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* Dans l'article "VICIEUX, -EUSE,, adj."
VICIEUX, -EUSE, adj.
A. − [En parlant d'une pers.]
1. Vieilli ou littér. [Corresp. à vice I A et B 1 a]
a) Qui a une disposition naturelle à faire le mal; qui a de mauvais penchants, des vices. Synon. immoral, pervers, taré1.Gamine vicieuse; collégien vicieux. Lui, quand elle tournait la tête, coulait sur elle un regard luisant, aigu comme une épée, et toute sa personne de garçon vicieux s'allongeait et guettait rêvant une traîtrise (Zola, Cap. Burle, 1883, p. 160).La grande défaite, en tout, c'est d'oublier (...) et de crever sans comprendre jamais jusqu'à quel point les hommes sont vaches. Quand on sera au bord du trou faudra (...) raconter tout sans changer un mot, de ce qu'on a vu de plus vicieux chez les hommes (Céline, Voyage, 1932, p. 32).
Empl. subst. Rien au monde (...) ne peut arracher le meurtrier au fantôme de sa victime, le vicieux a l'obsession de son vice (Péladan, Vice supr., 1884, p. 67).Vous êtes ce que je hais le plus au monde! Ce que je trouve le plus niais et le plus bête. (...) j'aime mieux une vicieuse qui se fourre de la poudre dans le nez, une clocharde cuvant son vin rouge sous un pont, dans sa crasse (Anouilh, Répét., 1950, iv, p. 106).
P. anal. [En parlant d'un animal, notamment d'un cheval] Ombrageux, rétif. Les chevaux d'agoyate (...) sont des animaux très-laids, passablement vicieux, et plus obstinés que toutes les mules de l'Andalousie (About, Grèce, 1854, p. 25).
b) Qui dénote une disposition au vice, au mal; qui a, dévoile un côté pervers. Son caractère est vicieux.C'est un coureur de tabagies (Musset, Caprices Mar., 1834, ii, 3, p. 162).Cet homme [un visiteur] m'intriguait (...) son air régence, son air éveillé de flâneur des rues de Paris à la manière du Neveu de Rameau, son air vicieux, l'œil à l'affût (...), oui, j'avais déjà dû rencontrer cet oiseau, mais où (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 277).
c) [Corresp. à vice I A 2] Qui a des habitudes bizarres, étranges ou perverses; qui dénote de la perversité, de l'étrangeté. Ce qui me plaît le plus là dedans, c'est le contraste vicieuxparfaitement, vicieux,de cette robe dans les roses tendres avec cet affreux fond de paysage désolé (Colette, Cl. s'en va, 1903, pp. 41-42).À moins d'avoir un goût vicieux pour l'esclavage, l'existence d'un facteur-receveur n'est possible que s'il est pourvu d'une femme (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1025).
Empl. subst. Nous assistâmes encore ce même jour à deux autres corrections mémorables (...)(...) je finirais par croire qu'ils y prennent goût à ma justice ces saligauds-là! (...) Croyez-moi si vous voulez, jeune homme, ce sont presque toujours les mêmes qui reviennent!... Des vicieux quoi! (Céline, Voyage, 1932, p. 195).
2. [Corresp. à vice I B 1; en parlant d'une pers.] Qui a des mœurs, des goûts dépravés, déréglés; en partic., dans le domaine sexuel, qui a des habitudes, des pratiques condamnées par la morale sociale. Synon. cochon, débauché, libertin, lubrique, vicelard (pop.).Elle regarda son père roulé dans son vomissement; puis, la figure collée contre la vitre, elle resta là, à attendre que le jupon de sa mère eût disparu chez l'autre homme, en face. Elle était toute grave. Elle avait de grands yeux d'enfant vicieuse, allumés d'une curiosité sensuelle (Zola, Assommoir, 1877, p. 633).Le père était un homme vicieux qui ne répugnait pas à toucher les cuisses avec ses mains. Jusque dans la tombe, sa lubricité gardait pour certaines femmes une trouble attirance (Aymé, Travelingue, 1941, p. 31).
Empl. subst. Petite vicieuse; sale vicieux. Alors, on rêve d'innocence, de pureté, de rachatque sais-je? des bêtises. Un vicieux est toujours idéaliste (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1400).
[P. méton., en parlant d'un comportement, d'une attitude] Geste vicieux; habitude, imagination, voix vicieuse; yeux vicieux. Regardant avec attention dans la glace un petit signe brun qu'elle avait au-dessus de la hanche droite (...), elle le faisait saillir en se renversant davantage (...). Puis, elle étudia d'autres parties de son corps, amusée, reprise de ses curiosités vicieuses d'enfant (Zola, Nana, 1880, p. 1270).Elle a appris à sourire d'un air vicieux, à secouer ses boucles d'écolière, à cacher sa figure, quand on lui dit des inconvenances (Colette, Music-hall, 1913, p. 83).
B. − [En parlant d'une chose]
1. Vieilli. [Corresp. à vice II A] Qui présente des anomalies, des malformations des vices qui rendent défectueux. Le tunnel finissait en intérieur d'entonnoir; rétrécissement vicieux, imité des guichets de maisons de force, logique dans une prison, illogique dans un égout, et qui a été corrigé depuis (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 554).
