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VALOIR, verbe
I. − Empl. intrans.
A. −
1. Être estimé un certain prix, correspondre à une certaine valeur. Synon. coûter.Valoir beaucoup, cher, peu, plus ou moins; valoir cent francs; combien ça vaut; (c'est) trop cher pour ce que ça vaut; c'est tout ce que cela/ça vaut; c'est plus que cela ne vaut. J'avais grand'soif, et surtout de vin blanc, bien amer, celui qui réveille un peu. J'veux bien payer...Y en a plus que du très bon. Y vaut cinq francs la bouteille... consentit alors la mère.C'est bien! Et j'ai sorti mes cinq francs de ma poche, une grosse pièce (Céline, Voyage, 1932, p. 50):
1. Vous dites qu'une chose pèse tant, eh? Tant de livres; et que vous avez tant (...) de gallons de pétrole; Et combien tout cela vaut de dollars. Car comme tout A Un poids et une mesure, tout vaut Tant. Toute chose qui peut être possédée et cédée à un autre prix. Tant de dollars. Claudel, Échange, 1954, I, p. 748.
Loc. Valoir de l'or. V. ce mot I C 1.Valoir son pesant d'or. V. pesant III A.Savoir ce qu'en vaut l'aune. V. ce mot D.Valoir la peau des fesses. V. fesse A 2 a β.
En partic. Avoir un rapport d'égalité ou d'équivalence avec autre chose selon l'estimation qui en est faite. Pour l'entretien, un yacht vaut un château (Dict. xxes.).
2. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Avoir une fortune, des revenus, un salaire estimé à une certaine somme. Synon. peser.Je croyais valoir mille francs, dit-il sèchement.Tu vaux cent mille francs, reprit Vauvinet, quelquefois même tu es impayable... mais je suis à sec (Balzac, Comédiens, 1846, p. 332).Wolff qui « valait 10 millions », expression horrible, mais courante, a disparu au cours d'une promenade en montagne (Green, Journal, 1943, p. 36).
3. Rapporter un certain revenu. Exploitation agricole qui vaut tant par an. Monsieur le président était âgé de trente-trois ans, possédait le domaine de Bonfons Boni Fontis, valant sept mille livres de rente (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 21).
[Constr. avec faire] Faire valoir ses capitaux, un domaine, une forêt. Il y avait cent moyens fort commodes, même pour une dame, de faire valoir son argent (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 156).Chazal n'aimait que la campagne; issu de gros propriétaires, il se destinait à faire valoir les biens de sa famille (A. France, Vie fleur, 1922, p. 397).
B. −
1. Correspondre à une qualité, une utilité, une vérité; être estimé comme ayant une qualité, une utilité, un mérite. Une partie de la prudence est de croire que les gens ne valent pas toujours ce qu'on les prise (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 191):
2. Une chose ne vaut que par l'importance qu'on lui donne. Prendre son parti d'une chose, c'est en détacher une à une toutes ses pensées, de sorte qu'enfin elle ait lieu sans plus rien agiter dans notre âme. Gide, Journal, 1892, p. 32.
Ça vaut ce que ça vaut. Paraître devant la postérité avec une œuvre qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui est (Barrès, Cahiers, t. 11, 1915, p. 142).
2.
a) [Le suj. désigne une pers.] Faire preuve de certaines qualités intellectuelles, morales ou physiques. Ne pas valoir cher, grand-chose. Mon bon vieux, tu vaux mille fois mieux que moi, et tu sais infiniment plus de choses (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1544).Je sais si mal m'exprimer que je déçois aussitôt que j'ouvre la bouche. Tout ce qui me tient à cœur et m'importe reste loin en deçà de mes lèvres, comme hors d'atteinte, et je ne sors que des banalités, que des fadaises. Je ne vaux que devant le papier blanc (Gide, Journal, 1943, p. 182).
Loc. Il ne vaut pas la corde pour le pendre. V. corde II A.
b) [Le suj. désigne une chose] Avoir de l'intérêt, de l'utilité, de la valeur. Une œuvre d'art vaut par elle-même et non par les confrontations qu'on en peut faire avec la réalité (Jacob, Cornet dés, Préf., 1916, p. 17).Dix ans de l'amour de cette femme valent autrement qu'un siècle de la liberté de ces hommes (Camus, État de siège, 1948, 3epart., p. 289).
