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TRAIN, subst. masc.
I. − Suite d'êtres animés ou de choses formant un ensemble ou fonctionnant ensemble.
A. − Vieilli. [À propos d'animés]
1. File de bêtes destinées au transport de marchandises ou à la consommation. Un train de mulets. Un (grand) train de bœufs, de chevaux (Ac. 1835-1935).
2. Suite de domestiques, de familiers, de bêtes de somme, de voitures et de bagages accompagnant une personne de qualité dans ses déplacements. Synon. équipage, suite.Train fastueux, superbe. Le duc: (...) vous ne pouvez pas venir comme cela à la cour. (...) Il vous faut des chevaux, des habits, des laquais, des voitures, un train enfin (Dumas père, Laird de Dumbiky, 1844, i, 10, p. 30).
En partic. Personnel domestique, escorte. Le bailli de Gand ordonna à Aterman de renoncer à tout ce grand train qu'il avait, marchant toujours suivi de trente ou quarante valets armés, obéi et respecté de tous (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 335).
Train de maison. Personnel domestique. Le bâtonnier et ses amis ne tarissaient pas de sarcasmes au sujet d'une vieille dame riche et titrée, parce qu'elle ne se déplaçait qu'avec tout son train de maison (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 677).V. infra III B 2.
Expr., fam. Le diable et son train. [P. allus. au cortège bruyant qui accompagne le diable] Tout Montmorillon était là: le maire, le sous-préfet (...), enfin tout le diable et son train!... Jusqu'au curé qui était venu en chauffeur (Courteline, Conv. Alceste, Mentons bleus, 1906, p. 181).Au fig. Suite de difficultés, d'ennuis. Le notaire (...) te réclamera d'un coup toutes les créances: capital, intérêts, papier timbré, le diable et son train (Arène, Tor Entrays, 1876, p. 157).
B. − [À propos d'inanimés]
1. [Se déplaçant ensemble]
a) Train de bois. Ensemble des grumes, des pièces de bois élaguées réunies en radeaux attachés les uns aux autres, mis à flot sur une voie d'eau pour être acheminés à destination. Synon. flotte4.Il fallait donc profiter du reflux pour amener le train de bois à l'embouchure (Verne, Île myst., 1874, p. 34).
b) Ensemble de véhicules (wagons, bateaux, camions) attachés les uns aux autres pour être tractés ou se suivant à la file. Train de camions, de péniches, de wagonnets. Il vit passer (...) un gros cheval blanc, attelé à un train de berlines (Zola, Germinal, 1885, p. 1161).À ce moment, nous croisâmes un train de chalands. Notre bateau se prit à danser (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 40).V. aigrelet ex. 9.
c) DÉFENSE. Train régimentaire. Ensemble des véhicules transportant l'approvisionnement d'un corps de troupes. Le grondement et le martèlement des soixante voitures du train de combat et du train régimentaire qui suivent les deux bataillons (Barbusse, Feu, 1916, p. 68).Train de combat. Ensemble des véhicules transportant les munitions, le matériel et le ravitaillement d'une troupe en campagne. Après les mitrailleurs et leurs mulets crottés (...) passèrent les caissons cahotants du train de combat (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 60).
P. méton. [Avec ou sans maj.] Train des équipages, train (mod.). Corps de troupe chargé des transports sur route d'une armée; depuis la seconde guerre mondiale, arme motorisée et mécanisée chargée des transports militaires et de la circulation routière. Cavalier, soldat, voitures du Train des équipages; compagnie, officier du Train. Ce beau service du train, ces bonnes voitures solides comme du fer, ces magnifiques chevaux (...) ces braves soldats (...) et le bel ordre des munitions dans les caissons (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 200).Le bureau de recrutement (...) me convoqua au 8eescadron du train (Billy, Introïbo, 1939, p. 169).
MAR. MILIT. Train d'escadre. ,,Réunion de navires-ateliers et de ravitailleurs de tous genres accompagnant une force navale`` (Gruss 1978). Beaucoup de bâtiments du train d'escadre, notamment les pétroliers, les transports de matériel, de vivres, les navires-hôpitaux, peuvent être (...) des navires de commerce réquisitionnés (Le Masson, Mar., 1951, p. 57).
2. [De même nature ou fonctionnant ensemble]
a) AGRIC. Train de culture (vx). Ensemble formé par l'attelage, les animaux de trait, les outils de labour; ensemble du matériel agricole d'une ferme. Petits propriétaires exploitants (...) dont les trésoreries difficultueuses sont insuffisantes pour leur permettre d'améliorer leur train de culture (Industr. fr. engrais chim., 1954, p. 6).
b) AUTOMOB. Train de pneumatiques, de pneus. Ensemble des pneumatiques qui équipent les roues d'un véhicule. Lors des courses d'automobiles (...) on voit des coureurs changer complètement leur train de pneumatiques (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 328).
c) BIBLIOTHÉCON. Train de reliure. Ensemble d'ouvrages que l'on donne à relier en une seule fois. Préparation d'un train de reliure. Les livres devant être envoyés à l'atelier de reliure seront soumis à une vérification. Le bibliothécaire s'assurera (...) qu'aucune page ne manque ou n'est déchirée (Bibliothèques, Paris, Éc. nat. sup. des bibl., 1971, p. 182).
d) BOUCH. Train de côtes. Partie d'un animal de boucherie contenant les côtes et les entrecôtes. Cette pièce [la côte de bœuf], désignée aussi sous le nom de train de côtes, est formée par les muscles qui recouvrent la partie supérieure des côtes et les vertèbres du dos (Mont.1967, s.v. bœuf).
e) IMPR. Train de presses. Série de presses que l'on emploie ensemble. (Dict. xixeet xxes.).
