 2); 1841 vins bleus (Joigneaux, Prisons Paris, p. 216); 1844 vin bouché (Balzac, Paysans, p. 61); 1873 vin de pêche (Dumas); 3. 1462 « boisson symbole de l'ivresse, de l'ivrognerie » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1021); 1546 « état d'ivresse » (Bible Gérard, Eccles., 19, fo39 vo); 1611 estre sur le vin « aimer à boire » (Cotgr.); 1621 être pris de vin (Montchrestien, Les Lacènes, éd. Petit de Julleville, p. 181); 1623 estre sujet au vin (N. Coeffeteau, Histoire romaine, p. 552); 1623 estre entre deux vins (Père F. Garasse, La Doctrine curieuse, p. 561); 1690 avoir mauvais vin (Fur.); 1718 avoir le vin mauvais (Ac.); 4. 1659 vin d'honneur, vin de messe (Duez, Dict. italien e françois, 2epart.); 1671 vin de l'étrier (Pomey); 5. 1389 « préparation médicinale dans laquelle le vin sert d'excipient » (Doctrine de sapience, fol. 40 ds La Curne); 1600 vins medecinaux (Ol. de Serres, op. cit., l. 3, chap. 10, p. 225); 6. 1317 vin de pommes (ap. Louvrex, Ed. et règlem. pour le pays de Liège, III, 180 ds Gdf. Compl.); ca 1440 vin de prunelles (Miracles de Ste Geneviève, éd. C. Sennewaldt, 2360); 1562 vin de dattes (Du Pinet, Pline, t. 2, p. 234); 1690 vin de palme (Fur.); 7. 1395 « vin donné en cadeau ou en pourboire » (L'Estoire de Griseldis, éd. M. Roques, 1293); 1549 vin des varlets (Est.); 1812 vin du domestique (J. C. Bailleul, Moyens de former un bon domestique, p. 111 ds Quem. DDL t. 25). Du lat. vinum « liqueur tirée d'autres fruits que le raisin », « vin ». Fréq. abs. littér.: 8 183. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 729, b) 15 686; xxes.: a) 13 697, b) 9 006.
DÉR.
Vinique, adj.a) Qui a rapport au vin. Tradition vinique. Cépages capables de donner satisfaction tant par leurs qualités culturales que par leurs qualités viniques (Levadoux, Vigne, 1961, p. 119).b) Propre au vin, dérivé du vin. Acides viniques. Cette distillation [des lies de vin] permet de récupérer l'alcool qui sert aux viticulteurs pour satisfaire aux prestations d'alcool vinique (P. Dussine, Comment faire de bons vins, 1976, p. 388). [vinik]. 1reattest. 1872 chim. acides viniques (Littré), 1876 « qui provient du vin » (Lar. 19e); de vin, suff. -ique*.
BBG.Bonnaud-Lamotte (D.). Vin, vigne et vigneron ds le T.L.F. C.U.M.F.I.D. 1983, no14, pp. 119-135. − Quem. DDL t. 8, 13, 19, 20, 30, 40.