En partic. [Le suj. désigne un raisonnement, une argumentation] Être applicable, efficace, valable. Argument qui ne vaut pas grand-chose, qui ne vaut rien; ce raisonnement ne vaut pas. Aucun argument ne vaut pour détruire l'empire de dix années de rêveries agréables (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 439).La religion, c'est savoir et aimer la vérité des choses. Une proposition ne vaut qu'en tant qu'elle est comprise et sentie. Que signifie cette formule scellée, en langue inconnue, cet a + b théologique, que vous présentez à l'humanité en lui disant: « Ceci gardera ton âme pour la vie éternelle: mange et tu seras guéri » (Renan, Avenir sc., 1890, p. 474).
DR. Avoir une validité. (Dict. xixeet xxes.).
Loc. Donner et retenir ne vaut. V. donner I A 1 a.Valoir ce que de raison. V. raison I B 2.
DR. COMM. À valoir sur. En constituant une somme dont le montant, la valeur est à déduire d'un prix donné. Verser un acompte, une avance à valoir sur; somme à valoir sur une créance. (Dict. xxes.).
3. Loc., pop. ou fam. Valoir le jus. V. ce mot B 3 b.Valoir l'os. V. ce mot D 2.Ça ne vaut pas un pet de lapin. V. pet A.Ne pas valoir un clou. V. ce mot B 5 b.Ne pas valoir chipette. V. ce mot B.Ne pas valoir tripette. V. ce mot B 1.
a) Tout ça ne vaut pas. Cela vaut moins que. L' mieux c'est de s'en foute!D'autant que tout ça vaut point l'amour (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 8).
b) Ne rien valoir
[Le suj. désigne une chose] Être inutile, néfaste, nuisible, médiocre. Ce pauvre M. Parent file un mauvais coton, ça ne vaut rien de ne jamais quitter Paris (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 616).À son âge, des amitiés de fillette, ça ne vaut rien (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 69).
[Le suj. désigne une pers.] Être incapable, dangereux, nuisible. Le pauvre continua de penser: « Il n'y a personne qui prenne garde à moi, excepté monsieur Michel, qui m'embauche le plus qu'il peut; et encore, c'est un noble, et ils disent que les nobles ne valent rien » (R. Bazin, Blé, 1907, p. 42).Clouard se montrait fort perspicace en intitulant un article: Gide ou la peur d'avoir raison. (...) ce qui fait qu'en politique je ne vaux rien: je comprends trop bien l'adversaire (du moins aussi longtemps qu'il reste sincère et ne cherche pas à m'en imposer) (Gide, Journal, 1946, p. 297).
Rien qui vaille. Rien de bon. Je suis dans un état déplorable, mes clous reprennent de plus belle, je me suis encore purgé aujourd'hui et je ne fais rien qui vaille (Flaub., Corresp., 1863, p. 323).
Ne dire rien qui vaille à qqn. Le pays touffu au ras de l'eau, là-bas, sorte de dessous de bras écrasé ne me disait rien qui vaille (Céline, Voyage, 1932, p. 187).Voulez-vous qu'on fasse quelques pas, ce type derrière moi ne me dit rien qui vaille (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 230).
c) Vaille que vaille. À peu près, tant bien que mal. À la clarté des bougies tombaient vaille que vaille Des faux cols sur des flots de jupes mal brossées (Apoll., Alcools, 1913, p. 129).Rien n'était perdu cependant. Du moins aurais-je pu retourner avec lui jusqu'à la ville, vaille que vaille (Bernanos, Crime, 1935, p. 735).
d) Valoir mieux, mieux valoir. Être plus estimable, plus utile; être préférable. Depuis que ton frère est ici, tout va de mal en pis... D'ailleurs, non, je ne veux rien dire, ça vaudra mieux (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 760).D'abord il songea à écrire une belle lettre pleine de respect et de tendresse (...). Puis il pensa qu'un court billet valait mieux (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 71).
Valoir mieux que + subst.Les femmes valent mieux que les hommes (Montherl., Célibataires, 1934, p. 859).
Proverbe. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. V. ceinture I A 1.Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. V. tenir 1reSection I A 4 a.
Valoir mieux que de + inf.V. mieux I A 2 b ex. de Amiel et de Alain.Mieux vaut + inf.V. mieux I A 1 a ex. de Mauriac.
Ça vaut mieux que de se casser une/la jambe. [Formule fam. utilisée pour consoler d'un malheur, d'un désagrément] Isabelle: Vous avez vraiment tout perdu? Cristina: Oh! Presque tout. Isabelle: Charmant! (Un temps). Enfin ça vaut mieux que de se casser la jambe, dit-on (...). Ce n'est pas si sûr que ça parce qu'une jambe ça se répare, tandis qu'une fortune perdue, ça ne se répare pas! (Bourdet, Sexe faible, 1931, iii, p. 467).
