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VELOUTER, verbe trans.
A. −
1. INDUSTR. TEXT. Redresser le poil du tissu. Machine à velouter: machine servant à faire le veloutage dans laquelle le tissu tendu par des rouleaux, vient dans ses parcours s'appuyer contre l'arête vive d'une table de fonte. À cet endroit agit une brosse rotative (Peyroux, Techn. Métiers1985).
2. P. ext.
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Revêtir d'un tissu, d'une matière qui rappelle le velours. Part. passé passif. De bons vieux messieurs près rasés, veloutés de drap fin comme des prélats (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 63).Elle monta dans les rochers neigeux (...). Ses belles hanches rondes veloutées de peau de renard se balançaient (Giono, Chant monde, 1934, p. 217).
b) Velouter du papier. ,,Figurer sur du papier à tapisserie des dessins avec la tonte de différentes laines, afin de lui donner une apparence de velours`` (Raymond 1832). Laines à velouter, pour papiers peints (Almanach Didot-Bottin, 1871-72, p. 850 ds Littré).
B. − P. anal.
1.
a) Garnir d'éléments pileux, de filaments, etc. évoquant les poils du velours. Sa barbe, rasée au plus près, colorait sa joue et son menton (...) et les veloutait comme d'une fleur de pêche (Gautier, Fracasse, 1863, p. 233).
b) Garnir d'éléments végétaux fins et serrés, rappelant l'aspect duveteux du velours. Une plaine parfaitement unie, qui est veloutée en automne d'une herbe plus fine que celle des pelouses (Loti, Désench., 1906, p. 255).
2. Donner un caractère très doux ou plus doux (à quelque chose), produire une impression flatteuse sur les sens.
a) [Sur la vue] Faire alterner le mat et le brillant, faire prendre des tons dégradés, chatoyants. La douceur molle et fondue de ce jour qui veloute les massifs des arbres, opalise les eaux et noie la ligne de l'horizon dans une vapeur de rêve (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 240).Refaire à mes yeux le cerne bleuâtre qui les veloute et les moire (Colette, Vagab., 1910, p. 216).
Empl. pronom. Le soleil s'était élevé (...) sous ses rayons, les mousses (...) se veloutaient d'une belle couleur verte (H. Malot, R. Kalbris, 1869, p. 87).V. ambre2ex. 10.
b) [Sur le toucher] Amortir les rugosités, rendre lisse, agréable au contact. Il y a des peuples qui crèvent dans les usines ou les catacombes noires pour velouter la gueule des vierges engendrées par des capitalistes surfins (Bloy, Lieux communs, 1902, p. 33).Au fig. Donner une apparence douce, aimable. Je soupe avec des lions et des panthères qui me font l'honneur de velouter leurs pattes (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 354).
c) [Sur l'ouïe] Assourdir, adoucir la sonorité, les sons. Grave et douce, la belle phrase [de l'adagio] s'élève aux cordes, veloutée par les tenues apaisantes de l'orgue, et les violons la fleurissent d'arabesques délicates (Willy, Notes sans portées, 1896, p. 32).
Empl. pronom. Cette voix, qui tenait de la basse-taille par son volume, se veloutait comme celle des barytons, et prenait, dans le rire (...), quelque chose d'argentin (Balzac, Député d'Arcis, 1847, p. 298).
d) [Sur le goût] Rendre plus onctueux, plus savoureux. L'œuvre du temps irremplaçable pour velouter le vin (Hamp, Champagne, 1909, p. 155).L'amalgame onctueux de la graisse, de la viande et du sel s'accomplit (...). Dans quelques mois, cette chair réchauffée sera un mets exquis; et cette neige [la graisse], toute l'année, veloutera les sauces blondes (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 50).
Empl. pronom. Le jus de la treille aime cela [sa mise en bouteilles] et, sans ces entourloupettes (...) il ne mettrait pas tant de complaisance à se corser, à se velouter (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 216).
Arg., vx. [Le suj. désigne une pers.] ,,S'enfiler un verre de vin, ou de liqueur réconfortante`` (France 1907). J'invite (...) les largues [femmes] à se velouter l'avaloir avec quelques cholettes [demi-litres] de tortue [vin] (M. M... de S.-H..., Pts myst. Paris, 1844, p. 102).
C. − Au fig. Donner une expression plus subtile, nuancée souvent de tendresse. Ô Lune, tu souris. Je crois bien que les doutes Où tu nous vois toujours errant T'ont donné ce sourire. En vain tu le veloutes. Ce sourire est exaspérant (Rostand, Musardises, 1890, p. 28).« Vous avez de bien beaux gants! (...) Vous les garderez en souvenir de notre rencontre. » Ensemble, ils avaient velouté leur regard (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 79).
Prononc.: [vəlute], (il) veloute [-lut]. Étymol. et Hist. 1. a) 1550 « fabriquer du velours » (Ronsard, Odes, V, II ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 3, p. 93, 65); b) 1680 « donner l'apparence du velours (à une étoffe) » (Rich.); 2. 1715 « donner de la douceur, du moelleux (à un mets) » (Nouv. instruction pour les confitures, p. 269). Dér. de velouté*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 17.
DÉR. 1.
Veloutage, subst. masc.Action de velouter; résultat de cette action. a) Industr. text. ,,Dans l'apprêt des tissus : opération complétant celle du lainage, et qui consiste à redresser verticalement les fibres apparues à la surface du tissu`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Le veloutage ou battage a pour but de redresser le poil du tissu (...). Le réglage de la distance située entre les dents des cylindres et l'étoffe donne le degré de veloutage désiré (Thiébaut, Textiles, Paris, Dunod, t. 3, 1959, p. 91).b) Mégiss. ,,Procédé qui consiste à traiter l'envers de la fourrure, c'est-à-dire le cuir, afin de lui donner l'aspect du daim. Surtout employé pour les moutons: peaux lainées ou mouton retourné`` (G. Constant, Le Guide de la fourrure, 1980). [vəluta:ʒ]. 1reattest. 1911 techn. (Macaigne, Précis hyg., p. 314 et 318); de velouter, suff. -age*.
2.
Veloutement, subst. masc.,littér. Action de velouter; résultat de cette action. a) Aspect moelleux et chatoyant du velours ou de ce qui lui ressemble. Renoir est un peintre de la joie, un assembleur de bouquets, un poète du duvet et du veloutement de la vie extérieure (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 124).b) Au fig. Ici conversation de verve, rafraîchissement d'esprit; là veloutement du cœur. Je me suis senti goûté, apprécié, recherché, aimé (Amiel, Journal, 1866, p. 405). [vəlutmɑ ̃]. 1reattest. 1845 (Richard); de velouter, suff. -(e)ment1*.
BBG.Gary-Prieur (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sém.: les verbes dér. de n. Thèse, Paris, 1979, pp. 681-683.