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TROMPE, subst. fém.
A. −
1. Instrument à vent à embouchure, constitué par un tube conique plus ou moins long, souvent recourbé ou enroulé et terminé en pavillon, dont la sonorité est puissante et grave. Trompe de cuivre, d'ivoire, de laiton; sonner de la trompe; souffler dans une trompe; beuglement, mugissement de la trompe. Ils dansent (...) aux sons de vingt-trois trompes de terre ou de bois d'inégales longueurs (trente centimètres à un mètre cinquante) dont chacune ne peut donner qu'une note (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 729).
En partic.
Vx. Synon. de trompette.Le crieur [public] tient une trompe d'une main et un parchemin déployé de l'autre (Hugo, Cromwell, 1827, p. 97).Proclamer, publier à son de trompe. Faire une proclamation publique après avoir sonné de la trompette. Le samedi 2 avril [1757], l'arrêt principal [de Damiens] fut lu et publié à son de trompe dans soixante-et-dix places et carrefours de Paris, par le crieur ordinaire du roi (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 566).
Au fig., vieilli. À son de trompe. À voix forte, à grand fracas, à grand renfort de publicité. Non, dit-elle, je trouve beaucoup trop d'affectation dans la bienfaisance faite à son de trompe (Balzac, Muse départ., 1844, p. 113).
Trompe de chasse ou, absol., trompe. Synon. de cor de chasse (v. cor1).Trompe d'argent, de cuivre. Une nuée de piqueurs en livrée, (...) les grandes trompes passées autour du corps, sonnant dans les clairières des hallalis prolongés (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 181).On joue la fanfare appropriée sur les trompes de chasse (on ne dit jamais cor de chasse). Tous les chiens, alors, « empaument » la voie, c'est-à-dire partent sur la piste (Vialar, Rendez-vous, 1952, p. 246).V. armement ex. 4.
2. Instrument à vent très simple utilisé pour donner un signal. Trompe de corne; trompe de berger. Le beuglement lointain des trompes de coquillages (Loti, Mariage, 1882, p. 68).À chaque tintement électrique qui lui annonçait un train, sonner de la trompe (Zola, Bête hum., 1890, p. 243).
En partic.
Autrefois, avertisseur de cycle, d'auto constitué par une poire de caoutchouc munie d'une anche et d'un pavillon métallique. Coup de trompe. Le chauffeur cornait, non sans impatience. Au son de la trompe, les visages se tournaient vers l'auto (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 169).
MAR. Trompe de brume. ,,Instrument d'une grande sonorité employé à bord pour donner des signaux d'avertissement pendant les brumes`` (Soé-Dup. 1906). Synon. corne* de brume.
B. − P. anal. (de forme)
1. Partie buccale ou nasale très allongée en forme de tube.
a) Trompe (de l'éléphant). Prolongement nasal servant à la fois d'organe de préhension très développé et de pompe pour aspirer et rejeter l'eau. Synon. proboscide (v. ce mot A).Un éléphant coriace et plissé dressa sa trompe bicentenaire, comme s'il allait barrir, et simplement bâilla (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 188).V. éléphant ex. 1.
b) Partie allongée prolongeant la tête ou le nez de certains animaux. Trompe du tapir. La petite trompe mobile [de la taupe poursuivie] frémit de fièvre et de peur (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 84).V. amphibie ex. 9, aromal ex. 3.
c) Chez les insectes, les mollusques, certains vers, partie buccale formée de pièces allongées, rétractile ou non, permettant l'aspiration. Trompe du moustique. Pécuchet, tenant la bestiole [un papillon] avec délicatesse, leur faisait observer (...) sa trompe osseuse qui aspire le nectar des fleurs (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 164).
2. ANATOMIE
Trompe d'Eustache. Conduit osseux et cartilagineux, partant de l'intérieur de la cavité du tympan, qui aboutit au rhino-pharynx et permet le passage de l'air extérieur. Son inflammation [du nez], s'étendant à la partie postérieure des fosses nasales, a vite fait de gagner la trompe d'Eustache et l'oreille moyenne (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 190).
Trompe utérine, trompe de Fallope. Chez les mammifères, conduit reliant l'ovaire à l'utérus et permettant le passage de l'ovule produit par l'ovaire jusque dans la cavité utérine. Infection, inflammation, obturation des trompes; pavillon de la trompe. Les trompes de l'utérus, dites de Fallope, sont, dans la femme, deux conduits tortueux, dont le diamètre égale à peine celui d'une petite plume à écrire, et qui s'étendent de chaque côté de l'utérus jusqu'aux ovaires (Cuvier, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 137).L'oocyte passe alors dans la trompe de l'oviducte, où a lieu la fécondation et le début de la segmentation (Caullery, Embryol., 1942, p. 98).Ligature* des trompes.