Empl. impers.
[Constr. avec l'inf.] Concrètement, combien vous reste-t-il d'avions? (...)Mieux vaut ne pas en parler. Comme aviation régulière, nous avons cessé d'exister (Malraux, Espoir, 1937, p. 561).Karsky: Il n'y a pas de quoi être fier: ils sont venus à dix contre un. Hoederer: Quand on veut gagner, il vaut mieux se mettre à dix contre un, c'est plus sûr (Sartre, Mains sales, 1948, 4etabl., 4, p. 147).Mieux vaut tenir que courir. Je ne me faisais pas d'illusions sur la possibilité de faire payer intégralement aux Allemands tous les dégâts qu'ils nous avaient causés. Selon l'expression populaire, mieux valait tenir que courir (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 375).
Ça vaut mieux. V. mieux I A 1 a ex. de Zola.
[Constr. avec que + subj.]Si la conversation s'envenime, il vaut mieux qu'Aïescha ne puisse pas s'y mêler (Lenormand, Simoun, 1921, 5etabl., p. 49).Antigone, continue: J'ai peur... Elle s'arrête. Elle se dresse soudain. Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que jamais personne ne sache (Anouilh, Antigone, 1946, p. 207).
4. [Constr. avec faire]
a) Mettre en valeur, faire apprécier plus. Les parois blanches des façades faisaient valoir les encadrements peints des fenêtres (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 240).Les couleurs vives dont elles sont vêtues, le costume qui fait valoir la taille mince et met en valeur, en les séparant nettement, les hanches et les bustes, nous disposent à la rencontre d'une belle fille (Larbaud, Journal, 1932, p. 273).
Empl. pronom. Désapprobation des virtuoses qui jouent de manière à se faire valoir eux-mêmes aux dépens du maître qu'ils interprètent (Gide, Journal, 1943, p. 195).
En partic. Montrer par un raisonnement, par un discours, l'importance, la valeur, l'utilité de quelque chose. Faire valoir une excuse. Le comte avait rapporté des fume-cigarette, des porte-mines d'Autriche et d'Allemagne. « Grâce au change, je les ai payés un sou! » Cette façon de faire valoir ses cadeaux eût assez étonné Paul (Radiguet, Bal, 1923, p. 159).
Faire valoir que.La nécessité s'imposait de mettre en place notre dispositif de couverture. Je fis valoir au ministre que la sécurité du pays nous imposait de prendre cette mesure sans retard (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 213).
b) Loc. Faire valoir ses droits. Demander (pour soi) à une administration, à une hiérarchie, l'application d'une norme, d'un règlement. J'ai fait valoir mes droits (...). J'ai demandé à rejoindre une division en campagne. Cette faveur m'a été enfin accordée (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 77).
C. −
1. [Le suj. désigne une chose] Être équivalent, égaler en valeur, en utilité, en qualité. Rien ne vaut la montagne pour les poumons. Il renvoya même les truffes, et le précepteur, qui s'en délectait, dit par bassesse:« Cela ne vaut pas les œufs à la neige de madame votre grand'mère! » (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 24).La moindre feuille, pour lui, a plus de sens que toute parole; et presque à son dernier jour il dit encore à Eckermann qu'il n'est pas de discours qui vaille un dessin, même tracé au hasard par la main (Valéry, Variété IV, 1938, p. 109).
DR. En fait de meubles, possession vaut titre. Quatre-vingt mille francs comptant, et vous me laisserez les diamants, ajouta-t-il (...) En fait de meubles, la possession vaut titre (Balzac, Gobseck, 1830, p. 414).
2. [Le suj. désigne une pers.] Avoir les mêmes qualités, le même mérite que. Chaque femme vaut toute femme. Rappelez-vous qu'un brave soldat peut, sans déchoir, être un brave homme. L'un vaut l'autre après tout (Courteline, Gend. sans pitié, 1899, 1, p. 151).Tu as faim? Le beau malheur. Tu n'es pas le seul, tu sais, en ce bas monde. Il y en a d'autres. Et qui te valent bien! (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 371).
Loc. proverbiale. Un homme averti en vaut deux. V. averti II A.
