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TOLÉRANCE, subst. fém.
A. − [À propos de pers.]
1. Fait de tolérer quelque chose, d'admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce que l'on aurait le pouvoir d'interdire, le droit d'empêcher. Synon. compréhension, indulgence.Faire preuve de tolérance. La charge du guet incombe au maître d'atelier lui-même, et ce n'est que plus tard que ce maître sera admis, par tolérance, à se faire remplacer par un valet (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 260).Dans cette voie, les progrès concrets ont pour limite la tolérance à l'égard des pratiques commerciales des pays à monopole du commerce extérieur que les Occidentaux sont prêts à s'imposer pour que les barrières des contrôles physiques s'abaissent (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 288).
Maison de tolérance. V. maison I B 2.
Société de tolérance. Synon. société permissive*.En dix ans, l'authentique inspiration de Selby s'est égarée. Peut-être parce que la société de tolérance, récupérant tous les fantasmes, est désormais en train d'encourager une obscénité de convention (L'Express, 21 janv. 1973ds Giraud-Pamart Nouv. 1974).
Spécialement
DR. CIVIL. ,,Acte accompli sur le fonds d'autrui, mais avec la permission expresse ou tacite du propriétaire qui peut y mettre fin à tout moment`` (Jur. 1985).
GRAMM. Tolérance grammaticale, orthographique. Possibilité admise de ne pas respecter une règle grammaticale ou orthographique en usage. (Dict. xxes.).
2.
a) État d'esprit de quelqu'un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d'agir différentes des siennes. Synon. libéralisme.Le vieux prêtre évitait de lui parler religion. Il disait simplement avec une tolérance pleine de bonhomie, que les belles âmes font leur salut toutes seules (Zola, Page amour, 1878, p. 914).
Esprit de tolérance:
Il y avait une question juive, et pas un des procédés employés depuis deux mille ans n'avait réussi à la résoudre. Les lois d'exception, la violence n'avaient eu d'autre effet que d'isoler Israël et de le maintenir toujours pareil à lui-même, souvent contre son propre désir. Et par une fatalité malheureuse, l'esprit de tolérance et d'émancipation avait donné un résultat tout contraire à celui qu'on en avait attendu. Tharaud, An prochain, 1924, p. 90.
Vieilli, RELIG.
Tolérance religieuse, théologique. Indulgence de l'Église à l'égard de ceux qui professent des opinions différentes de la sienne touchant des points du dogme qu'elle ne considère pas comme essentiels. (Dict. xixeet xxes.).
Tolérance civile. Liberté accordée de pratiquer sur le territoire d'un État une religion autre que la religion officielle. Mais comme cette foi publique et sociale exclut évidemment une égale protection de tous les cultes, et que M. Royer-Collard semble confondre dans sa pensée cette protection égale avec la tolérance civile, l'état, selon lui, ne doit adopter aucuns dogmes, ni professer aucune foi (Lamennais, Religion, 1825, p. 58).
HIST. Édit de tolérance. Édit qui accordait aux protestants le libre exercice de leur culte (1562). Descendant de Siméon Lévy, l'un de ces marranes espagnols qui vinrent de Tolède à Bayonne après l'édit de tolérance d'Henri II, vers l'an 1550, Rodrigues Lévy, dit Bayonne, était frère cadet d'Abel, le munitionnaire des armées de la République et de l'Empire (Vogüé, Morts, 1899, p. 25).
b) [À propos des opinions philos., pol., relig., des engagements soc., etc. d'une pers.] Respect de la liberté d'autrui en matière d'opinions et de croyances. Tirer son épingle du jeu, se faire un petit coin de société où il y ait toutes les tolérances d'opinions et de convictions, il [Sainte-Beuve] revient souvent à cette philosophie épicurienne d'un homme vieux, lassé, inclinant au repos (Goncourt, Journal, 1862, p. 1195).Passivité si surprenante, qu'on en viendrait à se demander si elle n'est pas la manifestation d'un phénomène contemporain, provisoire ou non?mais qui semble être assez général: l'évanouissement progressif de certains « tabous », d'où résulterait déjà une plus grande tolérance vis-à-vis des libertés sexuelles (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1420).
