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VERGE, subst. fém.
A. −
1. Baguette de bois longue, fine et flexible; tige de métal longue et fine. Verge d'un arc, d'un fouet; verge d'ébène, de noisetier, d'osier; verge de cuivre, de fer. L'homme caché sous le tas, des tresses de raphia, des verges de jonc, des guirlandes de brosses de toutes formes (...) avançait à petits pas (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 147).
2. Baguette servant à frapper, à corriger, à infliger une punition corporelle; au plur., poignée de baguettes flexibles servant à cet usage. Battre, fouetter qqn de/avec des verges; donner les verges à qqn. Dans les livres d'images qui ont amusé mes premières années, on voyait passer le père Fouettard, avec son paquet de verges sous le bras; mais ce n'était à mes yeux qu'une métaphore (...). Jamais je ne déliai en pensée ce paquet de verges; jamais je n'en tirai quelque baguette d'osier assouplie par l'eau, propre à couper du premier coup la peau délicate d'un enfant (Alain, Propos, 1921, p. 312).
Loc., gén. au plur.
HIST. Faire passer un soldat par les verges. Faire passer un soldat entre deux rangs de soldats armés de baguettes pour lui infliger un châtiment corporel. (Dict. xixeet xxes.). P. métaph. Aujourd'hui, la critique, après avoir immolé le livre d'un homme, lui tend la main. La victime doit embrasser le sacrificateur sous peine d'être passé par les verges de la plaisanterie (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 499).
Au fig.
Vx. Faire baiser les verges à qqn. Contraindre quelqu'un à reconnaître le caractère justifié d'une punition. (Dict. xixeet xxes.).
Donner, payer des verges pour se faire fouetter, pour se faire battre. Fournir à l'adversaire des arguments, des armes contre soi-même. Le gouvernement donne des verges pour se faire battre, en laissant le monde philosophique juge et partie sur ses propres intérêts (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 43).
3. [Symb. d'une autorité, d'une fonction]
a) HIST. Baguette, ornée d'ivoire ou d'argent à chaque extrémité, portée autrefois par les huissiers, les sergents. Huissier, sergent à verge. Le président se baissa vers un homme placé à ses pieds, qui avait un bonnet d'or et une robe noire, une chaîne au cou et une verge à la main.Huissier, introduisez la seconde accusée (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 355).
b) Au fig. Autorité sévère qui fait durement ressentir son pouvoir. Ramassant tous ces sarcasmes [de Voltaire], il [Nonotte] en composa le joli recueil des Honnêtetés littéraires. Voltaire craignait fort les verges, on le voit à ses trépignements, et il ne laissa pas d'être souvent fouetté (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 53).
Être sous la verge de qqn. Être sous le pouvoir, l'autorité de quelqu'un, d'une institution. Quand vous permettez l'exil, l'emprisonnement, ou toute vexation qu'aucune loi n'autorise, qu'aucun jugement n'a précédée, ce n'est pas sous le pouvoir du monarque que vous placez les citoyens, ce n'est pas même sous le pouvoir des ministres: c'est sous la verge de l'autorité la plus subalterne (Constant, Princ. pol., 1815, p. 151).
c) [P. allus. biblique au bâton de commandement remis à Moïse par Dieu et doté de pouvoirs miraculeux] Je m'étais figuré qu'il en serait de la vieille royauté ainsi que de la verge desséchée d'Aaron: enlevée (...) du temple de Jérusalem (...), elle reverdit et porta les fleurs de l'amandier, symbole du renouvellement de l'alliance (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 474).[Goethe] rêve de rapporter [d'Italie] en Allemagne la verge de Moïse qui fasse pisser du rocher la source. Mozart l'a bien pu! (Rolland, Goethe et Beethoven, 1930, p. 203).