f) INDUSTR. Train de laminage. ,,Ensemble des cylindres d'un laminoir donnant des tôles d'une épaisseur voulue`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Train de sonde. ,,Ensemble des éléments et tiges de forage, portant de la surface du sol jusqu'au fond, les outils de forage et les dispositifs associés`` (Industries 1986).
g) INFORMAT. Train de travaux. Lot de programmes traités ensemble par l'ordinateur. Les programmes sont exécutés l'un après l'autre et les programmeurs ne prendront connaissance de leurs résultats que lorsque le train de travaux sera « passé » en machine (Val.Informat.1976, s.v. traitement par lots).
h) MÉCAN. Train d'engrenages. ,,Ensemble des roues dentées et des pignons engrenant entre eux`` (Boissier 1975). Avec les transmissions par courroies, il faut employer des courroies croisées ou des trains d'engrenages compliqués, comme cela se pratique sur les automobiles (Soulier, Gdes applic. électr., 1916, p. 131).
Train planétaire. ,,Ensemble cruciforme de palettes, rotatives et excentrées par rapport à l'axe du malaxeur`` (Industries 1986).
i) PÊCHE. Train de pêche. ,,Ensemble du dispositif de pêche (éléments de filets, filins, flotteurs) mis à l'eau par un bâtiment`` (Gruss 1952).
j) PHYS. Train d'ondes. ,,Groupe d'ondes successives qui se répètent d'une manière semblable`` (Pir. 1964). Il ne semble pas que l'on possède actuellement aucune notion expérimentale sur la longueur du train d'ondes régulier moyen des rayons X (Friedel, Cristallogr., 1926, p. 327).P. métaph. J'étais le corpuscule au début de sa trajectoire et le train d'ondes qui reflue sur lui après s'être heurté au butoir d'arrivée (Sartre, Mots, 1964, p. 203).
3. Au fig. Succession et enchaînement d'actes, de pensées. Train d'idées. La volonté anime un corps et un train de pensées qui, par leur organisation, ont une vitesse de mutation toujours inférieure à celle de la pensée pensante (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 287).V. bon ex. 59.
En partic. Série d'actes d'ordre administratif, politique, social effectués par décision législative ou gouvernementale. Train de mesures, d'ordonnances. [François allait] avoir sa propre imprimerie, sortir son hebdomadaire, se présenter à la députation avec un train de réformes publiques (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 43).
Région. (Canada). ,,Ensemble des travaux quotidiens d'une ferme; par extension ménage d'une maison, travaux domestiques`` (Richesses Québec, 1982, p. 2340). Durant la matinée, le temps fila vite. Alphonsine fit le train de la maison, et prépara le repas (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 150).
II.
A. − CH. DE FER, cour. Suite de voitures ou de wagons attelés les uns aux autres et traînés sur des rails par une locomotive ou une locomotrice. Prendre un train; monter dans le train. J'entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d'un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine (Proust, Swann, 1913, p. 3).V. attente ex. 1, former ex. 4:
1. J'ai couru à la gare; j'ai demandé à quelle heure le premier train; j'ai sauté dedans, en me disant: « Ça y est. J'arriverai avant elle! » Malheureusement, je n'ai pas réfléchi que le premier train était un omnibus, tandis que le second est un express... Feydeau, Dame Maxim's, 1914, II, 11, p. 54.
Train express. V. express1.Train rapide. V. ce mot II B.Train omnibus. V. ce mot I B.
SYNT. Train bondé, complet; train direct, international, régulier, supplémentaire; train postal; train à destination de, en provenance de; train d'affaires, de banlieue, de luxe; train de ballast; agent, chef, conducteur, contrôleur de train; tête, milieu, queue de/du train; compartiment, couloir, portière, soufflets, voiture d'un train; arrêt, arrivée, départ du train; billet de train; horaire des trains; tableau de composition des trains; le train s'arrête, démarre, entre en gare, part, passe, ralentit, roule, siffle, stoppe; le train déraille; le train est à telle heure, part à telle heure, dans cinq minutes; le train a dix minutes de retard; avoir le/son train; attraper le train (fam.) ; manquer ou rater le train; prendre le train de (telle ville), pour (telle) ville; monter dans un train; changer de train; descendre du train; arriver par le train de Paris, au train de Paris (fam.) ; faire (une visite) entre deux trains.
1. Train + adj. (qui précise la nature, la destination, le mode de fonctionnement)
Train automoteur. Train constitué par des véhicules automoteurs et des remorques. De véritables rames indéformables (trains automoteurs rapides représentés par deux motrices encadrant une remorque) (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 155).
Premier train. Train partant de très bonne heure. Venant de Grenoble par le premier train, le train ouvrier, il a cru pouvoir s'arrêter à Saint-Romains et reprendre le train suivant (Bernanos, Crime, 1935, p. 827).Premier train en partance pour une direction donnée. V. supra ex. 1.Dernier train. Dernier train, en partance pour une direction donnée. L'« ombre portée » de la violence s'étend partout. Dans les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, les services de police montent des opérations « dernier train », « dernier métro », pour « sécuriser »comme on dit de plus en plusles banlieusards attardés (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1976, p. 36, col. 2).
Train mixte. Train comportant des voitures de voyageurs et des wagons de marchandises. Les trains ordinaires sont classés d'après leur composition, en trains de voyageurs, trains de marchandises et trains mixtes (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 125).
Train spécial. Train mis en circulation dans des circonstances particulières. Les autorités allemandes (...) avaient (...) parlé (...) d'un train spécial, wagons Pullmann, qui nécessiterait une surveillance toute particulère (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 128).
En partic. Train bleu. Train de nuit, comportant des voitures-lits de couleur bleu foncé, à destination de la Côte d'azur. Les hommes attendent avec confiance comme on attend (...) le passage du train bleu (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 214).
