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TRIQUE, subst. fém.
A. −
1. Gros bâton qui sert d'appui pendant la marche, et qui peut être utilisé pour frapper, pour assommer. Synon. gourdin.Donner, recevoir des coups de trique. Ivre (...) le vieux rouleur (...) avait laissé tomber sa trique dont les gamins s'étaient emparés, et maintenant, incapable de faire un pas, il restait le dos au mur de la ferme (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 121).Je les ai vu ramer tout nus [les galériens], brûlés par le soleil, trempés par la vague, claquant des dents, trimant douze heures par jour (...) et des chiens d'argousins qui les frappaient avec une trique (Aymé, Vogue, 1944, p. 78).
Être raide comme une trique. Le député de Bouville n'avait pas la nonchalance du Président de la ligue de Patriotes. Il était raide comme une trique et jaillissait de la toile comme un diable de sa boîte (Sartre, Nausée, 1938, p. 121).
Être maigre, sec comme une trique, un coup de trique. Être excessivement maigre. Synon. être maigre comme un clou*.Sa chemise battait du pan sur ses cuisses maigres comme des triques (Aymé, Vaurien, 1931, p. 52).[Le capitaine] était un grand maigre, sec comme un coup de trique (Vialar, Bal sauv., 1946, p. 102).Au fig. Être insensible, sans cœur, indifférent. J'avais pas une bribe, pas un brimborion d'honneur... Je purulais de partout! Rebutant dénaturé! J'avais ni tendresse, ni avenir... J'étais sec comme trente-six mille triques! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 340).
P. anal., pop. Personne très maigre. [La Lune] repartit d'un rire outré, avec une affection de gaieté qui choqua Brûlebois:Qu'est-ce qu'il a à se tortiller c'te grande trique? (Aymé, Brûlebois, 1926, p. 92).
2. Coups de trique. P. ext. Correction quelconque. J'avais les dents serrées de peur, de plaisir, de je ne sais quoi; en moi-même je pensais: « Le commissaire est là (...) gare tout à l'heure les coups de trique!... » (A. Daudet, Contes lundi, 1873, p. 233).
3. Arg. Pénis en érection. « On peut toucher? » (...) « Des fois qu'elle serait postiche. » « Postiche! Postiche! répète le blondinet écœuré. Dans le civil je me réveillais tous les matins avec une trique deux fois grosse comme ça » (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 249).Avoir la trique. Avoir une érection. (Ds Bruant 1901, s.v. érection).
B. −
1. Autorité brutale, répressive. Je ne suis pas pour les Autrichiens (...) mais je ne serai pas pour vous si demain vous tenez la trique.Nous ne cherchons pas la trique, dit Angélo (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 166).
2. Mener, faire marcher qqn/le monde à la trique/à coups de trique. Soumettre à une autorité brutale. Être au-dessus de la foule où il ne voyait que des imbéciles et des coquins, mener le monde à coups de trique, cela développait dans l'épaisseur de sa chair un esprit adroit, d'une extraordinaire énergie (Zola, E. Rougon, 1876, p. 131).
C. − Arg. Interdiction de séjour. Carnet de trique. Il avait dix piges de trique à se farcir (Le Breton, Rififi, 1953, p. 218).
Prononc. et Orth.: [tʀik]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1385 jouer aux triques « jouer avec des bâtons (?) » (doc., Reims ds Gdf. Compl.); b) 1690 « gros bâton, gourdin » (Fur.); c) 1896 sec comme un coup de trique (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., p. 324); 2. a) 1820-40 « volée de coups de bâton appliquée à titre de correction, de châtiment » (Ms. Jacquinot ds Larch. Suppl. 1889, p. 244); b) 1929 « exercice brutal de l'autorité » (Montherlant ds Lar. Lang. fr.); 3. a) 1878 « surveillance de haute police » (Rigaud d'apr. Esn.); b) 1885 « interdiction de séjour » (d'apr. Esn.); 4. a) 1901 avoir la trique (Bruant, s.v. érection); b) 1949 trique (Sartre, Mort ds âme, p. 249). Var. de estrique « bâton que l'on passe sur une mesure pour faire tomber le grain qui est en trop » (att. à St-Omer en 1429 ds Gdf.), issu du verbe corresp. estriquer (fin du xves., J. Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, p. 511), de l'a. b. frq. *strîkan « passer un objet sur un autre », duquel est aussi issu l'a. fr. estrikier « aplaigner (le drap) » (1275 ds De Poerck). FEW t. 17, p. 260a. Dans 3 a-b, trique remplace canne, de même sens (dep. 1843 au sens 3 a d'apr. Esn.), v. Esn., s.v. canne III. Fréq. abs. littér.: 108.
DÉR. 1.
Tricard, -arde, subst.,arg. Personne interdite de séjour. Si je me justifiais pas en moins de rien, j'allais me trouver en quarantaine, tricard de partout! Angelo, il était pas à court pour les saloperies (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 128).P. anal. Personne mise à la porte, exclue. Après des études mouvementées à travers 14 établissements, Frédéric « tricard de tous les lycées de France » pour insubordination, décide de faire sa médecine (Le Point, 26 mai 1975ds Gilb. 1980). [tʀika:ʀ], fém. [-aʀd]. 1reattest. 1896 (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg. ds Quem. DDL t. 31); de trique, suff. -ard*.
2.
Triquer, verbe.a) Empl. trans. α) Pop., vieilli. Battre à coups de trique. Triquer un âne. Sur l'Infanta Combitta on bouffait pas mal, on les triquait un peu les copains, mais pas trop, et en somme ça pouvait aller (Céline, Voyage, 1932, p. 233). β) Au passif, arg. Être interdit de séjour. En ce temps-ilà (...) j'étais triqué pour ne sais pu quelle foutaise (...) j'avais pus le droit d'arrêter nulle part où j'aurais pu trouver de l'embauche (M. Stéphane, Ceux du trimard, 1928, p. 80).b) Arg., empl. intrans. Être en érection. Synon. bander.Forcément, la nuit, moi je trique comme un chêne... C'est ma nature, j'ai toujours été... Même bébé, ma nourrice, elle en prenait son pied (...)! (R. Rabiniaux, La Bataille de Saumur, 1971, p. 200 ds Cellard-Rey 1980). [tʀike]. 1resattest. a) 1842 « battre à coups de trique » (Ac. Compl.), b) 1902 supra sens b (Chansons, p. 262 ds Cellard-Rey 1980); de trique, dés. -er; cf. triqueter « battre (au jeu) » (fin du xves., E. Deschamps, Farce de mestre Trubert, 549 ds Œuvres complètes, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 172).
3.
Triquet, subst. masc.a) Jeux. Battoir étroit dont on se servait pour jouer à la paume. (Dict. xixeet xxes.). b) Technol. α) Échafaud de couvreur, en forme de triangle (Dict. xixeet xxes.). β) Grand tas de fourrage. Le fourrage peut être accumulé en grands tas appelés « triquets » édifiés à l'air libre, ou sous des granges appelées « fenils » (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 374). [tʀikε]. Att. ds Ac. dep. 1740. 1resattest. a) 1676 « échafaud de couvreur en forme de triangle » (Félibien, p. 763), b) 1680 supra sens a (Rich.); de trique, suff. -et*.
BBG.Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 75 (s.v. triquer). − Quem. DDL t. 31 (s.v. tricard).