B. − P. anal.
1. Partie allongée et fine d'un objet; tringle de métal ou barre de bois formant une partie d'un outil, d'un ensemble. Verge de fléau, de girouette. La branche la plus courte du levier est alourdie d'un contre-poids en terre durcie, et la branche la plus longue porte une verge de bois rattachée par un lien flexible, de sorte que pendant les mouvements d'inflexion du levier, cette verge reste toujours verticale (Du Camp, Nil, 1854, p. 89).La lame de scie [de la faucheuse] comprend la verge ou tringle, barre d'acier étiré à section rectangulaire sur laquelle sont rivées les sections (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 171).
2. Spécialement
a) BOT. Verge de Jacob. Asphodèle jaune. Verge d'or. Plante ornementale, de la famille des Composées, à fleurs jaunes disposées en panicule serrée. La verge d'or est répandue dans les bois montagneux (Planchon, Collin, Drogues d'orig. végét., t. 2, 1895-96, p. 38).
b) HORLOG. Longue tige sur laquelle pivote le balancier d'une horloge; le balancier lui-même. Foliot à verge. Comment voyons-nous qu'un jour, une heure, une minute, une seconde, sont écoulés? C'est parce que le soleil, une aiguille de montre, la verge d'un pendule, ont parcouru un certain espace (Destutt de Tr., Idéol. 1, 1801, p. 189).
c) MAR. Partie droite d'une ancre à jas qui s'étend de l'organeau au point de jonction des pattes. Si l'axe de l'ancre [d'un navire] ou verge doit être disposé verticalement, il suffit de tourner le bossoir de capon pour amener l'ancre contre la muraille au poste qu'elle doit occuper (Croneau, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 203).
d) MENUIS. Compas à verge. Compas formé d'une longue tige sur laquelle glissent des blocs munis de pointes à tracer. Le compas à verge est (...) pour préparer les vides et découper les incrustations, l'instrument préférable en un grand nombre de cas (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 150).
e) MÉTROL. ANC. Unité de mesure agraire valant le quart d'un arpent. V. infra dér. vergée ex.Mod., région. (Canada). Unité de longueur valant trois pieds, ou trente-six pouces. Acheter deux verges de serge. Elle ne se gênait pas de détailler la catalogne [étoffe] à la verge plutôt qu'à l'aune, à l'ancienne façon (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 168).
f) PHYS., ACOUST. Baguette vibrante. La plus importante application du principe des verges vibrantes est le diapason, instrument donnant un seul son fixe, unique et à peu près invariable, et dont on se sert pour mettre d'accord entre eux les divers éléments de l'orchestre (Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p. 27).
C. − ANAT. [Chez l'homme et les mammifères] Organe de la copulation et de la miction. Synon. bite (fam.), membre, pénis, phallus, queue1(pop.), vit.Corps, racine de la verge; nerfs, organes érectiles, téguments de la verge. Songez (...) qu'il y a des femmes qui se trouveraient presque déshonorées si elles touchaient la verge de leur mari ou la regardaient (Léautaud, Journal littér., 4, 1922, p. 155).