3. SOCIOL. Seuil de tolérance (d'une communauté). Pourcentage d'éléments étrangers qu'une communauté est censée pouvoir accepter et au delà duquel se produirait un phénomène de rejet. Avant, elles étaient, quoi... à peine deux cents; bon, ça allait, ça faisait partie du décor, ça attirait le touriste, et ça faisait marcher le commerce. Maintenant qu'elles sont plus de deux mille à se partager les mêmes portes cochères c'est plus possible, c'est plus vivable. Le fameux seuil de tolérance, il est plus que dépassé, il est enfoncé dans la rage agacée, apeurée, d'une promiscuité gênante, envahissante (Le Monde, 28 mars 1985, p. 26, col. 1).
B. − [À propos d'organismes vivants ou de choses]
1. BIOL., MÉD.
Faculté que présente un organisme vivant à supporter jusqu'à un certain seuil sans dommage apparent les effets chimiques ou physiques auxquels il est exposé. Tolérance à un médicament, aux radiations; tolérance à l'insuline, aux antibiotiques. Je m'attendais à des lumières écrasantes [à Harlem], à des sons instrumentaux qui passent la tolérance de l'ouïe (Colette, Jumelle, 1938, p. 218).
Aptitude caractéristique de certaines espèces d'insectes à survivre à des doses d'insecticide supérieures à celles que peuvent supporter d'autres espèces du même groupe (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972).
2. FIN. Limite de l'écart admis entre le poids ou le titre réels et le poids ou le titre légaux d'une monnaie. (Dict. xixeet xxes.).
3. MÉCAN., TECHNOL. ,,Écart d'inexactitude admissible, en plus ou en moins, pour la cote d'exécution d'une pièce usinée`` (Industries 1986). Marge de tolérance; tolérance de titre, de poids (pour une monnaie).
Prononc. et Orth.: [tɔleʀ ɑ ̃:s]. Ac. 1694, 1718: tolerance; dep. 1740: tolé-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1365 « action de tolérer, d'admettre quelque chose qu'on n'approuve pas ou qui est défendu, mais que l'on renonce par indulgence à interdire, à empêcher » la tollerance et souffrance d'icelle (Nicole Oresme, Traité des monnaies, éd. B. Wolowski, p. 3); b) 1690 « liberté accordée à certaines personnes, en divers cas, à l'égard d'une loi, d'un règlement » (Fur.); en partic. 1964 tolérance grammaticale, orthographique (Rob.); c) 1842 maison de tolérance (v. maison étymol. B 6 a); d) 1973 société de tolérance (L'Express, loc. cit.); 2. a) 1567 « disposition à admettre chez les autres une manière d'être, de penser, d'agir différente de la sienne » ici, en partic. « permission accordée à des dissidents de pratiquer librement leur religion » (Condé, Mém., p. 609); cf. déb. xviies. la tolerance ou non tolerance de deux religions (D'Aub., Hist., II, 236 ds Littré); b) 1691 tolé-rance ecclésiastique (Boss., 6 avert. III, 11, ibid.); c) 1691 tolerance civile (Id., op. cit., ibid.); d) 1763 « respect de la liberté d'autrui en ce qui concerne ses opinions politiques, philosophiques » cet écrit sur la tolérance (Voltaire, Traité sur la tolérance, p. 645); 1764 esprit de tolérance (J. J. Rousseau, Lettres écrites sur la mont., p. 799); 3. a) 1812 « ce que la loi permet de donner aux monnaies d'or et d'argent en plus ou en moins que le titre ou le poids réel » (Mozin-Biber t. 2); b) 1834 méd. « propriété que possède l'organisme de supporter certains remèdes » (Jour. de méd. et de chir. pratiques, V, p. 510 ds Quem. DDL t. 8); c) 1836 ici au plur. « marge d'inexactitude admise dans l'exécution d'une pièce usinée » (Ac. Suppl.). Empr. au lat. class.tolerantia « constance à supporter, endurance ». Fréq. abs. littér.: 452. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 762, b) 643; xxes.: a) 699, b) 506. Bbg. Faye (J.-P.). Dict. pol. portatif en cinq mots. Paris, 1982, 274 p. − Huseman (W. H.). A lexicological study of the expression of toleration... Cah. Lexicol. 1986, no48, pp. 90-105. − Lecler (J.). Hist. de la tolérance au s. de la Réforme. Paris, 1955.