Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
TRIOMPHER, verbe
A. − Empl. trans. indir.
1. Triompher de qqn.Avoir l'avantage d'une manière éclatante, remporter un succès total sur quelqu'un. Synon. écraser, surclasser, vaincre.Triompher de ses adversaires, de ses concurrents, de ses rivaux. Vous n'aurez pas de peine à triompher d'un ennemi si peu digne de vous (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 126).Si l'on avait admis les ministres dans l'assemblée, M. Necker, qui plus que personne était capable de s'expliquer avec force et chaleur, aurait, je le crois, triomphé de Mirabeau (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 207).
Littér. Triompher d'une femme. Vaincre sa résistance. C'est bien mal, monsieur, dit-elle en faisant un brusque effort et en se rejetant à un coin de l'appartement vers la porte qu'elle essaya d'ouvrir. La porte était fermée en dehors.Quelle infamie! s'écria-t-elle; et vous avez cru triompher de moi par des moyens semblables? (Champfl., Bourgeois Molinch., 1855, p. 267).Triompher de Gina, certes, mais comment? J'étais beaucoup moins gonflé qu'en montant à une tribune (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 78).
2. Triompher de qqc.
a) Faire reculer ou disparaître. Synon. vaincre.
[Le suj. désigne une pers.] Il avait l'air d'un homme qui accomplit sans illusion un devoir rigoureux, urgent, non dans l'espoir de triompher de l'injustice, mais simplement pour ne pas tourner le dos à son malheur (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1490).
[Le suj. désigne une chose] À la longue, pourtant, la fatigue triompha de l'inquiétude, et lorsqu'on entra le matin dans notre chambre, nous dormions l'un et l'autre (Mérimée, Dern. nouv., 1869, p. 133).L'odeur de toile chaude et de terre moite qui triomphe de celle du maquillage (Colette, Entrave, 1913, p. 30).
b) Venir à bout de, l'emporter sur. Synon. surmonter.Triompher d'une difficulté, d'une résistance; triompher de toutes les oppositions. Elle éprouvait la jouissance ineffable de triompher d'obstacles immenses (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 592).En quinze jours, il avait triomphé de tout et s'offrait calmement désormais l'immense satisfaction de bafouer l'ordre hitlérien (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 209).
Triompher du temps. ,,Avoir une durée très longue`` (Littré).
c) Se rendre maître de, être plus fort que. Synon. dominer, maîtriser, surmonter.Triompher d'une habitude, d'une tentation; triompher de ses passions. Mais, arrivés près d'ici... devant un groupe de quinze ou vingt promeneurs, monsieur Dufouré triomphe enfin de sa timidité! (Barrière, Capendu, Faux bonsh., 1856, I, 7, p. 22).Ce maître accompli [Talleyrand] en l'art de séduire et de plaire aura certes bien su ce qu'il faisait en triomphant de sa paresse pour écrire (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 13).
Triompher du destin. Comme pour exprimer les détours du destin Dont le héros triomphe, un graveur florentin Avait sur son écu sculpté le labyrinthe (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 513).
Triompher de la maladie. Rieux avait acquiescé, disant simplement que la séparation commençait à être longue et que lui aurait peut-être aidé sa femme à triompher de sa maladie, alors qu'aujourd'hui, elle devait se sentir tout à fait seule (Camus, Peste, 1947, p. 1372).
Triompher de la mort. Elle paraît aussi éternelle que la magnificence du firmament et les chants harmonieux de la nature environnante. Elle triomphe de la mort (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 446).
Triompher de soi-même. Se maîtriser, se dominer. Quelle femme plus éclairée que vous, plus habituée à la réserve, plus faite enfin pour triompher d'elle-même et en imposer aux autres! (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1808).
B. − Empl. intrans.
1. ANTIQ. ROMAINE. Obtenir les honneurs du triomphe. Pompée triompha trois fois (Ac.).Sous l'Empire, seul l'empereur pouvait triompher. Ses généraux recevaient alors les ornements triomphaux (Pell.1972).
2.
a) Remporter une victoire éclatante, un grand succès dans une bataille, une compétition, une confrontation. Synon. gagner, vaincre.Napoléon triomphe de nouveau à Wurtchen et à Bautzen (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 15).Les Soviétiques triomphent en gymnastique où la meilleure représentante française (...) est la première et la seule à s'inscrire parmi les huit meilleurs gymnastes du monde (Jeux et sports, 1967, p. 1305).
b) [Le suj. désigne une chose]
S'imposer avec éclat, s'établir définitivement. Doctrine, idée, projet, théorie qui triomphe. C'est par la vérité que la raison doit triompher (Lamart., Confid., 1849, p. 110).La république finira par triompher dans toute l'Europe (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 392).
[Dans une tournure factitive] Faire triompher la vérité, son point de vue. Cet avocat a fait triompher le bon droit (Ac.1935).La liberté enfante l'anarchie, l'anarchie conduit au despotisme, et le despotisme ramène à la liberté. Des millions d'êtres ont péri sans avoir pu faire triompher aucun de ces systèmes (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 56).