3. Autant vaut. Est équivalent, est aussi avantageux, représente la même chose.
a) [Suivi d'un subst.] Autant vaut la mort. Un savant qui promènerait sans cesse son esprit de science en science, de livre en livre, serait le moins savant des hommes: autant vaudrait la plus complète ignorance (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 165).
b) [Suivi d'un inf. ou d'une prop. inf.] Qu'est-ce qu'un amour qui fait bâiller? Autant vaudrait être dévote (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 310).Quand les hommes se mettent à prendre des congés de dix et quinze jours en plein milieu de l'hiver, autant vaudrait casser le chantier de suite (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 138).
c) [Suivi d'une prop. introd. par que] C'est du jus de queue de cerises, Tes « Pully » comme tes « Cully ». Autant vaut qu'on se gargarise Avec l'air de Funiculi (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 104).
D. − Être suffisamment utile, intéressant pour légitimer quelque chose, pour mériter un effort, un sacrifice. Il n'y a pas de conquête scientifique qui vaille le sacrifice d'un sentiment moral (L. Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 211).Petypon! avant de rentrer, je crève de soif; nous venons de passer deux heures à faire une opération des plus compliquées...! Quand on vient d'ouvrir un ventre... ça vaut bien un bock! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 2, p. 6).
Valoir le coup. V. ce mot C 2 synt., expr. d.Valoir le déplacement (v. ce mot A 3), le dérangement (v. ce mot ex. 5), le voyage*. Valoir la peine. V. ce mot III B 2.Le jeu n'en vaut pas la chandelle. V. ce mot B 4.Paris vaut bien une messe. V. ce mot A 1.
[Constr. avec un inf. introd. par de] Mériter. Valoir d'être vu. La « solidarité républicaine » suppose que la République vaut d'être défendue par les démocrates des deux classes, de la classe ouvrière et de la classe bourgeoise (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 26).Je ne cherche pas à diminuer ma faute à vos yeux... mais, tout de même, ça ne vaut pas d'être (...) traitée comme ça! (Guitry, Veilleur, 1911, ii, p. 18).
[Constr. avec une complét. au subj.] Mériter que, être digne que. Cela ne vaut pas qu'on en parle ; pensée qui ne vaut guère qu'on s'y attarde. Folly, qui valait qu'on l'aimât, parce qu'elle était effectivement la plus gentille des petites robes grises de Greenock (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 111).La vérité vaut bien qu'on passe quelques années sans la trouver (Renard, Journal, 1901, p. 633).
II. − Empl. trans. Valoir qqc. à qqn.Entraîner pour quelqu'un telle ou telle conséquence (bonne ou mauvaise). Valoir un avantage à qqn; la campagne ne me vaut rien ; cela m'a valu bien des désagréments; qu'est-ce qui me vaut votre visite? Quelle disgrâce physique ou morale me valait la froideur de ma mère? (Balzac, Lys, 1836, p. 5).Ce qui m'importait, ce jour-là, c'était d'avoir mis le doigt sur le seul sujet qui pût te jeter hors des gonds, sur ce qui t'obligeait à sortir de ton indifférence, et qui me valait ton attention, fût-elle haineuse (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 104).
Valoir à qqn de + inf.Quelle aventure heureuse ou grave Me vaut de te voir aujourd'hui? (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 163).Mon épaule fracturée, mon énorme gouttière me valaient de figurer au premier rang des héros (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 245).
III. − Empl. pronom. Être équivalent, avoir la même valeur. Tout s'équilibre, tout se vaut. Au fond, le concubinage et le mariage se valent, puisqu'ils nous ont, l'un et l'autre, débarrassés des préoccupations artistiques et des tristesses charnelles (Lemaître, Contemp., 1885, p. 321).On croirait à t'entendre que toutes les opinions se valent et qu'on les attrape comme des maladies (Sartre, Mains sales, 1948, 5etabl., 2, p. 190).
Péj. Être également mauvais, sans valeur, sans intérêt. Ça se vaut. Le Gil Blas me reprend. Autant cet argent-là qu'un autre, et tous les journaux se valent (Bloy, Journal, 1892, p. 57).Le visage d'Honoré s'éclaira d'un demi-sourire.Ah, il boitait... Tu as bien fait de te défendre. Ces gens-là, il ne faut jamais les manquer, ils se valent tous (Aymé, Jument, 1933, p. 79).