DÉFENSE. Train blindé. Train protégé par un blindage, pourvu d'armes défensives et d'une escorte. Ramos prit une fois de plus conscience qu'un train blindé, ce n'est qu'un canon et quelques mitrailleuses (Malraux, Espoir, 1937, p. 484).Train sanitaire. Train aménagé pour le transport des blessés et des malades. C'est lui qui centralise les dons de cigarettes et de tabac, qui va les distribuer par les portières des trains sanitaires (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 154).
2. Train + prép. à ou de
Train à crémaillère. Train utilisé sur certaines voies à forte déclivité comportant un rail supplémentaire muni de dents. Le train à crémaillère se dirige vers le fond de la vallée, franchit la Lütschine-Blanche, puis oblique à gauche (Suisse, Paris, Hachette, 1967, p. 449 [Les Guides bleus]).
Train à grande vitesse (abrév. TGV). Rame de ligne continue constituée d'éléments automoteurs électriques encadrant des voitures de voyageurs et les transportant à vitesse accélérée. Les TGV, en 30 à 35 années de vie, ne devraient visiter que deux à trois fois Bischheim, parcourant entre chacune de leur révision quelque 2 800 000 km (La Vie du rail, 6 nov. 1986, p. 3).En appos. Rame TGV. V. rame3B 2 ex. de La Vie du rail.
Train de ceinture. Train qui contourne Paris. Je l'avais recontrée quelques jours auparavant dans le train de Ceinture. Elle voulut bien dénouer la sienne en faveur de ton serviteur (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 778).
Train de marchandises. Train composé de wagons assurant à vitesse réduite le transport des marchandises. Il fallait attendre que passe un de ces interminables trains de marchandises, des plates-formes ouvertes avec d'immenses tonneaux gonflés de vin, et des wagons fermés (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 226).V. marchandise A ex. de Zola.[P. oppos. à train de marchandises] Train de voyageurs. Train composé de voitures assurant le transport des voyageurs. L'hiver, elles [les machines BB 7 200] sont susceptibles de remorquer des trains supplémentaires de voyageurs entre Chambéry et Modane (La Vie du rail, oct. 1987, p. 49).
Train de messageries. Train assurant à marche accélérée le transport des denrées périssables. Les trains de marchandises circulent, on le sait, à 90 km/h, depuis le 28 septembre. Les trains de messageries continuent, pour leur part, à circuler à 100 km/h (La Vie du rail, 30 oct. 1986, p. 4).
Train de neige. Train de voyageurs à destination des stations de sports d'hiver. Pour les trains de neige, une arrivée vers 9 h avec l'installation à l'hôtel fait perdre en réalité une matinée de ski (Defert, Pol. tour. Fr., 1960, p. 68).
Train de plaisir (vieilli). Train de voyageurs à prix réduit organisé à l'occasion d'une fête ou pour une excursion. La semaine passée, 300 voyageurs (français) sont venus de Granville en train de plaisir (Hugo, Corresp., 1852, p. 129).
3. Train de
[Avec indication de l'heure de départ] Eux s'exclamèrent:Nous en avions [des billets] !Même, ajouta La Guillaumette, que nous avons pris l'train hier soir à Commercy, le train de huit heures quarante-sept! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 193).
[Avec indication du point de départ] À Nice (...) je guettai l'arrivée du train de Paris dans lequel pouvait se trouver Brignolles (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 66).
[Avec indication de la destination] Vingt francs de pourboire, dis-je au cocher, si tu arrives gare de Lyon pour le train de Marseille, six heures trente-sept (Benoit, Atlant., 1919, p. 221).
Rem. Pour éviter l'ambiguïté, on utilise parfois la prép. pour afin d'indiquer la destination: Il prit tranquillement le train pour Paris, maintes fois contrôlé en route, mais sûr de son fait (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 296).
4. [En compos. avec un subst. qui caractérise la nature ou la fonction du train]
Train auto(s)-couchette(s). Train composé de voitures-lits et de voitures-couchettes transportant sur des wagons spéciaux les automobiles des voyageurs. Une classe limitée (...) peut s'offrir ces raffinements (trains rapides à suppléments, trains auto-couchettes, location de voitures sans chauffeur dans les gares, etc.) (Defert, Pol. tour. Fr., 1960, p. 81).
Train auto-jour. Train comportant des voitures et des wagons pour les automobiles des voyageurs. Train auto-jour; uniquement sur Paris-Lyon ou Lyon-Paris, voyage de jour dans le même train que votre automobile (Le Point, 19 juill. 1976, p. 13, col. 4).
Train-balai. Dernier train de la soirée circulant en métropole et sur les lignes de banlieue. Dans le train-balai 5 079 entre Paris et le Midi, tu dormais auprès de moi sur la banquette. Nous avons très peu parlé mais je t'ai caressée et embrassée (Le Nouvel Observateur, 29 déc. 1980, p. 43, col. 1).
Train-bloc. Train de marchandises rapide constitué de wagons porte-conteneurs. Depuis le 3 octobre, des trains-blocs de marchandises relient deux fois par semaine, et dans chaque sens, le quart sud-est de la France à certaines zones de la Belgique et de la Flandre Zélandaise (La Vie du rail, 23 oct. 1986, p. 41).
Train-ferry. Transbordeur aménagé pour recevoir des trains de voyageurs. Des trains-ferries d'une capacité moyenne de quinze wagons, assurent, en vingt minutes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cette traversée de deux kilomètres (Le Monde, 10 oct. 1976, p. 28, col. 1).
Train-parc. Train aménagé pour loger le personnel travaillant sur la voie et abriter son outillage. (Dict. xxes.).
