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VANNER1, verbe trans.
A. − AGRIC. Débarrasser les céréales des impuretés qui les accompagnent en les secouant dans un van ou dans tout ustensile en tenant lieu. Vanner le grain, l'avoine.
1. [Le suj. désigne une pers.] Voici les gerbes!... Elles nous ont coûté de la peine, c'est vrai; mais nous allons les battre, les vanner, les cribler (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 137).Quand le moissonneur vanne son blé, on voit s'envoler au vent les pailles légères et l'écorce du grain (Alain, Propos, 1929, p. 834).
Empl. abs. Pelle à vanner. Il vannait, il raccommodait des filets, il équarrissait (...), affûtait des pieux (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 140).
P. anal. Quand on a séparé le blé de la paille, on la vanne, si je puis dire, à la fourche, de préférence lorsqu'il y a du vent. C'est un très beau spectacle que celui de tous ces hommes qui, d'un grand geste circulaire, lancent les chaumes vers le ciel où ils se dispersent au milieu d'un nuage de poussière dorée (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 264).
2. [Le suj. désigne une machine agricole] Je les verse [les boisseaux de blé] ensuite dans la trémie de ce petit moulin à ventilateur, qui, mis en mouvement par le même courant, le vanne et le crible (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 40).Aujourd'hui une machine à vapeur bat et vanne à la fois le blé (...). Elle happe et elle broie à la manière d'une bête féroce qui s'assouvit (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 146).
Empl. pronom. passif. Une autre gerbe succède et une autre encore, une autre toujours. Et le grain pleut sur les cribles, y saute, s'y trie, s'y vanne sous les pelles qui l'éventent (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 60).
B. − P. ext.
1. Secouer, faire voler.
a) [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.] Scarbo (...) vannait sur mon toit, au cri de la girouette, ducats et florins qui sautaient en cadence (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 121).
b) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Le petit train nous vanne sur les banquettes, entre des rails trop larges, qui n'ont pas été faits à sa mesure (Renard, Écorn., 1892, p. 65).
2. ART CULIN. Remuer une sauce, une crème épaisse pour éviter la formation d'une peau au moment de son refroidissement. Incorporez le parmesan râpé (...). Vannez pour bien mélanger, rectifiez l'assaisonnement (Gdes heures cuis. fr.,P. Montagné,1948, p. 189).
C. − Au fig.
1. Opérer un tri minutieux, épurer, purifier. Que sont ces éplucheurs, ces hommes importans Qui vannent le langage et qui passent leur temps À définir les mots par ordre alphabétique Auprès de ce géant du monde poétique [Hugo] ? (Pommier, Crâneries, 1842, p. 41).
2. Soumettre à un examen détaillé, à une critique sévère. Synon. passer au crible (v. crible1).Il ne s'était pas rencontré de ministre qui eût pris sur lui d'avoir une opinion (...) sans que cette opinion, cette chose, eût été vannée, criblée, épluchée par les gâte-papier (...) de ses bureaux (Balzac, Ferragus, 1833, p. 136).
D. − Fam. Fatiguer, épuiser (quelqu'un). Synon. éreinter, harasser.Le plus embêtant, c'est d'y avoir repincé une insomnie totale qui dure déjà depuis cinq ou six nuits et me vanne (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1898, p. 312).Moi, la campagne, ça me vanne, dit le comique en bâillant. Ça me fiche un sommeil! (Colette, Music-hall, 1913, p. 8).
Prononc. et Orth.: [vane], (il) vanne [van]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xies. judéo-fr. « secouer le grain dans un van pour en enlever les impuretés » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 144); ca 1200 part. passé adj. vanee (Chevalier Cygne, éd. C. Hippeau, p. 164); ca 1260 vanner (Philippe de Novare, Les Quatre Ages de l'homme, éd. M. de Fréville,74); 2. ca 1230 des miex vanés « des meilleurs » (Chevalier deux épées, 9743 ds T.-L.); fin xiiies. vané « convenable, purifié » (Jacques de Baisieux, Dit sur les V lettres de Maria, 178 ds A. Scheler, Trouvères belges, I, 1876, p. 211); 3. 1377 « berner, se moquer de » (Lettre de rémission ds Du Cange, s.v. vanna); 1690 vener fig. « faire marcher » (Fur.); 4. 1479 « tourmenter, harasser » (Jean Molinet, La Journée de Therouenne ds Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 129, vers 57 et p. 133, vers 174); 1844 vannée « épuisée, harassée » (Sand, Jeanne, p. 441). Issu d'un lat. pop. *vannare corresp. au lat. class. vannere, ces 2 formes ayant des représentants dans les lang. rom., avec parfois des croisements (v. FEW t. 14, p. 162a). Fréq. abs. littér.: 30.
DÉR. 1.
Vannage, subst. masc.a) Opération qui consiste à nettoyer le grain dans un van; résultat de cette opération. Les travaux à la suite desquels la volonté peut ainsi s'arrêter fermement à une résolution difficile, pénible, sont comparables à un vannage de grains. L'idée qui domine est enveloppée, perdue, parmi une foule de petites idées secondaires, contradictoires, qui se pressent toutes à la fois, qu'il faut secouer longtemps avant qu'elles s'écoulent et disparaissent, laissant enfin l'autre seule, nette, évidente (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 319).b) Au fig., fam. Grande fatigue. Au bout d'une nuit de noce (...) c'est le grand vannage (Bruant1901, s.v. abattement).c) Géomorphol. Synon. de déflation (v. ce mot B). (Ds GDEL). [vana:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1878. 1resattest. 1293 vanage « épuration du grain avec le van » (C'est dou moulin ki fu Jakemon le roy, chirog., Arch. Tournai ds Gdf.), 1403 vennage (Exéc. test. de Huart de Rely, Arch. Tournai, ibid.); av. 1678 vannage (Traité entre la cité et le monastère de Breteuil ds Du Cange, s.v. vannatio), 1776 vannage (Restif de La Bret., Le Paysan perverti, t. 4, p. 160); de vanner1, suff. -age*.
2.
Vannure, subst. fém.Ensemble de poussières et impuretés séparées du bon grain après vannage. Les fines particules de vannure mises en suspension dans l'air peuvent présenter un danger pour les voies respiratoires et les yeux (Encyclop. de méd., d'hyg. et de sécur. du travail, Genève, Bureau internat. du Travail, t. 2, 1974, p. 1282). [vany:ʀ]. 1resattest. 1291 vaneure (Livre des jurés de l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen, fo241 ro, Arch. Seine-Inférieure ds Gdf. Compl.), xves. [date ms.] vanneure (Jean Corbichon, Propriétés des choses, XVII, 153, B. N. 22533, 297b, ibid.), 1553 vannure (Bible, impr. Jean Gérard, Amos, chap. VIII); de vanner1, suff. -ure*.