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* Dans l'article "TRANSPOSER,, verbe trans."
TRANSPOSER, verbe trans.
A. − Changer quelque chose de place, de position.
1.
a) Vieilli ou littér. Déplacer une chose d'un lieu à un autre. Synon. déplacer.Treuils, poulies, machines simples, et toutes ces manœuvres de manutention qui de la rive dans les cales, de la cale sur la rive transposent la matière des échanges (Valéry, Variété II, 1929, p. 32).
JEUX DE CARTES. Déplacer sa mise d'une carte sur une autre. Je transpose le paroli du valet à la dame (Ac.1835, 1878).
Au fig. Transplanter. René, en effet, n'est autre que ce jeune homme de seize ans transposé, dépaysé au milieu d'une autre nature et au sein d'une autre condition sociale (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 3, 1850, p. 87).
b) Placer une chose ailleurs qu'à son rang normal. Synon. déplacer, inverser, intervertir.Transposer les syllabes d'un mot. Pardon, Messieurs; c'est une page qui aura été transposée... Hé bien! je ne la trouve pas ... Aurait-elle glissé? (Mérimée, Mosaïque, Mécontents, 1833, p. 226).
INDUSTR. GRAPH. ,,Changer, par accident, l'ordre normal des pages dans une imposition, des lignes dans une composition, ou des lettres dans un mot`` (Comte-Pern. 1963).
c) P. anal. Déplacer dans le temps. Tout conspire à miner la croyance d'une vie future sur laquelle l'édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L'avenir, qui nous attendait par delà le requiem, a été transposé dans le présent (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 120).
2. Inverser l'ordre des termes d'un rapport. Synon. renverser.Les rôles se trouvent transposés. Les chefs du peuple subissent, avec une lâche résignation, la puissance oppressive des préjugés qu'ils condamnent, et n'osent, par crainte des forces combinées d'ignorance, revendiquer la justice et le droit qu'ils prétendent représenter (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 113).
LOG., MATH. Inverser l'ordre d'application des termes ou des propositions. Transposer les termes d'une équation. Pour rendre cette constitution monarchique, sans en altérer les principes, c'est-à-dire sans la rendre despotique, qu'auroit-il fallu faire? Changer notre proportion, P, S, R, en cette autre, R, S, P, c'est-à-dire, transposant les moyens extrêmes, P et R: le pouvoir législatif se trouvant alors dévolu aux rois et au sénat, en même temps que le peuple en retient encore une troisième partie (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 200).
B. −
1. MUS. Noter ou exécuter un morceau dans un ton différent de celui de l'original. Il lui donna, pour le lendemain, cinquante pages de musique à transposer pour mandoline et guitare (Rolland, J. Chr., Foire, 1908, p. 795).
P. métaph. ou au fig. Lamartine, depuis lors, n'a fait que redire la même chose sur tous les tons, ou plutôt il a redit le même ton sur toutes les choses. Même dans sa politique, il n'a fait que transposer, comme en musique; mais quant au fond, c'est toujours une méditation ou une harmonie (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 87).Dans la deuxième réponse qu'il m'a fait l'honneur de m'adresserréponse qui transpose seulement sur le mode irrité les affirmations de son premier article, M. Souday veut bien prendre en pitié la déliquescence de mon cerveau (Bremond, Poés. pure, 1926, p. 39).
2. Modifier les valeurs d'un système, d'une grille. [Les radiations infrarouges] transposent les couleurs: un tableau bariolé sera traduit sur une plaque ordinaire par des valeurs de gris plus ou moins soutenu; sur une plaque infrarouge, la plupart des couleurs seront traduites par du blanc, certaines seulement, comme le bleu de Prusse, par du gris (Prinet, Phot., 1945, p. 105).
3. Adapter un énoncé à un contexte d'énonciation différent. Il répéta, en la transposant à la troisième personne, la phrase du patron:Monsieur trouve-t-il que c'est bon? (Hamp, Marée, 1908, p. 73).Pour reprendre, en la transposant, une formule célèbre, on peut dire que Louis Pasteur ne fut pas un microbiologiste, mais bien la microbiologie elle-même (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 38).