Train-poste. Train aménagé pour transporter le courrier et les lettres. (Dict. xixeet xxes.).
5. [Dans un cont. métaph.] Entreprendre ses études, c'était, en quelque sorte, prendre un train qui menait quelque part (sauf accidents) (Valéry, Variétés IV, 1938, p. 196).Dès que cela fut possible, le peuple français fut donc invité à élire ses constituants (...). Puis, une fois le train mis sur les rails, nous-mêmes nous sommes retirés de la scène (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 649).
6. Loc. fig.
Manquer le train. Laisser échapper une occasion favorable. L'amour prend quand il veut et qui il veut. Il y a des gens qui aiment chaque matin, d'autres une seule fois dans leur vie, d'autresmais c'est rarequi manquent régulièrement le train (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 28).
Être dans le train en marche. Participer à une action. [Les femmes] sont, comme les hommes, dans le train en marche. Au stade du syndicalisme, il importe qu'elles restent dans le train (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 153).
Monter dans, prendre le train en marche. S'associer tardivement et opportunément à une action en cours. Les fondateurs du cubisme, nul doute que ce sont Picasso et Braque. Juan Gris et Fernand Léger, à cet égard, ont « pris le train en marche » (Réalités, mars 1974, p. 71, col. 1).
7. Expr. fam.
Avoir l'air d'une vache qui regarde passer un train; comme une vache regarde passer un train. D'un air abruti, ahuri. Il se regardait soi-même, avec cet air qu'ont les vaches lorsqu'elles regardent passer un train (Montherl., Célibataires, 1934, p. 885).
Prendre le train onze*.
Un train peut en cacher un autre (au fig.). [P. allus. au panneau situé à l'intersection d'une voie ferrée et d'un passage à niveau] Une réalité peut en masquer une autre. Cette pollution [des eaux], on commence à bien la connaître (...). Un train pouvant toujours en cacher un autre, quelques formes relativement nouvelles de danger pesant sur la qualité des eaux potables défrayent la chronique, sans qu'il y ait pourtant lieu d'être alarmiste (Le Monde dimanche, 25 oct. 1981, p. xi).
B. −
1. P. ext. Transport ferroviaire. Synon. chemin de fer, rail.Voyager en train, par le train; les usagers du train. Le lendemain, on vit s'en venir les gars des champs. En carrioles, par le train, sur des vélos, à pied (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 8).
2. P. anal.
ASTRONAUT. [Avec infl. de I B 1] Train spatial. Ensemble des modules qui circulent, soit arrimés les uns aux autres, soit détachés, au cours d'une expédition spatiale. Il est aussi facile de séparer ensuite les « wagons » de ce train spatial qui, à l'aide de rétrofusées, sont en mesure de se séparer les uns des autres (Paris-Presse, 18 juin 1963, p. 6, col. 3 ds Guilb. Astronaut. 1967).
Train du ciel. Suite d'avions décollant à horaires rapprochés sur une même ligne et dont les voyageurs bénéficient de tarifs réduits. Le Sky-train, train du ciel, révolutionnaire pour les vols transatlantiques (...) attend encore l'autorisation du CAB, le bureau de l'Aviation civile américaine (L'Express, 9 mai 1977, p. 209, col. 1).
JEUX. Jouet d'enfant ou modèle réduit constitué par une locomotive en miniature et ses wagons et évoluant ou non sur un circuit. Train mécanique; train en bois; jouer au train. Il fait donc (...) semblant d'être chef de gare en faisant mouvoir son train électrique (Jeux et sports, 1967, p. 447).
LOISIRS. Train fantôme*.
TRANSP. Train routier. Véhicule industriel composé d'un tracteur, qui est lui-même un camion ou un semi-remorque, et d'une ou plusieurs remorques, le tout relié par des barres d'attelage (D'apr. Industries 1986). Des systèmes d'attelage perfectionnés ont permis d'obtenir une extrême souplesse de manœuvre, et l'on a pu constituer ainsi de véritables trains routiers d'une extraordinaire maniabilité (Tinard, Automob., 1951, p. 374).
III. − Allure, manière d'aller.
A. − [Gén. au sing., compl. d'un verbe de mouvement et déterminé par un adj. ou un compl. de nom]
1. Allure du cheval, d'un quadrupède; allure de l'attelage, de la voiture et des personnes transportées. Train furieux; accélérer, ralentir le, son train. La voiture prit un train plus rapide; le bruit des roues faisait se retourner les passants (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 2).
a) P. anal.
Allure d'un véhicule motorisé. La file descendante des camions qui arrivaient d'un train immuable comme des bêtes aveugles (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 255).
Allure d'une personne, manière de se mouvoir, d'agir. [Zola] écrit toujours du même train et fait chaque jour le même nombre de pages (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 268):
2. Je constate un désaccord entre mon rythme et celui de mon milieu. Il faudra bien qu'un des deux cède à l'autre, que je succombe ou que j'enseigne à mes contemporains, qui véritablement se traînent comme des escargots, à suivre mon train. Morand, Homme pressé, 1941, p. 17.
b) SPORTS
α) HIPPISME
,,Allure que le cheval au galop peut soutenir pendant un temps et sur une distance déterminée`` (Petiot 1982). Le duc allait à bonne allure, mais sans presser; un cavalier excellent n'est presque jamais un cavalier vite (...) On va « le train du cheval », dans sa meilleure utilisation (La Varende, Homme aux gants, 1943, p. 395).
Manquer de train, ne pas avoir de train. Ne pas avoir d'allure réglée ou de vitesse. Joli, non [le cheval] (...) mais il a de la ligne (...) c'est un pur sang qui manquait de train (Gyp, Pas jalouse, 1893, p. 154).