3. Arg., pop. Nez, généralement proéminent. Avise-toi pas de l'ver la trompe en l'air pendant l'moment que dure la chose [les rafales de plomb] (Barbusse, Feu, 1916, p. 229).
C. − Spécialement
1. ARCHIT. Voûte ou saillie constituée par des pierres disposées en encorbellement et destinée à soutenir une construction en saillie par rapport aux murs de soutien. Problème (...) que rencontre l'architecte s'il veut inscrire une coupole dans le carré de ses murs de base; par des pendentifs ou par des trompes d'angle, il cherche alors le passage et le raccord d'une forme à l'autre (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 214).V. pendentif ex.
2. PHYS. Trompe à eau, à mercure. ,,Appareil dans lequel un courant de liquide (eau, mercure) ou de vapeur (de mercure) permet de faire un vide partiel`` (Duval 1959). Synon. pompe2.L'aspiration du liquide ancien se fait (...) à l'aide d'un fin trocart métallique ou en verre fixé à l'extrémité d'un tuyau de caoutchouc relié à une trompe à eau (J. Verne, Vie cellul., 1937, p. 37).Des découvertes apparemment mineures, comme (...) celle de la trompe à eau (qui grâce à l'eau courante permet la généralisation de la distillation sous vide et de l'essorage) (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 339).V. dessus1ex. 5.
Prononc. et Orth.: [tʀ ɔ ̃:p]. Homon. de formes conjuguées de tromper. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1176 « toupie » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3706); 2. a) 1remoit. du xiiies. mus. (Guillaume de Palerne, éd. H. Michelant, 2931); 1467 trompes de chace (Jean de Roye, Chronique, éd. B. de Mandrot, t. 1, p. 176); b) 1656 à son de trompe « en attirant bruyamment l'attention par ses propos » (Pascal, Provinciales, II ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, 1963, p. 378b); c) 1893 « appareil avertisseur monté sur une automobile, une bicyclette » (Courteline, Boubouroche, p. 49); d) 1904 trompe de brume (Nouv. Lar. ill.); 3. a) 1538 « long prolongement du nez de l'éléphant » (Est. d'apr. FEW t. 17, p. 376a); 1684 « chez des insectes, des mollusques, partie buccale en forme de tube » (Furetière, Essais d'un dict. univ.); b) 1684 anat. (ibid.); 4. 1568 archit. (Ph. Delorme, Architecture, p. 88); 5. 1904 trompe à eau, à mercure « appareil comportant un système tubulaire destiné à faire le vide » (Nouv. Lar. ill.). De l'a. b. frq. *trumba « trompette », cf. l'a. h. all. trumba, trumpa, le m. h. all. trumbe, le m. néerl. tromme, prob. d'orig. onomat. Le sens 1 est prob. dû à la compar. du bruit d'une toupie avec celui des trompes. Fréq. abs. littér.: 568. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 887, b) 817; xxes.: a) 671, b) 812.
DÉR.
Trompillon, subst. masc.a) Archit. α) Petite trompe. Voici, là, à l'encoignure, cette belle maison à tourelle en trompillon, bâtie pour votre illustre compatriote, Philibert Delorme (Borel, Champavert, 1833, p. 130). β) Voussoir qui forme le pôle inférieur des trompes coniques et des voûtes en coquille. La trompe est en général une voûte à intrados en fraction de cône dont le sommet est matérialisé par un trompillon (Nér.Hist. Art1985, s.v. trompe).b) Menuis. ,,Partie circulaire au milieu d'une imposte cintrée, dans laquelle viennent s'assembler les montants ou les petits bois`` (Barb.-Cad. 1971). [tʀ ɔ ̃pijɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1835. 1resattest. a) 1676 archit. (Félibien, p. 763), b) 1872 menuis. (Littré); de trompe, suff. -illon (-ille*, -on1*).
BBG.Ball (R. V.). Nouv. dat. pour le vocab. de l'automob. Fr. mod. 1975, t. 43, p. 57. − Bowles (E. A.). Unterscheidung der Instrumente Buisine, Cor, Trompe und Trompette. Archiv für Musikwissenschaft. 1961, t. 18, p. 52, 60, 66, 71. − Brücker (F.). Die Blasinstrumente in der altfrz. Lit. Giessen, 1926, pp. 18-22. − Quem. DDL t. 2, 14.