4. Vx. Apporter des modifications à une œuvre pour la rendre conforme au goût, aux bienséances, etc. Les amis qu'il [Voltaire] chargeait de les présenter [ses pièces] aux comédiens, les avaient déjà altérées et ces messieurs du théâtre ne se faisaient pas faute de changer, transposer, etc. (Delacroix, Journal, 1850, p. 387).M. Ingres est victime d'une obsession qui le contraint sans cesse à déplacer, à transposer et à altérer le beau (Baudel., Curios. esthét., 1859, p. 262).
C. −
1. Adapter une œuvre, un thème à un contexte différent, dans une forme différente. [Dans le ballet Phèdre de G. Auric pour Diaghilev] Jean Cocteau transposait en action mimée et dansée la tragédie de Racine (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 213).
2. Transférer d'un domaine dans un autre, moyennant une adaptation. Il y en avait [des poètes] pour qui l'audition colorée et l'art combinatoire des allitérations paraissaient ne plus avoir de secrets; ils transposaient délibérément les timbres de l'orchestre dans leurs vers (Valéry, Variété[I], 1924, p. 107).En appliquant et en transposant cette notion au droit constitutionnel, on en vient à l'idée (...) (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 134).
[Le suj. désigne un inanimé] Être l'équivalent de quelque chose, sous une forme adaptée, modifiée. Les trucs photographiques [trucages cinématographiques], par exemple, transposent la machinerie théâtrale (Sadoul, Cin., 1949, p. 29).Le capitalisme, transposant bourgeoisement les penchants du guerrier, prône le goût de l'aventure et du risque, de l'entreprise et de la lutte concurrentielle (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 68).
3. Faire passer le contenu d'une œuvre écrite d'une langue dans une autre, en l'adaptant au goût et aux conventions de la langue d'accueil. Je m'efforce de transposer en français un admirable poème de Kipling (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 143).
[P. oppos. à traduire] [D'Ablancourt] ne pouvait lutter de vertu et de concision avec le latin de Tacite, il lui fallait transposer suivant le génie propre du français (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1926, p. 173).
4. Exprimer par des moyens symboliques, relevant de l'analogie, de l'image. Le langage, intellectuel dans sa racine, ne peut traduire l'émotion qu'en la transposant par le jeu d'associations implicites (Bally, Lang. et vie, 1952, p. 83):
La grande invention de rendre les lois sensibles à l'œil et comme lisibles à vue s'est incorporée à la connaissance, et double en quelque sorte le monde de l'expérience d'un monde visible de courbes, de surfaces, de diagrammes, qui transposent les propriétés en figures (...). Le graphique est capable du continu dont la parole est incapable; il l'emporte sur elle en évidence et en précision. Valéry, Variété III, 1936, p. 182.
5. Noter au moyen d'un code. [Des conventions typographiques] transposent, imparfaitement mais en y ajoutant de nouvelles composantes, le rythme de la respiration (Cl. Hagège, L'Homme de paroles, 1985, p. 88).
REM.
Transposée, subst. fém.,math. ,,Pour une matrice donnée, se dit de la matrice résultant d'une symétrie par rapport à la diagonale principale`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃spoze], (il) transpose [-po:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1190 transposer « traduire » (Herman de Valenciennes, Li Romanz de Dieu et de sa mère, éd. I. Spiele, 4837), attest. isolée; 1. a) mil. xiiies. « transporter, faire passer d'une place à une autre » (S. Marg., I, 603 ds T.-L.); cf. fin xiiies. [ms.] (Vie des Saints, ms. Épinal, fo94c ds Gdf.); b) 1718 jeux (Ac.: Je transpose le parauly [paroli] du valet à la Dame); 2. a) 1300 transposé p. passé adj. « dans un ordre renversé » (Thomas de Cantimpré, trad. du Liber Monstruosis..., éd. A. Hilka, 405, 455 et 479); b) 1606 « placer en intervertissant l'ordre » (Crespin); 3. a) 1694 mus. « faire passer dans un autre ton » (Ac.); b) 1853 « faire changer de forme ou de contenu en faisant passer dans un autre domaine » (Michelet, Journal, p. 728). Empr. au lat. d'époque impérialetransponere « transporter, transposer » (comp. de trans-, v. élém. formant trans- et de ponere « poser, déposer », v. pondre et poser), francisé d'apr. poser*; a remplacé l'a. fr. tresposer, ca 1250 fiestes tresposees « fêtes dont on a changé la date » (Règle de Citeaux, ms. Dijon, fo69 rods Gdf.); ca 1265 « transférer une dignité » la roiautés est trespassee de gens as gens (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, p. 239, ligne 75), avec préf. modifié. Fréq. abs. littér.: 306. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 97, b) 133; xxes.: a) 430, b) 883.