Prononc. et Orth.: [valwa:ʀ], (il) vaut [vo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je vaux, tu vaux, il vaut, nous valons, vous valez, ils valent; imp.: je valais ...; passé simple: je valus ...; fut.: je vaudrai ...; passé comp.: j'ai valu ...; p.-q.-parf.: j'avais valu ...; passé ant.: j'eus valu ...; fut. ant.: j'aurai valu ...; cond. prés.: je vaudrais ..., passé: j'aurais valu ...; subj. prés.: que je vaille ..., (xvieet xviies.: que je vale ..., encore vivant dans l'us. pop. et qu'on retrouve dans la conjug. de prévaloir) que nous valions, que vous valiez (refaits d'apr. le prés. de l'ind., les formes anc. étant: que nous vallions, que vous valliez encore us. parfois auj. v. Grev. 1964,697, p. 628); subj. imp.: que je valusse ..., passé: que j'aie valu ..., p.-q.-parf.: que j'eusse valu ...; impér. (peu us.) prés.: vaux, valons, valez, passé: aie valu, ayons valu, ayez valu; part. prés.: valant, passé: valu, -ue. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 valeir « être d'un certain prix » (Alexis, éd. Chr. Storey, 502); 1534 tu vaulse trop! formule d'éloge « être plaisant, agréable (en parlant d'une personne, de ce qu'elle dit) » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech et V.-L. Saulnier, chap. 39, p. 236); 1685 valoir trop d'argent « être d'un prix considérable » (Mmede Sévigné, Lettre à MmeDe Grignan du 29 janvier ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 175); 1690 valoir beaucoup d'argent (Fur., s.v. argent); 1694 valoir de l'argent (Ac., s.v. argent); 1666 valoir son prix « avoir une certaine valeur » (Molière, Misanthrope, III, 1); 2. a) ca 1100 valeir « être estimé à l'égal de quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 921); ca 1625 valoir la peine de « être assez important pour que » (D'Aubigné, Lettre ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 263); fin xives. ne faire cose qui vaille (Froissart, Chroniques, II, § 420, éd. G. Raynaud, t. 11, p. 183); 1549 ne faire rien qui vaille (Est.); b) α) 1160-74 valeir « rapporter, donner tel profit » (Rou, III, éd. A. J. Holden, 111); 1538 faire valoir qqc. « (en) tirer le profit qu'elle peut rapporter » (Est.); 1690 faire valoir par ses mains une terre (Fur.); 1835 faire valoir « exploiter soi-même sa terre » (Ac.); β) xves. [éd. 1528] se faire valoir « se faire apprécier à sa juste valeur » (Perceforest, t. 6, fo108 vods Littré); 1718 « s'attribuer des qualités qu'on n'a pas » (Ac.). γ) 1559 faire valoir qqc. « donner du prix à, faire paraître meilleur » (Ronsard, Hymne de Charles, cardinal de Lorraine ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 9, p. 58, 531); 1664 [éd. holl.] faire valoir qqn « fournir (à quelqu'un) des occasions de paraître à son avantage » (La Rochefoucauld, Sentences et maximes morales, 55 ds Maximes, éd. J. Truchet, p. 448); δ) 1588 faire valoir « faire ressortir en guise d'extase » (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 979); 1611 faire valoir une chose « vanter le mérite, l'importance de » (Cotgr.); c) α) ca 1100 valeir à qqn « être utile à, aider » (Roland, 1840); fin du xiiies. [date du ms.] valoir « faire du bien (en parlant d'une médecine) » (Le medicinal des oiseus, ms. Digby, 86, fo56 vods Tilander, Glanures lexicogr., p. 268); β) 1289 valoir « rapporter un certain profit à quelqu'un » (Trésor des chartes du Comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 1, p. 398); av. 1675 « procurer, faire obtenir quelque chose à quelqu'un » (La Rochefoucauld, Œuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t. 3, p. 217); γ) 1690 cela ne vaut rien « c'est de mauvais augure » (Fur.); 1740 cela ne vaut rien à qqn « cela est mauvais (pour quelqu'un) » (Ac.); δ) 1718 à valoir « se dit de ce qui est fourni à compte d'une plus forte somme » (Ac.); d) xiiies. vaille que vaille « à tout hasard, quoi qu'il en soit » (Ysopet de Lyon, éd. W. Foerster, 666); xiiies. si vaut si vaille (Loi du conseil, éd. A. Barth, 735). Du lat. valere « être fort, vigoureux », d'où « avoir de la valeur, du mérite, un prix ». Fréq. abs. littér.: 13 087. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 18 063, b) 17 607; xxes.: a) 19 365, b) 19 151. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes français ... Paris, 1977, pp. 168-170. − Quem. DDL t. 33 (s.v. faisant-valoir), 38. − Schuchard (B.). Valor ... Bonn, 1970, pp. 103-109.