Vitesse soutenue à laquelle se déplace le peloton de tête dans une course de chevaux. Train rapide; mener le train. Un même mot sortait de toutes les bouches.Quel train! mes enfants!... un rude train, sacristi! À présent, le peloton arrivait de face, dans un coup de foudre (Zola, Nana, 1880, p. 1403).
β) CYCL., COURSE. Allure d'une course. Imposer, suivre le train. Ai-je bien fait d'abandonner?Vous avez mille fois bien fait. Le train était excessif pour vous (Montherl., Olymp., 1924, p. 239).
Assurer, faire, mener le train. Prendre la tête du peloton et en régler l'allure. L'échappée est ainsi lancée. Parmi les hommes de tête ou leaders, chacun mène le train à son tour, plus ou moins sèchement, en prenant le relais à intervalles réguliers (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 175).
Faux train. ,,Allure qu'un concurrent impose à ses adversaires en menant le train « en dedans » de l'allure normale (afin de favoriser le retour d'un camarade attardé, de freiner la chasse donnée aux échappés, de se ménager pour le sprint final)`` (Petiot 1982).
2. Allure d'un inanimé en mouvement; allure à laquelle une chose se déroule, évolue. Il fallait qu'il se crût bien seul: toute sa personne épousait le train de l'archet; avec amour, il couchait sa joue sur l'instrument (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 282).P. métaph. Si l'on vouloit faire aller les mots allemands du train de la conversation française, on leur ôteroit toute grâce et toute dignité (Staël, Allemagne, t. 1, 1810, p. 186).
En partic. Évolution du monde, de la vie. Train fastidieux, ordinaire. Aussi les progrès les meilleurs et les plus profonds sont-ils souvent les plus inaperçus, parce qu'ils font vraiment corps avec nous. C'est du détail ordinaire, du train quotidien de la vie qu'il importe de régler diligemment le sens (Blondel, Action, 1893, p. 196).
3. Expr. et loc.
a) Train de + subst.
Train d'enfer. Allure très rapide, excessive. Galoper, rouler à un train d'enfer. Voilà que Dorothée allait d'un train d'enfer aux derniers accords (...) et se levait du piano en rabattant le couvercle avec fracas! (Jouve, Scène capit., 1935, p. 146).V. enfer II B 2 ex. de Gide.
Train de poste. V. poste1A 1 B.
Train de sénateur (vieilli). Allure lente, grave et majestueuse. Pas de coup d'accélérateur pour la « loi Savary »: sa discussion à l'Assemblée poursuivra son train de sénateur (L'Est Républicain, 2 juin 1983, p. 1, col. 1).Le moteur [de la vedette] est bridé, et d'ailleurs le règlement des canaux interdit de dépasser ce train de sénateur. Protection des berges oblige (Le Monde loisirs, 11 août 1984, p. iii).
b) Expressions
Aller son train, son petit train. Continuer régulièrement sa marche, tranquillement, posément. Synon. suivre son cours*.Les commérages allaient leur train, se glissant de maison en maison et faisant la boule de neige dans le trajet (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 174).
Être en bon train (vieilli). Être en bonne voie, en bonne condition. À propos, mon procès marche, il est en bon train (Sand, Corresp., t. 1, 1835, p. 324).
Être dans le train (au fig., fam., vieilli). Être dans le mouvement général. Synon. fam. être à la coule, dans le coup, à la page, dans le vent.J'ai eu au baccalauréat un examinateur étonnant, sportif, tout à fait dans le train (Bernanos, Joie, 1929, p. 579).
Au train où l'on va; au train/du train où vont les choses; au train où va le monde, la science; à ce train-là. Si l'on continue, si quelque chose continue ainsi. À ce train-là, dans trois mois ce sera la paix nazie (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 13).
c) Loc. adv.
Bon train, grand train. Rapidement. Aller, revenir bon train; mener qqc. bon train. Elle avait un jeune gigolo qui jouait bon train (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 414).V. mener B 1 a β ex. de Giono.Au fig. Mener (qqn) bon train (vx). Contraindre (quelqu'un), ne pas ménager (quelqu'un). Colonel!Il n'y a pas de colonel, je vais vous mener bon train; et d'abord, vous ne serez jamais Député (Balzac, Pierrette, 1840, p. 133).
À fond de train. Très vite. Conduire une voiture, lancer un équipage à fond de train. Elle hâta le pas dès qu'elle me sentit sur ses talons, cravacha son cheval, et sans motif le lança à fond de train (Fromentin, Dominique, 1863, p. 262).
4. En train
a) [Notamment dans des loc. adj. ou adv.]
α) (Être) en train
[Le suj. désigne une pers.]
(Être) dans de bonnes dispositions, enclin à une activité, une action. Anton. (être) fatigué.J'aurais dû, après Salammbô, me mettre immédiatement à Saint Antoine; j'étais en train, ce serait fini maintenant (Flaub., Corresp., 1863, p. 91).[Fréq. à la forme nég.] Je ne suis pas en train... Ma main tremble... Je ne sais ce que j'ai (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 137).
(Être) dans une disposition agréable ou gaie. Dans la demeure du menuisier, la gaieté gardait un certain air de réserve (...). Rivet seul était en train et buvait outre mesure (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1198).
[Le suj. désigne un inanimé] (Être) commencé, en bonne voie d'exécution. Synon. (être) en cours.Travaux en train; la partie est en train. J'ai une grosse commande en train avec la compagnie du gaz, 10.000 kilomètres de tuyauterie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 44).
β) Mettre en train
[L'obj. désigne une pers.] Se mettre en train. S'activer. Qu'elle fasse du feu, que l'eau chauffe. Allons, qu'on se mette en train, s'il vous plaît (Giono, Hussard, 1951, p. 154).Fam. Se mettre en train. S'exciter à la joie, au plaisir. Pour se mettre en train, il se versa une bonne rasade (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 145).