DÉR. 1.
Transposable, adj.a) [Corresp. à supra A] Qui peut être mis à une autre place. Membre de phrase transposable (Boiste 1823). b) [Corresp. à supra C] α) Qui peut être appliqué dans un domaine différent du domaine d'origine. Le système n'est probablement pas transposable tel quel en France (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 217). β) Qui peut être exprimé, traduit par un code, un langage. Les machines analogiques sont des modèles mécaniques du phénomène que l'on veut étudier, et fournissent des informations: longueur, angle de rotation, etc., aisément transposables en mesure du phénomène (Ruyer, Cybern., 1954, p. 35). [tʀ ɑ ̃spozabl̥]. 1resattest. a) 1823 « qui peut être transposé, mis à une autre place » membre de phrase transposable (Boiste), b) α) 1876 mus. « qui peut être mis d'un ton dans un autre » (Lar. 19e), β) 1907 « qui peut être appliqué, moyennant les adaptations nécessaires, à un domaine différent de son domaine spécifique » (Bergson, Évol. créatr., p. 214: le moral est transposable en physique, je veux dire traduisible en symboles spatiaux); de transposer, suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 12.
2.
Transpositeur, -trice, adj. et subst.a) Adj. et subst. α) Mus. [En parlant d'un instrument à vent] Qui transpose automatiquement la notation musicale. Établissons d'abord une ligne de démarcation entre les instruments dont le son se produit tel qu'il est indiqué par les signes musicaux et ceux dont le son sort au dessus ou au dessous de la note écrite. Il résultera de ce classement les deux catégories suivantesInstruments non transpositeurs.Instruments transpositeurs (Berlioz, Instrument., 1844, p. 101).(Clavier) transpositeur. Dispositif permettant une transposition automatique. Clavier transpositeur (BrenetMus.1926, p. 85).Piano transpositeur. ,,Piano qui opère la transposition d'un ton dans un autre, d'une manière toute mécanique`` (Ac. 1835). β) Ling. Qui opère un transfert de classe syntaxique, une transposition. Nous avons vu que le substantif planète devient adjectif sous la forme planétaire au moyen du suffixe -aire, et que la phrase Tu mens se substantifie dans (Je sais) que tu mens grâce à la conjonction vide que. (...) le signe marquant la nouvelle catégorie (ici -aire et que) sera dit transpositeur ou catégoriel: le premier de ces termes désigne son action, sa fonction, le second sa nature, sa valeur; ainsi -aire est un transpositeur de substantif et un catégoriel adjectif (BallyLing.1950, pp. 117-118).b) Subst., rare. Personne qui transpose des pièces musicales. (Ds Rob. 1985). [tʀ ɑ ̃spozitœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1835. 1resattest. a) 1834 adj. pianos transpositeurs (Fétis, La Musique mise à la portée de tout le monde, p. 23 ds Quem. DDL t. 12), b) 1872 subst. (Littré); dér. sav. de transposer, suff. -(it)eur2*.
3.
Transpositif, -ive, adj.,ling., vieilli. Langue transpositive. Langue dont les mots ne s'organisent pas nécessairement selon l'ordre dit naturel ou logique. Synon. inversif.La langue transpositive est la langue des passions, comme l'observe Diderot; aussi elle est la langue des enfans, des peuples anciens et mal constitués. La langue analogue est la langue des peuples modernes, des peuples civilisés, c'est-à-dire, raisonnables, ou naturels dans leur constitution ou dans leurs lois (Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 205). [tʀ ɑ ̃spozitif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. 1835, 1878. 1reattest. 1747 langue transpositive (L'Abbé Girard, Les vrais principes de la lang. fr., éd. P. Swiggers, p. 83); dér. sav. de transposer, suff. -(it)if*. − Fréq. abs. littér.: 10.