P. anal., littér., mod. [En parlant d'un raisonnement, d'une vérité d'expérience] Argument vicieux; maxime vicieuse. Pendant cinquante ans la science a fait fausse route et (...) il n'y a plus qu'à oublier tant d'efforts accumulés qu'une conception vicieuse condamnait d'avance à l'insuccès (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 178).Même dans la science pure, le savant n'est pas à l'abri des poids truqués, des raisonnements vicieux (Maurois, Dialog. commandement, 1924, p. 88).
2. Littér. Qui va à l'encontre des normes, des règles. Synon. fautif, incorrect.Accord, contrat vicieux; expression, locution, phrase, prononciation vicieuse. En un mot nos alphabets, vu leurs défectuosités et le mauvais usage que nous en faisons, c'est-à-dire nos vicieuses ortographes [sic], méritent encore à peine le nom d'écriture (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 379).Elle avait remarqué que devant ce nom Swann et Forcheville avaient plusieurs fois supprimé la particule. (...) elle souhaitait d'imiter leur fierté, mais n'avait pas bien saisi par quelle forme grammaticale elle se traduisait. Aussi sa vicieuse façon de parler l'emportant sur son intransigeance républicaine, elle disait (...) les de La Trémoïlle (...) par une abréviation (...) qui dissimulait le de, les d'La Trémoïlle (Proust, Swann, 1913, p. 265).
3. MÉD. Qui présente des anomalies morphologiques ou fonctionnelles. Cal vicieux; position vicieuse. On a signalé (...) des nécroses du cartilage qui peuvent (...) provoquer des cicatrices vicieuses du larynx (Teissier dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 278).
4. LOG. Cercle vicieux. V. cercle I B 4 au fig.
5. SPORTS. Qui est exécuté de façon à surprendre l'adversaire. (Dict. xxes.). Balle vicieuse; coup vicieux (Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [visjø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1200 « qui dénote une disposition au vice » (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 311: cant nos tornons les vitiouses penses es vertuz); 1931 subst. « ce qui dénote une disposition au vice » (Morand, 1900, p. 178: Henry Bataille, réinventeur de la pâleur, du maladif, du vicieux); 2. a) fin xiiies. « qui a un vice, des vices » (Jean de Meung, Testament, éd. Méon, p. 37: Ou abbés, ou évesques qui ne soit vicieus); 1370 subst. (Nicole Oresme, Éthiques, éd. A. D. Menut, p. 195: le jugement du vicieus); b) 1559 « ombrageux, rétif (en parlant d'un animal) » (Amyot, Vie des hommes illustres, Alexandre, 9 ds Littré: beste vicieuse, sauvage); 1606 (Nicot, s.v. franc: cheval franc, qui n'est point vicieux); c) 1964 sports balle vicieuse, coup vicieux (Rob.); 3. 1660 « qui a des mœurs déréglées, des habitudes sexuelles que réprouve le sentiment moral collectif » (Oudin Fr.-Esp.); 4. 1932 « qui a des goûts dépravés, bizarres » (Céline, Voyage, p. 44: une horde de fous vicieux). B. 1. Ca 1265 « qui est défectueux, mauvais, entaché de vices » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 358: c'est mal dit et vicieus); 1738 subst. « caractère défectueux, vicieux de quelque chose » (Argens, Lettres juives, t. 4, p. 333: en faire connaître le Faux et le Vicieux [de lois]); 2. a) ca 1265 log. (Brunet Latin, op. cit., p. 379: li argumens [...] est vicieus); b) 1725 log. cercle vicieux ([Cl. Huart], Les Hipotiposes ou Institutions Pirroniennes de Sextus Empiricus, trad. du gr., l. 1, chap. 15, p. 80: C'est le cercle vicieux ou le Dialléle, par lequel de deux choses, également contestées, on prend la seconde pour la preuve de la premiére, et alternativement la premiére pour la preuve de la seconde); 1755 lang. cour. cercle vicieux « situation, alternative dont on ne peut sortir » (Mirabeau, L'Ami des hommes, t. 2, p. 175); 3. 1606 prononciation vicieuse (Nicot, s.v. salade); 1652 [éd 1665] locution vicieuse (Guez de Balzac, Socrate Chrestien, p. 230); 1701 expression vicieuse (Fur.); 4. 1798 méd. conformation vicieuse (Ac.); 1911 position vicieuse (Macaigne, Précis hyg., p. 181: positions vicieuses du membre ou du tronc). Empr. au lat.vitiosus « gâté, corrompu; défectueux, mauvais, entaché de vice, irrégulier », dér. de vitium (vice*). Fréq. abs. littér.: 648. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 240, b) 785; xxes.: a) 841, b) 770.
DÉR.
Vicieusement, adv.D'une manière vicieuse. Regarder, exciter qqn vicieusement. J'accuse toujours ma malheureuse organisation qui est toujours en effet vicieusement disposée, à cette époque de l'année, par l'humidité et les frimas (Maine de Biran, Journal, 1822, p. 344). [visjøzmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1erquart xiiies. « d'une manière vicieuse, mauvaise » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. van Hamel, CXLVII, 8, p. 213: vivre visciousement); b) ca 1355 « d'une manière vicieuse, défectueuse, irrégulière » (Bersuire, Tite-Live, ms. Ste-Gen., fo214b ds Gdf., s.v. vicioseté: Marcellus avoit esté creez vicieusement); de vicieux*; suff. -ment2*.