[L'obj. est un inanimé] Commencer l'exécution, l'utilisation de quelque chose. Synon. mettre* en chantier.Mettre un travail en train. Puis-je compter sur vous pour mettre cela en train [des comités] et établir des liaisons entre les comités et nous? (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 383).
γ) Mise en train
SPORTS. ,,Échauffement avant l'effort`` (Petiot 1982, s.v. mise).
Début d'exécution, de fonctionnement. Synon. lancement.Mise en train d'une affaire, d'une usine. La plus petite fortune, le plus mince établissement, la mise en train de la plus chétive industrie exigent un concours de travaux et de talents si divers que le même homme n'y suffirait jamais (Proudhon, Propriété, 1840, p. 215).Au fig. Le commencement et la mise en train de la paix sont plus obscurs que la paix même (Valéry, Variété[I], 1924, p. 23).
b) Loc. prép.
α) Vieilli. (Être) en train de (+ subst.).(Être) dans une disposition de, (être) en voie de. Être en train de confidence, d'énergie, d'optimisme. Puisque je suis en train de soleils couchants, de crépuscules et de clairs de lune, il faut que je vous raconte ma soirée d'avant-hier (Hugo, Rhin, 1842, p. 324).
β) (Être) en train de (+ inf.)
Vieilli. Être disposé à, en humeur de. Ne pas être en train de rire, de s'amuser. Le soir, promené à la jetée, pour laquelle je reprends du goût. J'étais en train d'être seul et n'ai point été chercher Chenavard (Delacroix, Journal, 1854, p. 250).Être en voie de. Être en train de se ruiner. Savez-vous qu'il n'est pas bien de mettre les gens en train de nous aimer et de les planter là? (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1713).
[Marquant l'aspect duratif de l'action, le procès en voie de s'accomplir ou l'évolution d'un état] Qqn est en train de parler, de voir; qqc. est en train d'évoluer; le gâteau est en train de cuire. Blessure au-dessous de la flottaison, dans les flancs d'un navire en train de couler (Goncourt, Journal, 1887, p. 710).Il lui semble que quelque chose est en train de changer (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 92).
B. − P. ext.
1.
a) Vieilli. Manière dont on vit, genre de vie que l'on mène. Reprendre son train habituel. Je veux te parler un peu sur ce train que nous menons à la ferme pour que tu ne croies pas des choses qui ne sont pas (...) on est de gros malheureux (Giono, Baumugnes, 1929, p. 80).Depuis une semaine je me lève de nouveau et reprends peu à peu mon ancien train de vie (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 909).
b) Manière dont on vit par rapport aux moyens matériels dont on dispose, par rapport à la dépense. Train princier, somptueux; mener un train de souverain. Vous ne pourrez pas suffire au train qu'elle mène, avec vos pauvres petites vingt-cinq mille livres de rente (Augier, Contagion, 1866, p. 457).Menant un train des plus réduits, il ne recherchait pas les occasions de faire des largesses (A. France, Vie fleur, 1922, p. 339).
Mener grand train. Mener un genre de vie exigeant de grandes dépenses. Synon. vivre sur un grand pied*.Le comte de Chateaubriand (...) n'était pas riche et ne menait pas grand train (A. France, Génie lat., 1909, p. 265).
P. méton., vieilli. Élément de confort, de luxe permettant de tenir un rang dans la société; ensemble des éléments de confort qui permettent de vivre dans une maison. Avoir un train de chasse. C'était généralement (...) des châtelains un peu romanesques qu'on nommait capitaines de louveterie. Cela les autorisait à avoir un train et même un uniforme (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p. 98).
c) Usuel. Train de vie. Façon de vivre d'une personne, d'une famille par rapport aux ressources dont elle dispose et à son milieu. MmeRezeau, qui trouvait le train de vie de feu sa belle-mère au-dessus de ses moyens, renvoya successivement tous les domestiques (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 43).
2. Vieilli. [S'appliquant d'abord à la domesticité d'une maison, v. supra I A 3 b] Train de maison, train de (la) maison. Ensemble des services d'une maison, de ses commodités, du personnel; dépenses qui y sont attachées. Augmenter son train; prendre un train de maison. Afin de se poser comme le maître, il augmenta le train de la maison. Alors, on prit un groom, on changea de logement, et on eut un mobilier nouveau (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 241).Il répétait que (...) leur train de maison, leurs réceptions, les ruineraient et qu'ils finiraient « par se casser la gueule » (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 51).V. maison I A 3 b ex. de Larbaud.
3. Vx, fam. [P. réf. au bruit que font un grand nombre de pers.; v. supra I A 2] Tapage accompagné de désordre, animation. Synon. remue-ménage.Faire du train. Le jour, elle [une malade] est assez tranquille; mais quand la nuit vient, c'est un train, un vacarme (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 230).
Train d'enfer. Bruit considérable. Trois écoliers (...) seuls dans ce compartiment, menaient un train d'enfer. Je les écoutais rire et se bousculer (Gide, Et nunc manet, 1951, p. 1134).
IV. − Partie qui assure le mouvement.
A. − [À propos d'un animé]
1. Partie antérieure ou postérieure d'un animal de trait, d'un quadrupède. Train avant, train de devant (synon. avant-train); train arrière, train de derrière (synon. arrière-train). Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il [le loup] était là (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 38).[Le chien écrasé] eut encore la force de traverser la chaussée se traînant sur le train avant, le train arrière presque complètement sectionné (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 118).