Prononc. et Orth.: [vε ʀ ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. 1100 « longue baguette droite et flexible » (Roland, éd. J. Bédier, 3323); ca 1170 allus. biblique verge Aaron (Quatre Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 129); 2. 1130-40 « baguette avec laquelle on frappe pour châtier » (Wace, Vie de Sainte Marguerite, éd. E. A. Francis, 176); d'où a) 1580 presentons nous mesmes les verges dequoy nous chastier (Montaigne, Essais, I, 56, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 319); 1740 donner des verges pour se fouetter (Ac.); b) 1752 faire passer qqn par les verges (Trév.); 3. 1remoit. xiies. fig. « instrument de la colère divine » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 88, 32); 4equart xives. verges subst. plus. « peines, afflictions dont Dieu punit les hommes » (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 4, p. 100); 4. a) 2emoit. xiiies. [ms.] vergue « bâton symbolique utilisé dans l'exercice d'une fonction » (Première Continuation de Perceval, TVD, éd. W. Roach, 3316); b) fin xiiies. « bâton que portaient les officiers de justice » (Livre Roisin, éd. R. Monier, p. 204); 1385 sergent de la verge (Arch. Nord, B 1575, fol. 9 rods IGLF); 1407 sergent à verge (Enquête sur l'assassinat de Louis d'Orléans, p. 237, ibid.); c) 1320 verge royal « sceptre royal » (Asseneth ds Nouvelles Françoises du XIVes., éd. Moland et d'Héricault, p. 5); d) 1694 « grande baguette du bedeau » (Corneille); 5. 1204 estre sous la verge de « être sous l'autorité de » (Reclus de Molliens, Charité, III, 4, éd. A. G. van Hamel, p. 59). B. Sens techn. 1. ca 1240 « partie de l'arc d'une catapulte » (Un art d'aimer anglo-normand, éd. Ö. Södergård, 256 ds Romania t. 77, p. 300); 2. 1281 verge de fer « barre (qui sert à mesurer les toiles) » (Ordonnance ds E. Boileau, Livre des Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 388); 3. 1340 « baguette de métal maintenant un panneau de vitrail » (Fournitures et réparations faites au Château de Falaise ds Havard); 4. 1636 « tronc d'une colonne » (Monet); 5. 1694 terme de tisserand (Corneille); 6. 1694 terme de mar. verge de giroüette (ibid.). C. Ca 1245 « ancienne mesure agraire » (Philippe Mousket, Chronique, éd. De Reiffenberg, 9749). D. 1. Bot. 1543 verge a bergier (Traduction de l'Histoire des Plantes de L. Fuchs, 91 B d'apr. FEW t. 14, p. 492a); 1596 verge d'or (Hulsius); 1611 verge sanguine (Cotgr.); 1791 verge de Jacob (Valm.); 2. 1764 zool. verge marine « vérétille » (ibid.). II. Ca 1195-1200 anat., verge pelee (Renart, éd. M. Roques, 14610); xiiies. verge (Placides et Timeo, 37 d'apr. R. Arveiller ds Mél. Horrent (J.), p. 13). Du lat. virga « branche souple et flexible; drageon, bouture », d'où « baguette » spéc. « baguette du licteur ». Fréq. abs. littér.: 468. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 579, b) 373; xxes.: a) 318, b) 251.
DÉR. 1.
Vergée, subst. fém.,métrol. anc. Unité de mesure agraire qui valait quarante perches. [en Normandie] comme sans doute dans les autres provinces, le champ du paysan s'évalue en acres, arpents, journaux, perches, toises, verges et vergées (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 53). [vε ʀ ʒe]. Att. ds Ac. 1835-1878. 1reattest. 1209 une vergee de terre (Echiquier de Normandie, 118, Marnier ds Delb. Notes mss); de verge, suff. -ée*.
2.
Vergeoise, subst. fém.a) Vx. Forme, garnie de cerceaux de coudrier, dans laquelle on coulait le sucre pour le transformer en pains. (Dict. xixeet xxes.). b) Sucre obtenu à partir de sous-produits provenant du raffinage du sucre. Le fabricant de sucre qui dit: Vergeoise, tête, claircé, (...) lumps, (...) bâtarde, (...) cet honnête manufacturier parle argot (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 190). [vε ʀ ʒwa:z]. 1resattest. a) 1751 « sucre » (Encyclop. t. 2, s.v. bâtarde), b) 1808 « forme spéciale pour obtenir ce sucre » (Boiste); de verge, suff. -oise (v. -ais, -ois).
BBG.Lepelley (R.). Les Région. dans le mém. de Pierre Rivière... Linguistique. Paris. 1980, t. 16, p. 88 (s.v. vergée). − Möhren (F.). Le Renforcement affectif de la négation par l'expr. d'une valeur minimale en anc. fr. Tübingen, 1980, p. 233.