Avoir la suprématie, une influence prépondérante. Cocteau donnait Parade au Châtelet, dont Picasso avait dessiné les costumes et brossait les décors et le rideau des Ballets Russes. Le cubisme triomphait (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 392).C'est aux environs de 1855, à l'Exposition universelle que triomphe le style Pompadour (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 165).
3.
a) Afficher un air de triomphe; être transporté de joie, de fierté. Synon. exulter, jubiler, rayonner1.Quand on lui parle de ses enfants, elle triomphe (Ac.1935).Qui triomphe d'avance en est bientôt puni (Constant, Wallstein, 1809, II, 2, p. 49).
[Suivi d'un compl. de cause] Il triomphait de n'avoir pas la manie des autres, sans penser qu'il avait aussi la sienne et que c'était elle qui le préservait d'une autre (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 305).Elle triomphait gentiment d'avoir su suivre son mari les yeux fermés dans la liberté nocturne de la petite ville (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 98).
En partic. Dire, proclamer avec un air de triomphe. Le soir, au dîner, Paul triomphait: « C'est elle qui t'a lâché, mon cher. Ça c'est drôle, c'est bien drôle » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Sœurs R., 1884, p. 1277).Il se contenta de triompher, d'un air goguenard: ah! ah! le fort des forts était donc par terre? (Zola, Germinal, 1885, p. 1534).
En incise. Alors! triompha Gilbert. Qu'attendez-vous? C'est l'instant ou jamais (Arland, Ordre, 1929, p. 63).
b) [Le suj. désigne une chose] Se manifester avec éclat. La radieuse matinée d'avril triomphait au-dessus du champ de massacre (Zola, Bête hum., 1890, p. 232).À la fin triomphe le God save the King (Prod'Homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 311).
4. Réussir brillamment, avoir beaucoup de succès.
a) [Le suj. désigne une pers.] Il triomphait dans les rôles où l'acteur doit paraître la figure blanchie avec de la farine et recevoir ou donner un nombre infini de coups de bâton (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 142).Il me plaît de croire que, si le bouffon entre en scène, c'est parce qu'il y a dans la troupe un acteur aimé du public et qui triomphe dans ce genre (Alain, Propos, 1921, p. 224).
b) [Le suj. désigne une forme d'art, une réalisation artist.] Pièce de théâtre qui triomphe à Paris. Le succès fut colossal. Depuis 1912, Pathé n'a jamais cessé d'exploiter ses versions successives du roman de Victor Hugo [Les Misérables], bientôt imité par l'Amérique, où le film triompha (Sadoul, Cin., 1949, p. 75).
Prononc. et Orth.: [tʀiɔ ̃fe], (il) triomphe [tʀiɔ ̃:f]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. « Remporter un avantage décisif, une victoire dans un affrontement militaire, une compétition quelconque » a) α) ca 1265 intrans. part. prés., cont. milit. (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, XXVII, 4, p. 39: il [Alexandre] ala triumphant par le monde); ca 1460 id. (Mystère du siège d'Orléans, éd. F. Guessard et E. de Certain, 19667: La Pucelle desmesuree Y est triomphant); 1466 part. prés. subst. masc. « triomphateur » (Jean de Bueil, Le Jouvencel, II, VI, éd. C. Favre et L. Lecestre, t. 1, p. 122); 1559 trans. ind. triompher de (un ennemi) (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Coriolan, LV, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 511); β) 1538 antiq. « avoir les honneurs du triomphe » (Est., s.v. triumphus); 1680 part. prés. adj. (Rich.); b) déb. xives. trans., en parlant du Christ (Jean Chapuis, Trésor, 708 ds G. de Lorris et J. de Meun, Rose, éd. Méon, t. 3, p. 359: Quant tu triomphas le deable); c) « sortir vainqueur de toutes sortes de difficultés, les surmonter » 1470 [éd. 1537] part. prés. adj., en parlant d'une chose (Livre de la discipline d'amour divin, fol. 139 b: est amour fort, vaillant, triomphant); fin xvies. trans. indir. (A. d'Aubigné, La Création ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 327: le tems Semble bien trionpher de tout ce qu'on peut voir); 2. « exceller, faire merveille dans un domaine » a) ca 1482 part. prés. adj. « excellent dans son genre, éclatant, magnifique » (Mathieu d'Escouchy, Chron., CLIII, éd. G. Du Fresne de Beaucourt, t. 2, p. 44: une chapelle à cinq croix [à la basilique Saint Denis] [...] aussi triomphante que celle de Paris); b) ca 1535 trans. ind. (Nic. de Troyes, 21 ds Hug.: aux escoles [...] où il triumphoit d'apprendre); 1636 intrans. (Monet); 3. ca 1540 trans. indir. « être ravi de joie à propos d'un avantage, en tirer vanité » (Est. Dolet, Deux Dial. de Planton, p. 56 ds Gdf. Compl.); 1550 intrans. (Bible Louvain, 4 Esdras, 1 b d'apr. FEW t. 13, 2, p. 310 a); 1694 avoir un air triomphant (Ac.). Empr. au lat.triumphare intrans. « obtenir les honneurs du triomphe, triompher », trans. « vaincre, triompher de quelqu'un »; fig. « exulter, être transporté ». Fréq. abs. littér.: 2 465. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 250, b) 3 134; xxes.: a) 3 618, b) 3 002.