2. Partie antérieure ou postérieure d'une personne. Train avant ou supérieur (rare); train postérieur. Synon. derrière3, postérieur, arrière-train.C'est le train inférieur qui, dans la danse de scène, joue aujourd'hui le rôle principal. C'est lui qui assume ici le jeu et le bruit des rythmes, le train supérieur n'étant plus qu'un mime (Arts et litt., 1935, p. 44-7).
P. ell., fam. Derrière. Il ne pouvait plus apercevoir son beau train, sa forte poitrine ni ses lèvres humides, sans tendre les mains en avant (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 170).J'aurais pu épouser une bonne, une sage, une honnête jeune fille, et qui n'aurait jamais eu le feu au train avant que son mari fasse ce qu'il faut pour cela (Camus, Requiem, 1956, 1repart., 3etabl., p. 857).
Loc. pop. ou fam.
Botter le train à (qqn). Faire avancer à coups de pieds au derrière, forcer quelqu'un à se remuer. C'est le seul [prisonnier] à qui j'aie regretté d'avoir botté le train pour l'emmener! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 204).
Filer le train à (qqn). Suivre (quelqu'un). Et méfie-toi qu'les poulets te filent pas le train (Le Breton, Rififi, 1953, p. 143).
Se manier ou se magner le train. Se dépêcher. Envol criard, merde, merde, maniez-vous le train, la rue se vida (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 83).
Coller (qqn) au train. Suivre (quelqu'un). Je sentais qu'il aurait bien voulu me coller au train. À deux, n'est-ce pas, l'arnaque est plus facile! (A. Boudard, La Métamorphose du cloporte, 1962, p. 21).
B. − [À propos d'une chose]
1. Partie sur laquelle repose le corps d'un véhicule et qui porte les roues. Train d'un carrosse, d'une voiture, d'un wagon. [Venture] alla jusqu'à la voiture, se glissa à plat-ventre sous le train, entre les roues (...) passa ses pieds entre le sol et le caisson de la voiture (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 512).
AUTOMOB. Train (avant), train (arrière). Ensemble des pièces mécaniques situées sous le véhicule entre le châssis ou la coque et la route, comprenant les roues, la suspension, l'essieu, les organes de transmission du mouvement et le pont. La géométrie du train avant est caractérisée par un déport au sol positif de 15 mm, une forte inclinaison des pivots sur le plan transversal (14 20'), d'où il résulte un bon rappel statique de la direction (L'Équipe, sept. 1982, p. 1).
AVIAT. Train d'atterrissage. Ensemble des pièces métalliques portant les roues (ou des flotteurs, des patins) grâce auquel l'avion peut se déplacer sur le sol (ou le plan d'eau) avant le décollage ou à l'atterrissage. Train escamotable, fixe, à flotteurs. Des avions militaires passaient en fraude des vélos et des machines à coudre accrochés entre les roues du train d'atterrissage (Nizan, Conspir., 1938, p. 70).
2. IMPR., vieilli. Partie de la presse sur laquelle on posait la forme et qui avançait sous la platine et se retirait au moyen d'une manivelle. Les bandes d'une presse (...) servent à soutenir le train, composé du coffre et de ses accessoires (Momoro, Impr., 1793, p. 63).
Mise en train. V. mise I C 1 b impr.
Rem. En compos., v. arrière-train et avant-train.
Prononc. et Orth.: [trε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 traïn « ensemble d'objets jonchant le sol » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 14027); 2. ca 1220 « file de bêtes, de chariots qui suit avec les bagages et le ravitaillement » (Girart d'Amiens, Escanor, 16854 ds T.-L.); 3. ca 1225 « suite de domestiques, chevaux accompagnant une personne » (Gautier de Coincy, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Chast 10, t. III, p. 468); 1806 train de maison « personnel domestique » (Picard, Manie de briller, III, 14 ds Littré); 4. a) 1660 train de marchandise, train de bois flotté (Oudin Fr.-Esp., p. 524); b) 1904 train de combat, train régimentaire (Nouv. Lar. ill.); 5. a) 1694 train d'artillerie (Ac.); 1806 lieutenant du train (Courier, Lettres Fr. et Ital., p. 728); 1835 train des équipages (Ac.); b) 1690 « en mécanique, ensemble d'organes accouplés » (Fur.); 1894 train d'engrenages (La Nature, II, 198 ds Fr. mod. t. 43, p. 56); c) 1759 « nombre de vibrations produites par un mouvement d'horlogerie en un temps déterminé » (Rich.); d) 1842 « dans l'imprimerie, nombre de presses en activité » (Ac. Compl.); e) 1863 bouch. train de côtes (Littré, s.v. côte); f) 1902 train d'ondes (Turpain, Applic. prat. ondes électr., p. 187); g) 1904 train de laminoir (Nouv. Lar. ill.); h) 1907 train routier (Nouv. Lar. ill. Suppl.); i) 1912 train de Pneumatiques (L'Illustration, 1erjuin, Annonces 2 ds Quem. DDL t. 20); 6. ca 1500 « ce qui va à la suite » (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, II, 7, ligne 10); 1964 un train de décrets-lois (Lar. encyclop.). B. 1. 1829 « ensemble constitué par une locomotive entraînant une suite de véhicules de transport sur des rails » (Annales de l'industr. fr. et étrangères, 4, 549 ds Wexler, p. 123); 1837 train de voyageurs (Kermaingant, Mém. sur Lyon-Marseille, p. 143, ibid., p. 125); 1838 train de marchandises (Frimot, Modifications au projet Paris-Orléans, p. 4, ibid.); 1850 train de plaisir (Journal des ch. de fr, p. 507); 1851 train-express (ibid., p. 649); 1872 train-poste (Littré); 1873 train mixte (Tolhausen, Dict. technol. fr.-all.-angl., p. 772 ds Quem. DDL t. 25); 1890 train sanitaire (Lar. 19eSuppl.); 1894 trains de luxe (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, p. 432); 1905 trains-hôpitaux (Lectures pour tous, juill., p. 860 ds Quem. DDL t. 25); 1925 trains bleus (Morand, Eur. galante, p. 134); 1936 train-exposition (Lar. mens., mai, B. mens. du 14 mars au 16 avr.); 1947 train-ferry (P. Daninos, Les Carnets du bon Dieu, p. 131 ds Quem. DDL t. 13); 1955 train d'affaires (R. gén. des ch. de fer, p. 313); 1960 trains auto-couchettes (Defert, op. cit.); 1960 trains de neige (Id., ibid., p. 68); 2. 1833 le train onze « les jambes » (ds Esn.); 3. 1961 train spatial (A. Ducrocq ds L'Express, 13 avr., p. 11, col. 3 ds Guilb. Astronaut. 1967); 4. a) 1964 être comme une vache qui regarde passer un train (Rob.); b) 1966 fig. prendre le train en marche (Le Monde, 9 mars ds Gilb. 1980); 1969 monter dans le train en marche (Le Nouvel Observateur, 10 févr., ibid.). C. 1. a) Ca 1180 « manière d'agir, de vivre d'une personne » (Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 587); b) 1588 train de vie « conduite, mode d'existence » (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1083); 1872 mener grand train (Gautier, Guide Louvre, p. 202); 1879 train de vie « genre de vie déterminé par les ressources » (A. Daudet, Rois en exil, p. 193); c) 1739-47 faire du train « tapage, agitation » (Caylus, Œuvres badines, X, 558); 2. a) ca 1480 se mettre en train « en action, en mouvement » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 29340); ca 1500 être en train « id. » (Commynes, op. cit., I, p. 86); b) 1579 mettre en train qqn « l'inciter, lui donner de l'allant » (H. Estienne, Precellence, éd. E. Huguet, 15); 1656-57 être en train « être en bonne disposition, en bonne humeur » (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, VII, V, p. 92); c) 1512 être en train de faire qqc. « en pleine action » (Corresp. de l'empereur Maximilien Ieret de Marguerite d'Autriche, éd. M. Le Glay, t. 2, p. 66); 1567 être en train de « être en voie de » (Amyot, Démosthène, éd. L. Clément, p. 53); 1731 « id. » loc. servant à exprimer l'aspect duratif d'une action (Marivaux, Marianne, éd. J. Janin, 9); d) 1851 en train « en cours d'exécution » (Sand, Corresp., t. 3, p. 238); 1840 mise en train (Proudhon, loc. cit., p. 42); 3. a) xves. [1528 date de l'éd.] « allure d'un cheval » (Perceforest, t. II, fo46 ds Littré); 1678 train rompu « se dit d'un cheval qui n'a pas d'allure réglée » (Guillet, 1repart.); b) 1569 aller grand train « aller vite » (R. Estienne, Gramm. franç., p. 104 ds Littré); 1651 aller son petit train « sans se presser » (Scarron, Roman comique, éd. E. Magne, p. 75); 1668 aller son train de sénateur (La Fontaine, Fables, Le Lièvre et la tortue, L. VI, p. 10); 1680 avoir bon train, aller bon train « aller vite » (Rich.); 1842 aller à fond de train (Balzac, Début vie, p. 403); 1843 aller un train d'enfer (Gautier, Tra los montes, p. 57); c) 1855 hipp. « allure que le cheval au galop peut soutenir pendant un temps et sur une distance déterminée » (Le Sport, 23 févr. ds Petiot 1982); 1885 « allure soutenue du peloton des coureurs cyclistes » (Le Sport Vélocipédique, 20 mars, ibid.); d) ca 1480 être en bon train « se dérouler d'une certaine manière (des choses) » (Mistere Viel Testament, 17531); 1486 tout d'un train « sans discontinuer » (Arch. du Nord, B. 1703, fo154 vods IGLF); 1584 aller bon train « progresser rapidement (d'une affaire) » (Tournebu, Les Contens, V, 1 ds Gdf. Compl.); 1832 au train dont vont les choses (Dumas père, Mari veuve, 11, p. 265); 4. a) 1580 « manière d'aller, marche des choses » (Montaigne, Essais, I, 20, p. 95); b) 1671 aller son train « continuer de la même manière » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 390); 1718 mener bon train « ne point ménager quelqu'un dans une affaire » (Ac.); 1889 être dans le train « à la mode » (Bourget, Disciple, p. 27). D. 1. a) 1467 « charronage sur lequel porte le corps d'un véhicule quelconque » (5 févr., Exéc. test. de Jehan le Paon, laboureur, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 1964 train avant, train arrière (Lar. encyclop.); b) 1922 train d'atterrissage (Lar. univ., s.v. atterrissage); 2. 1573 train de derrière « partie postérieure d'un quadrupède » (Paré, Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, L. XIX, chap. XX, p. 44); 1878 le train « le derrière » (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 331); 1917-18 se manier le train « se hâter » (ds Esn. Poilu 1919); 1928 filer le train « suivre quelqu'un » (Lacassagne, Arg. « milieu », p. 90); 3. 1680 train de presse « partie d'une presse d'imprimerie » (Rich.); 1835 mise en train « action de tout disposer pour le tirage d'une forme » (Ac.). Déverbal de traîner*. Fréq. abs. littér.: 8 150. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 825, b) 9 407; xxes.: a) 17 351, b) 16 774. Bbg. Gardies (J.-L.). Élém. pour une gramm. pure de l'aspect. Modèles Ling. 1981, pp. 112-134. − Quem. DDL t. 9, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 25, 34, 36, 38. − Wexler 1955, p. 82; pp. 123-125; p. 129.